Souvenirs sur Stéphane Mallarmé par Victor Margueritte

Mallarme
Stéphane Mallarmé

Les survivants du Symbolisme, groupés par Edouard Dujardin, qui fut l’un des porte-parole de cette noble école littéraire, ont fêté, ces jours derniers, la commémoration des années 1885 et 1886 où, des vieilles mains de Victor Hugo, la jeune poésie reçut l’immortel héritage.

Représentations à l’Opéra, l’Opéra-Comique, à la Comédie-Française et à l’Odéon. Brillante réception à l’hôtel de Massa où, devant le ministre de l’Education Nationale, Jean Vignaud, le dévoué président de la Société des Gens de Lettres, Edouard Dujardin, Francis Vielé-Griffin, Saint-Pol Roux et Edmond Jaloux retracèrent l’histoire du mouvement auquel nos lettres doivent une de ces floraisons qui, périodiquement, les renouvelle.

Ainsi ressuscita, pour une heure, le climat disparu qui, à la règle du Parnasse, incorpora une vie nouvelle grâce à l’assouplissement du rythme et à la transmutation des idées sur le plan imaginatif. Epoque glorieuse qu’une figure inoubliable domine : Stéphane Mallarmé.

De tous ceux qui étaient là, rassemblés autour de sa haute mémoire, sans doute suis-je celui qui l’ai le plus chéri, parc que je l’ai davantage connu. Il était le cousin-germain de ma mère, née Mallarmé. Mon enfance a été pleine de lui ; adolescent j’ai vécu dans l’intimité du maître que j’appelais l’oncle Stéphane.

A mes débuts littéraires il a donné l’investiture en l’un de ses quatrains familiers qu’il aimait à composer et dont, à la page de garde de l’Après-midi d’un Faune, il a calligraphié le témoignage qui est l’un de mes plus précieux souvenirs :

Victor, il me plaît quand j’ouïs
Tes vers qu’avec éclat renaisse
Sous des bosquets évanouis
Le chalumeau de ma jeunesse

Aujourd’hui, des plus proches parents, du disparu, seul je demeure. Aussi ai-je un mélancolique et doux plaisir à remonter, en compagnie du cher fantôme, la pente des jours lointains, à rassembler pour les lecteurs de Marianne quelques bribes du passé. Minutes fugitives dont, lorsqu’on les vit, on ne sait pas assez goûter l’enivrante saveur.

Il me faut d’abord dresser Stéphane Mallarmé tel qu’il m’apparaît à travers ces mille images, c’est-à-dire selon la forte expression de son fameux sonnet à Edgar Pœ :

« Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change. »

Suite de l’article : http://www.apophtegme.com/ARTS/margueritte-mallarme.htm

Voir aussi :

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :