Les poésies de Théodore de Banville

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  1. A la forêt de Fontainebleau
  2. Le Rossignol
  3. Le rossignol et la rose
  4. Ballade sur les hôtes mystérieux de la forêt
  5. Les fées
  6. Les Cariatides, poème de Théodore de Banville
  7. Autres poèmes publiés sur ce site
A la forêt de Fontainebleau
Le Gros-Fouteau

A la forêt de Fontainebleau

Ô forêt adorée encor, Fontainebleau !
Dis-moi, le gardes-tu sur le tronc d’un bouleau,
Ce nom que j’appelais mon espoir et mes forces,
Et que j’avais gravé partout dans tes écorces ?

Elle, enfant comme moi, nous allions, le matin,
Respirer les odeurs de verdure et de thym,
Et voir tes rochers gris s’éveiller dans la flamme.
Puis, quand se reposait celle qui fut mon âme,
Lorsque tes horizons brûlent, que, vers midi,
Le serpent taché d’or se relève engourdi,
Je contemplais, effroi d’une âme sérieuse,
Cette heure du soleil, blanche et mystérieuse !

N’est-ce pas, n’est-ce pas que vous étiez vivant,
Noir feuillage, immobile et triste sous le vent,
Comme une mer qu’un dieu rend docile à ses chaînes ?
Et vous, colosses fiers, arbres noueux, grands chênes,
Rien n’agitait vos fronts, par le temps centuplés !
Pourtant vos bras tordus et vos muscles gonflés,
Ces poses de lutteurs affamés de carnage
Que vous conserviez, même à cette heure où tout nage
Dans la vive lumière et l’atmosphère en feu,
Laissaient voir qu’autrefois, sous ce ciel vaste et bleu,
Vous aviez dû combattre, ô géants centenaires !
Au milieu des Titans vaincus par les tonnerres.

Et vous, rochers sans fin, suspendus et croulants,
Sur qui l’oiseau sautille, et qui, depuis mille ans,
Gardez, sans être las, vos effroyables poses,
La mousse et le lichen et les bruyères roses
Ont beau vivre sur vous comme un jardin en fleur,
Ne devine-t-on pas dans quelle âpre douleur
Un volcan souterrain, contre le jour qu’il brave,
Jadis vous a vomis avec un flot de lave !

Les sauvages buissons de mûres diaprés,
Aux rayons du soleil montraient leurs fruits pourprés.
A peine si parfois, parmi les branches hautes,
Un léger mouvement me révélait des hôtes ;
Et pourtant, si ma main, écartant leur fouillis,
Eût fait entrer le jour dans ces vivants taillis,
J’aurais vu s’y tapir dans les ombres fumeuses
L’épouvantable essaim des bêtes venimeuses !

Or, je disais devant ce spectacle divin :
Poëte, voile-toi pour le vulgaire vain !
Qu’il ne puisse à ta Muse enlever sa ceinture,
Et souris-leur, pareil à la grande Nature !
Sous ta sérénité cache aussi ton secret !
Réponds, ai-je tenu ma parole, ô forêt ?
Et n’ai-je pas rendu mon âme et mon visage
Silencieux et doux comme un beau paysage ?

Théodore de Banville (1823 – 1891)

Le Rossignol
Le rossignol : N° 1, Ton original en mi, ténor ou soprano / poésie de Th. de Banville
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11619860.image

Le Rossignol

Théodore de BANVILLE

Recueil : « Améthystes »

Vois, sur les violettes
Brillent, perles des soirs,
De fraîches gouttelettes !
Entends dans les bois noirs,
Frémissants de son vol,
Chanter le rossignol.

Reste ainsi, demi-nue,
A la fenêtre ; viens,
Mon amante ingénue ;
Dis si tu te souviens
Des mots que tu m’as dits,
Naguère, au paradis !

La lune est radieuse ;
La mer aux vastes flots,
La mer mélodieuse
Pousse de longs sanglots
De désir et d’effroi,
Comme moi ! comme moi !

Mais non, tais-toi, j’admire,
A tes genoux assis,
Ta lèvre qui soupire,
Tes yeux aux noirs sourcils !
C’était hier ! je veux
Dénouer tes cheveux.

O toison ! ô parure
Que je caresse encor !
Non, tu n’es pas parjure,
Ma belle aux cheveux d’or,
Mon ange retrouvé !
J’étais fou. J’ai rêvé.

Juin 1860.

Le rossignol et la rose

Sur une musique de Camille Saint-Saëns

Ballade sur les hôtes mystérieux de la forêt

Il chante encor, l’essaim railleur des fées,
Bien protégé par l’épine et le houx
Que le zéphyr caresse par bouffées.
Diane aussi, l’épouvante des loups,
Au fond des bois cache son coeur jaloux.
Son culte vit dans plus d’une chaumière.
Quand les taillis sont baignés de lumière,
A l’heure calme où la lune paraît,
Échevelée à travers la clairière,
Diane court dans la noire forêt.

De nénufars et de feuilles coiffées,
La froide nixe et l’ondine aux yeux doux
Mènent le bal, follement attifées,
Et près du nain, dont les cheveux sont roux,
Les sylphes verts dansent et font les fous.
On voit passer une figure altière,
Et l’on entend au bord de la rivière
Un long sanglot, un soupir de regret
Et des pas sourds qui déchirent du lierre :
Diane court dans la noire forêt.

Diane, au bois récoltant ses trophées,
Entend le cerf gémissant fuir ses coups
Et se pleurer en plaintes étouffées.
Un vent de glace a rougi ses genoux ;
Ses lévriers, ivres de son courroux,
Sont accourus à sa voix familière.
La grande Nymphe à la fauve paupière
Sur son arc d’or assujettit le trait ;
Puis, secouant sa mouvante crinière,
Diane court dans la noire forêt.

Prince, il est temps, fuyons cette poussière
Du carrefour, et la forêt de pierre.
Sous le feuillage et sous l’antre secret,
Nous trouverons la ville hospitalière ;
Diane court dans la noire forêt.

Les fées
Les fées : avec accompagnement de piano à 4 mains / poésie de Th. de Banville. Camille Saint-Saëns
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11620295.image

Les Cariatides, poème de Théodore de Banville

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