L’Enfer, du latin infernus (« qui est en dessous »), est, selon de nombreuses religions, un état de souffrance extrême — du corps ou de l’esprit humain après sa séparation du corps —, douleur expérimentée après la mort par ceux qui ont commis des crimes et des péchés dans leur vie terrestre.
La définition de l’enfer et ses caractéristiques sont variables d’une religion à l’autre et sont parfois sujettes à différentes interprétations au sein d’une même religion. Ainsi, selon le bouddhisme, l’enfer est avant tout un état d’esprit de l’individu soumis aux désirs et passions tandis que l’enfer (ou les enfers) désigne aussi simplement le séjour des morts ou d’une partie d’entre eux, pour d’autres. Cependant, toutes évoquent un endroit terrible, et selon certaines, qui réside sous terre.
Le dieu Hermès représenté dans sa fonction de psychopompe : assis sur un rocher, le dieu s’apprête à conduire une âme défunte dans les Enfers. Lécytheattique à fond blanc, vers 450 av. J.-C.; Staatliche Antikensammlungen (Inv. 2797) Munich
Dans la mythologie grecque, les Enfers (au pluriel) est le nom du royaume des morts. C’est un lieu souterrain où règne le dieu Hadès — raison pour laquelle on parle souvent de « royaume d’Hadès » ou de l’Hadès tout court — ainsi que son épouse, la déesse Perséphone.
Séjour de tous les morts, les Enfers de la mythologie grecque ne sont pas semblables à l’Enfer du christianisme. Les Romains nommaient les Enfers « Inferni » en latin.
Chez les juifs anciens, comme au sein des autres nations sémites, l’existence dans le Sheol (שאול) était considérée comme une perpétuation fantomatique de la vie terrestre, pendant laquelle les problèmes de cette vie terrestre prenaient fin. Le Shéol était conçu comme un lieu souterrain où les morts menaient une vie léthargique.
Plus tard, la prédiction du prophète du judaïsmeIsaïe dans sa satire sur la mort du roi de Babylone, s’adressant en ces termes au tyran : « Te voilà shéol, dans les profondeurs de l’abîme » (Isaïe 14 15), donna naissance à l’idée selon laquelle il existerait plusieurs profondeurs au Sheol, en fonction du degré de récompense ou de châtiment mérités. Quoi qu’il en soit, chez les Juifs, la notion d’éternité en enfer n’existe pas.
Mahomet rencontre des femmes en enfer, tourmentées par un satan (Dive), une illustration persane du XVe siècle.
L’enfer est désigné, par le Coran, sous deux termes différents. Le premier nâr signifie « feu » tandis que le second Jahannam (arabe : جهنم / ǧahánnam ; turc : cehennem) provient de l’hébreu Ge Ben-Hinnôm (gehenne) et désigne la « vallée des enfants de Hinnôm », terme lié à l’immolation d’enfants dans le cadre du culte de Baâl. Ce terme sera considéré, par la suite, comme un synonyme du sheol44. D’autres termes, comme la « fournaise », le « feu ardent »…, sont utilisés par le Coran pour désigner cet endroit ou les châtiments qui y sont subis44,45.
La description de l’enfer musulman ressemble fortement à celle de l’enfer tel que décrit dans la littérature eschatologique juive. Ainsi, certains traditionnistes musulmans ont personnifié l’enfer en un animal fantastique, de manière similaire à ce qui est fait dans la littérature talmudique et midrashique44.
Le Coran insiste, dans la description de l’enfer, sur le feu et sur son caractère destructeur. Les damnés en sont entourés et brulés. Le Coran semble évoquer ce feu comme un châtiment avant tout corporel. De même, celui-ci, comme les sources juives, évoque une obscurité. D’autres tourments comme l’eau bouillante dans laquelle sont jetés les damnés ou les vents pestilentiels sont évoqués par le Coran. Une description très précise de ces tourments y est donnée44.
L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. La profondeur du mal dans le monde laisse parfois entrevoir cet abîme où fait plonger le refus de Dieu. Jésus lui-même nous met en garde à de nombreuses reprises dans les Évangiles.
1. Le Nouveau Testament évoque souvent l’enfer dont Jésus lui-même parle une cinquantaine de fois dans l’Évangile : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas » (Luc 13, 23-24). À sa suite, l’enseignement de l’Église affirme clairement et sans ambiguïté l’existence de l’enfer et son éternité. En savoir +
2. Il y a cependant une grande différence entre l’enfer et « les enfers » où Jésus « descend » après le Vendredi Saint. La descente de Jésus aux enfers est une façon de proclamer la victoire de la vie sur la mort et la délivrance de tous les justes morts avant lui que Jésus entraine par sa résurrection dans le Royaume de Dieu. En savoir +
3. La parabole du riche qui fait des festins somptueux sans voir le pauvre Lazare qui souffre à sa porte évoque l’irréversibilité du choix que nous faisons au moment de la mort : les peines de l’enfer sont immuables et Jésus en parle comme d’un feu. En savoir +
4. La miséricorde infinie de Dieu est-elle conciliable avec l’existence de telles peines éternelles ? En réalité, c’est la créature qui se ferme à l’amour de Dieu, qui le refuse librement et qui choisit son destin. Dieu ne prédestine personne à aller en enfer et il veut que tous les hommes soient sauvés, mais il a créé l’homme libre et il s’interdit d’aller à l’encontre de cette liberté. L’endurcissement dans le refus du pardon de Dieu conduit en enfer, mais c’est toute la vie qui prépare ce choix final : on peut pressentir l’existence de Dieu et même son amour et le refuser. En savoir +
5. La principale peine de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu. Le feu de l’enfer existe et Jésus en parle, mais il ne faut pas l’imaginer en un sens trop matériel. Dieu est tout à la fois justice et miséricorde, et le damné reste son enfant. Il semble bien que les peines de l’enfer soient proportionnées aux fautes de chacun. En savoir +
6. L’existence de l’enfer n’empêche mystérieusement pas les âmes d’être heureuses au Paradis. En savoir +
7. Plusieurs saints et mystiques ont fait « l’expérience de l’enfer » et la Vierge à Fatima a lancé un appel pressant à prier et à se sacrifier pour les pécheurs. Les avertissements de l’Écriture et de la Tradition sont de même de pressants appels à la responsabilité. En savoir +
Jardin de sculpture du Wang Saen Suk (Thaïlande) représentant le Naraka, l’enfer bouddhiste
Dans la tradition du bouddhisme tibétain, les enfers sont un des six modes de la sphère des passions. La cosmologie traditionnelle décrit 16 enfers : 8 enfers brûlants, 8 enfers glacés, des enfers périphériques et des enfers éphémères. Il est dit que des renaissances dans ces états infernaux sont induites par des actes négatifs produits sous l’influence de la colère.
Par qui et comment sont produites Les armes des habitants des enfers ? Qui fait leur sol de métal brûlant ? Et d’où viennent leurs brasiers ? Le bouddha enseigna que tous ces phénomènes Sont la production d’un esprit en proie aux passions Śāntideva, Bodhicaryāvatāra4.
Yanluowang (閻羅王) (le roi Yanluo) est un dieu chinois d’origine bouddhiste, gardien et juge de l’enfer. C’est une divinité secondaire également présente au Japon sous le nom de Enma.
Le maître bouddhiste zen Taisen Deshimaru a dit : « L’enfer ne se trouve pas dans un autre monde, il existe dans notre esprit ».
Dans l’ésotérisme moderne
D’après les ésotéristes modernes, à savoir la théosophie d’Helena Blavatsky, l’anthroposophie de Rudolf Steiner, Omraam Mikhaël Aïvanhov et tant d’autres, il y a, après la mort du corps physique, survivance de certains corps subtils, puis réincarnation après un temps plus ou moins long. L’enfer, ou plus précisément le purgatoire, serait une période de purification, après la mort, au cours de laquelle l’entité se débarrasserait de ce qui la retient encore au monde terrestre tout en prenant conscience des fautes qu’elle a commises au cours de sa vie sur terre.
Selon Aïvanhov
Aïvanhov écrit : à la mort, vous quittez « les différents corps dont vous devez vous libérer les uns après les autres : d’abord le corps physique, puis, quelque temps après, une semaine ou deux, le corps éthérique ; ensuite, le corps astral, et, là, c’est beaucoup plus long, parce que, dans le plan astral, sont entassés les passions, les convoitises, tous les sentiments inférieurs. Et c’est cela l’Enfer : le plan astral et le mental inférieur le corps mental où l’on doit rester quelque temps pour se purifier. Ensuite, vous vous libérez du corps mental, et c’est là que commence le Paradis, avec le premier ciel, le deuxième ciel, le troisième ciel. La tradition rapporte qu’il y en a sept. Et c’est le retour de l’homme sur la Terre, la naissance de l’enfant ».
Selon Allan Kardec
Selon le fondateur du spiritisme, Allan Kardec, l’enfer n’est pas un lieu circonscrit. L’enfer désigne l’état de souffrance dans lequel les esprits imparfaits se trouvent en raison des défauts personnels qu’ils n’ont pas encore corrigés. Cet état n’est pas éternel et dépend de la volonté des esprits à progresser. Les spirites usent plus volontiers du terme « bas astral » (plutôt qu’« enfer ») pour désigner cet état de souffrance par lequel passent les esprits peu évolués.
Les merveilles du ciel et de l’enfer. Emmanuel Swendeborg
Emanuel Swedenborg (1688-1772), un scientifique qui a vécu à la cour de Suède au XVIIIe siècle, rassemble dans ce volume toutes les descriptions du Ciel et de l’Enfer basées sur ce qu’il a vu et entendu lors d’expériences inhabituelles de voyance qu’il appelait « rêves ». Il s’agissait de visions terribles qui devenaient de plus en plus précises avec le temps, jusqu’à ce qu’elles commencent à contenir des messages du monde spirituel. Et c’est ce monde qu’il décrit dans ce volume, qui témoigne de ses expériences.
On y trouve une description complète de la vie après la mort, des conversations avec les défunts, des visites à des personnes du passé et de planètes autres que la nôtre. Ce volume, qui est un vade-mecum du monde spirituel, fournit des descriptions de l’éveil de l’homme dans l’au-delà, et son témoignage permet une compréhension remarquable d’une existence au-delà de l’espace et du temps.
C’est l’œuvre qui a inspiré une crainte respectueuse à Kant, qui a suscité l’enthousiasme d’Emerson, qui a profondément influencé Goethe et Jung, et dont Elizabeth Barrett Browning a dit : « A mon avis, la seule lumière que nous possédons sur l’autre vie se trouve dans la philosophie de Swedenborg ».
Le Mariage du Ciel et de l’Enfer – William Blake
William Blake by Thomas Phillips
Le Mariage du Ciel et de l’Enfer (The Marriage of Heaven and Hell) est un recueil de poésie en prose écrit par William Blake (1757–1827) entre 1790 et 1793. Paru en 1793, cet ouvrage est surtout célèbre grâce aux proverbes (ou aphorismes) de l’Enfer qu’il contient. William Butler Yeats et André Gide le firent connaître au monde. Quand Blake commence à écrire ce chef-d’œuvre au style lapidaire, celui des Proverbes de l’Enfer, il est âgé de trente-trois ans et il met trois ans pour achever cet ouvrage.
Ce livre est l’un des livres prophétiques du poète, peintre et graveur britannique William Blake. Cette prose poétique est influencée par les versets de la Bible. Cette œuvre sarcastique entre en résonance avec La Sagesse des anges d’Emmanuel Swedenborg (1688–1772). La référence à Swedenborg se retrouve jusque dans le titre d’une œuvre de ce poète : Du Ciel et de l’Enfer. Le livre de Blake s’écrit, dans ce que René Char appelle la « conversation souveraine », avec l’œuvre de Swedenborg publiée en 1787, en traduction anglaise.
La Porte des Ténèbres du vendredi 25 au dimanche 27 octobre 2024 à Toulouse
Satanisme décomplexé à tous les étages.
Après les cérémonies d’ouverture et de clôture des JO de Paris, le satanisme décomplexé s’affiche en plein cœur de Toulouse, sous la forme d’un « opéra urbain » gratuit du vendredi 25 au dimanche 27 octobre 2024 dans les rues. Organisé par Toulouse Métropole, imaginé par François Delarozière et la compagnie La Machine. Pendant 3 jours, 3 Machines géantes (Astérion le Minotaure, Ariane la Grande Araignée et Lilith la Gardienne des Ténèbres) parcourent le centre-ville de Toulouse. Avec en prime une affiche « alléchante » où l’on peut voir la Basilique Saint Sernin, la Chapelle Saint Joseph de la Grave et le Couvent des Jacobins en flamme!