
- LE SONNET
- SOLEIL DU SOLEIL Le sonnet français de Marot à Malherbe
- Le sonnet selon Baudelaire
- Une machine à penser
- Un grand poème en petit
- Pages
- Voir aussi
LE SONNET
Magnifié par Ronsard, qui en fait le vecteur privilégié de ses « Amours » (publiés en 1552 et 1578), d’abord en décasyllabes puis en alexandrins, le sonnet est resté pendant cinq siècles la forme poétique majeure de la poésie française, « soleil du soleil » selon le titre de la belle anthologie de Jacques Roubaud. En refusant métaphores filées et métonymies aventureuses, en prescrivant une stricte exactitude de la rime, en bannissant les enjambements, en systématisant l’accord de la métrique et de la syntaxe, Malherbe donne au sonnet cette perfection classique que vante Francis Ponge : « Car, en fait, c’est ce moule rigide (rigide? non; bien plus que cela : entièrement déterminé à l’avance) qui appelle « l’inspiration ». Ce moule, qu’est-ce? sinon une « idée » élevée du pouvoir de la beauté et de la parole. » (Pour un Malherbe, 1965)
SOLEIL DU SOLEIL Le sonnet français de Marot à Malherbe
Collection Anthologies, P.O.L
Parution : 01-11-1990
«On trouvera dans ces pages à la fois des textes autrefois connus de toute personne ayant accompli des études secondaires (Heureux qui comme Ulysse… ou Comme on voit sur la branche…), d’autres qui n’ont été « découverts » qu’assez récemment (Sonnets de La Ceppède, Papillon, Mage, Sponde ou Vermeil), d’autres enfin dont on peut raisonnablement penser qu’ils n’ont eu pratiquement aucun lecteur depuis le moment de leur publication (les Sonnets jetés en avant-propos de Flammermont) ou de leur copie manuscrite (le Brouillas de quelques miens vers de Louis de Gallaup de Chasteuil). La « supériorité » des premiers sur les seconds et les derniers, encore implicitement admise aujourd’hui par l’école ou l’université, ne m’apparaît plus aussi évidente. Cette anthologie s’inscrit donc dans un mouvement, assez général quoique lent, de réévaluation critique de la poésie du passé.
Le titre que j’ai choisi est emprunté à un vers de Guy Le Fèvre de La Boderie. Le « Soleil du soleil » est la divinité. Placer cette longue suite de sonnets sous ce titre implique un jugement esthétique global sur la première tradition du sonnet français : que sa contribution la plus originale et la plus accomplie à l’histoire de la forme (considérée comme forme poétique majeure) ne se situe pas dans la ligne de la poésie amoureuse d’origine plus ou moins directement « pétrarquiste » (même si les sonnets de L’Olive de Du Bellay, de L’Amoureux Repos de Des Autelz, de l’Hécatombe à Diane, de d’Aubigné, ceux de Jodelle, du capitaine Lasphrise ou d’Abraham de Vermeil n’ont pas à souffrir d’une comparaison avec leurs « équivalents » italiens, anglais, espagnols, néerlandais ou allemands) mais dans celle d’une inspiration religieuse (qu’elle soit catholique ou protestante), et singulièrement dans ce qu’on a désigné sous le nom de « poésie de la méditation », représentée ici par Mage, Sponde ou La Ceppède mais aussi par La Boderie, Marin Le Saulx, Pierre Poupo, le président Favre, Nicolas Le Digne, Pierre de Croix, César de Nostredame, Flammermont ou Chasteuil (pour ne citer que les œuvres les plus marquantes).»
Jacques Roubaud.
http://www.gallimard.fr/Catalogue/P.O.L/Anthologies/Soleil-du-soleil
Le sonnet selon Baudelaire

Une machine à penser
Aragon définit le sonnet comme une « machine à penser ». Les tercets doivent répondre à la question posée par les quatrains. Ceux-ci, avec leur système de rimes parallèles, forment « comme les deux miroirs d’une image, ou miroirs l’un de l’autre, une sorte de dilemme dans lequel le poète est enfermé ». Mais avec les tercets construits sur des rimes nouvelles et introduits depuis Marot par un distique, « c’est ici la beauté sévère des deux vers qui se suivent immédiatement, pour laisser le troisième sur sa rime impaire, demeurée en l’air, sans réponse jusqu’à la fin du sonnet, comme une musique errante » (Aragon, « Du sonnet », Les Lettres françaises, 1954).
Un grand poème en petit
« Le sonnet est un grand poème en petit; les quatrains et les tercets me semblent des chants entiers et je passe parfois trois jours à en équilibrer les parties pour que le tout soit harmonieux et s’approche du Beau. »
Mallarmé (1861)