L’économie en poèmes

À l’occasion du Printemps des poètes, plongez dans l’univers du lyrisme et du charme, et découvrez comment Verlaine, Hugo, Apollinaire, Jean de La Fontaine et bien d’autres, font rimer argent avec nature, finance avec amour ou travail avec beauté.

« Le laboureur et ses enfants », Jean de La Fontaine

 La Fontaine à travers cette fable nous interpelle quant à la richesse non pas matérielle mais celle qui résulte du travail.

«Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor. »

« La chenille », Guillaume Apollinaire

Dans ce poème, Apollinaire fait rimer en quelques vers travail et richesse.

« Le travail mène à la richesse.
Pauvres poètes, travaillons !
La chenille en peinant sans cesse
Devient le riche papillon. »

« Qui est ami du cœur est ami de la bourse », Joachim du Bellay

Dans Les Regrets, recueil de poèmes relatant un voyage malheureux dans la Rome de la Renaissance, Joachim du Bellay (v. 1522-1560) livre ce sonnet qui invite son destinataire à la modération dans la dépense et dessine, en filigrane, la façon dont l’argent s’immisce parfois dans les relations amicales.

« Qui est ami du coeur est ami de la bourse,
Ce dira quelque honnête et hardi demandeur,
Qui de l’argent d’autrui libéral dépendeur
Lui-même à l’hôpital s’en va toute la course.

Mais songe là-dessus qu’il n’est si vive source
Qu’on ne puisse épuiser, ni si riche prêteur
Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur,
Ayant affaire à gens qui n’ont point de ressource.

Gordes, si tu veux vivre heureusement romain,
Sois large de faveur, mais garde que ta main
Ne soit à tous venants trop largement ouverte.

Par l’un on peut gagner même son ennemi,
Par l’autre bien souvent on perd un bon ami,
Et quand on perd l’argent, c’est une double perte. »

« Money ! », Paul Verlaine

Dans Chair, écrit l’année même de sa mort, Paul Verlaine (1844-1896) explore la féminité. Dans le poème « Money ! », il pose la question du train de vie de la femme aimée, train de vie dont il semble dire qu’il faille l’assumer.

« Ah oui, la question d’argent !
Celle de te voir pleine d’aise
Dans une robe qui te plaise,
Sans trop de ruse ou d’entregent :

Celle d’adorer ton caprice
Et d’aider s’il pleut des louis,
Aux jeux où tu t’épanouis,
Toute de vice et de malice.

D’être là, dans ce Waterloo,
La vie à Paris, de réserve,
Vieille garde que rien n’énerve
Et qui fait bien dans le tableau ;

De me priver de toute joie
En faveur de toi, dusses-tu
Tromper encore ce moi têtu
Qui m’obstine à rester ta proie !

Me l’ont-ils assez reprochée !
Ceux qui ne te comprennent pas,
Grande maîtresse que d’en bas
J’adore, sur mon cœur penchée,

Amis de Job aux conseils vils,
Ne s’étant jamais senti battre
Un cœur amoureux comme quatre
À travers misère et périls !

Ils n’auront jamais la fortune
Ni l’honneur de mourir d’amour
Et de verser tout leur sang pour
L’amour seul de toi, blonde ou brune ! »

D’autres poèmes d’autres poètes : https://www.citeco.fr/le-printemps-des-po%C3%A8tes

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