Manoir de Bel Ebat

Le manoir, restauré au XIXème siècle, entouré de pelouses, d’arbres séculaires et de sources, fut la propriété de l’éditeur de musique Auguste Durand, puis de son fils Jacques (élu municipal – bienfaiteur de la commune). Il accueillit dans cette plaisante villégiature ses amis musiciens : Saint-Saëns, Debussy, Dukas, Ravel, Schmitt, Ropartz étaient des habitués de Bel Ebat. Là, sous les ombrages ou sur la terrasse, l’on discutait composition, projets, création… Bel Ebat fut un havre pour le renouveau de la musique française au tournant du siècle.

Plus d’information
http://www.avon77.com/spip.php?article107

Bel-Ebat, ilot de verdure et de calme bordé par les quartiers de la Butte-Montceau en amont et de la Vallée en aval, est un petit bijou à découvrir. L’histoire de ce lieu est méconnue et pourtant si remarquable…

L’ORIGINE DU NOM DE BEL-EBAT

« La vision d’Henri IV à Fontainebleau » La chasse illustrée, novembre 1873.

C’est à la meute de chasse d’Henri IV que le domaine doit son nom. Passionné de chasse, le roi décida que cet endroit, pourvu de sources fraîches, serait l’étape idéale pour que ses meutes de chiens puissent s’ébattre.


Selon les traités de vénerie (chasse à courre), l’ébat est l’endroit où la meute peut se détendre. Il y a l’ébat du matin et l’ébat du soir.

Il décida donc de faire construire un pavillon de chasse. Ainsi fut édifié Bel-Ebat où hommes et bêtes profitaient à loisir des nombreuses sources vives et rafraichissantes de l’endroit.


Le nom de Bel-Ebat prenait alors toute sa signification jusqu’à garder aujourd’hui encore l’appellation éponyme du domaine.



LES DIFFERENTS PROPRIETAIRES DU DOMAINE DE BEL-EBAT :


Au 15ème siècle, Denis de Chailly, Seigneur de Changis, était propriétaire du moulin de l’Erable situé, à l’époque, à la place de l’actuel pavillon de l’Erable. Le seigneur le céda ensuite aux religieux de la Charité Notre Dame installés au prieuré des Basses Loges.
Le ru des Cholets alimentait les sources de la propriété. Il permettait ainsi de remplir le bassin-réservoir situé juste au-dessus de la chute d’eau du moulin et contribuait au bon fonctionnement de ce dernier. Entretenu successivement par de nombreux meuniers, le moulin fonctionna jusqu’à la deuxième moitié du 19ème siècle.


Il fut ensuite remplacé en laissant place à l’actuel pavillon de l’Erable.

Vers 1850, Bel-Ebat devient la propriété de la famille Marcotte, riches négociants en meubles revenus des Amériques. Dans leurs bagages, ils rapportent un petit tulipier de Virginie qui, 150 ans plus tard, a bien poussé et trône aujourd’hui majestueusement devant l’entrée du manoir.

Auguste Durand qui fut propriètaire du Domaine de Bel-Ebat.

En 1888, l’éditeur de musique parisien Auguste Durand rachète la propriété aux Marcotte. Très amies dans la vie, Mesdames Marcotte et Durand se fréquentent régulièrement et leurs enfants Félix et Jacques étudient dans le même lycée parisien. Quelques années plus tard, Jacques Durand épousera la sœur de son ami d’enfance, Marie. Jusqu’ici simple lieu de villégiature, Bel-Ebat devient alors la demeure familiale des Durand.

A la mort d’Auguste, en 1909, Jacques Durand, éditeur comme son père, élu municipal et bienfaiteur de la commune, hérite du domaine. Très investi dans la défense des droits d’auteurs, il a joué un grand rôle dans l’épanouissement et le rayonnement de la musique française. Il décède brutalement en 1928 alors qu’il se promène dans le parc.
Sa femme Marie lui survit encore 30 années et c’est à son décès que sa cousine Lola Dommange, mariée à René Dommange, devient la dernière propriétaire du domaine avant d’en faire don à la ville d’Avon en 1979 sous condition de continuer à en faire un lieu consacré à la musique :

« Je souhaite ardemment que Bel-Ébat, qui vit éclore, s’épanouir et briller des génies de l’art
musical, spécifiquement français, devienne un lieu de découverte et de perfectionnement de nouveaux talents, perpétuant ainsi dans le cadre même qui les a inspirés le souvenir de ces artistes et de ceux qui les ont encouragés et soutenu leurs efforts vers le Beau. »

Lola DOMMANGE, avocate, cantatrice, cultivée et érudite qui fut propriétaire en propre du domaine de Bel Ébat a la suite de Jacques Durand.


LES ILLUSTRES DE BEL-EBAT :


Sans la volonté du roi Henri IV, Bel-Ebat n’aurait jamais eu la destinée qu’on lui connait aujourd’hui. Mais la période la plus symbolique de la magnificence de Bel-Ebat est sans nul doute la fin du 19ème siècle et le début du 20ème .

En effet, grâce aux éditeurs Auguste et Jacques Durand, de nombreux et illustres compositeurs se sont succédé au manoir de Bel-Ebat.

Entre autres, il y eut Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns, Claude Debussy, Paul Dukas et Maurice Ravel, pour les plus célèbres.

Le piano quart de queue Pleyel-Wolf N° 618, construit en 1896.
Inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1994.
Ce piano fut joué par Saint-Saëns, Fauré, Debussy, Dukas et Ravel.

La tradition raconte que Saint-Saëns se levait la nuit pour composer sur le piano Pleyel du salon de musique.

Hormis le salon de musique où subsiste encore le piano Pleyel sur lequel ces grands maîtres ont exercé leur talent, on retrouve au premier étage les chambres rénovées de Maurice Ravel et de Claude Debussy alors que la chambre de Camille Saint-Saëns est située dans l’angle de la bâtisse.


Ensuite, au décès de Jacques Durand, René Dommange continue l’œuvre entreprise par son cousin. Il poursuit le travail de promotion d’une nouvelle génération de compositeurs de la musique française comme Robert et Gaby Casadesus (hôtes fidèles du manoir, honorés dans la pièce à droite au rez-de-chaussée), Olivier Messiaen, Francis Poulenc, André Jolivet, Henri Dutilleux ou Darius Milhaud.



LA VIE AU MANOIR :


Au 19ème siècle, lassés de l’agitation de la vie parisienne et grâce au réseau de chemin de fer desservant désormais le sud Seine-et-Marne, les compositeurs viennent avec plaisir à Bel-Ebat se « mettre au vert » et profitent de cette belle demeure pour se reposer et trouver éventuellement l’inspiration musicale. Qu’ils soient invités par la famille
Marcotte ou ensuite par les Durand, les artistes ont toujours été les bienvenus.
Louise Marcotte est une femme érudite et aime tenir salon à Bel-Ebat. Elle y reçoit ses amis peintres, musiciens et gens de lettres. Passionnée de peinture, le pavillon de l’Erable est à cette époque son atelier d’artiste. C’est d’ailleurs sous les traits de son pinceau que le petit salon du rez-de-chaussée (à gauche) a été décoré de fleurs et de plantes,
d’où son appellation de « salon à l’herbier ».


Puis Auguste Durand, devenu propriétaire du domaine, continue de participer à cet élan artistique. Musicien lui- même et ayant étudié au Conservatoire de Paris, il se lie d’amitié avec Camille Saint-Saëns qui devient un habitué du domaine.


Le domaine dispose de suffisamment de ressources au point de pratiquement se suffire à lui-même et vivre en quasi autarcie. L’eau des sources, le verger, le potager, la laiterie et la ferme offrent une abondance de produits naturels cuisinés chaque jour par le personnel du manoir.


Bel-Ebat devient un lieu très prisé des compositeurs car l’endroit est bucolique – et même si les relations entre les compositeurs et leurs éditeurs doivent rester prioritairement des relations d’affaires – l’accueil des propriétaires est chaleureux, la table est bonne, les chambres sont agréables et le Pleyel est toujours à disposition, tout est donc réuni pour susciter l’envie de créer, de composer et donc, de revenir.

Lettres a son éditeur claude debussy 1927 jacques Durand

C’est au Conservatoire, en 1884, que Jacques Durand fait la connaissance de Claude Debussy et que nait une amitié indéfectible. Debussy découvre Bel-Ébat en 1903 et devient rapidement un habitué du lieu où, dans sa chambre, se trouve encore aujourd’hui son piano noir Pleyel.


Debussy aime les grands arbres et l’ambiance feutrée de Bel-Ébat qui conviennent à son
inspiration. Admirateur de Stéphane Mallarmé, il le rencontre à Bel-Ébat et dans la maison toute proche que possède le poète à Vulaines, en bord de Seine (devenue le Musée Mallarmé).


Désirant traduire en musique le thème de L’Après-midi d’un faune, il obtient l’accord de
Mallarmé, qui exprimera sa satisfaction pour le Prélude du même nom et complimentera ainsi le compositeur :  » Je ne m’attendais pas a cela. La musique évoque l’émotion de mon poème et dépeint le fond du tableau dans les teintes plus vives qu’aucune couleur n’aurait pu rendre. »


En 1905, Claude Debussy écrit ainsi à son éditeur et ami Jacques Durand : « Tous mes compliments pour les admirables vaches du domaine de Bel-Ebat et quelle jolie maison dans le fond. Comme tout cela doit être plus agréable à fréquenter que les musiciens ! ». Il ajoutera dans une de ses nombreuses correspondances avec son éditeur : « Il n’est bon gîte que Bel-Ebat ! »

https://ddata.over-blog.com/xxxyyy/5/47/65/50/pdf/Le-manoir-de-Bel-Ebat.pdf

Paul Dukas célèbre l’action de Jacques Durand pour la défense de la nouvelle musique française en ces termes : « Ce sera le durable honneur de Jacques Durand d’avoir pressenti l’ampleur du mouvement musical qui se dessinait aux environs de 1900 et de n’avoir pas cessé de le suivre en le propageant de toute son ardeur. »

C’est donc grâce à l’audace d’éditeurs courageux et au talent d’illustres compositeurs
que Bel-Ebat est devenu au fil des années :

♫ ♪ « UN DES HAUTS LIEUX DE LA MUSIQUE FRANCAISE » ♪ ♫

Le manoir de Bel-Ebat et la musique française autour de Claude Debussy

Lien externes :

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