Mallarmé et la Chine

  1. Mallarmé et la Chine
    1. « Mallarmé et la Chine ». Une conférence donnée par Laurent Mattiussi (2014)
    2. Lecture critique du livre de Laurent Mattiussi, Mallarmé et la Chine par M. LI Zeliang (Université Paris VIII)
  2. Lecture du Coup de dés de Mallarmé. Soutenance de LI Zeliang (dir. J.-N. Illouz)
  3. Mallarmé et la poésie chinoise classique
  4. Le Parnasse à l’école de la Chine
  5. Voir aussi
Mallarmé et la Chine

PAR VÉRONIQUE JOURNEAU ALEXANDRE · PUBLIÉ 16 OCTOBRE 2015 · MIS À JOUR 9 FÉVRIER 2023

Mallarmé n’a qu’une connaissance vague de la Chine. Pourtant, il témoigne dès ses premiers essais poétiques d’une vive fascination pour l’esthétique chinoise, dont son intuition très sûre lui fait pressentir les tendances fondamentales. Dans un poème de jeunesse, Mallarmé est tenté d’« Imiter le Chinois au cœur limpide et fin ». Le peintre chinois que le jeune poète se donne alors pour modèle est la figure idéale de l’artiste, qui incarne tout le projet esthétique, présent et à venir, de Mallarmé. La poésie, la peinture, la musique et la danse sont d’abord pour lui des arts qui décrivent dans l’espace leur « arabesque », des arts du trait, à l’instar de la calligraphie et de la peinture chinoises. Tous les arts en définitive visent ce qui est pour Mallarmé le nec plus ultra de la figuration esthétique : « une ligne fine, comme tracée à l’encre de chine ». La prééminence du blanc, du vide et du silence est au cœur de la méditation esthétique de Mallarmé et trouve ses échos dans le vaste champ de la culture chinoise, taoïste surtout, à laquelle nous ont familiarisés, notamment, les travaux de François Cheng, Stephen Owen, François Jullien, Anne Cheng, Jean François Billeter et Rémi Mathieu. Mallarmé est ainsi le génial précurseur en Europe de l’idée, foncièrement chinoise dans son esprit, que l’art, par sa transposition verbale, visuelle et sonore, offre paradoxalement du monde une version d’autant plus riche et plus parlante à l’imagination qu’elle est raréfiée et simplifiée.

Laurent Mattiussi est Professeur de littérature générale et comparée à l’université Jean Moulin Lyon 3, membre de l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM/CNRS) et copilote de l’équipe de recherche Langarts depuis son lancement. Il s’intéresse en particulier à l’entre-deux de la littérature et de la philosophie aussi bien que des différentes formes d’expression esthétique.

ISBN : 978-2-343-070034-6 •  30 € •  268 pages.

SOMMAIRE

INTRODUCTION
Le parfum chinois de Mallarmé
À la suite de Mallarmé, deux poètes fascinés par la Chine
La critique et les affinités chinoises de Mallarmé
La Chine vue d’ici
Sic itur ad astra
Les enjeux de la comparaison, la comparaison comme enjeu
Éclairer Mallarmé par la Chine, la Chine par Mallarmé ?


I. LE MODELE CHINOIS
Par-delà les clichés
Les sources de Mallarmé
Le sens de la circonstance
La peinture chinoise : un projet esthétique
La disposition intérieure
Linéaments d’une esthétique chinoise
Sortir par la Chine de l’impasse mélancolique
La mort et le néant apprivoisés par le vide
Terre et Ciel


II. UNE ESTHETIQUE DU TRACE
Abstraction poétique et schématisation
Entre logique et espace : le statut ambigu de l’Idée esthétique
L’Idée comme contour
Les dessins de l’« arabesque »
Une poétique de la ligne et du trait
Le paradigme de l’écriture chinoise
Les délices de la simplification
L’essence figurée


III. DE LA NATURE A L’ART
Le retrait de l’auteur
Le primat de la nature
La voix de la nature en l’homme
La continuation de la nature par l’art
Le monde à la lettre
Abstraction poétique et dématérialisation
L’éthérification imaginaire
Les structures essentielles
Vers une cosmologie taoïste


IV. LE RYTHME UNIVERSEL DE L’ALTERNANCE
Le schème duel : respiration, pulsation, scansion, battement
Poétique de l’éventail
L’aile lustrale
La compénétration du haut et du bas
Le souffle de l’invisible
La cérémonie esthétique
Cycles esthétiques de la nature, cycles cosmiques de l’art


V. LA RAREFACTION DES SIGNES
La transparence des choses
La limpidité de l’art
De la limpidité au vide
Mallarmé et le « Néant » bouddhiste
À la limite du blanc et du silence
La musique en sourdine


VI. LA RESERVE
Le double sens de la réserve
L’impulsion initiale du poème
La contrepartie positive de l’anéantissement
Poétique de la virtualité
L’élargissement indéfini de la perspective
Souveraineté de l’absence


CONCLUSION

ANNEXE
Index des noms propres
Index des oeuvres de Mallarmé citées
Index des notions
Table des illustrations
Bibliographie sélective

Vous pouvez commander cet ouvrage directement à votre libraire habituel ou sur le site internet de L’Harmattan (http://editions-harmattan.fr)

Source https://langarts.hypotheses.org/1105

« Mallarmé et la Chine ». Une conférence donnée par Laurent Mattiussi (2014)
Lecture critique du livre de Laurent Mattiussi, Mallarmé et la Chine par M. LI Zeliang (Université Paris VIII)


Li Zeliang, doctorant à l’université Paris VIII depuis novembre 2018, sous la direction de Jean-Nicolas Illouz, a pour sujet de thèse “Imiter le Chinois” : prolégomènes à une traduction du Coup de dés de Mallarmé en chinois.
Cette étude se veut une contribution au champ peu abordé entre Mallarmé et la Chine, champ difficile à cause de la fameuse obscurité du poète français ou de l’apparente absence de croisement entre le poète et la culture chinoise. Le livre de Laurent Mattiussi, première monographie à ce sujet, Mallarmé et la Chine, publié en 2015,
est le point de départ et la référence principale de notre étude, qui fait du dialogue inimaginable entre les deux cultures une matérialité tangible, du lointain le pays natal, de l’ailleurs l’ici. Nous voulons porter notre regard sur cette possible coexistence ou dialectique entre l’exotique et le natal, entre l’étrange(r) et l’hospitalier, sur l’appel
à un point de vue et de contact extérieur demandé par son intérieur, sur le renouvellement du sens du natal accompli par un voyageur-explorateur : le poète réputé le plus obscur et le plus intraduisible retrouverait dans le continent le plus lointain son point d’appui, son support et sa conscience de soi.
Cette présente étude est d’abord une lecture, critique ou orientée, du livre de Laurent Mattiussi, Mallarmé et la Chine, selon trois points : l’esthétique du tracé, le rapport entre la nature et l’art et le rythme dit« d’alternance ».
Cette structure du livre tend à diriger la critique mallarméenne de « la tragédie de la nature » qui est au fond une rupture fondamentale vers une possible élévation, une réconciliation ou une continuité, caractérisées par des mots tels que « compénétration », « superposition ». Nous voulons, dans un deuxième temps, relever une divergence entre Laurent Mattiussi et Bertrand Marchal sur la question du divin, qui se trouve non seulement dans ce livre mais aussi dans la thèse de Mattiussi soutenue en 1996 ; il est aussi curieux de découvrir dans cette divergence ce qui sous-tend cet ouvrage de 2015, Mallarmé et la Chine, non pas la rupture absolue qui soit le fin mot, mais un trait d’union, un « et » qui relient toujours secrètement nos pas à une forme d’au-delà, au continent inconnu nécessitant toute sorte de tentatives et de confrontations, et parfois des naufrages, d’où le choix de la Chine,« aussi loin qu’un endroit fusionne avec au-delà » lit-on dans le poème du Coup de dés. Enfin, nous voulons éclairer le contexte de la critique mallarméenne qui se tourne peu à peu vers une forme de « partage du sensible » ranciérien, partage non seulement entre les différentes formes d’art — pensons aux différents avatars du Coup de dés de Mallarmé énumérés par Thierry Roger dans L’Archive du Coup de dés — mais aussi entre les continents les plus éloignés, séparés à la fois par l’espace et le temps. Ce partage n’est pas un travail forcé par le critique, il est la disposition même de la poésie mallarméenne

Source :

À la recherche du poétique perdu.
Croisements des poésies française et chinoise (XIXe – XXIe siècles)

https://www.ens.psl.eu/sites/default/files/2021-05/Brochure%202%20-%20%C3%80%20la%20recherche%20du%20po%C3%A9tique%20perdu.%207%20et%208%20mai%202021.pdf

Lecture du Coup de dés de Mallarmé. Soutenance de LI Zeliang (dir. J.-N. Illouz)

Résumé de la thèse : 

Notre lecture a pour objectif d’aborder trois des « subdivisions prismatiques » de ce poème-prisme par excellence qu’est le Coup de dés. Nous explorons tour à tour les dimensions esthétique, métaphysique et métapsychologique du poème typographique de 1897 qui se révèle comme un acte un et multiple, simple et complexe. 

La première partie de cette étude — Un poème polytypographique — vise d’abord la recherche d’une « édition idéale» du Coup de dés, à travers l’examen de ses différents états. Nous étudions ensuite la forme du poème, telle qu’elle apparaît « selon une vision simultanée de la Page » et la « mobilité de l’écrit ». Nous proposons enfin de lire le Coup de dés comme la création d’un « genre entier » qui apporterait une solution à la crise de vers. 

La deuxième partie de notre lecture aborde le Coup de dés comme un poème « chaosmogonique ». À cette complexité stellaire que le poème imite s’ajoute aussi une autre complexité, marine, qui fait de l’écriture-lecture du poème une Odyssée moderne. Le poème est aussi la « figure d’une pensée », cherchant son impossible fondement entre le Nombre et le Hasard.

Nous considérons enfin ce poème comme un « livre de deuil ». Nous proposons de le lire comme une réalisation lointaine des Notes pour un Tombeau d’Anatole écrites vingt ans plus tôt, à savoir comme le « tombeau idéal » d’un enfant « muet ». Le Coup de dés accomplit à sa façon cette « idéalisation » de l’« enfant, semence », et permet la consolation poétique et le sauvetage spirituel qui avaient été impossibles pour le père poète en 1879. 

Notre lecture se déploie ainsi « pli selon pli », dans une perspective toujours à continuer en d’autres plis.

https://www.fabula.org/actualites/118182/lecture-du-coup-de-des-de-mallarme.html

Mallarmé et la poésie chinoise classique

Extrait du texte :

Guy Michaud parle ainsi de l’unité de l’œuvre mallarméenne : « Rarement autant de contradictions ont été accumulées à propos d’un même homme. […] nous sommes en présence d’une œuvre, message unique d’un poète unique […] cette œuvre avait un sens, et un seul. Elle est donc sa vérité ». Dans notre étude comparative, nous ferons en sorte d’éviter un rapprochement forcé entre l’œuvre peu volumineuse mais unique de Mallarmé et la poésie chinoise classique plusieurs fois millénaire.

D’un point de vue impressionniste, notons d’abord ce qui sépare l’une de l’autre. Dans la poésie de Mallarmé, souvent, l’intellect l’emporte sur l’expression de l’affectivité ; de ce point de vue, le tempérament lyrique de Verlaine est plus proche du lyrisme chinois. Il semble que Mallarmé ait créé son univers symbolique juste pour dominer ses élans, pour les cacher sous un voile de pudeur. Il s’attache au principe d’une poésie impersonnelle. Cet homme peu voyageur se réfugie souvent dans l’introspection de so… https://books.openedition.org/pub/9372?lang=fr

AUTEUR

Che Lin

Docteur en littérature comparée, Professeure titulaire, directrice de recherche, traductrice. Elle enseigne la langue et la littérature françaises à l’Université des Langues étrangères de Beijing en Chine depuis 1993. Elle a codirigé La Littérature française contemporaine 1980-2000 (2015), publié des articles sur Victor Hugo, Mallarmé, Paul Claudel, Jacques Prévert, André Malraux et Milan Kundera, ainsi qu’un ouvrage de poétique comparée Entre la tradition chinoise et la poésie symboliste française chez L’Harmattan (2011). Elle a traduit en chinois Convaincre : dialogue sur l’éloquence (Jean-Denis Bredin et Thierry Lévy), Le Bonheur (Philippe Delerm) et Théories des cinéastes (Jacques Aumont), etc.

Le Parnasse à l’école de la Chine
Voir aussi

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