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Le Liban est la magie de l’Orient!
Aucun pays de l’Orient ne pourra Jamais, au Grand Jamais ressembler à Beyrouth, être comparé à notre Liban. Même pendant nos jours de malheurs et de misères, notre Liban reste et restera pour toujours « LA PERLE DE l’ORIENT ».
Le Liban avec sa CULTURE, son CLIMAT, le pourcentage des personnes instruites, SA CIVILISATION, SES SOURCES D’EAU, SES MONTAGNES ET SES CAMPAGNES, SES ÉCOLES ET UNIVERSITÉS , SES HOPITAUX , LA DIVERSITÉ CULTURELLE DE SON PEUPLE …. LE LIBAN EST LA MAGIE DE L’ORIENT! ![]()
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Commentaire de Mona Bitar sur https://www.facebook.com/photo/?fbid=28294186153513794&set=gm.3711534705735072&idorvanity=1723342027887693
La France était « la maman aimante du Liban »

Michaël, j’aime tout ce que tu publies, c’est très intéressant et ça demande beaucoup de recherches pour les avoir, félicitations. Ce qui lie nos deux pays je vais t’en donner un bref historique. La France était « la maman aimante du Liban ». C’est la France qui a fait le Liban. Il y avait eu des missions qui sont venues de France dans le but d’ouvrir des écoles au Liban et d’enseigner le français, c’était une Grande Charge éducative que la France a fourni aux Libanais, et jusqu’ à ce jour ces Grandes écoles restent les meilleures dans le pays. La France nous a fait une Université Française : Université St. Joseph de Beyrouth, il y a de grands écrivains et spécialistes qui ont fait l’histoire du pays qui étaient diplômés de cette université, Et cette université continue d’enseigner et de former une sélection de personnes talentueuses jusqu’à aujourd’hui. Elle nous a fait le Grand Hôpital : L’Hôtel-Dieu de France est un hôpital universitaire privé. L’hôpital appartient à l’État français et son centre hospitalier dépend de la faculté de médecine de l’université Saint-Joseph de Beyrouth. Je t’écrirai plus, mais à l instant j’ai du travail chez moi. Lorsque je fais un petit répit je reviens t écrire. J’adore écrire sur la France Michaël, c est parce qu’elle nous a donné « l’éducation – la Civilisation … » Bonne et agréable journée.

PS. Michaël, connais-tu quelqu’un, un Libanais ou un Français qui va venir au Liban? Parce qu’il y a un ami de la France qui veut nous envoyer des médicaments, il ne trouve personne qui vient dans ce conflit qu’on vit. Ici on ne trouve plus tous les médicaments. Si par hasard tu sais qu’il y a quelqu’un qui va venir visiter le Liban, laisse-moi savoir s il te plaît . Merci d avance.
Relations entre la France et le Liban
Histoire des relations franco-libanaises
France-Liban, les raisons d’une relation spéciale en 5 points
Saluée par les uns, critiquée par les autres, la visite d’Emmanuel Macron à Beyrouth, après la double explosion qui a ravagé la ville, a surtout ravivé les liens étroits existant entre la France et le Liban. CQFD revient sur l’origine de cette relation particulière, qui se pérennise depuis plusieurs siècles.
Par Florian Maussion
Publié le 12 août 2020 à 11:16Mis à jour le 8 sept. 2020 à 14:37
« Parce que c’est vous, parce que c’est nous. » Cette petite phrase, prononcée par Emmanuel Macron le 6 août à Beyrouth, deux jours après la double explosion qui a ravagé la ville, a rappelé à elle seule le lien fort qui existe entre la France et le Liban. Et le chef de l’Etat ne s’est pas arrêté là.
« Nos destins sont noués indéfectiblement par les liens du temps, de l’esprit, de l’âme, de la culture, des rêves », a-t-il encore déclaré. Cette relation spéciale entre les deux pays est très ancienne et son origine remonte au début du précédent millénaire. Comment s’est-elle construite ? Comment se traduit-elle ? CQFD fait le point.
VIDEO. Pourquoi la France est-elle aussi proche du Liban ?
https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01870326/zone/1/showtitle/1/src/fkzpxp
1. Un rapprochement initial religieux
L’histoire entre la France et le territoire qui deviendra le Liban est d’abord une histoire de religion. Au moment de la première croisade, à la fin du XIe siècle, le « Mont Liban » (la chaîne de montagnes qui donnera son nom au pays) est habité par les maronites, l’une des plus importantes communautés chrétiennes du Proche-Orient. Au début du XIIe siècle, le territoire est intégré aux Etats latins d’Orient, répartis entre les chefs croisés.
Ce terreau chrétien va tisser les liens avec la France au milieu du siècle suivant. Au cours de la septième croisade, Louis IX – Saint Louis – s’engage auprès des maronites à assurer leur protection. « Nous sommes persuadés que cette nation, que nous trouvons établie sous le nom de saint Maron, est une partie de la nation française. […] En conséquence, il est juste que tous les maronites jouissent de la protection dont les Français jouissent près de nous », écrit le roi dans une charte donnée à « l’Emir des maronites ». Il ne pourra pas tenir parole.
Près de trois siècles plus tard, François Ier s’allie avec Soliman le Magnifique. Si le roi de France cherche avant tout un soutien contre le Saint-Empire de Charles Quint et des privilèges au sein de l’Empire Ottoman, ce rapprochement fait de nouveau de la couronne de France un protecteur des chrétiens d’Orient. Un statut entretenu et renforcé par ses successeurs sur le trône, jusqu’au XVIIIe siècle.
2. Un pays façonné par la France
La France a joué un rôle majeur dans la naissance du Liban tel qu’il existe aujourd’hui. Le premier acte se déroule en 1860. Faisant jouer son rôle de protecteur après des massacres perpétrés, sur le Mont Liban et en Syrie, par les Druzes musulmans contre les Maronites chrétiens, Napoléon III envoie, conjointement avec les autres puissances militaires européennes, un corps expéditionnaire pour aider l’Empire Ottoman à rétablir l’ordre. L’opération aboutit, l’année suivante, à la signature d’un accord avec Constantinople instituant une autonomie partielle du Mont Liban, qui persistera jusqu’en 1915.
Le deuxième acte a lieu à la suite de la Première Guerre mondiale. Le territoire de l’Empire ottoman, allié à l’Allemagne durant le conflit, est partagé entre la France et la Grande-Bretagne, conformément à un accord secret signé avant même la capitulation de Berlin. Le Mont Liban se retrouve dans la zone sous administration directe française, avec à sa tête un général d’armée, Henri Gouraud.
En septembre 1920, celui-ci proclame la création du « Grand Liban », dont les frontières sont similaires à celles connues aujourd’hui. En 1926, les autorités locales françaises dotent le pays d’une Constitution, créant les postes de président et de Premier ministre. Le français devient, avec l’arabe, langue officielle.
3. Un lien linguistique et culturel plutôt qu’économique
Les liens entre la France et le Liban sont avant tout linguistiques. Si le français perd son caractère officiel avec l’indépendance libanaise, fin 1943, il reste extrêmement présent dans le pays et est toujours utilisé dans l’administration. Le Liban est membre de l’Organisation internationale de la francophonie. En 2014, près de 40 % de la population parlaient le français, selon cette instance.
Sur son site internet, le ministère français des Affaires étrangères estime que « la promotion de la langue française au Liban est un impératif stratégique ». La France compte un important réseau d’établissements scolaires dans le pays. Le Quai d’Orsay en dénombre 50, dont six lycées français. Beyrouth abrite également, depuis 2011, l’Institut français du Proche-Orient, chargé de « renforcer […] les relations scientifiques et intellectuelles avec les pays de la région ».
Cette proximité se traduit dans les échanges entre les deux pays. Selon le ministère français des Affaires étrangères, 210.000 Libanais vivent en France, tandis que 25.000 ressortissants français se trouvent au Liban. Celui-ci est le 15e pays accueillant le plus de Français et le 4e hors Europe, Amérique du Nord et Chine.
Sur le plan économique, les relations sont en revanche limitées. La France n’était ainsi, en 2019, que le huitième fournisseur du Liban, derrière la Chine, la Grèce, la Russie, l’Italie, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Turquie. Et était que le 14e client du Liban avec 53 millions d’euros d’importation.
4. Une relation de protection qui se pérennise
Parfois considérée comme la « tendre mère » du Liban, la France a conservé une partie de son rôle de protectrice. Une protection à la fois diplomatique et militaire.
Depuis 1982, l’armée française y est présente sous l’égide des Nations unies au sein d’une force de maintien de la paix. Quelque 700 soldats sont sur place aujourd’hui, selon le Quai d’Orsay, dans le cadre de l’opération Daman. Ils mènent des patrouilles conjointes avec les forces libanaises à la frontière avec Israël.
En 1996, la France a activement participé aux négociations pour mettre un terme à l’opération israélienne « Raisins de la colère », visant le groupe islamiste chiite Hezbollah au sud-Liban. Aux Nations unies, elle est systématiquement impliquée dans la rédaction des projets de résolution concernant le Liban. La dernière remonte à août 2019, pour la prolongation du mandat de la force de l’ONU dans le pays.
A la suite de la double explosion de Beyrouth, le 4 août, l’initiative de la « conférence internationale de soutien et d’appui au peuple libanais » est venue conjointement d’Emmanuel Macron et du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
5. Un lien entretenu en haut lieu
La visite d’Emmanuel Macron, premier chef d’Etat étranger à Beyrouth après le drame du 4 août, révèle une nouvelle fois l’importance, pour les présidents français, d’entretenir le lien avec le Liban. Depuis François Mitterrand, ils se sont tous rendus au moins une fois dans le pays.
Le chef d’Etat socialiste s’y était déplacé en octobre 1983, après un attentat ayant tué 58 parachutistes français. « Au Liban, la France reste et restera fidèle à son histoire et à ses engagements », avait-il lancé. En 2005, Jacques Chirac avait été le seul chef d’Etat étranger à prendre part aux obsèques du Premier ministre Rafic Hariri – dont il était très proche -, tué dans un attentat.

En 2008, Nicolas Sarkozy avait tenté une réconciliation alors que le Liban traversait une importante crise politique. Avant que François Hollande promette, en 2016, une aide de 100 millions d’euros sur trois ans pour aider le pays à faire face à l’afflux de réfugiés venus de Syrie.
Preuve de l’attraction qu’exerce le Liban pour la classe politique française, Emmanuel Macron s’y était déjà rendu en janvier 2017, alors qu’il n’était que candidat à l’élection présidentielle. Une manière, pour lui, de soigner sa stature internationale.
Florian Maussion https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/france-liban-les-raisons-dune-relation-speciale-en-5-points-1231977
La Renaissance française et le réveil du Liban

De Saint-Louis à la guerre du Liban : la France, protectrice des chrétiens d’Orient
Publié le 6 août 2014
FIGAROVOX/ANALYSE – L’historien Jean-Louis Thiériot rappelle les liens qui unissent les chrétiens d’Orient et la France depuis Saint-Louis. Une constante de la diplomatie française, qui a traversé les révolutions et les changements de régime.
Jean-Louis Thiériot est un avocat, historien (spécialiste de l’histoire contemporaine) et homme politique français. Son dernier ouvrage, François-Ferdinand d’Autriche: de Mayerling à Sarajevo, est paru aux éditions Tempus.
Pour la communauté internationale, le martyre des chrétiens d’Irak est un drame de plus. Pour la France, c’est un défi majeur car «la protection des chrétiens d’Orient» est un marqueur essentiel de notre diplomatie. Son histoire vaut d’être rappelée, car on oublie trop souvent qu’elle remonte au Moyen Âge.
Saint Louis a été le premier à lui donner une formulation officielle. En 1248, il entreprend la septième croisade pour sauver le royaume latin de Jérusalem. En route vers la Terre sainte, il fait escale à Chypre. Les chrétiens maronites en exil lui font triomphe. Convaincu que ces populations, dont le principal foyer de peuplement se situe autour du Mont-Liban, peuvent être l’avant-garde de la reconquête à venir, Saint Louis s’en proclame le protecteur: «Pour nous, déclare-t-il dans la charte du 24 mai 1250, et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner à vous et à tout votre peuple notre protection spéciale comme nous la donnons aux Français eux-mêmes.» C’est un texte fondateur car, pour la première fois, il accorde des garanties à des populations étrangères vivant sous la domination de princes musulmans.« La protection des chrétiens d’Orient » est un marqueur essentiel de notre diplomatie. Son histoire vaut d’être rappelée, car on oublie trop souvent qu’elle remonte au Moyen Âge.
L’échec des croisades ultérieures et l’irrésistible progression de l’Empire ottoman vide cette protection de l’essentiel de sa substance. Mais elle ne cesse de hanter l’esprit de nos rois. Désireux d’affaiblir la maison d’Autriche, François Ier fait alliance avec Soliman le Magnifique en signant les fameuses «capitulations». Paris y gagne d’abord des avantages commerciaux qui lui confèrent un quasi-monopole sur le commerce avec le Levant. Mais la défense des chrétiens n’est pas oubliée. De jure, les «capitulations» n’accordent de garantie qu’aux Français. Cependant la France se fait aussi attribuer la garde des Lieux saints, ce qui lui donne un poids particulier.
Constamment renouvelées jusqu’à la Révolution française, les «capitulations» apparaissent de plus en plus comme un recours pour les chrétiens de l’Empire ottoman. En 1604, la France devient protectrice de l’ensemble des pèlerins européens. En 1625, le père Joseph, l’éminence grise de Richelieu, obtient l’autorisation d’envoyer des missionnaires à Alep. En contact étroit avec les consuls français, ils tissent un réseau très dense de soutien aux chrétiens locaux. De facto, la France devient la protectrice de tous les chrétiens d’Orient. Dans le Théâtre de la Turquie, publié en 1682 par Michel Febvre, pseudonyme d’un ecclésiastique, on peut lire: «Les chrétiens d’Orient opprimés sous le joug des infidèles fondent leur espérance dans la croyance qu’ils vont être un jour délivrés par un roi de France.»
Les régimes passent. La tradition demeure. La lente agonie de l’Empire ottoman aiguise les convoitises. Tout à son obsession de s’assurer le contrôle des détroits et d’obtenir un débouché en Méditerranée, la Russie cherche à accroître son influence dans les principautés de la Sublime-Porte. En 1846, le jour du vendredi saint, les communautés catholiques françaises et orthodoxes russes en viennent aux mains à Jérusalem. On relève quarante morts dans la basilique du Saint-Sépulcre. La situation s’enlise jusqu’en 1854. Poussé par les Anglais qui apprécient peu de voir les Russes leur contester la suprématie navale en Méditerranée, Napoléon III engage les troupes françaises en Crimée. La primauté sur les Lieux saints n’a pas été la seule cause de l’intervention française. Mais elle joue un rôle suffisamment important pour que le traité de Paris, qui met un terme au conflit en 1856, pose explicitement le principe de la prééminence de la France à Jérusalem et de sa primauté en matière de protection des minorités religieuses.
Ne respectant pas ses promesses à l’égard des chrétiens, en 1860, le sultan exerce sur les maronites libanais une sanglante répression. Pour Napoléon III, c’est une provocation. Un corps expéditionnaire s’embarque pour le pays du Cèdre. Il le quitte un an plus tard en 1861 après avoir obtenu d’Istanbul un statut spécial, avec notamment la désignation d’un gouverneur chrétien pour la «province autonome du Mont-Liban».Face à la tragédie des chrétiens d’Irak, le passé impose que la France se montre à la hauteur de sa vocation singulière.
Laïque, la IIIe République garde le cap. Le Quai d’Orsay négocie pied à pied pour obtenir de la Sublime-Porte un statut officiel des établissements latins. Dans une lettre du 20 juillet 1898, Léon XIII rend hommage à la «mission à part confiée par la providence à la France, noble mission qui a été consacrée non seulement par une pratique séculaire, mais aussi par les traités internationaux». Les accords de Mytilène en 1901 et de Constantinople en 1913 couronnent ces efforts. Une institution aussi prestigieuse que l’École biblique française de Jérusalem y gagne la reconnaissance officielle qui aujourd’hui encore lui sert de base légale.
La guerre de 1914 ne met pas un terme à ce tropisme oriental. Lorsqu’elle accepte le mandat au Levant qui lui est confié par la SDN au traité de Sèvres en 1921, l’une des principales préoccupations de la France est d’assurer l’autonomie du Liban, fief des chrétiens maronites. Le départ des Français en 1946, distend naturellement les liens noués. Mais ils ne disparaissent pas. Bombardé dans le palais présidentiel de Baabda en 1989, c’est encore vers la France que se tourne le général Aoun pour réclamer une intervention militaire. Et c’est en France qu’il trouve refuge pour son exil.
C’est dire combien dans l’Orient compliqué, le passé commande à la France une vigilance particulière. Face à la tragédie des chrétiens d’Irak, il impose qu’elle se montre à la hauteur de sa vocation singulière.
Lamartine au Liban

Beyrouth

Pourquoi Beyrouth était autrefois appelée «le Paris du Moyen-Orient»
Auteur: Vanessa Blair | Dernière Mise À Jour: Janvier 2024
De la colonie à la couture , aucune autre ville du Moyen-Orient ne s’est avérée être une plaque tournante de l’art et de la mode comme Beyrouth. La fusion de l’Orient et de l’Occident, de la tradition et de la modernité, a valu à la capitale libanaise le surnom de «Paris du Moyen-Orient». La population de Beyrouth, déchirée par la guerre, montre qu’elle peut transformer la tragédie en innovation culturelle.
Lire l’article https://fr.yourtripagent.com/9278-why-beirut-was-once-called-paris-of-middle-east
Beyrouth – Paris

Jumelage poétique Bécharré – Bois-le-Roi

Louis IX, dit saint Louis

La guerre au Liban
02 novembre 2024. Cette guerre qui défie la science-fiction

La guerre qui s’abat sur le Liban depuis plus d’un mois ne ressemble à aucune autre guerre que nous, ou nos parents et grands-parents avant nous, ayons connue. Elle dépasse le domaine du compréhensible, du « familier », pour ressembler au cauchemar d’un monde dystopique.
OLJ / Par Gilles KHOURY, le 02 novembre 2024 à 00h
J’ai beau essayer de lui expliquer « ça » avec les mots les plus simples. J’ai beau essayer de lui déconstruire les faits, les lui décomplexifier. J’ai beau essayer de lui décrire la scène de la manière la plus élémentaire, comme on parlerait à un enfant, R. n’arrivait pas à comprendre. « I can’t wrap my head around it. » Mon esprit n’arrive pas à cerner « ça », m’a-t-il dit avec des yeux ahuris. « Ça » le dépassait totalement. Certes, R. suivait les mauvaises nouvelles qui depuis le Liban se déversaient tous les jours, heure par heure, sur son écran. Et pourtant, la logique faisait impasse à « ça » que je m’éreintais à lui faire comprendre. J’abandonne alors mes tentatives de lui expliquer « ça » et je lui montre la vidéo pour qu’il le voie de ses propres yeux.
Comme dans un jeu vidéo
Il faisait beau au Liban, ce samedi 19 octobre. Un ciel parfait dont le bleu profond, comme par magie, se liait à celui de la mer le long de la baie de Jounieh. Ici, de part et d’autre de l’autoroute, juste une poignée de voitures. Peut-être des déplacés libanais du Sud, de la banlieue sud de Beyrouth, de la Békaa, fuyant le plus loin possible, vers le nord, chez des proches, dans une école reconvertie en abri ou sur un bout de trottoir où ils dormiront en attendant ils ne savent trop quoi. Peut-être des Libanais de la région, sortis de chez eux pour chercher une infime poche de respiration encore possible de ce côté du Liban. Et au milieu de ce peu de vie qui reste, à bord d’une Honda CRV des années 2000, vraisemblablement un responsable au sein des services de renseignements du Hezbollah. À sa droite, sur le siège passager, sa femme iranienne. L’automobiliste qui roule derrière la Honda n’en a pas la moindre idée. Jusqu’à ce qu’elle reçoive un coup de fil d’un numéro inconnu, et qu’une voix au bout du fil l’exhorte formellement – et dans un parfait arabe libanais de surcroît – à ralentir et s’arrêter « tout de suite » sur le bord de l’autoroute.
Sans pourtant comprendre pourquoi, la femme obtempère à l’avertissement. À peine son véhicule parqué sur le bord de l’autoroute, un drone invisible se met à cracher, un après l’autre, des « petits » missiles sur la CRV. Depuis son balcon, un homme filme la scène. La Honda passe entre les chutes de missiles qui laissent leurs escarbilles sur le bitume. Comme dans un jeu vidéo, l’homme qui filme depuis sa fenêtre commente la scène en direct live. « Regardez, regardez, ils ont frappé la voiture du type de là jusqu’à… Regardez, maintenant ils se sont arrêtés brusquement sur le bord de la route. Ça se passe juste là, sur l’autoroute de Sahel Alma. Regardez, maintenant ils sortent précipitamment de la voiture, vers les buissons. Mon Dieu, regardez, le drone vient de les cibler et ils sont cramés, il ne reste plus d’eux qu’un tas de poussière. Mon Dieu. Sainte Vierge. »
Lorsque je montre la vidéo à R., il en assimile chacune des images, chacun des instants, mais il me répète : I can’t wrap my head around it. C’est de la science-fiction. En vrai, « ça », cet incident – auquel je ne trouve pas de synonyme – comme tout ce qui se passe au Liban en ce moment me dépasse aussi, comme R., à tel point que ça me place dans un étrange état d’entre-deux où je me demande à chaque réveil, à chaque instant, si je suis au milieu d’un cauchemar. Ou si tout cela est vrai. La guerre que nous vivons à l’intérieur du Liban, ou de loin, depuis un mois ou mille vies, je ne sais même plus, ne ressemble à aucune guerre que nous ayons connue. Même quand j’essaye de remuer mes souvenirs pour me rappeler la guerre de 2006, même quand me reviennent les histoires de guerre de ma mère, ou celles de mes grands-parents avant elle, je me rends compte à quel point cette guerre qui s’abat sur le Liban a dépassé le domaine du compréhensible, du cernable, du familier si j’ose dire pour défier la science-fiction.
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Tout ce qu’il y a derrière cette science-fiction
J’aurais pu croire qu’on me racontait le scénario d’un film dystopique ce 17 septembre quand, à la même seconde, partout dans Beyrouth et le Liban, des bipeurs placés dans les poches, au creux des mains, dans les sacoches, sur des ceintures autour de la taille des membres du Hezbollah explosaient de concert. Dans des supermarchés, des centres commerciaux, des chambres à coucher. Et que tout d’un coup, les urgences des hôpitaux se transformaient en scènes d’une guerre invisible à l’œil nu, remplis de membres en panne, d’yeux qui manquent, de parties génitales explosées, de jambes et de bras broyés. J’aurais pu croire que ce même film d’horreur se poursuivait le lendemain quand, à la même heure que la veille, des talkies-walkies implosaient partout, et en même temps, dans le pays, et que sans un bruit, les rues et les trottoirs et les appartements devenaient en une seconde un champ de bataille avec des corps gisant au sol et des ennemis fantômes. Je crois que ce film d’horreur ne s’arrêtera jamais quand, à tout moment de la journée, je reçois l’image d’une voiture, d’un minivan ou d’une mobylette froissée et en flammes, après avoir été ciblée par un drone imperceptible et que les automobilistes autour poursuivent leur course et tracent leur chemin sans s’arrêter, presque comme si cette vision était devenue commune, ordinaire, banale.
Comme de la science-fiction, ce diagramme représentant le haut commandement du Hezbollah qui, jour après jour, depuis plus d’un mois, évolue avec des visages d’hommes estampillés d’un « éliminé par Israël ». Comme une impression de dystopie, le jour où Hassan Nasrallah, le maître du jeu dont on a longtemps pensé qu’il pouvait renverser la table à la force de son index, s’évaporait dans un 14e sous-sol, sous le poids de bombes de plusieurs tonnes et d’immeubles réduits à de la cendre. Comme de la science-fiction, l’idée qu’on ne le reverra plus jamais, qu’on n’attendra plus ses discours avec l’estomac noué, qu’on ne suivra plus chacun de ses mots pour savoir où l’on va et ce qui nous attend. Comme de la science-fiction, comme un avatar, Avichay Adraee qui tous les soirs, à la même heure, apparaît sur X et donne les instructions d’évacuation d’un quartier de Beyrouth, du Sud ou de la Békaa, comme s’il exposait les règles du « jeu » macabre du jour. Comme un monde apocalyptique, les gens qui aussitôt se mettent à courir dans tous les sens, et leurs voitures qui s’entrechoquent à vouloir fuir leur propre maison, leur propres quartiers, devenus en l’espace d’un instant le lieu le plus dangereux du monde. Comme de la science-fiction, la vision des avions de la Middle East qui décollent et se frayent un chemin entre les frappes israéliennes. Comme le pire des cauchemars, regarder des villes entières, aussi vieilles que ce monde, tomber et disparaître sous une pluie de missiles. Regarder les ruines de Baalbeck, les sites archéologiques de Tyr enserrés dans des nuées de fumée noire, en se disant qu’à tout moment, ces lieux qui abritent toute notre histoire peuvent vraiment, réellement, ne plus exister. Comme dans un futur terrifiant, l’idée que des drones invisibles peuplent nos cieux et desquament chacun de nos mouvements. Comme dans un effroyable jeu vidéo, tous les soirs, quand scotché à ma télévision, je regarde l’une après l’autre les frappes israéliennes dévorer des quartiers entiers de ma ville. Et qu’au bout du fil, depuis Beyrouth, on me dise : « Ça va, on entend un peu, mais c’est loin », alors que Beyrouth fait la taille d’un mouchoir de poche.
Et le pire, en fait, le plus effrayant dans cette guerre dans laquelle nous avons été jetés, tout seuls et sans notre consentement, face à cette machine de mort israélienne qui a dépassé la plus infâme des horreurs de l’homme, c’est qu’un jour, on finisse, nous aussi, par nous désensibiliser à tout cela. Et qu’à notre tour, on perde notre humanité.
Source https://www.lorientlejour.com/article/1433845/cette-guerre-qui-defie-la-science-fiction.html
Sur le Chemin du Paradis au Liban

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Noël 2024 à Beyrouth

2024 : Noël, raconté par les plus beaux chefs-d’œuvre de l’Art à Barbizon


