Société Internationale des Poètes

Étude pour le portrait de Stéphane Mallarme (1842-1898) et de ses amis de La Revue Indépendante. Peinture de Jacques Emile Blanche (1861-1942), huile sur toile

A la mémoire de Stéphane Mallarmé



« Nous sommes un certain nombre qui aimons une chose honnie : il est bon qu’on se compte, voilà tout, et qu’on se connaisse ».

Stéphane Mallarmé

  1. La Société Internationale des Poètes
    1. 20 novembre 2023 : création d’une Société Internationale des Poètes
    2. Objet
    3. Initiatives
      1. France
      2. International
    4. Les Nouveaux Mardistes
    5. Siège social
  2. Contributions
    1. Mallarmé vu d’ailleurs : une introduction – Thierry Roger
    2. La religion de Mallarmé
  3. Voir aussi

La Société Internationale des Poètes

20 novembre 2023 : création d’une Société Internationale des Poètes

En 1873, Mallarmé se lance dans un nouvelle entreprise, la création d’une société internationale de poètes. Une circulaire est envoyée à des écrivains de renom comme Georges Sand pour obtenir leur adhésion. Se souvenant des Félibres liés aux poètes catalans, il écrit à Mistral, le sage de Maillane, pour exposer son projet; il engage d’autre part Payne à fonder une section anglaise. Un comité de la section française se met en place comprenant Blémont, Pierre Elzéar Bonnier, Mendès, Mérat et Mallarmé lui-même. Des réunions se tiennent. Ce regroupement aux vastes ambitions ne durera qu’une saison, période trop brève pour être suivie du moindre effet. Mendès et Mallarmé devront bientôt renoncer à leur trop généreux projet fédérateur.

Cette initiative sera reprise en 1902 par José-Maria de Heredia, Sully-Prudhomme et Léon Dierx sour le nom de Société des Poètes Français dans le but de défendre les intérêts matériels et moraux des poètes, à faciliter dans la mesure du possible l’édition de jeunes poètes, à encourager la poésie contemporaine et à mettre plus en relief dans l’instruction populaire par des conférences et des auditions, à représenter la poésie auprès des pouvoirs publics, à venir en aide aux poètes malheureux et à entretenir entre nous, l’esprit de confraternité, de solidarité qui doit les animer… »

En savoir plus sur le site de la Société des Poètes Français

Mais, la société des Poètes Français ayant oublié la dimension internationale que Mallarmé voulait donner à l’origine à cette initiative, nous la reprenons ici plus fidèlement et dans la suite logique de la création des Les Nouveaux Mardis de Mallarmé dans le Monde Il faudra cependant noter que si à leur époque « Mendès et Mallarmé ont dû renoncer à leur trop généreux projet fédérateur » chacun devra comprenre que cette société aura extrêmement peu de chance de se développer dans le contexte tragique de notre début du XXIe siècle – terriblement indifférente, voire franchement hostile, à l’art et à la culture véritables – et où la poésie a totalement disparu de l’espace social. Cette intitiative vaut donc essentiellement pour la beauté du geste.

Sur un plan juridique, cette société se présente actuellement comme une « association de fait » en attente, selon les rencontres et les investissements, de se constituer en association 1901.

Objet
  • Développer un esprit de confraternité et de solidarité entre tous les acteurs de la poésie en France et dans le monde.
  • Faire connaître, mettre en réseau et soutenir toutes les initiatives en faveur de la poésie de par le monde.
  • Tisser plus particulièrement un réseau poétique international autour de la poésie de Mallarmé et des artistes gravitant autour de lui.
  • Organiser des rencontres poétiques régulières à Paris et dans toutre autre localité de France et du monde.
Initiatives
France
International

Les Nouveaux Mardistes

Siège social

Contributions

Mallarmé vu d’ailleurs : une introduction – Thierry Roger

« Un Mallarmé vu d’ailleurs doit voir le jour ».

Texte intégral

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Par bien des aspects, l’œuvre de Mallarmé, ce professeur d’anglais qui apprit la langue de Shakespeare pour faire connaître celle de Poe, ce poète qui conçut le vers comme « un mot total, neuf, étranger à la langue », de manière fondamentale et fondatrice, appelle toutes les formes de médiation, et de franchissement des frontières.

[…] « Mallarmé écrivit ainsi à Henri Cazalis qu’il trouvait «faible» le long poème Calendau de Mistral, tandis que celui-ci critiquait l’obscurité de ses oeuvres, mais Mallarmé restait fidèle à l’idée d’une communauté littéraire transcendant «les mille points de vue différents, qui ne le sont plus, du reste, après qu’on s’est étudié ou qu’on a causé» (lettre à Frédéric Mistral, 1er novembre 1873) https://www.beaussantlefevre.com/lot/17241/3417982-mistral-fredericcalendau-pouem

Le 1er novembre 1873, au lendemain de la Commune de Paris, entre Première et Deuxième Internationale, Mallarmé envoyait à Frédéric Mistral une lettre rarement citée, dans laquelle il adressait à son destinataire un projet de « Société internationale de Poètes » conçu avec Mendès, dont nous ignorons visiblement le contenu précis. L’ancien compagnon des Félibres écrivait ainsi :

Tu aimes les choses qui ont une grande allure : voici une de celles-là. Ouvre et lis le pli qui accompagne cette lettre : deux feuilles, l’une pour toi, c’est-à-dire pour la Provence, car les chefs-lieux de sections françaises sont Paris et Avignon ; l’autre pour Zorrilla, que tu connais, c’est-à-dire pour l’Espagne. S’il y a une subdivision nécessaire en Catalogne, tu t’adresseras à qui de droit, muni d’un troisième programme que nous tenons à ta disposition. […] Mon cher ami, c’est tout simplement une franc-maçonnerie ou un compagnonnage. Nous sommes un certain nombre qui aimons une chose honnie : il est bon qu’on se compte, voilà tout, et qu’on se connaisse.

Si ce projet n’eut, selon Bertrand Marchal, qu’un « éphémère aboutissement en 1874 », le statut social de Mallarmé, aussitôt acquis dans les lettres parisiennes, s’est vite internationalisé, mais autrement. À partir des années 1880, suite à la publication d’À‑rebours et des Poètes maudits, on le sait, l’auteur d’Hérodiade élargit son audience non seulement française mais européenne. Une grande partie de l’élite artistique et intellectuelle de l’époque passe par le centre des Mardis de la rue de Rome, ou bien circule dans un espace épistolaire que Mallarmé n’aura cessé de tisser : Maeterlinck, Verhaeren, Rodenbach, Mockel pour la Belgique ; Whistler, Wilde, Swinburne, John Payne, Arthur Symons, Edmund Gosse, Arthur O’Shaughnessy, Alfred Sutro pour l’Angleterre ; George Moore pour l’Irlande ; Vittorio Pica pour l’Italie ; Stefan George pour l’Allemagne ; Georg Brandès pour le Danemark ; Munch pour la Norvège ; Eugène de Roberty, Valère Brussov pour la Russie ; Sarah Helen Whitman pour les États-Unis, Christopher Brennan pour l’Australie, cette liste n’ayant rien d’exhaustif. Et puis ce fut le Coup de dés, poème de commande, paru après sollicitation, dans la revue internationale Cosmopolis, dont le nom, à elle seule, constitue tout un programme. Ezra Pound lit le poème spatial à Londres, dès 1897 ; il sera traduit à Madrid par Cansinos-Assens en 1919, à Naples par Enrico Cardile en 1920, à une époque où la France le connaît à peine. Ce poème typographique, susceptible d’être vu avant d’être lu, aura eu sans doute un destin posthume singulier au sein de la production du poète. Un non-francophone, un non-mallarmophone, peut y trouver quelque chose.

Mallarmé, traducteur et passeur de Poe, a donc eu très vite ses propres passeurs et traducteurs. Mais cette odyssée posthume reste fort mal connue. Si quelques travaux existent, qui dressent un panorama de la diffusion de l’œuvre mallarméenne à l’étranger, de nombreuses investigations restent à mener. Il faudrait s’interroger plus avant sur les écarts temporels qui séparent réception française et réception étrangère, sur les manières de découper le corpus mallarméen, de le catégoriser, comme sur le terreau culturel, intellectuel et poétique, qui a rendu possible l’implantation de son œuvre, ou d’une partie de son œuvre. Comme toujours, le décentrement et le « regard éloigné » nous aident à mieux cerner ce que l’on croyait proche. Un Mallarmé vu d’ailleurs doit voir le jour. Filières, filiations, traditions, médiations, trahisons, traductions, transferts, usages, passages, tout cela doit être remonté, monté et démonté.

Source : http://publis-shs.univ-rouen.fr/eriac/index.php?id=328

La religion de Mallarmé
Kazama Obiang
Travaille chez département de lettres modernes de l’université Felix Houphouet Boigny de Cocody, Abidjan

Voir aussi

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