- Paul Valéry, Valvins
- Valvins en août
- Mardi 18 août 1896, journal de Julie Manet
- Une merveilleuse journée d’été à la campagne
Paul Valéry, Valvins

Valvins
Paul VALÉRY
Recueil : « Album de vers anciens »
Si tu veux dénouer la forêt qui t’aère
Heureuse, tu te fonds aux feuilles, si tu es
Dans la fluide yole à jamais littéraire,
Traînant quelques soleils ardemment situés
Aux blancheurs de son flanc que la Seine caresse
Émue, ou pressentant l’après-midi chanté,
Selon que le grand bois trempe une longue tresse,
Et mélange ta voile au meilleur de l’été.
Mais toujours près de toi que le silence livre
Aux cris multipliés de tout le brut azur,
L’ombre de quelque page éparse d’aucun livre
Tremble, reflet de voile vagabonde sur
La poudreuse peau de la rivière verte
Parmi le long regard de la Seine entr’ouverte.
ÉTÉ
À Francis Viélé-Griffin.
Été, roche d’air pur, et toi, ardente ruche,
O mer ! Éparpillée en mille mouches sur
Les touffes d’une chair fraîche comme une cruche,
Et jusque dans la bouche où bourdonne l’azur,
Et toi, maison brûlante, Espace, cher Espace
Tranquille, où l’arbre fume et perd quelques oiseaux,
Où crève infiniment la rumeur de la masse
De la mer, de la marche et des troupes des eaux,
Tonnes d’odeurs, grands ronds par les races heureuses
Sur le golfe qui mange et qui monte au soleil,
Nids purs, écluses d’herbe, ombres des vagues creuses,
Bercez l’enfant ravie en un poreux accueil,
Dont les jambes, (mais l’une est fraîche et se dénoue
De la plus rose), les épaules, le sein dur,
Le bras qui se mélange à l’écumeuse joue
Brillent abandonnés autour du vase obscur
Où filtrent les grands bruits pleins de bêtes puisées
Dans les cages de feuille et les mailles de mer
Par les moulins marins et les huttes rosées
Du jour. Toute la peau dore les treilles d’air.
Valvins en août

Mardi 18 août 1896, journal de Julie Manet

Mardi 18 août 1896
Nous sommes allées chercher Miss Vos à la gare (de Vulaines), après quoi Jeannie et moi avons pris un bain de petits poissons autour du bateau de M. Mallarmé, cela parait un bain pour rire après les bains de mer; ce n’est pas assez bien pour faire des études de natation. Il n’y a plus de radeau; j’étais arrivée à y aller une fois, j’aurais voulu recommencer. J’ai éprouvé une sensation assez désagréable étant debout dans l’eau sans toucher le fond; mais très agréable pour arriver à ce fameux radeau qui, pendant la saison de bains, était notre ambition : y arriver.
(Journal de Julie Manet)
Une merveilleuse journée d’été à la campagne

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