La Seine de notre culture?

Commentaire PERSONNEL au sujet de cette publication qui a eu lieu dans le groupe FB « tourisme artistique et culturel en pays de Fontainebleau » : https://www.facebook.com/groups/384550295776624

Le texte :

Aux Amis de La Brosse – Cultivons notre village d’Héricy…

… à travers plusieurs rubriques de notre Histoire, de nos Saveurs, de nos Souvenirs, de notre Vie, de notre Culture… qui se proposent de conserver et de partager les souvenirs et les mémoires d’un village briard en bord de Seine.

La Seine de notre Culture, 1 : le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur

« La Seine de notre Culture » va partager avec vous nos manifestations culturelles, celles de nos Amis et toutes celles qui peuvent se tenir dans notre Pays des bords de Seine en y apportant notre regard et notre (re)lecture.

Ce premier numéro de la « La Seine de notre Culture » profite du bicentenaire de la naissance de la peintre et sculptrice Rosa(lie) Bonheur – comme sa mère l’appelait affectueusement – qui, de 1860 jusqu’à sa mort en 1899, a été domicilié à By en lisière de la forêt de Fontainebleau, au-dessus du village de Thomery, jusqu’alors davantage connu pour son chasselas.

De nombreuses œuvres ou ouvrages sont (re)publiées à l’occasion de ce bicentenaire : la belle réédition, magnifiquement illustrée, de « Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre » par Anna Klumpke, un timbre léonin, « J’ai l’énergie d’une lionne dans un corps d’oiseau » par Patricia Bouchenot-Déchin, « Souvenirs de ma vie » par Natacha Henry…, sans oublier « Rosa Bonheur. Une femme au service de l’art », par notre Amie Albertine Gentou.

Cette anniversaire est également l’occasion de rappeler la sororité exemplaire unissant Rosa(lie) Bonheur à Nathalie Micas, en amitié durant plus de cinquante ans, puis celle, davantage épistolaire que présentielle, avec Anna Kumpke. Toutes les trois partageront in fine le caveau de la Famille Micas. De parfaites « Sainte-Simone » ? « Parce que c’était (elle), parce que c’était moi » ?…

✻ De Paris, boulevard de l’hôpital, au Château de By

Pour répondre à une commande d’état d’un montant de 20 000 francs, émise par Charles Demorny encore dit duc de Morny, homme d’état, d’affaires et spéculateur, Rosa Bonheur peint entre 1852 (53 ?) et 1855 « Le Marché aux chevaux de Paris », une toile d’environ 2,40 par 5,10 mètres, qui se tenait boulevard de l’hôpital à Paris. Pensant réceptionner une paisible scène de vie campagnarde et laborieuse comme « Le labourage nivernais » (1849), le duc de Morny choisit finalement « La Fenaison en Auvergne » (1855) pour sa taille davantage modeste (environ 2,10 par 4,20 mètres) ? parce qu’elle le rapproche du Puy-de-Dôme dont il préside le conseil général ? Cette dernière œuvre est accrochée au Château de Fontainebleau (exposition au Château de Fontainebleau : CAPTURER L’ÂME. L’ART ANIMALIER DE ROSA BONHEUR du 03/06 au 23/01).

Négocié par Nathalie Micas pour la somme de 40 000 francs, soit, a minima, bien plus que quelques centaines de milliers d’Euro, « Le Marché aux chevaux … » est finalement acheté par le marchand de tableaux Ernest Gambart, Belge fixé à Londres. Ce « Marché aux chevaux » ouvre le marché anglo-saxon à Rosa Bonheur. Cette œuvre est désormais accrochée au Metropolitan Museum of Art de New York.

Cette vente et le revenu qu’elle apporte à Rosa, donnent corps à son rêve de s’installer hors de Paris et de peindre en toute liberté au milieu des siens : « Un de mes amis, le comte d’Armaillé, voulut bien se charger de me trouver une maison qui fût placée loin du bruit et dans les conditions d’isolement où je pourrais à ma guise vivre la vie des bois et des champs. Il découvrit auprès de Fontainebleau cette propriété (…) maison à deux étages, que l’on appelle ici le château (…) ».

✻ L’atelier, la première œuvre « médiatique » de Jules Saulnier

Essentiel complément de « Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre » par A. Klumpke, Florent Tesnier détaille avec moult précisions l’histoire et les modalités de l’acquisition du château de By par Rosa Bonheur et Nathalie Micas, dans « Rosa Bonheur, Jules Saulnier et l’achat du domaine de By à Thomery » (version H 03, 2017). Le 9 août 1859, Rosa verse le premier acompte pour acter son acquisition et donne l’ordre « de construire l’atelier au-dessus de la remise et de la buanderie ». Le foncier, l’immobilier, et le mobilier lui couteront 50 000 francs, soit plusieurs centaines de milliers d’Euro. Rosa a 37 ans.

Impliqué dès la recherche et la sélection du domaine de By, la conception et le suivi des travaux de son aménagement est naturellement confié L.J. Saulnier. C’est alors un jeune architecte de 42 ans, peu connu et pas encore « médiatique », demeurant dans le même quartier du Luxembourg que Rosa. Nous pouvons en déduire que Nathalie et Rosa lui font une totale confiance, fruit d’une ancienne et respectée proximité. Jules Saulnier réalise une véritable prouesse architecturale dans un délai très court en proposant beaucoup de volume tout en allégeant les murs grâce à des matériaux faciles et rapides à agencer. Par la suite, son œuvre la plus connue sera sans aucun doute le moulin de la chocolaterie Menier, dit moulin Saulnier.

Cet atelier sera de style néogothique : une tour, une flèche… Un colombage, encore en bois, rempli de briques vernissées et de poutres apparentes, est édifié au-dessus de la maison du jardinier et des communs. Rosa pourra y exprimer pleinement son art : un espace ample et haut de plafond, une grande verrière au Nord pour la lumière, sans contrastes crus, et la cheminée pour en atténuer les frimas hivernaux. Rosa Bonheur, Nathalie Micas, avec ou rejointe bientôt par Henriette Micas, la mère de Nathalie et vraie-mère-d’adoption pour Rosa, s’installeront à By en juin 1860 : elles y fondent « le Domaine de la parfaite amitié ».

Bientôt un article sur Rosa et la sculpture!

Plus d’informations sur le bicentenaire : https://rosabonheur77.fr/fr

Pour plus d’informations sur le Château de By et pour réserver :

https://www.chateau-rosa-bonheur.fr/

Source : https://www.facebook.com/associationauxamisdelabrosse/posts/170386912049687

Le commentaire

L’expression « la Seine de notre culture » n’est pas ici tout à fait exacte, parce qu’il s’agit ici avant tout de « patrimoine culturel » ( citation : « conserver et partager les souvenirs et les mémoires « ) et que si la culture est mémoire et transmission, elle est aussi et surtout création, ce qui interroge à la fois sur « comment faire pour transmettre » et « comment créer du nouveau avec de l’ancien ». On entre ici dans une activité fort rare de nos jours – et non reconnue bien qu’essentielle – mais qui a pourtant reçue une appellation : « la création culturelle ». Cela devrait donc s’appeler « la Seine de notre patrimoine culturel » puisque l’on ne retrouve aucune trace de création dans cette initiative. Aucun projet inédit et personnel autour de ce patrimoine. De même, et dans la logique au final scolaire de la démarche, il est fait référence ici encore une fois à Rosa Bonheur, peintre tout de même archiconnu dans la région et qui à droit, à cause de son château, à tous les honneurs, tandis que les artistes peintres locaux d’aujourd’hui crèvent dans l’indifférence générale. Comment dès lors parler de la « Seine de notre culture » si les artistes contemporains en sont totalement exclus? La culture c’est donc une histoire qui s’écrit, et non pas un « devoir de mémoire » perpétuel qui n’est là que pour cacher cette incapacité à créer, à faire avancer l’histoire. On parle ainsi en permanence d’un temps où « il se faisait quelque chose », avec une certaine fascination parce qu’aujourd’hui plus rien ne se fait, plus personne ne crée rien nulle part, l’histoire s’étant ainsi arrêtée, et que si par malheur un créateur se levait alors tout est fait pour le laisser s’épuiser afin de pouvoir continuer à ronronner confortablement dans le mémoriel qui n’engage à rien et dont, au final, tout le monde se fiche éperdument. J’en parle en connaissance de cause car depuis plus de dix ans que je fais ce travail de « recherche-création » autour du patrimoine de la région, et surtout, faisant ce qu’aucune association n’est capable de faire, l’établissement d’une transversalité culturelle au sein du territoire du Pays de Fontainebleau dans son ensemble, je ne fais que traverser un désert humain sans fond. La réalité, c’est que l’art, qui est le cœur même de ce que l’on appelle la « culture », ne parle plus à personne. Et il faut voir le mot art au sens large, compris dans son étymologie qui renvoie à « manière de faire » et « façon d’agir ». Être un artiste, ou retrouver l’artiste qui est en soi, c’est retrouver la capacité à faire face à son propre pouvoir créateur, comme nous le dit Saint-Exupéry, et que l’école à totalement détruit. Voilà pourquoi la création dérange, et que les artistes sont occultés, parce qu’ils nous remettent face à notre démission devant cette énergie créatrice qui devrait pourtant nous animer en premier lieu. Parce que la création c’est la vie et la conservation pour elle-même, la mort.

Même si ce petit commentaire ne sert à rien, à part exaspérer un peu plus, je le fais tout de même pour préciser les choses dans ce groupe dont l’appellation « tourisme culturel ET artistique » dit bien la chose, celle donc d’affronter notre propre pouvoir créateur et d’arriver à créer une dynamique créative relationnelle entre les personnes (« tourisme = ouverture de chemins ») afin de pouvoir faire naître de véritables actions culturelles, celles dont notre société à cruellement besoin, de celles qui nous redonnent accès à notre humanité aujourd’hui gravement menacée. Mais, soyons précis, c’est peine perdue, au bout de toutes ces années, je sais que c’est impossible. De nos jours, tenter de communiquer avec autrui est une impasse. Ce groupe deviendra donc ce que notre société de consommation est, un groupe dans lequel chacun fera sa publicité dans son coin dans l’autisme le plus parfait à tout ce que pourrait faire autrui. Ne jamais oublier une chose fondamentale, seule la culture permet la communication. Et c’est parce que nous vivons dans une époque de misère culturelle profonde que la communication est morte et enterrée. Voilà pourquoi la culture à une autre mission, bien plus essentielle, que de perpétuer uniquement la mémoire de ce qui fut créé en un temps donné, au risque également que le « patrimoine culturel » finisse par s’opposer, s’il ne s’ouvre pas à la création, à la véritable culture.

NB. Concrètement, si il y avait « des artistes » (1) à Héricy, ils rejoindraient cette initiative qui passe, telle la Seine indolente devant les yeux totalement incompréhensifs et indifférents des passants aveugles et sourds des bords de Seine, et cela depuis des années maintenant : Voyages le long de la Seine ….

(1) le mot artiste est ici mis entre guillemets parce que, si vous avez lu ce texte, vous pourrez alors comprendre que ceux que l’on appelle aujourd’hui les artistes sont en général très éloignés de l’art véritable, tout occupés à essayer de vivre économiquement au sein de notre « société du spectacle », satisfaisant ainsi à la médiocrité générale dans un esprit de compétition tout à fait dommageable. Si au final la cause culturelle n’avance pas c’est bien surtout la faute des artistes eux-mêmes, incapables de s’allier pour transformer notre société. Restent donc les personnes « au sens artistique » développé, c’est à dire dotée à la fois d’une capacité créatrice certaine et d’une intelligence du cœur, car, comme dit la grande pianiste Maria Joao Pires : « L’art, c’est la générosité. Être un artiste, c’est aimer donner et recevoir : la base de l’échange humain. »

Voir aussi : Héricy en poésie ?

« Art et Culture en Pays de Fontainebleau », pourquoi?

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