
Jean-Baptiste-Camille Corot (1796 – 1875)
Huile sur toile peinte en 1834
Dimensions : 175,6 x 242,6 cm
National Gallery of Art, Washington D.C.
« Croyez-moi, lecteur, la forêt de Fontainebleau, ce jardin comme Dieu seul sait en planter, est elle-même, à propos de poésie, le plus beau, le plus intéressant de tous les livres… »
Oui, venez à Fontainebleau visiter son magnifique palais, ses sites variés, mais surtout ses délicieux points de vue d’où les regards charmés planent alternativement sur mille perspectives dont les beautés ont inspiré tant d’artistes, tant de poètes, amants passionnés de la féconde et merveilleuse nature »
« Cette pittoresque nature ne tarda pas à me captiver et à me consoler de mes croyances déçues, quoiqu’elle m’ait coûté bien des fatigues et bien des sacrifices.
Mais l’on est si heureux au milieu de ces paisibles déserts, parmi ces arbres géants et ces rochers aussi vieux que le monde ! On y trouve la paix, le bonheur, la santé. Le coeur et l’âme y savourent mille jouissances délicieuses. On y revient toujours content et meilleur, car l’aspect grandiose et suave de ce jardin, comme Dieu seul sait en créer, vous charme et vous inspire à la bonté »
Claude-François Denecourt, le sylvain de la forêt.
Conformément à sa formation, Corot a créé ce tableau en studio sur la base de croquis et d’études réalisées sur site. Ce tableau est destiné au salon de 1831. L’attitude humble de l’artiste envers la nature et la touche légère tranchent avec l’académisme théorique en vogue parmi ses contemporains.
Il s’écarte du sujet religieux qui, auparavant (pensez à Nicolas Poussin ) était le seul prétexte admis pour dépeindre la nature : on plaçait un épisode biblique dans un somptueux décor naturel. Les contemporains de Corot ont néanmoins voulu voir Marie- Madeleine dans la jeune bergère allongée parmi les fleurs.

Une première étude
Cette étude d’arbre est considérée comme la plus ancienne réalisée par le jeune Corot en forêt de Fontainebleau. Elle porte en effet au dos l’inscription manuscrite : « 1ère étude faite à Fontainebleau, octobre 1822 ».
Le peintre l’a conservée toute sa vie et elle a été vendue en 1875 avec l’ensemble de l’atelier du peintre, comme l’attestent le cachet de cire encore présent au dos et le cachet en forme de signature apposé, à l’occasion de cette vente, en bas à gauche de l’œuvre.
Il s’agit d’une peinture à l’huile sur papier marouflée ensuite sur une toile : cette technique est fréquemment utilisée par les peintres qui travaillent en plein air, le papier étant plus facile à emporter mais l’entoilage permettant ensuite d’éviter une déformation excessive du papier peint à l’huile.
Les recherches « sur le motif »
Ce « détail de tronc d’arbre » est tout à fait caractéristique des recherches de « motifs » qui permettaient aux artistes de se constituer un répertoire de formes et de sujets et de s’exercer à représenter avec exactitude la texture contrastée des matériaux ou les effets de lumière.
Les arbres morts et les branches brisées étaient souvent un sujet de prédilection des peintres qui appréciaient la force dramatique de ce motif auquel on peut même attribuer une valeur symbolique : la nature permet alors d’exprimer, au même titre qu’une scène animée, un sentiment de fragilité face à la violence, de mort inéluctable des éléments les plus solides.

Camille Corot, né Jean-Baptiste Camille Corot le 16 juillet 1796 à Paris où il est mort le 22 février 1875, est un peintre et graveur français.
Il passa longtemps pour un peintre amateur qui avait tout loisir de voyager non seulement un peu partout en France, mais aussi en Italie, où il résida à trois reprises. Au cours de ses pérégrinations, il ne cessa de peindre des paysages idylliques, généralement étoffés de petits personnages, selon les règles du paysage classique. Connu pour sa philanthropie, il est aussi l’un des fondateurs de l’école de Barbizon.

École de Barbizon

Itinéraire d’art entre Barbizon et Grez-sur-Loing
Voir aussi :