Paul Fort, Prince des poètes à Bourron-Marlotte

  1. Paul Fort
  2. Paul Fort à Bourron-Marlotte
  3. Académie Mallarmé
  4. Oeuvres
    1. La Voix des Boeufs
    2. La Grande Ivresse, la Ronde autour du Monde
Paul Fort

Né à Reims où son père était agent d’assurances, Paul Fort donna ses premiers poèmes au Mercure de France, en 1896.

Ils inaugurent le grandiose cycle des Ballades françaises (17 volumes écrits entre 1922 et 1958) formant une suite continue jusqu’à la mort du poète.

Passionné de théâtre, Paul Fort, désolé que toute œuvre intelligente et un peu forte soit délaissée au profit de pièces souvent insignifiantes et vulgaires, fonda en 1887, avec l’acteur Lugné-Poe le Théâtre d’Art, pour offrir une scène à Maurice Maeterlinck, qu’il admirait.

Ce théâtre qui deviendra plus tard le Théâtre de l’Œuvre, révéla les dramaturges nordiques Strinberg et Ibsen.

En 1905, le poète fut le fondateur, de la revue Vers et prose qui contribua à donner au quartier du Montparnasse, sa renommée artistique.

Paul Fort fréquenta quelques-uns des écrivains et poètes les plus connus de son temps : Verlaine, Mallarmé Louÿs, Gide, Moréas.

Son œuvre poétique abondante, lyrique et limpide, bien qu’issue du symbolisme qu’il admire chez ses amis, n’est jamais absconse.

Pétries de gentillesse, de simplicité et de beauté, ses Ballades françaises sont aimées de tous, petits et grands, et sont devenues populaires, dans le sens noble du terme.

Mis en musique et chantés par Georges Brassens, ses poèmes Le Petit cheval, La Marine, Comme hier, Si le bon Dieu l’avait voulu ont traversé le siècle sans prendre une ride.

Georges Brassens et Paul Fort
Georges Brassens chante Le Petit Cheval (texte de Paul Fort) Le Petit Cheval

Élu Prince des Poètes en 1912, succédant à Verlaine, Stéphane Mallarmé et Léon Dierx, il le restera durant un demi siècle, avant que Supervielle et Cocteau ne lui succèdent.

La ronde autour du Monde, Le Bonheur est dans le pré, Le petit Cheval Blanc ont été chantées dans le monde entier.

Mais le plus noble et le plus simple des poètes ne peut plaire à tout le monde. Le délicieux Paul fort fut présent sur la liste des auteurs frappés d’une interdiction de publier par le CNE à la fin de la guerre de 40-45. Ce que personnellement je considère comme un de ses plus beaux titres de noblesse !

Paul Fort à Bourron-Marlotte

L’itinéraire pédestre de Paul Fort et Alfred Jarry en quête de Mallarmé….

Voici comment selon Ambroise Vollard, notre poète connut Armand Point, Marlotte et le cénacle de Haute-Claire.

« Un jour Paul Fort rendit visite à Alfred Jarry dans son cabanon du bord de Seine, à Corbeil. Le lendemain, Jarry l’emmena à Valvins voir Mallarmé.

Comme ils n’avaient pas de quoi se payer le train ou la navette fluviale, – et ne disposaient que d’un vélo pour deux (celui dont Jarry ne se séparait jamais), – ils roulèrent cahin-caha, marchant le plus souvent à pied, empruntant jusqu’à Melun et au-delà, le chemin de halage plein de fondrières.

Arrivés à Valvins, on leur dit que Mallarmé était parti pour Marlotte, à pied, par la forêt.

Nos deux poètes suivirent la même route, le ventre creux, sans s’attarder devant le château où de vulgaires touristes béaient d’admiration.

Ils croisèrent quelques biches et quelques sangliers sur leur sentier, avant de parvenir au Logis de Haute-Claire où Armand Point et ses amis les accueillirent à bras et table ouverts.

Quant à Mallarmé, il s’était assoupi dans un fauteuil et ne se réveilla qu’à la nuit tombée, après une longue sieste. »

Source : Pierre Genève : Si Marlotte m’était contée

http://www.apophtegme.com/ALBUM/HAUTE-CLAIRE/paul-fort.htm


Paul Fort à Recloses (Mémoires-extrait)

Sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Fort

Académie Mallarmé
Posant avec d’autres fondateurs de l’Académie Mallarmé, à l’époque de la fondation de celle-ci en 1937. De gauche à droite, debout : Édouard Dujardin, Francis Vielé-Griffin, Paul Valéry, André-Ferdinand Hérold, André Fontainas, Jean Ajalbert. Assis : Saint-Pol-Roux, Paul Fort.

Oeuvres
La Voix des Boeufs


La Voix des Boeufs de Paul Fort, dit par l’auteur
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k13109809/f1.media

Tranquilles et leur ombre allongée sur les champs, les grands boeufs descendaient au profil d’un coteau, traînant les moissons d’or sous les feux du couchant, et tout l’été passait dans les lourds chariots.

L’herbe de la prairie, où glissait l’or de l’air, soulevait des vapeurs et grisait mon émoi ; la luzerne et le thym, par flots lissant la terre, venaient, flots de senteur, se perdre jusqu’à moi.

Que les couchants sont doux à l’âme douloureuse, et qu’il est bon de s’attendrir avec le jour ! Ces heures apaisées sont la patrie heureuse où l’homme oublie la haine et rêve un peu d’amour.

O j’ai vécu, ce soir, j’ai vécu des senteurs ! Et je croyais revivre, en un monde attendri, ces belles charités et toute la douceur qui fleurissaient mon âme au printemps de ma vie…

Paul Fort

La Grande Ivresse, la Ronde autour du Monde

Face B : La grande ivresse ; La ronde autour du monde / Paul Fort, dits par l’auteur
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k13109809/f2.media

LA GRANDE IVRESSE

Par les nuits d’été bleues ou chantent les cigales,
Dieu verse sur la France une coupe d’étoiles.
Le vent porte à ma lèvre un goût du ciel d’été!
Je veux boire à l’espace fraîchement argenté.

L’air du soir est pour moi le bord de la coupe froide
où, les yeux mi-fermés et la bouche goulue
je bois, comme le jus pressé d’une grenade,
la fraîcheur étoilée qui se répand des nues.

Couché sur un gazon dont l’herbe est encor chaude
de s’être prélassé sous l’haleine du jour,
oh! Que je viderais, ce soir, avec amour,
la coupe immense et bleue où le firmament rôde!

Suis-je Bacchus ou Pan? Je m’enivre d’espace
et j’apaise ma fièvre à la fraîcheur des nuits.
La bouche ouverte au ciel où grelotte les astres
que le ciel coule en moi! Que je me fonde en lui!

Enivré par l’espace et les cieux étoilés,
Bayron et Lamartine, Hugo, Shelley sont mort.
L’espace est toujours là; il coule illimité;
à peine ivre il m’emporte, et j’avais soif encore!

Paul Fort (Ballades Françaises)

*

LA RONDE AUTOUR DU MONDE

Si toutes les filles du monde
Voulaient s’donner la main,
Tout autour de la mer
Elles pourraient faire une ronde.

Si tous les gars du monde
Voulaient être marins,
Ils f’raient avec leurs barques
Un joli pont sur l’onde.

Alors on pourrait faire
Une ronde autour du monde
Si tous les gens du monde
Voulaient s’donner la main.

Paul Fort

Mise en musique :

François Weigel : « La Grande Ivresse » (Texte de Paul Fort)
https://www.youtube.com/watch?v=lqV8EvEh3ng

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