
- Gustave Flaubert et la bêtise :
- Romain Gary et la connerie
- Louis-Ferdinand Céline – Sur la lourdeur des hommes
- Giovanni Papini, LA DÉFENSE DES IMBÉCILES
- Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons…
- L’art de s’accommoder de la réalité de la bêtise pour conquérir le pouvoir
- École ou la fabrique des crétins
- Quant la bêtise gouverne…
- Umberto Eco : Les réseaux sociaux ont généré une invasion d’imbéciles…
- De la démocratie…
- …moins de bêtise aux bêtes.
- « J’étais un abruti intégral »
Gustave Flaubert et la bêtise :
«J’ai passé deux mois et demi absolument seul, pareil à l’ours des cavernes, et en somme parfaitement bien, puisque, ne voyant personne, je n’entendais pas dire de bêtises. L’insupportabïlité de la sottise humaine est devenue chez moi une maladie, et le mot est faible. Presque tous les humains ont le don de m’exaspérer, et je ne respire librement que dans le désert.»
«Je connais la Bêtise. Je l’étudie. C’est là l’ennemi. Et même il n’y a pas d’autre ennemi. Je m’acharne dessus dans la mesure de mes moyens. L’ouvrage que je fais pourrait avoir comme sous-titre : «Encyclopédie de la Bêtise humaine».
Voir ce texte de Philippe Sollers intitulé « la rage de Flaubert »
http://www.philippesollers.net/prenons_Flaubert.html
Lettre, à Gustave Flaubert de Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite George Sand

« Tu aimes trop la littérature, elle te tuera et tu ne tueras pas la bêtise humaine. Pauvre chère bêtise, que je ne hais pas, moi, et que je regarde avec des yeux maternels, car c’est une enfance, et toute enfance est sacrée. »
Romain Gary et la connerie

« La plus grande puissance spirituelle de tous les temps,
c’est la connerie ».
Romain Gary (1914 – 1980)
Vidéo : https://limportant.fr/infos-culture/6/t/1440990
Louis-Ferdinand Céline – Sur la lourdeur des hommes

Louis-Ferdinand Céline – Sur la lourdeur des hommes Louis-Ferdinand Céline – Interview 1957
« …Je vois dans ces flots d’invectives, je vois surtout des gens qui boivent, qui mangent, qui dorment, somme toute, toutes les fonctions humaines, qui sont toutes assez vulgaires, et je dirais qu’ils sont lourds. Leur esprit est lourd. C’est ça qu’il me semble surtout… Il n’a jamais cessé d’être lourd. J’ai remarqué, j’ai lu tellement de vers, et plus particulièrement des vers du XVIIe, soi-disant galants… J’en ai trouvé trois, quatre de bons… sur des milliers.
Il y a très peu de légèreté chez l’homme. Il est lourd n’est-ce pas !… Et alors maintenant, il est extraordinaire de lourdeur. Depuis l’auto, l’alcool, l’ambition, la politique… le rendent lourd, encore plus lourd. Nous verrons peut-être un jour une révolte d’esprit contre le poids. Mais c’est pas pour demain. Pour le moment il est lourd. Alors, voilà si j’avais à mourir, je dirais ils étaient lourds, voilà c’est tout. Oh, ils étaient méchants parce qu’ils étaient lourds, ils étaient lourds, jaloux d’une certaine légèreté […]. Jaloux d’être lourd. C’est tout. Infirmes. Ils pèsent, ils sont infirmes. La lourdeur les rend infirmes. Par conséquent on peut se méfier, ils sont prêts à tout. Oh oui, prêts à tout. Pour activer encore la lourdeur ils boivent, et alors quand ils boivent, c’est des marteaux pilons. C’est effrayant. Des marteaux pilons sans contrôle, c’est surtout ça qu’ils sont. Ils augmentent leur poids, au lieu de se rendre léger. Ah, ils ne sont pas du côté d’Ariel. Ils sont de plus en plus Caliban. De plus en plus… »
Céline sur la lourdeur de l’homme.
https://www.dailymotion.com/video/xlwbf4
Giovanni Papini, LA DÉFENSE DES IMBÉCILES

Aucune espèce au monde n’est plus nécessaire et prolifique que celle des imbéciles. Si les hommes de génie n’avaient pas existé, nous serions encore des barbares mais, sans les idiots, le genre humain se serait éteint depuis bien longtemps. Et le fait que de tout temps ils soient justement les plus nombreux et les plus puissants représente un argument considérable en faveur de la Providence. Parfois, un demi-siècle a pu s’écouler sans qu’un esprit souverain qui sorte de l’ordinaire ne se manifeste, mais chaque jour qui se lève voit croître et prospérer « l’incommensurable coalition des idiots ».
Nous les retrouvons partout, même là où l’on ne s’y attend pas, non seulement à des places humbles, subalternes et obscures mais aussi aux premières et plus importantes. On peut dire que les imbéciles forment la plus grande part de l’humanité, si bien qu’étudier l’homme revient à déterminer la nature des médiocres et des idiots.
« Tous ceux qui paraissent fous le sont, et encore la moitié de ceux qui ne le paraissent pas », disait le très brillant Gracián. Et puisque les plus nombreux sont, à première vue, assimilables à des imbéciles, et que cela vaut aussi pour les plus distraits des hommes intelligents, il est facile de faire le compte et d’arriver à un total qui avoisine l’intégralité des hôtes de la planète. Ce calcul peut sembler exagéré et irrévérencieux à ceux qui ne s’aperçoivent pas que le véritable imbécile est, le plus souvent, convaincu de ne pas l’être.
(…)Il est vrai que la promiscuité des idiots est un continuel supplice pour ceux qui ne le sont pas. Placez un grand esprit dans un groupe d’idiots, et il sera, le plus souvent, détesté, raillé ou du moins incompris. Sa grandeur ne lui servira qu’à souffrir, à se taire ou à revêtir le masque de l’idiot.
Personne n’est plus sûr de soi et satisfait d’être tel qu’un parfait idiot : au fond de lui, il n’y a ni tragédie, ni drame, ni angoisse, ni désespoir. Son âme lui cause peu de soucis car elle est presque éteinte : l’unique chose qui pourrait l’attrister est celle-là même qu’il ignore tout au long de sa vie, c’est-à-dire le fait d’être un idiot.
Et il ne faut pas s’étonner si, le plus souvent, les imbéciles réussissent mieux que les grands esprits dans le monde. Ceux-ci doivent lutter contre eux-mêmes et, comme si cela ne suffisait pas, ils doivent aussi affronter tous les médiocres qui détestent instinctivement toute forme de supériorité. L’imbécile, quant à lui, se retrouve, où qu’il aille, parmi ses pairs, parmi ses frères et ses compagnons. Il est, par esprit naturel de corps, aidé et protégé. Les idées courantes énoncées par le stupide ne sont que lieux communs, c’est pourquoi elles sont approuvées par ses semblables qui sont légion, alors que le génie possède le terrible défaut de s’opposer aux opinions dominantes et de vouloir bouleverser, justement par la pensée, la vie du plus grand nombre. Ceci explique pourquoi les œuvres et les gestes des imbéciles sont aussi fortement sollicités et admirés. Ceux qui les jugent sont, pour la plupart, de la même envergure et partagent les mêmes goûts. Ils approuvent avec enthousiasme les choses faites ou dites par quelqu’un d’un peu plus habile qu’eux.
La plus grande victoire des idiots consiste à contraindre les sages à agir et parler très souvent comme des idiots, que ce soit pour vivre en toute tranquillité ou pour se préserver des temps d’épidémie aiguë de sottise universelle. Mais il n’est pas dit non plus que l’intelligence splendide et rayonnante soit la seule marche vers la grandeur. (…), il ne faut pas oublier que les hommes de génie ne deviendraient pas célèbres s’ils ne réussissaient pas à susciter aussi l’admiration des sots. Le vieux Voltaire se demandait : « Combien de sots faut-il pour faire un public? » Et il jubilait en apprenant que les spectateurs parisiens applaudissaient son Zaïre et son Mahomet.
Giovanni Papini, LA DÉFENSE DES IMBÉCILES, paru pour la première fois dans Il Messaggero le 19 juin 1949.
Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons…

L’art de s’accommoder de la réalité de la bêtise pour conquérir le pouvoir

“La plupart des gens sont des cons, au moins 80 %” : le président du Loir-et-Cher se lâche devant sa majorité
L’ancien maire de Blois a donné un drôle de discours aux élus de sa majorité le lundi 7 septembre. En effet, selon une information rapportée par Le Canard Enchaîné, il a tout bonnement insulté les électeurs auprès des élus de sa majorité réunis en commission permanente.
« Je le dis souvent, n’oubliez pas qu’on s’adresse à des CE1 ou des CE2 »
Nicolas Perruchot commence par donner un conseil pour reconquérir le cœur des électeurs tout en condescendance : « La plupart des gens, ne l’oubliez jamais quand vous allez refaire campagne, la plupart des gens, pardonnez-moi, sont cons. Une très grande majorité » tacle-t-il. Il y va même de sa statistique, puisqu’il estime la bêtise des électeurs à « au moins 80% par canton ». On est face à des gens qui sont stupides, hein ! », rappelle-t-il, au cas où l’information ne serait pas passée du côté des élus de sa majorité. Le centriste ne manque pas de faire ses recommandations où les électeurs « Nous avons, nous, une information qu’il faut essayer de donner de la manière la plus simple ou simpliste possible. Moi, je le dis souvent, n’oubliez pas qu’on s’adresse à des CE1 ou des CE2, quoi… », rapporte Le Canard Enchaîné.
École ou la fabrique des crétins
Quant la bêtise gouverne…

Umberto Eco : Les réseaux sociaux ont généré une invasion d’imbéciles…

Le penseur et écrivain Umberto Eco a dit au revoir à notre monde il y a près d’un an, mais avant cela, il a exprimé son opinion sévère sur l’effet que les réseaux sociaux avaient sur la société.
« Les réseaux sociaux ont généré une invasion d’imbéciles qui donnent le droit de parler à des légions d’idiots qui auparavant ne parlaient qu’au bar après un verre de vin, sans nuire à la communauté et ont maintenant le même droit de parler qu’un Prix Nobel : C’est l’invasion des imbéciles », a-t-il dit, et cela malgré le fait qu’il n’a pas vécu pour voir un youtuber donner des biscuits pour cure-dents aux sans-abri.
« Le drame Internet est qu’il a promu le fou du peuple au niveau de porteur de la vérité. »
De la démocratie…

…moins de bêtise aux bêtes.
« Vous m’offrez la cité, je préfère les bois ;
Car je trouve, voyant les hommes que vous êtes,
Plus de cœur aux rochers, moins de bêtise aux bêtes. »
Victor HUGO — « L’Année terrible » (1872)