
« Swan Sky », 1983.
Stéphane Mallarmé est né il y a 180 aujourd’hui, à Paris.
« Le cygne »
Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !
Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.
Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.
Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

Extrait de la pièce de théâtre poétique en vers « l’absolu au jour le jour » de Michaël Vinson
VALERY
Et vous souvenez-vous de vos tout premiers vers?
MALLARME , amusé par la question, se lève et va chercher un petit carnet dans son bureau. Il l’ouvre et le lit :
« Ma chère Fanny
Ma bonne amie
Je te promets d’être sage
A tout âge
Et de toujours t’aimer
Stéphane Mallarmé. »
Ah ma chère Fanny! ma tendre aquafortiste,
La muse qui m’apprit fièrement à tenir
La plume et le crayon, me donnant le désir
Du grand chant envolé en sa courbe parfaite
Et qui m’apprit qu’aimer à pour rime imparfaite
Le nom de Mallarmé, du destin mal aimé!
VALERY
En la serrure du cœur s’introduit la clé….
MALLARME
Le mot clef qui par vous, en ce doux babillage
Pré-poétique où naît des lettres le visage,
Fut d’un jet prononcé comme un signe très clair
De votre mission avancée dans la chair
D’un monde littéraire enclos de certitudes.
Oui, vous êtes une clef des vastes infinitudes.
VALERY
Que pourrais-je en penser…. si ce n’est que c’est vrai,
Dire un tel premier mot a son poids de secret….
Comme vos premiers vers qui chantent la sagesse
D’un amour qui toujours portera à l’ivresse…..
Voir aussi :