La maison d’André Bardot à Bois-le-Roi
Voici la porte d’une maison que depuis longtemps, et encore maintenant, les bacots appellent « la maison du tailleur de Brigitte Bardot ».
Aujourd’hui, par un heureux hasard, j’ai rencontré les propriétaires d’une maison adjacente et qui m’ont raconté la véritable histoire. Il y a eu confusion dans les esprits entre le nom du tailleur, André Bardot, et Brigitte Bardot. C’est un mythe qui tout à coup s’est écroulé! Mais nous n’y perdons rien au change puisque André Bardot était le tailleur de Jean Cocteau et de Jean Marais et qui avaient d’ailleurs une maison à Milly-la-Forêt, devenue de nos jours le musée Jean Cocteau.
La femme qui m’a dit cela et qui vient souvent en villégiature dans la maison que sa grand-mère avait fait construire en 1938 dans la rue Colinet (et qui avait été mise en nourrice à Bois-le-Roi, c’est dire si elle est détentrice d’une belle mémoire de Bois-le-Roi) m’a affirmé que sa grand-mère avait vu Jean Marais venir chez son tailleur. Sachant que ce dernier était aussi le tailleur de Jean Cocteau, et qui ‘était l’amant de Jean Marais, Cocteau a dû certainement entrer lui aussi dans cette maison.
C’est fut donc pour moi un grand événement de savoir que ces deux personnalités passionnantes qui ont marqué l’histoire du cinéma, du théâtre et de la littérature étaient venues dans cette rue, et plus particulièrement bien sûr, de savoir que la « Rue Colinet en poésie » avait été honorée par Cocteau en personne!
Il me reste donc à faire des recherches sur André Bardot. Et oui, décidément, la rue Colinet est une rue de poètes à ne pas manquer à Bois-le-Roi, village international !
Le groupe des Cinq
Le groupe des Cinq, formé en 1956 par André Bardot, José Camps, Max Evzeline, Socrate et Gaston Waltener. Il ambitionne de créer une « haute couture pour hommes » et de se distinguer de la vieille garde conservatrice.
Deux fois par an chez Maxim’s ou au Crillon, le groupe présente sa nouvelle collection. La presse applaudit à leurs audaces et salue leurs efforts pour chamarrer la mode masculine française : gilets brodés, smokings brillants, doublures vives, utilisation de textiles modernes (Tergal, Dralon), satins de laine, soie sauvage.
En 1957, ils proposent une ligne plus près du corps (suppression des poches susceptibles d’abîmer l’élégance, en particulier la poche intérieure gauche et au moins une des 2 poches revolver du pantalon, comme le faisait déjà les italiens).
Le groupe s’éteint vers 1970, usé par l’âge, la chamaillerie, et surtout affaibli par la nouvelle vague du prêt-à-porter (Pierre Cardin).
Gilbert Bécaud faisait faire ses costumes en alpaga bleu chez Evzeline.
Bardot et Camps étaient les personnalités fortes du groupe.
En 1955, Bardot lance la mode « perroquet », (bigarrée). Il a le sens des relations publiques et compte Jean Marais et Jean Cocteau parmi ses clients qui apprécient ce faiseur « un tantinet dandy dans son classicisme ». Il reste tout à fait classique lorsqu’il s’agit d’habiller les hommes d’affaires ou les industriels.
Camps est le génie technicien du groupe. On reconnait sa coupe au volume soutenu de son épaule légèrement tombante et à sa célèbre manche gigot qui lui donnait son aisance. Il a été l’un des premiers tailleurs de luxe à établir le patron de ses clients d’après une toile de proportions standart, une par taille. Cette innovation, permet de réduire à 2 les 3 essayages habituels de rigueur, mais lui vaut le reproche de certains de ses pairs pour avoir introduit une sorte de demi-mesure dans la sanctuaire du mètre, de l’aiguille et du ciseau. Son succès contribue à façonner et à faire connaître à l’étranger cette « coupe française » (formule contestée) dont Urban, Smalto, Rousseau et De Luca (qui reprend la maison Camps en 1970) perpétuent la tradition.
Cocteau, poète publicitaire
Art et Culture en Pays de Fontainebleau 