
Jules Massenet (1842-1912), musicien de génie et membre de l’Académie des Beaux Arts, est considéré, après Gounod (1818-1893), comme le compositeur d’opéras français le plus populaire de son temps.
Biographie :
- https://www.musicologie.org/Biographies/m/massenet.html
- http://www.jules-massenet.fr/massenet/wp-content/uploads/2014/04/Chronologie-de-Jules-Massenet.pdf

- Centième anniversaire de Jules Massenet, la BNF
- Massenet à Avon
- Œuvres composées à Avon
- Claude Debussy Monsieur Croche, antidilettante
- Jules Massenet et Reynaldo Hahn
Centième anniversaire de Jules Massenet, la BNF
Sous la plume de Massenet
Élizabeth Giuliani
Dans Revue de la BNF 2012/3 (n° 42)
À l’occasion du centième anniversaire de Jules Massenet, la BNF a enrichi la collection de manuscrits autographes de son œuvre par l’acquisition d’une importante correspondance qui permet de suivre l’activité du compositeur et de mieux cerner sa personnalité.

La Belle époque de Massenet (1842-1912) – BnF | Musée de l’Opéra

Bibliothèque-Musée de l’Opéra / BnF jusqu’au 15 avril 2012
Dossier de presse :
À l’occasion du centenaire de la mort de Jules Massenet, de la nouvelle production à l’Opéra Bastille de “Manon” et de la reprise de “L’Histoire de Manon” au Palais Garnier, la Bibliothèque nationale de France et l’Opéra national de Paris présente l’exposition “La Belle époque de Massenet” dans les espaces de la Bibliothèque-musée de l’Opéra.
Avec cette exposition, la Bibliothèque nationale de France célèbre le centenaire de la mort de Jules Massenet (1842-1912) en présentant au public une centaine de pièces : tableaux, dessins, maquettes de décors et de costumes, photographies, partitions, costumes, affiches et documents d’archives. Elle rend ainsi hommage à celui qui réussit au théâtre une synthèse unique des arts et de la musique. En effet, bien loin de se cantonner à son seul rôle de compositeur, Jules Massenet s’intéresse à tout, contrôle tout et impose sa vision picturale et scénographique aux directeurs de théâtres, aux décorateurs et aux metteurs en scène.
Ainsi, pour la création d’Esclarmonde à l’Opéra-Comique, en 1889, Jules Massenet fait non seulement dessiner l’affiche du spectacle par l’un des plus grands illustrateurs de son temps, Eugène Grasset, mais il demande aussi à cet artiste de doter la partition de pages d’ouverture et d’un frontispice somptueux ; enfin et surtout, il l’invite également à concevoir une partie des décors. Si Esclarmonde révèle donc un homme de théâtre accompli, visionnaire dans son approche esthétique de la scène et symbolisant à merveille l’esprit de la Belle époque, d’autres grands succès jalonnent la carrière du compositeur : Manon et Werther, mais aussi Le Cid, Thaïs, Grisélidis, Cendrillon, Le Jongleur de Notre-Dame, Chérubin…
De la création du Roi de Lahore au Palais Garnier en 1877 jusqu’à sa mort en 1912, Jules Massenet domine la vie lyrique française. Ses œuvres sont représentées sur les scènes du monde entier où le compositeur incarne l’élégance et la sensualité françaises.
https://histoire19.hypotheses.org/200
Massenet à Avon
Jules Massenet possède une maison à Avon où il séjourne souvent entre 1871 et 1882.
https://archives.seine-et-marne.fr/fr/jules-massenet-1842-1912
Il fut l’un des premiers à fréquenter le pavillon de Bel-Ebat

de Massenet à Avon.
Le 8 octobre 1866, Jules MASSENET épouse Louise-Constance de Grécy en l’église Saint-Pierre d’Avon (avec parmi ses témoins l’éminent violoniste Jules ARMINGAUD). Sa belle-mère possédant dans cette ville une maison agrémentée d’un jardin, au 64 avenue Franklin Roosevelt, il y viendra souvent, c’est là qu’il composera l’ouverture de « Phèdre », « Le Roi de Lahore », les « Scènes Alsaciennes »…
Œuvres composées à Avon
Phèdre
Tragédie en cinq actes et en vers de Jean RACINE créée le 01 janvier 1677 à l’Hôtel de Bourgogne. Musique de scène de Jules MASSENET :
ouverture, exécutée aux Concerts Colonne le 22 février 1874
partition d’orchestre partition pour piano à quatre mains
puis musique de scène (ouverture, entr’actes et musique de scène) pour la représentation à l’Odéon le 08 décembre 1900.
https://www.artlyriquefr.fr/oeuvres/Phedre.html
Le roi Lahore

Scènes alsaciennes
Claude Debussy
Monsieur Croche, antidilettante
IX
MASSENET.
Je voudrais essayer de tracer, non un portrait de M. Massenet, mais un peu ce qu’il voulut représenter de son attitude mentale à travers la musique qu’il écrivit ; par ailleurs, les anecdotes ou les manies composant la vie d’un homme ont besoin d’être « posthumes » pour avoir vraiment de l’intérêt.
Il apparaît tout de suite que la musique ne fut jamais pour M. Massenet « la voix universelle » qu’entendirent Bach et Beethoven : il en fit plutôt une charmante spécialité.
Que l’on consulte la liste déjà longue de ses œuvres et l’on y verra une préoccupation constante qui en commande, on peut dire fatidiquement, la marche. Elle lui fait retrouver dans Grisélidis, son dernier opéra, un peu des aventures d’Ève, une de ses premières œuvres. N’y a-t-il pas là une sorte de destinée mystérieuse et tyrannique qui explique l’inlassable curiosité de M. Massenet à chercher dans la musique des documents pour servir à l’histoire de l’âme féminine ? — Elles sont là, presque toutes, ces figures de femmes qui servirent déjà tant de rêves ! Le sourire de la Manon en robes à panier renaît sur la bouche de la moderne Sapho pour faire pareillement pleurer les hommes ! Le couteau de la Navarraise y rejoint le pistolet de l’inconsciente Charlotte. (Cf. Werther.)
D’autre part, on sait combien cette musique est secouée de frissons, d’élans, d’étreintes qui voudraient s’éterniser. Les harmonies y ressemblent à des bras, les mélodies à des nuques ; on s’y penche sur le front des femmes pour savoir à tout prix ce qui se passe derrière… — Les philosophes et les gens bien portants affirment qu’ils ne s’y passe rien, mais cela ne supprime pas absolument l’opinion contraire, l’exemple de M. Massenet le prouve (au moins mélodiquement) ; à cette préoccupation il devra, au surplus, d’occuper dans l’art contemporain une place qu’on lui envie sourdement, ce qui peut faire croire qu’elle n’est pas à dédaigner.
La fortune, qui est femme, se devait de bien traiter M. Massenet et même de lui être quelquefois infidèle ; elle n’y a point manqué. Tant de succès fit qu’à une époque il fut de bon ton de copier les manies mélodiques de M. Massenet, puis, tout à coup, ceux qui l’avaient si tranquillement pillé le traitèrent durement.
On lui reprochait d’avoir trop de sympathie pour M. Mascagni et pas assez d’adoration pour Wagner. — Ce reproche est aussi faux qu’il est inadmissible. M. Massenet continuait héroïquement à vouloir l’approbation de ses admiratrices habituelles : j’avoue ne pas comprendre pourquoi il vaut mieux plaire à de vieilles wagnériennes cosmopolites qu’à des jeunes femmes parfumées et même ne jouant pas très bien du piano. Une fois pour toutes, il avait raison… On ne peut sérieusement lui reprocher que d’avoir fait des infidélités à Manon… Il avait trouvé là le cadre qui convenait à ses habitudes de « flirt » et il ne devait pas les forcer à entrer à l’Opéra ? On ne « flirte » pas à l’Opéra ; on crie très fort des mots incompréhensibles ; si l’on y échange des serments, c’est avec l’assentiment des trombones : logiquement, les nuances changeantes d’un sentiment doivent s’y perdre parmi tant de clameur obligée. Enfin, il eût mieux fait de continuer d’assouplir son génie des teintes claires et des mélodies chuchotantes, dans des œuvres faites de légèreté ; cela n’excluait pas des recherches d’art, elles étaient seulement plus délicates et voilà tout. Il ne manque pourtant pas de musiciens qui portent la musique à bras tendus pendant que hurlent les trompettes… Pourquoi en grossir inutilement le nombre et laisser se développer ce goût pour la musique ennuyeuse qui nous vient des « néo-wagnériens » et qui pourrait nous faire l’amabilité de retourner en son pays d’origine.
M. Massenet, par ses dons uniques et sa facilité, pouvait beaucoup contre ce déplorable mouvement. — Il n’est pas toujours bon de hurler avec les loups. C’est un conseil qu’aurait pu lui donner, il me semble, la moins fine de ses belles écouteuses.
Massenet fut le plus réellement aimé des musiciens contemporains. C’est d’ailleurs bien cet amour que l’on a eu pour Massenet qui lui créa du même coup la situation particulière qu’il n’a cessé d’occuper dans le monde musical.
Ses confrères lui pardonnèrent mal ce pouvoir de plaire qui est proprement un don. À vrai dire, ce don n’est pas indispensable, surtout en art, et l’on peut affirmer, entre autres exemples, que jamais Jean-Sébastien Bach ne plut, dans le sens que ce mot prend lorsqu’il s’agit de Massenet. A-t-on entendu dire des jeunes modistes qu’elles fredonnaient la Passion selon saint Mathieu ? Je ne le crois pas. Tandis que tout le monde sait qu’elles s’éveillent le matin en chantant Manon ou Werther. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est là une gloire charmante qu’envieront secrètement plus d’un de ces grands puristes qui n’ont pour réchauffer leur cœur que le respect un peu laborieux des cénacles.
Il a réussi pleinement dans ce qu’il entreprenait, de quoi l’on a cru se venger en disant — à voix basse — qu’il était le meilleur élève de Paul Delmet, ce qui n’est qu’une plaisanterie du plus mauvais goût. On l’a beaucoup imité, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur…
Tâcher de faire tomber ceux que l’on imite est le premier principe de la sagesse chez certains artistes, qui nomment ces manœuvres blâmables « lutte pour l’art ». Cette expression si souvent employée a quelque chose de louche et, au surplus, le défaut d’assimiler l’art à un sport quelconque.
En art, on n’a à lutter le plus souvent que contre soi-même, et les victoires que l’on y remporte sont peut-être les plus belles. Mais par une ironie singulière, on a peur, en même temps, d’être victorieux de soi-même, et l’on aime mieux tranquillement faire partie du public ou suivre ses amis, ce qui revient au même.
Au siècle de Napoléon, toutes les mères françaises espéraient que leurs fils continueraient Napoléon… Le jeu des guerres s’est chargé de faucher beaucoup de ces rêves. Et puis il y a des destinées uniques. Dans son genre, la destinée de Massenet est une de celles-là.
Claude Debussy
https://fr.wikisource.org/wiki/Monsieur_Croche/Massenet
Jules Massenet et Reynaldo Hahn

Caricature par Sem, publicité pour la Bénédictine, c. 1900 / Photographie publiée dans Musica (février 1910)
Liens externes :
- Site du compositeur : http://www.jules-massenet.fr/biographie/
- http://www.musicologie.org/Biographies/m/massenet.html
- http://musiciens77.canalblog.com/archives/2015/02/17/31547281.html
- Album facebook : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.308695123143454&type=3
Voir aussi :