
Sur sa table de bois très sombre, carrée, aux jambes torses, il (Mallarmé) disposa le manuscrit de son poème; et il se mit à lire d’une voix basse, égale, sans le moindre « effet », presque à soi-même….
J’aime cette absence d’artifices. La voix humaine me semble si belle intérieurement, et prise au plus près de sa source, que les diseurs de profession presque toujours me sont insupportables, qui prétendent faire valoir, interpréter, quand ils surchargent, débauchent les intentions, altèrent les harmonies d’un texte; et qu’ils substituent leur lyrisme au chant propre des mots combinés. Leur métier n’est-il pas, et leur science paradoxale, de faire prendre momentanément pour sublimes les vers les plus négligés, mais de rendre ridicules, ou d’anéantir, la plupart des œuvres qui existent pas elles-mêmes? Hélas! J’ai quelques fois entendu Hérodiade déclamée, et le divin Cygne!
Extrait de la lettre au directeur des Marges : « le coup de dés ». p. 622. La Pléiade
Vidéos
Surgi de la croupe et du bond, Stéphane Mallarmé
Hérodiade, Stéphane Mallarmé
Mise en scène des poèmes de Stéphane Mallarmé, Louis Latourre Voir http://theatreartproject.com
L’APRES-MIDI D’UN FAUNE
Un Faune se réveille sur une rive sicilienne… A-t-il rêvé ces Nymphes ? A-t-il été joué ? Mais le rêve est le langage lui-même. L’insaisissable poésie pure voulue par Mallarmé, la figure qui ne cesse de se dérober… Nymphes à l’incarnat léger, Hérodiade « au clair regard de diamant »
HERODIADE I – OUVERTURE ANCIENNE
Allégorie de l’absolue pureté, Hérodiade nous est d’abord évoquée par sa Nourrice dans un cadre plus large : le manoir, la chambre, une voix qui se fait celle de l’héroïne. Et la Nourrice de déplorer l’obstinée froideur d’Hérodiade qui ne peut la conduire qu’à la mort « lever du jour dernier ».
II – SCENE Hérodiade paraît alors dans tout l’orgueil de sa virginité, et son absolu refus de toute tentation humaine la conduit à chasser la Nourrice.
III – CANTIQUE DESAINT JEAN Le Cantique de Saint Jean, sur lequel s’achève Hérodiade, est le chant lancé par le captif d’Hérode au moment de la décollation, par la tête coupée du Saint qui tombe dans la lumière du soleil déclinant. Note sur la mise en scène : « Pourquoi habiller le Faune « en civil » ? Ce costume civil sera peut-être, simplement, celui du poète. Par toutes les ressources de sa mémoire et de son art, ce poète-faune cherche à « perpétuer » l’objet de son désir – qu’il ne pourra jamais atteindre. « La poésie me tient lieu de l’amour » écrit Mallarmé à vingt ans. Déçu par les Nymphes, le Faune porte son audace à désirer la déesse même – Vénus – puis s’en effraie aussitôt : à défaut de pouvoir les rejoindre par le chant, le poète poursuivra ses désirs par le rêve. Or ce rêve prend ostensiblement un visage si cruel, si puissant et si abstrait que le poète disparaît entièrement en lui. Il croyair rêver Hérodiade, c’est Hérodiade son « cher supplice » qui le rêve, le crée et le détruit à son gré. C’est un rêve guerrier, reflet des combats nocturnes du poète contre la « Muse moderne de l’Impuissance. Celle qui sacrifie tout désir humain sur l’autel de son intangible virginité proclame sa haine de Vénus. Saitn Jean apparaît, sortant du cachot. Ses vêtements défaits sont ceux du poète épuisé de ses combats. Peut-être sait-il qu’Hérodiade ne l’a libéré que pour le faire monter au supplice. Le 9 septembre 1898 Stéphane Mallarmé meurt, étouffé par un spasme de la glotte. Sur sa table de travail, des brouillons d’Hérodiade à jamais inachevée. (Louis Latourre)
Les grenades, Paul Valéry
Guillaume Apollinaire lit « Le Pont Mirabeau »
Pages
L’Invitation au Voyage, poème de Charles Baudelaire

Contributions
Autour du Jeu Verbal de Michel Bernardy

Liens externes
- https://www.facebook.com/groups/direlapoesie
- https://www.youtube.com/@NarkissEcho/videos
- http://theatreartproject.com
- https://www.jeuverbal.fr/