Animation <> création culturelle

Voici un petit article pour tenter d’expliquer la différence et l’opposition entre animation et création culturelle, et donner quelques clefs essentielles pour comprendre le travail proposé ici.

L’animation concerne ce qu’on appelle l’ « événementiel », soit la mise en place d’un événement censé « mettre de la vie » et, en ce sens, rassembler. Il est à destination du plus grand public possible et se confond en général avec le divertissement. Ceux qui en ont la charge le font soit bénévolement pour y trouver une occupation, voire une certaine reconnaissance sociale, soit professionnellement à titre privé ou public.  Les « animations » sont en général séparées les unes des autres et se créent en fonction de ce qui se présente. On peut dire qu’elles n’ont aucun rapport les unes avec les autres et témoignent ainsi d’une absence de pensée de développement sur le long terme, point essentiel qui l’oppose à la création culturelle. En plus du fait de se répéter en permanence. En effet, rien de plus attendu qu’une animation et qui, pour avoir du succès, demande impérativement d’avoir été vue déjà mille fois.

La création culturelle est donc, par définition, quelque chose de nouveau, et, comme toute création,  pensée intégralement. Comme tout ce qui est nouveau, et contrairement à l’animation culturelle, elle est rejetée par le public paniqué à l’idée de s’aventurer dans des terres nouvelles. On peut aussi dire ici plus précisément que la « création culturelle » relie à la fois la création et la culture. C’est à dire qu’une création culturelle crée – ou compose – à partir des données culturelles d’un territoire. En ce sens, elle est une expression de ce qu’on appelle « politique culturelle », tout entière dédiée au développement culturel d’un territoire et, en général, totalement absente faute de personnes en capacité de la penser. Ainsi, ce qu’on appelle en général politique culturelle est la somme de manifestations diverses et variées, sans aucun rapport essentiel entre elles. Les politiques dites culturelles sont donc très éloignées de la culture et se rapprochent pour l’essentiel du divertissement. D’autant que les politiques, n’ayant pour seul but que de conquérir et de conserver le pouvoir, sont toujours très frileux à donner au peuple autre chose que ce que ce dernier veut sans sa majorité, soit « du pain et des jeux ». Toute politique, abusivement appelée « politique culturelle », est donc une « politique miroir » menée par les décideurs dans le seul but d’affermir leur électorat. Voilà aussi pourquoi la création culturelle véritable ne peut s’effectuer qu’à la marge et dans la nécessité de mettre en pratique des financements alternatifs, soit principalement le mécénat de proximité et le sponsoring.

A partir de là, et comme je réfléchis la question de la création culturelle depuis près de trente ans, suite à un exil en milieu rural profond où j’ai pu voir à quel point l’absence de culture était la cause de la paupérisation et de l’exode, et donc, en sens inverse , ayant compris que la culture n’était pas un secteur déficitaire à financer à perte mais le fondement même de tout développement socio-économique, j’ai été amené à développer des activités de « créateur culturel ». Parce que qui dit création culturelle implique fatalement un créateur. Et je me suis ainsi retrouvé à penser, il y a une dizaine d’années maintenant, le développement culturel (et donc la création culturelle) du pays de Fontainebleau. D’ou la création de ce site, mais, puisqu’il est création, dont la démarche est très peu comprise, voire pas du tout. Ni même, bien sûr de la part de tous les « animateurs culturels » de la région, soit des personnes qui ont principalement pour souci de « faire tourner leur lieu », et sans s’intéresser le moins du monde à ce qui pourrait se faire en dehors d’eux. Parce que la création culturelle n’étant pas comprise – et surtout très rare – , personne n’imagine qu’un travail de création culturelle (qui va quelque part, contrairement  à l’animation culturelle qui ne va nulle part) puisse simplement exister. Voilà pourquoi j’écris ce petit article et pour donner en quelques lignes un sens de lecture :

L’espace-temps

Toute création se développe dans un espace-temps. Si nous prenons la dimension du temps, nous pouvons ainsi aller des plus anciennes traces de peuplement dans la région, soit il y a 40 000 ans ( voir la forêt préhistorique) à aujourd’hui, en passant par la civilisation gallo-romaine (et l’héritage de la Grèce antique), le Moyen Âge, la Renaissance, et le XIXe siècle. Et chacune de ces périodes trouvant un lieu symbolique local particulièrement approprié comme la forêt, pour la période préhistorique, Barbizon et les bords de Seine pour la période gallo-romaine, Grez- sur-Loing et Nemours pour le Moyen Âge, le Château de Fontainebleau pour la Renaissance et enfin, pour le XIXe siècle de nombreux lieux dont les deux plus prestigieux sont, pour la poésie, Mallarmé à Valvins et, pour la musique, Le Bel-Ebat à Avon.

Transversalité

Une fois déterminés ces espaces et ces temps, il ne nous reste plus qu’à les relier, et c’est l’objet de cette initiative tout à fait inédite de « tourisme poétique » qui permet d’activer de manière concrète et intelligente une transversalité entre  tous les villages situés autour de la forêt et qui ne communiquent plus depuis la Belle Epoque, faute de grande vision culturelle partagée entre eux.

A partir de là, comprendre ce travail global qui est mené ici implique de rejoindre ces itinéraires transversaux de tourisme poétique, le mot de « poétique » étant à comprendre ici dans son acception grecque de « création », et se proposant ainsi comme base de développement pour tout type d’approches, avec, en premier lieu, le souci de « relier les espaces, les temps et les hommes ». Car dès que la communication arrive tout devient possible et, à notre époque où la communication est quasiment détruite partout, première cause de notre paupérisation – sur tous les plans -, il s’agit ainsi du premier défi à relever. Le suivant, formulé par Edgar Morin, étant de « relier les connaissances ».

Voilà donc, exprimé en quelques mots, ce qu’il faudrait comprendre pour entrer dans ce travail, qui, comme tel, n’appartient à personne et est généreusement offert à tous ceux qui aimeraient s’en saisir et le porter plus loin.

Michaël Vinson

pour Association « Art et Culture en Pays de Fontainebleau  » (ACPF)

RACHIDA DATI A EFFECTUÉ DIMANCHE SON PREMIER DÉPLACEMENT DE MINISTRE DE LA CULTURE DANS LA SEINE-ET-MARNE
La membre du gouvernement a été à la rencontre de l’équipe du château. https://www.evasionfm.com/rachida-dati-a-effectue-dimanche-son-premeir-deplacement-de-ministre-de-la-culture-dans-la-seine-et-marne

Rachida Dati qui est venue ouvrir son mandat ministériel à Fontainebleau sait-elle que si la culture a rayonné autant en France et dans le monde à l’époque de François Ier, c’est essentiellement parce que la cour était honorée d’un roi-poète? Et que c’est à cette époque que le mécénat à vu le jour en France?

En toute logique, que pense-t-elle faire, en ce début de XXIe siècle, pour la poésie et les arts?

Et ainsi pour 99% des artistes d’aujourd’hui laissés sur le côté du chemin?

Que pense-t-elle donc faire pour la culture véritable, celle des créateurs?

« La culture, ce n’est pas que Paris », a déclaré Rachida Dati.

En effet, et on peut lui répondre que « la culture à Fontainebleau, ce n’est pas que le château ». Mais pour cela, il faut savoir sortir de son entre-soi confortable et se mettre véritablement au service des acteurs culturels totalement invisibilisés et méprisés comme partout en France. D’où la profonde misère culturelle qui sévit dans ce pays, y compris le pays de Fontainebleau qui ne fait que vivre de ses rentes du passé…. (le Château, pour Fontainebleau, l’école de Barbizon pour Barbizon etc.) et sans jamais se demander ce qu’il pourrait faire aujourd’hui pour que les artistes, qui ont historiquement fait ce pays, pensons principalement aux peintres, puissent garder de nos jours la tête hors de l’eau et continuer à écrire l’histoire? Que fait par exemple Barbizon pour répondre à la destruction historique de la peinture depuis une quarantaine d’années? Ne doit-elle rien à la peinture?

Auguste Luchet (Paris, 22 avril 1806-Paris, 9 mars 1872) est un dramaturge, journaliste, romancier et écrivain français. Luchet fut aussi gouverneur du château de Fontainebleau en 1848.

(…) Tout le monde aujourd’hui connaît Fontainebleau. Pour les Parisiens surtout, le chemin de fer de Lyon en a fait un faubourg. Ville jolie, mais triste ; tranquille retraite de rentiers qui ne consomment guère ou de vieillards qui ne consomment plus ; élégante, oisive, prétentieuse et inutile ; sans production, sans industrie, sans commerce, Fontainebleau vit de ses beautés comme une courtisane romaine.

Auguste Luchet

[… ] Oh ! la province, cher Denecourt, la province ! Couvent où les cellules n’ont point de porte ! Prison où les cachots sont de verre ! Cage d’écureuil où la pauvre bête court, s’épuise, tombe et meurt sans avoir marché ; cercle étroit d’espionnages nains, de trahisons rachitiques, de dénonciations poitrinaires ; où le crime consiste à rentrer tard chez soi, et la vertu à ne pas sortir. Bonne et saine vie, au reste ; vie longue comme celle des perroquets et des carpes, qui pourrait durer toujours, en vérité, car elle dépense si peu, même à mal faire ! vie possible pour qui n’a vu que celle-là, insupportable autrement. Savoir qu’on ne peut rien, eût-on beau vouloir ; qu’on parle à des cerveaux faits d’éponge, à travers des oreilles murées. Tous les jours le même chemin, les mêmes choses, les mêmes gens, les mêmes heures ; les quatre mêmes seules grandes occupations : médire, manger, digérer, dormir.

Auguste Luchet

Extrait de Hommage à C. F. Denecourt. Fontainebleau : paysages — légendes — souvenirs — fantaisies
Texte établi par (préface de Auguste Luchet), Librairie de L. Hachette et Cie, 1855 (p. 1-368).

https://fr.wikisource.org/wiki/Fontainebleau_(1855,_Hachette)?fbclid=IwAR1gGlqvE6PIx7kNTM7Kx1UQVI7PUqbhXasOrWfNpjOPT-Ip3jKo0C48BC0

NB. Ce lien est un trésor parce qu’il vous donne accès à tous les poèmes du livre « La forêt des poètes

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