Hymnes homériques/À Hermès

  1. À Hermès, traduction par Leconte de Lisle.
  2. En grec ancien : Ομηρικοί Ύμνοι/IV. Εις Ερμήν
    1. Récité par Eleni Kemiktsi
  3. Voir aussi
À Hermès, traduction par Leconte de Lisle.

Homère

Hymnes homériques

Traduction par Leconte de Lisle.
A. Lemerre, 1893 (p.394-411).

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HYMNE II.

À Hermès.

Muse, chante Hermès, fils de Zeus et de Maia, qui règne sur Kyllènè et l’Arkadia abondante en troupeaux, très utile messager des Immortels, qu’enfanta Maia, la vénérable Nymphe aux beaux cheveux, après s’être unie d’amour à Zeus.

Loin des Dieux heureux, elle habitait un antre sombre où le Kroniôn s’unit, au milieu de la nuit, à la Nymphe aux beaux cheveux, afin que le doux Hypnos enveloppât Hèrè aux bras blancs, et qu’ils pussent se cacher des Dieux immortels et des hommes mortels. Mais quand la volonté de Zeus eut été accomplie, et quand le dixième mois fut marqué dans l’Ouranos, Maia mit au jour, et des œuvres merveilleuses apparurent. Et elle enfanta alors un fils subtil et éloquent, voleur, ravisseur de bœufs, conducteur de songes, éclaireur de nuit, gardien de portes, et qui devait promptement manifester d’illustres travaux parmi les Dieux immortels.

Né au matin, il joua de la kithare au milieu du jour, et, le soir, il vola les bœufs de l’Archer Apollôn. Et la vénérable Maia l’enfanta le quatre du mois.

Dès qu’il eut jailli du corps immortel de sa mère, il ne resta pas plus longtemps couché dans le berceau sacré ; mais, se levant, il chercha les bœufs d’Apollôn. Puis, sortant de l’antre élevé, et, ayant trouvé une tortue, il posséda une richesse infinie.

Certes, Hermès construisit le premier la tortue sonore qui s’offrit à lui auprès des portes de la cour, paissant, devant la demeure, l’herbe fleurie, et marchant lentement. Et le fils utile de Zeus, l’ayant vue, rit, et il dit aussitôt :

— Voici qui me sera très profitable et qui n’est pas à dédaigner. Salut, être aimable, compagne qui excites aux danses et aux festins et qui m’es apparue heureusement ! D’où viens-tu, beau jouet, tortue qui vis dans les montagnes, à l’écaille variée ? Mais, t’ayant prise, je t’emporterai dans ma demeure. Tu me seras utile, et je ne te mépriserai point, et, d’abord, tu vas me servir. Il vaut mieux être dans la demeure, car il est dangereux de rester dehors. Certes, vivante, tu seras un remède à beaucoup de maux ; et, si tu meurs, tu chanteras alors admirablement.

Ayant ainsi parlé, il l’enleva de ses deux mains, et il entra aussitôt dans la demeure, portant l’aimable jouet. Et, là, avec un burin de fer brillant, il arracha la vie à la tortue montagnarde. De même qu’une rapide pensée traverse l’esprit d’un homme agité par de nombreuses inquiétudes, ou que des rayons jaillissent des yeux, de même l’illustre Hermès parla et agit en même temps. Il fixa des tiges de roseaux, coupées à diverses longueurs, et il les fit passer à travers le dos de la tortue ; puis, il tendit, autour, avec adresse, une peau de bœuf ; et il adapta les deux bras et le chevalet, et il tendit ensuite sept cordes harmoniques en boyaux de brebis.

Puis, ayant construit l’aimable jouet, il fit résonner chaque note à l’aide du plektre ; et la tortue, sous sa main, résonna, sonore ; et le Dieu, excité par son œuvre, chanta admirablement. De même, des adolescents, dans l’âge fleuri, se piquent les uns les autres par des railleries au milieu des repas.

Et il chantait Zeus Kronide et Maia aux belles sandales, quand ils se charmaient de leur amour, et sa propre naissance ; et il annonçait son nom illustre, et il célébrait les compagnes et les belles demeures de la Nymphe, et les trépieds et les bassins durables.

Il dit ces choses, mais il eut d’autres pensées dans son esprit. Et il déposa la lyre creuse sur le berceau sacré. Puis, désirant des chairs, il sauta de la demeure odorante sur une colline, méditant dans son esprit une ruse profonde, telle que les voleurs en méditent à l’heure de la nuit noire.

À la vérité, Hèlios tombait, sous la terre, dans l’Okéanos, avec ses chevaux et son char ; et Hermès parvint en courant aux montagnes ombragées de la Piériè, où les bœufs immortels des Dieux heureux ont leurs étables et paissent les prairies non fauchées et désirables.

Alors, le fils de Maia, le vigilant Tueur d’Argos, sépara du troupeau cinquante vaches mugissantes, et il les chassa, vagabondes, par un endroit sablonneux, ayant effacé leurs traces, car il n’oubliait pas son art rusé. Et il tourna les sabots de devant en arrière, et ceux de l’arrière en avant, et lui-même marchait à reculons. Et il jeta aussitôt ses sandales sur le sable de la mer, et il en tressa d’autres, incroyables et merveilleuses, enlaçant les rameaux des tamaris et des myrtes. Puis, ayant lié ce faisceau de feuillage frais, il attacha sans crainte, sous ses pieds, ces sandales légères avec leurs feuilles. Et, portant ces sandales, l’illustre Tueur d’Argos s’écarta de son chemin en quittant la Picriè, et, bien que se hâtant, prit la plus longue route.

Et un Vieillard, travaillant dans un riche verger, le vit comme il gagnait la plaine par les herbages d’Onkhestos ; mais le fils de l’illustre Maia lui dit le premier :

— Ô Vieillard, qui creuses la terre autour des arbres, en courbant les épaules, certes, tu récolteras beaucoup, quand tous auront porté leurs fruits ; mais ne vois pas ce que tu vois, n’entends pas ce que tu entends, et tais-toi, puisque ton propre bien n’a pas souffert.

Ayant ainsi parlé, il poussa les fortes têtes des vaches. Et l’illustre Hermès traversa beaucoup de montagnes ombragées, et de vallées sombres, et de plaines désirables. Et déjà la divine nuit noire qui l’aidait s’était presque écoulée, et déjà la divine Sélènè, fille du Roi Pallas Mégamide, était montée sur la hauteur, quand le puissant fils de Zeus poussa dans le fleuve Alphéios les vaches au large front de Phoibos Apollôn. Et elles parvinrent, infatigables, à une grande étable et à un lac, devant une belle prairie.

Là, ayant rassasié de bonnes herbes les vaches mugissantes qui mangeaient le lotos et le souchet mouillé de rosée, il les poussa toutes ensemble dans l’étable.

Puis, il amassa beaucoup de bois, et il chercha l’art du feu. Ayant pris un beau rameau de laurier, qu’il pela à l’aide du fer, il le frotta de la paume de sa main, et une chaude vapeur s’en échappa. Hermès prépara d’abord les choses du feu, puis le feu. Il déposa dans une fosse creuse beaucoup de bois sec et épais, et une haute flamme brilla, faisant jaillir le crépitement du foyer brûlant.

Tandis que la force de l’illustre Hèphaistos brûlait, il entraîna hors de l’étable, vers le feu, deux vaches mugissantes aux pieds flexibles, car sa vigueur était très grande. Et il les renversa toutes deux, haletantes, sur le dos ; et, les courbant, il les roula et les égorgea ; et, passant d’un travail à un autre, il coupa en morceaux leurs chairs chargées de graisse. Puis, les ayant traversés de broches de bois, il rôtit les chairs et le dos honorable, et le sang noir qui est dans les entrailles. Et tout cela était étendu sur la terre.

Puis, il étala les peaux sur une âpre roche, comme maintenant encore, quand on les coupe après les avoir longtemps préparées, afin qu’elles puissent durer impunément ; puis, Hermès, plein de joie, retira les viandes grasses et les mit en un endroit plat, et les divisa en douze parties devant être tirées au sort, attribuant à chacune un grand honneur.

Alors, l’illustre Hermès désira une portion sacrée des chairs, et leur odeur le troubla, bien qu’il fût immortel. Mais son cœur généreux n’obéit point à son grand désir, et il ne les fit point passer par son gosier sacré. Et il déposa, dans la haute étable, la graisse et les chairs abondantes ; et il les déposa aussitôt, en signe de son action récente ; et il amassa du bois sec, et l’ardeur du feu dévora promptement et entièrement les pieds et les têtes.

Après que le Dieu eut accompli ces choses selon le rite, il jeta ses sandales dans l’Alphéios aux tourbillons profonds, et il éteignit le feu ; et, pendant le reste de la nuit, il dispersa la cendre noire.

La belle lumière de Sélènè brillait, et, au matin, Hermès revint aux divins sommets Kylléniens ; et, dans sa longue route, aucun des Dieux heureux ne le rencontra, ni des hommes mortels, et les chiens n’aboyèrent point. Et le fils très bienveillant de Zeus, s’étant courbé, entra dans sa demeure par la serrure de la porte, semblable à une vapeur ou à un souffle d’automne, et, marchant sans bruit, il parvint au riche temple de l’antre, et il ne faisait point de bruit sur le sol, comme il arrive d’habitude.

Puis, l’illustre Hermès entra rapidement dans le berceau sacré, enveloppant ses épaules de ses langes, comme un enfant nouveau-né. Et il se coucha, repoussant de ses mains, en jouant, la couverture jusqu’à ses jarrets, et tenant sa chère tortue dans sa main gauche. Mais le Dieu ne put pas se cacher de la Déesse sa mère, qui lui dit :

— Pourquoi ceci, plein de ruse et revêtu d’impudence ? D’où viens-tu à cette heure de la nuit ? Je pense que, même les flancs entourés de longs liens, même saisi par les mains du Lètoïde qui t’emporterait dans ses bras, tu te glisserais de nouveau ! Certes, ton père t’a engendré pour être un grand souci aux hommes mortels et aux Dieux immortels !

Et Hermès lui répondit par ces paroles rusées :

— Ma mère, pourquoi me surveilles-tu ainsi comme un enfant nouveau-né qui, dans son esprit, connaît très peu le mal, timide et craignant les réprimandes de sa mère ? Mais, songeant à toi et à moi, je me servirai d’un art qui est le meilleur de tous, et nous ne resterons pas ici, comme tu l’ordonnes, seuls, entre les Dieux immortels, sans présents et sans nourriture. Il vaut mieux demeurer tous les jours avec les Immortels, dans la richesse et l’abondance, et possédant de nombreuses moissons, que d’habiter cet antre obscur. J’obtiendrai, moi aussi, comme Apollôn, l’honneur des sacrifices. Si mon père ne me le donne pas, je tenterai de le posséder, et je puis devenir le prince des voleurs. Et si le fils de l’illustre Lètô me poursuit de ses recherches, je pense qu’il lui arrivera une chose pire. J’irai à Pythô, j’entrerai de force dans la grande demeure, et là, je volerai en quantité les trépieds brillants et les bassins, et l’or, et le fer éclatant, et de nombreux vêtements, et tu le verras, si tu veux.

Et ils se parlaient ainsi, le fils de Zeus tempétueux et la vénérable Maia. Et voici qu’Eôs, née au matin, sortant du cours profond d’Okéanos, apporta la lumière aux hommes mortels. Mais Apollôn, étant parti, parvint à Onkhestos, bois sacré et charmant du retentissant Poseidaôn qui entoure la terre, et il y trouva le vieillard décrépit qui travaillait à la haie du verger, près de la route. Et l’illustre fils de Lètô lui dit le premier :

— Ô vieillard, qui tailles les buissons d’Onkhestos plein d’herbe, je viens ici, cherchant les troupeaux de la Piériè. Toutes les bêtes sont femelles, et toutes ont des cornes recourbées. Un taureau noir paissait seul, à l’écart du troupeau, et quatre chiens terribles les suivaient, pleins du même zèle, comme des hommes. Les chiens et le taureau m’ont été laissés, chose admirable ! mais toutes les vaches ont disparu, à la dernière chute de Hèlios, de leur molle prairie et de leur doux pâturage. Dis-moi, vieillard très âgé, si tu as vu un homme faisant route avec ces vaches.

Et le vieillard lui répondit par ces paroles :

— Ô ami, certes, il est difficile de dire toutes les choses qu’on voit de ses yeux, car beaucoup de voyageurs passent par le chemin, les uns cherchant à faire le mal, et les autres le bien ; et il est difficile de dire ce que pense chacun d’eux. Pour moi, tout le jour, jusqu’à la chute de Hèlios, j’ai creusé autour du clos de vigne verdoyante, et j’ai vu un enfant, ô très cher, mais je ne le sais pas d’une façon certaine, j’ai vu un enfant qui suivait des vaches aux belles cornes. Il tenait une baguette, et il marchait en faisant des détours, et il les poussait à reculons, et elles avaient la tête en face de la sienne.

Le vieillard parla ainsi, et Phoibos Apollôn continua très rapidement sa route. Et il vit un oiseau aux ailes étendues, et, aussitôt, il connut le voleur fils de Zeus Kroniôn. Et le Roi Apollôn, fils de Zeus, s’élança impétueusement vers la très divine Pylos, cherchant ses vaches aux pieds flexibles, et il couvrit ses larges épaules d’une nuée pourprée. Et l’Archer trouva ses traces, et il dit ceci :

— Ô Dieux ! certes, je vois de mes yeux un grand prodige. Ces traces sont celles des vaches aux cornes dressées, mais voici qu’elles sont tournées de nouveau vers la Prairie d’Asphodèle ; et ces pas ne sont ni ceux d’un homme, ni ceux d’une femme, ni de loups aux poils gris, ni d’ours, ni de lions. Ils ne ressemblent point non plus à ceux d’un taureau au cou épais, qui aurait laissé de telles traces d’un pied rapide. Ruse d’un côté de la route, et ruse plus grande de l’autre côté.

Ayant ainsi parlé, le Roi Apollôn, fils de Zeus, partit, et il parvint à la montagne de Kyllènè couverte d’une forêt, et à la retraite rocheuse et sombre où la Nymphe ambroisienne avait enfanté le fils de Zeus Kroniôn. Et une douce odeur se répandait par la montagne divine ; et, là, de nombreuses brebis aux longues jambes paissaient l’herbe.

Alors, l’Archer Apollôn descendit rapidement sur le seuil de pierre, et entra dans l’antre sombre. Mais, dès que le fils de Zeus et de Maia vit l’Archer Apollôn irrité à cause de ses vaches, il s’enfonça dans ses langes parfumés, de même que la cendre du bois cache de nombreux charbons. Ainsi Hermès, ayant vu l’Archer, se cacha de lui. Et, dans le même moment, il ramassa sa tête, ses bras et ses pieds, appelant le doux sommeil, comme on fait, revenant de la chasse et s’étant baigné. Et il tenait sous son aisselle la tortue récemment travaillée.

Mais le fils de Zeus et de Lètô reconnut sans se tromper l’illustre Nymphe montagnarde et son petit enfant plein de ruses subtiles ; et, regardant dans tous les coins de la grande demeure, il ouvrit, ayant pris la clef brillante, trois endroits secrets pleins de nektar et de douce ambroisie. Et il y avait aussi là beaucoup d’or et d’argent, et beaucoup de vêtements de la Nymphe, de pourpre ou d’argent, ainsi qu’il y en a dans les demeures sacrées des Dieux heureux. Et le Lètoïde, ayant cherché dans tous les coins de la grande demeure, parla ainsi à l’illustre Hermès :

— Ô enfant, qui es couché dans ce berceau, dis-moi promptement où sont mes vaches, ou nous allons nous quereller à l’instant, ce qui ne sera pas convenable. En effet, je vais te jeter dans le Tartaros noir, dans les ténèbres affreuses de la mauvaise mort. Et ta mère ni ton père ne te rendront à la lumière, et tu vagabonderas sous la terre, chef d’un petit nombre d’hommes.

Et Hermès lui répondit en paroles rusées :

— Lètoïde, quelle parole rude as-tu dite ? Pourquoi es-tu venu chercher ici tes vaches agrestes ? Je n’ai rien vu, ni rien appris ; je n’en ai point entendu parler, je ne puis t’en rien dire, et je ne gagnerai point de récompense pour les avoir retrouvées. Je ne ressemble point à un homme vigoureux voleur de bœufs. Ce n’est pas là mon affaire, et j’ai d’autres soucis. Je m’inquiète du sommeil, du lait de ma mère, d’avoir des langes autour de mes épaules, et de prendre des bains tièdes. Prends garde qu’on t’entende et qu’on sache d’où vient cette querelle. Ce serait, certes, un grand prodige pour les Immortels qu’un enfant nouveau-né traversant le portique avec des bœufs agrestes ! Tu as parlé en insensé. Je suis né d’hier, mes pieds sont tendres et la terre est dure. Mais, si tu le veux, je jurerai la tête de mon père, ce qui est un grand serment, que je n’affirme point que je sois coupable et que je n’ai vu personne voler tes vaches, si ce sont des vaches, car en voici la première nouvelle pour moi.

Il parla ainsi, faisant briller ses yeux sous ses paupières, fronçant les sourcils, regardant çà et là et sifflant longuement, comme s’il avait entendu une vaine parole. Mais l’Archer Apollôn, souriant doucement, lui dit :

— Ô petit enfant, menteur et plein de ruse, puisque tu dis de telles choses, certes, je pense que tu pénétreras très souvent dans les riches demeures, et que, pendant la nuit, ayant dévalisé sans bruit la maison, tu feras coucher plus d’un homme sur la terre. Certes, tu affligeras ainsi de nombreux bergers de brebis, dans les vallées de la montagne, quand, désirant des chairs, tu rencontreras des troupeaux de bœufs ou des troupeaux de brebis. Mais, allons ! de peur de dormir ton dernier et suprême sommeil, sors de ce van, Compagnon de la nuit noire. Tu auras du moins, et désormais, cet honneur parmi les Immortels d’être appelé toujours le Prince des voleurs.

Ayant ainsi parlé, Phoibos Apollôn, prenant l’enfant, l’emporta. Mais, en même temps, le puissant Tueur d’Argos songea dans son esprit, et, tandis que les mains l’enlevaient, il envoya un augure, misérable serviteur de son ventre, insolent messager ; puis il éternua fortement. Et dès qu’Apollôn l’eut entendu, il jeta à terre l’illustre Hermès, et il s’assit devant lui, malgré son désir de marcher, et, réprimandant Hermès, il lui dit :

— Rassure-toi, fils de Zeus et de Maia, enveloppé de langes ! avec ces augures je retrouverai bientôt les fortes têtes de mes vaches, et tu me conduiras toi-même.

Il parla ainsi, et le Kyllénien Hermès se leva de nouveau avec rapidité. Et, marchant avec peine, il poussa de ses mains, vers ses deux oreilles, les langes qui enveloppaient ses épaules, et il dit :

— Où m’entraînes-tu ainsi, ô le plus violent de tous les Dieux ? Certes, c’est parce que tu es irrité à cause de tes vaches que tu me maltraites ainsi. Ô Dieux ! que la race des bœufs n’a-t-elle péri ! Je n’ai pas volé tes vaches, et je n’ai vu personne, si ce sont des vaches, car en voici la première nouvelle pour moi. Rends-moi justice et reçois-la de Zeus Kroniôn.

Et ils se parlaient ainsi, l’un après l’autre, et hautement, ayant chacun un sentiment contraire, Hermès le solitaire et l’illustre fils de Lètô. Et celui-ci disait la vérité et n’accusait pas injustement l’illustre Hermès au sujet de ses vaches ; et le Kyllénien, à l’aide de ses paroles flatteuses et de ses ruses, voulait tromper le Dieu à l’arc d’argent ; mais le dissimulé avait rencontré le rusé.

Hermès allait rapidement sur le sable, et derrière lui venait le fils de Zeus et de Lètô. Et les fils illustres de Zeus parvinrent bientôt aux sommets de l’Olympos odorant, auprès du Père Kroniôn. Là, les plateaux de la Balance les attendaient tous deux.

Et une grande rumeur se répandit dans l’Olympos neigeux, et les incorruptibles Immortels se rassemblèrent dans les gorges de l’Olympos. Et Hermès et Apollôn à l’arc d’argent se tenaient devant les genoux de Zeus, et Zeus qui tonne dans les hauteurs interrogea son illustre fils et lui dit :

— Phoibos, d’où amènes-tu cette capture de prix, cet enfant nouveau-né ayant l’aspect d’un héraut ? C’est une affaire difficile qui se présente dans l’assemblée des Dieux.

Et le royal Archer Apollôn lui répondit :

— Ô Père, tu vas entendre une parole qui n’est pas ordinaire, toi qui me réprimandes comme si j’étais le seul pilleur. Ayant franchi un grand espace, j’ai trouvé, sur la montagne de Kyllènè, cet enfant, effronté voleur, tel que je n’ai point vu son semblable, ni parmi les Dieux, ni parmi les hommes, tous, tant qu’ils sont, mangeant sur la terre. Ayant volé mes vaches dans la Prairie, il les a poussées, sur le soir, vers le rivage de la mer aux bruits sans nombre, et il les a conduites droit à Pylos, et leurs traces étaient pleines de ruse, et, certes, admirables, et elles étaient l’œuvre d’un Daimôn illustre. En effet, la poussière noire montrait les pas des vaches tournés vers la Prairie d’Asphodèle, et lui-même, rusé outre mesure, ne marchait ni sur les pieds, ni sur les mains, dans ce lieu sablonneux ; mais par une précaution singulière, il laissait de telles traces sur la route qu’on eût dit qu’il marchait sur de jeunes chênes. Aussi longtemps qu’il s’avança dans ce lieu sablonneux, il laissa ouvertement toutes ces traces sur la poussière ; mais, quand il eut franchi la grande route de sable, la trace des vaches et la sienne propre devinrent invisibles sur un sol plus dur. Et un homme mortel le vit, poussant rapidement vers Pylos la race des vaches aux larges fronts. Les ayant donc tranquillement enfermées, et ayant accompli çà et là tout ce qu’il avait médité dans le feu de l’action, il se coucha dans son berceau, semblable à la nuit noire, au fond des ténèbres de l’antre obscur ; et l’aigle même au regard aigu ne l’eût point aperçu. Et il se frottait souvent les yeux de ses mains, en méditant des ruses ; et, aussitôt, il dit précipitamment :

— Je n’ai rien vu, ni rien appris ; je n’en ai point entendu parler, je n’en puis rien dire, et je ne gagnerai point de récompense pour les avoir retrouvées.

Ayant ainsi parlé, Phoibos Apollôn s’assit, et Hermès, à son tour, lui répondit, parlant au Krôniôn qui commande à tous les Dieux :

— Père Zeus, certes, je te dirai la vérité, car je suis véridique et je ne sais point mentir. Il est venu vers moi, cherchant ses vaches aux pieds flexibles, aujourd’hui, au lever de Hèlios ; et il n’a point amené de Dieux immortels, comme témoins ou spectateurs. Et il m’a ordonné par violence de lui indiquer les choses, me menaçant beaucoup de me jeter dans le large Tartaros, parce qu’il possède la tendre fleur de la glorieuse puberté, tandis que moi je suis né d’hier, et il le sait bien, et je ne ressemble pas à un homme vigoureux voleur de bœufs. Crois-moi, — en effet, tu te glorifies d’être mon cher père, — je n’ai point poussé les vaches dans notre demeure. Que je sois riche aussi sûrement ! Je n’ai point passé le seuil. Et je te dis ceci véridiquement. Je révère beaucoup Hèlios et les autres Daimons, et je t’aime, et je crains celui-ci. Tu sais toi-même que je ne suis point cause de tout ceci. Et je ferai le grand Serment : Non ! par les portiques bien construits des Immortels ! Et moi, un jour, je lui vaudrai cette querelle injurieuse, bien qu’il soit vigoureux. Et toi, viens en aide aux plus jeunes.

Le Kyllénien tueur d’Argos parla ainsi en clignant les yeux, et il avait ses langes sur les bras, et il ne les rejeta pas. Et Zeus rit beaucoup en voyant cet enfant plein de ruse nier adroitement et habilement, au sujet des vaches ; mais il leur ordonna de chercher d’un commun accord, et à Hermès de conduire, et de montrer, en toute innocence d’esprit, le lieu où il avait caché les fortes têtes des vaches. Et le Kroniôn fit un signe de tête, et l’illustre Hermès obéit, car la volonté de Zeus tempétueux persuade aisément.

Et les illustres fils de Zeus se hâtèrent tous deux, et ils parvinrent à la sablonneuse Pylos, et au gué de l’Alphéios, et aux champs et à la haute étable, là où le butin avait été enfermé vers la nuit.

Et, alors, Hermès entra dans l’antre de pierre, et il en poussa à la lumière les fortes têtes des vaches. Mais le Lètoïde, regardant de loin, reconnut les peaux de vaches sur la roche élevée, et, aussitôt, il interrogea l’illustre Hermès :

— Comment as-tu pu, plein de ruse, couper la gorge de deux vaches, étant un enfant qui vient à peine de naître ? Moi-même je suis étonné de ta force. Il ne faut pas que tu grandisses davantage, Kyllénien, fils de Maia !

Il parla ainsi, et il tournait de ses mains de fortes branches d’osier ; et celles-ci, sous ses pieds, prenaient racine en terre, là même, bien qu’entrelacées ; et il en arriva autant à toutes les vaches, par la volonté du subtil Hermès. Et, voyant cela, Apollôn fut saisi d’admiration ; et le puissant Tueur d’Argos regarda de côté tout autour de lui, les yeux pleins de feu et désirant se cacher.

Mais, le voulant ainsi, il apaisa très aisément le fils de l’illustre Lètô, car il était puissant. Saisissant la tortue de la main gauche, il en essaya le son avec le plektre, et la tortue résonna admirablement sous sa main. Et Phoibos Apollôn rit, joyeux, et le son charmant pénétra son esprit, tandis qu’il, écoutait de l’âme. Et le fils de Maia, rassuré, et jouant de la douce lyre, se tenait à la gauche de Phoibos Apollôn. Et, faisant vibrer fortement la kithare, il chanta à son tour, et sa voix aimable s’éleva.

Et il chanta les Dieux immortels et la terre ténébreuse, et comment les choses furent faites au commencement, et comment chacun fut partagé par le sort. Et il chanta Mnemosynè par-dessus toutes les Déesses, la mère des Muses, car elle était échue au fils de Maia. Et l’illustre fils de Zeus chanta ensuite les autres Dieux immortels, chacun selon son rang, et comment ils étaient nés ; le tout admirablement, et faisant résonner la kithare sous ses mains. Et un immense désir s’éleva dans l’âme d’Apollôn, et il dit à Hermès ces paroles ailées :

— Tueur de vaches, rusé travailleur, compagnon des repas, tu possèdes là quelque chose qui vaut cinquante bœufs. Je pense que nous sortirons tranquillement de querelle. Et maintenant, dis-moi, rusé fils de Maia, si tu as fait cette chose admirable après ta naissance, ou si quelqu’un d’entre les Immortels ou les hommes mortels t’a fait ce présent illustre et t’a enseigné le chant divin ? Mais j’écoute cette voix nouvelle et admirable, et je pense qu’aucun des hommes ni aucun des Dieux qui ont des demeures Olympiennes ne te l’a enseignée, excepté toi-même, ô menteur, fils de Zeus et de Maia ! Quel est cet art ? Cette Muse qui guérit les inquiétudes amères ? Et cette habileté ? En effets ces trois choses sont réunies, pour la joie, le désir et le doux sommeil. Moi qui suis le compagnon des Muses Olympiades, qui prends soin de leurs chœurs et de l’illustre règle des vers et du chant fleuri et de l’aimable accord des flûtes, jamais mon âme n’a été plus pénétrée que par ces sons, tels que ceux des jeunes hommes dans les festins. Je les admire, ô fils de Zeus, et comme tu fais vibrer doucement ta kithare. Et, maintenant, puisque, bien que tout petit, tu possèdes un art illustre, je vous dirai la vérité à toi et à ta mère. Oui ! par cette lance de cornouiller, certes, je te conduirai illustre et heureux parmi les Immortels, et je te ferai de magnifiques présents, et je ne te tromperai jamais.

Et Hermès lui répondit par ces paroles rusées :

— Tu me le demandes, ô Archer, et moi je ne refuse point de t’enseigner mon art. Tu le sauras aujourd’hui. Je veux être bienveillant pour toi en pensée et en paroles, car tu sais toutes choses dans ton esprit, et tu sièges, fils de Zeus, le premier parmi les Immortels, beau et vigoureux ; et Zeus qui t’aime t’avertit des choses sacrées, et il t’a fait d’illustres dons, et on dit que tu es honoré par la volonté de Zeus et que tu as reçu de lui, ô Archer, la science des divinations et de toutes les destinées. Et, maintenant, c’est moi qui enseignerai un enfant riche. Mais tu es libre d’apprendre ce que tu veux. Puisque tu as le désir de jouer de la kithare, chante et joue de la kithare, et réjouis-toi, la recevant de moi, et toi, cher, donne-moi la gloire. Chante, ayant en mains cette douce compagne instruite à résonner avec art et admirablement. Puis, tranquille, porte, nuit et jour, dans les festins et les jeux funèbres, la joie et les danses aimables. À celui qui l’interrogera avec science et avec art, la kithare, docile à de molles pressions, enseignera beaucoup de choses variées et agréables à l’esprit ; mais, redoutant un travail pénible, elle répondra d’une façon discordante à celui qui l’interrogera avec violence. Mais tu es libre d’apprendre ce que tu veux, et je te donnerai cette kithare, ô fils illustre de Zeus. Puis, ô Archer, nous retournerons sur la montagne et dans la plaine où paissent les chevaux, et nous ferons paître tes bœufs dans les pâturages. Là, les vaches, unies aux taureaux, les femelles aux mâles, produiront en quantité. Il ne faut donc pas, bien que tu sois avide, que tu restes violemment irrité.

Ayant ainsi parlé, il lui offrit la kithare, et Phoibos Apollôn la prit ; et il donna à Hermès un fouet brillant, et il lui confia la garde des vaches, et le fils de Maia, joyeux, prit le fouet.

Et l’illustre fils de Lètô, le royal archer Apollôn, soutenant la kithare de la main gauche, essaya le son avec le plektre, et la kithare résonna admirablement, et le Dieu chanta.

Puis, les vaches étant revenues à la Prairie divine, les illustres fils de Zeus retournèrent tous deux à l’Olympos neigeux, charmés par la kithare. Et le sage Zeus fut joyeux et les amena à s’aimer. Et, alors, Hermès aima toujours le Lètoïde, comme il l’aime encore aujourd’hui, après lui avoir donné la kithare en signe d’amitié. Et, quand l’Archer eut appris à jouer de l’aimable kithare, elle résonna toujours sur son bras. Le Lètoïde lui-même inventa un autre art. Il fit la syrinx sonore, et il dit à Hermès :

— Je crains, fils de Maia, messager plein de ruse, que tu m’enlèves furtivement ma kithare et mon arc recourbé. En effet, tu as reçu de Zeus cet honneur de présider aux échanges des hommes sur la terre féconde. Mais si tu jures le grand Serment des Dieux, en faisant un signe de la tête, ou par l’Eau violente de Styx, tout ce que tu feras sera agréable à mon esprit.

Et alors, le fils de Maia lui promit par un signe de sa tête qu’il ne déroberait rien de ce qui appartiendrait à l’Archer, et qu’il n’approcherait jamais de sa demeure solide. Et le Lètoïde Apollôn scella par un signe de tête leur concorde et leur amitié, et il jura que personne ne lui serait plus cher, ni parmi les Immortels, ni parmi les fils de Zeus, ni parmi les hommes, et il dit :

— Je rendrai ceci manifeste aux Immortels, et à tous, par un signe honorable et cher à mon âme. Je te donnerai une illustre baguette de félicité et de richesse, d’or pur, à trois feuilles. Elle te protégera, puissante sur tous les Dieux, par la vertu des paroles et des actions utiles que je déclare m’avoir été révélées par la volonté de Zeus. Mais il ne t’est point donné, fils de Zeus, ni à aucun autre des Immortels, de comprendre la science divinatoire que tu interrogeras. Seule, la pensée de Zeus la comprend ; et moi, à qui elle a été révélée, j’ai promis, et j’ai juré par le grand Serment, qu’aucun autre des Immortels, excepté moi, ne connaîtrait la sage pensée de Zeus. Et toi, frère à la baguette d’or, ne me demande pas de te révéler les destinées qu’a résolues Zeus qui tonne dans les hauteurs. Je nuirai aux uns, parmi les hommes, et je viendrai en aide aux autres, me mêlant aux races innombrables des misérables hommes. Je viendrai en aide par ma voix à qui croira à mon oracle et au vol des oiseaux irrécusables. Celui-là sera protégé par mon oracle, et je ne le tromperai pas ; mais celui qui se fiera en de vains oiseaux, qui voudra interroger mon oracle hors de ma pensée, et en savoir plus que les Dieux qui vivent toujours, je dis que celui-là prendra une route sans issue, quand même j’aurais reçu des présents. Et je te le dis, très illustre fils de Maia et de Zeus tempétueux, très utile Daimôn des Dieux : il y a trois Moires, vierges et sœurs, et qui se réjouissent de leurs ailes rapides. La tête couverte de blanche farine, elles habitent dans une vallée du Parnèsos ; et elles m’ont enseigné la science divinatoire à laquelle j’aspirais, encore enfant, au milieu de mes bœufs, et mon père ne s’en inquiéta point. Depuis, en ce lieu, volant çà et là, elles mangent les rayons de miel et accomplissent chaque chose. Alors, ayant mangé le miel vert, elles deviennent furieuses et veulent ardemment dire la vérité ; mais quand elles sont privées de la douce nourriture des Dieux, elles tentent de conduire hors du chemin. Je te les donne, interroge-les avec soin et charme ainsi ton esprit ; et, si quelque mortel connu de toi te rencontre, il pourra en croire ton oracle. Prends-les, fils de Maia, ainsi que les bœufs agrestes aux pieds flexibles. Prends soin des chevaux et des mulets patients, et des lions horribles, et des sangliers aux blanches dents, et des chiens, et de toutes les brebis que nourrit la vaste terre. Commande à toutes les brebis, illustre Hermès, et sois le seul messager irrécusable chez Aidès ; et, bien qu’il ne soit point riche, il ne te fera point un pauvre présent.

Ainsi le Roi Apollôn aima le fils de Maia de toute son amitié, et le Kroniôn lui accorda la grâce. Et il se mêle à tous les mortels et à tous les Immortels. Et il vient en aide à un petit nombre, mais il trompe sans cesse, dans la nuit ténébreuse, les races des hommes mortels.

Et ainsi, je te salue, fils de Zeus et de Maia, et je me souviendrai de toi et des autres chants.

En grec ancien : Ομηρικοί Ύμνοι/IV. Εις Ερμήν

Ἑρμῆν ὕμνει Μοῦσα Διὸς καὶ Μαιάδος υἱόν,
Κυλλήνης μεδέοντα καὶ Ἀρκαδίης πολυμήλου,
ἄγγελον ἀθανάτων ἐριούνιον, ὃν τέκε Μαῖα
νύμφη ἐϋπλόκαμος Διὸς ἐν φιλότητι μιγεῖσα,
αἰδοίη· μακάρων δὲ θεῶν ἠλεύαθ’ ὅμιλον5
ἄντρον ἔσω ναίουσα παλίσκιον, ἔνθα Κρονίων
νύμφῃ ἐΰπλοκάμῳ μισγέσκετο νυκτὸς ἀμολγῷ,
ὄφρα κατὰ γλυκὺς ὕπνος ἔχοι λευκώλενον Ἥρην,
λήθων ἀθανάτους τε θεοὺς θνητούς τ’ ἀνθρώπους.
ἀλλ’ ὅτε δὴ μεγάλοιο Διὸς νόος ἐξετελεῖτο,10
τῇ δ’ ἤδη δέκατος μεὶς οὐρανῷ ἐστήρικτο,
εἴς τε φόως ἄγαγεν, ἀρίσημά τε ἔργα τέτυκτο·
καὶ τότ’ ἐγείνατο παῖδα πολύτροπον, αἱμυλομήτην,
ληϊστῆρ’, ἐλατῆρα βοῶν, ἡγήτορ’ ὀνείρων,

νυκτὸς ὀπωπητῆρα, πυληδόκον, ὃς τάχ’ ἔμελλεν15
ἀμφανέειν κλυτὰ ἔργα μετ’ ἀθανάτοισι θεοῖσιν.
ἠῷος γεγονὼς μέσῳ ἤματι ἐγκιθάριζεν,
ἑσπέριος βοῦς κλέψεν ἑκηβόλου Ἀπόλλωνος,
τετράδι τῇ προτέρῃ, τῇ μιν τέκε πότνια Μαῖα.
ὃς καὶ ἐπειδὴ μητρὸς ἀπ’ ἀθανάτων θόρε γυίων20
οὐκέτι δηρὸν ἔκειτο μένων ἱερῷ ἐνὶ λίκνῳ,
ἀλλ’ ὅ γ’ ἀναΐξας ζήτει βόας Ἀπόλλωνος
οὐδὸν ὑπερβαίνων ὑψηρεφέος ἄντροιο.
ἔνθα χέλυν εὑρὼν ἐκτήσατο μυρίον ὄλβον·
Ἑρμῆς τοι πρώτιστα χέλυν τεκτήνατ’ ἀοιδόν,25
ἥ ῥά οἱ ἀντεβόλησεν ἐπ’ αὐλείῃσι θύρῃσι
βοσκομένη προπάροιθε δόμων ἐριθηλέα ποίην,
σαῦλα ποσὶν βαίνουσα· Διὸς δ’ ἐριούνιος υἱὸς
ἀθρήσας ἐγέλασσε καὶ αὐτίκα μῦθον ἔειπε·
 σύμβολον ἤδη μοι μέγ’ ὀνήσιμον· οὐκ ὀνοτάζω.30
χαῖρε φυὴν ἐρόεσσα χοροιτύπε δαιτὸς ἑταίρη,
ἀσπασίη προφανεῖσα· πόθεν τόδε καλὸν ἄθυρμα
αἰόλον ὄστρακον ἕσσο χέλυς ὄρεσι ζώουσα;
ἀλλ’ οἴσω σ’ ἐς δῶμα λαβών· ὄφελός τί μοι ἔσσῃ,
οὐδ’ ἀποτιμήσω· σὺ δέ με πρώτιστον ὀνήσεις.35
οἴκοι βέλτερον εἶναι, ἐπεὶ βλαβερὸν τὸ θύρηφιν·
ἦ γὰρ ἐπηλυσίης πολυπήμονος ἔσσεαι ἔχμα
ζώουσ’· ἢν δὲ θάνῃς τότε κεν μάλα καλὸν ἀείδοις.
Ὣς ἂρ’ ἔφη· καὶ χερσὶν ἅμ’ ἀμφοτέρῃσιν ἀείρας
ἂψ εἴσω κίε δῶμα φέρων ἐρατεινὸν ἄθυρμα.40
ἔνθ’ ἀναπηλήσας γλυφάνῳ πολιοῖο σιδήρου

αἰῶν’ ἐξετόρησεν ὀρεσκῴοιο χελώνης.
ὡς δ’ ὁπότ’ ὠκὺ νόημα διὰ στέρνοιο περήσῃ
ἀνέρος ὅν τε θαμειαὶ ἐπιστρωφῶσι μέριμναι,
ἢ ὅτε δινηθῶσιν ἀπ’ ὀφθαλμῶν ἀμαρυγαί,45
ὣς ἅμ’ ἔπος τε καὶ ἔργον ἐμήδετο κύδιμος Ἑρμῆς.
πῆξε δ’ ἄρ’ ἐν μέτροισι ταμὼν δόνακας καλάμοιο
πειρήνας διὰ νῶτα διὰ ῥινοῖο χελώνης.
ἀμφὶ δὲ δέρμα τάνυσσε βοὸς πραπίδεσσιν ἑῇσι,
καὶ πήχεις ἐνέθηκ’, ἐπὶ δὲ ζυγὸν ἤραρεν ἀμφοῖν,50
ἑπτὰ δὲ θηλυτέρων ὀίων ἐτανύσσατο χορδάς.
αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ τεῦξε, φέρων, ἐρατεινὸν ἄθυρμα
πλήκτρῳ ἐπειρήτιζε κατὰ μέρος, ἡ δ’ ὑπὸ χειρὸς
σμερδαλέον κονάβησε· θεὸς δ’ ὑπὸ καλὸν ἄειδεν
ἐξ αὐτοσχεδίης πειρώμενος, ἠύτε κοῦροι55
ἡβηταὶ θαλίῃσι παραιβόλα κερτομέουσιν,
ἀμφὶ Δία Κρονίδην καὶ Μαιάδα καλλιπέδιλον
ὃς πάρος ὠρίζεσκον ἑταιρείῃ φιλότητι,
ἥν τ’ αὐτοῦ γενεὴν ὀνομακλυτὸν ἐξονομάζων·
ἀμφιπόλους τε γέραιρε καὶ ἀγλαὰ δώματα νύμφης,60
καὶ τρίποδας κατὰ οἶκον ἐπηετανούς τε λέβητας.
καὶ τὰ μὲν οὖν ἤειδε, τὰ δὲ φρεσὶν ἄλλα μενοίνα.
καὶ τὴν μὲν κατέθηκε φέρων ἱερῷ ἐνὶ λίκνῳ
φόρμιγγα γλαφυρήν· ὁ δ’ ἄρα κρειῶν ἐρατίζων

ἆλτο κατὰ σκοπιὴν εὐώδεος ἐκ μεγάροιο,65
ὁρμαίνων δόλον αἰπὺν ἐνὶ φρεσὶν οἶά τε φῶτες
φηληταὶ διέπουσι μελαίνης νυκτὸς ἐν ὥρῃ.
Ἠέλιος μὲν ἔδυνε κατὰ χθονὸς ὠκεανὸν δὲ
αὐτοῖσίν θ’ ἵπποισι καὶ ἅρμασιν, αὐτὰρ ἄρ’ Ἑρμῆς
Πιερίης ἀφίκανε θέων ὄρεα σκιόεντα,70
ἔνθα θεῶν μακάρων βόες ἄμβροτοι αὖλιν ἔχεσκον
βοσκόμεναι λειμῶνας ἀκηρασίους ἐρατεινούς.
τῶν τότε Μαιάδος υἱὸς ἐΰσκοπος Ἀργειφόντης
πεντήκοντ’ ἀγέλης ἀπετάμνετο βοῦς ἐριμύκους.
πλανοδίας δ’ ἤλαυνε διὰ ψαμαθώδεα χῶρον75
ἴχνι’ ἀποστρέψας· δολίης δ’ οὐ λήθετο τέχνης
ἀντία ποιήσας ὁπλάς, τὰς πρόσθεν ὄπισθεν,
τὰς δ’ ὄπιθεν πρόσθεν, κατὰ δ’ ἔμπαλιν αὐτὸς ἔβαινε.
σάνδαλα δ’ αὐτίκα ῥιψὶν ἐπὶ ψαμάθοις ἁλίῃσιν
ἄφραστ’ ἠδ’ ἀνόητα διέπλεκε, θαυματὰ ἔργα,80
συμμίσγων μυρίκας καὶ μυρσινοειδέας ὄζους.
τῶν τότε συνδήσας νεοθηλέος ἀγκάλῳ ὥρην
ἀβλαβέως ὑπὸ ποσσὶν ἐδήσατο σάνδαλα κοῦφα
αὐτοῖσιν πετάλοισι, τὰ κύδιμος Ἀργειφόντης
ἔσπασε Πιερίηθεν ὁδοιπορίην ἀλεείνων,85
οἷά τ’ ἐπειγόμενος δολιχὴν ὁδόν, αὐτοτροπήσας.

τὸν δὲ γέρων ἐνόησε δέμων ἀνθοῦσαν ἀλωὴν
ἱέμενον πεδίον δὲ δι’ Ὀγχηστὸν λεχεποίην·
τὸν πρότερος προσέφη Μαίης ἐρικυδέος υἱός·
 ὦ γέρον ὅς τε φυτὰ σκάπτεις ἐπικαμπύλος ὤμους,90
ἦ πολυοινήσεις εὖτ’ ἂν τάδε πάντα φέρῃσι
[εἴκε πίθῃ μάλα περ μεμνημένος ἐν φρεσὶ σῇσι]91α
καί τε ἰδὼν μὴ ἰδὼν εἶναι καὶ κωφὸς ἀκούσας,
καὶ σιγᾶν, ὅτε μή τι καταβλάπτῃ τὸ σὸν αὐτοῦ.
Τόσσον φὰς συνέσευε βοῶν ἴφθιμα κάρηνα.
πολλὰ δ’ ὄρη σκιόεντα καὶ αὐλῶνας κελαδεινοὺς95
καὶ πεδί’ ἀνθεμόεντα διήλασε κύδιμος Ἑρμῆς.
ὀρφναίη δ’ ἐπίκουρος ἐπαύετο δαιμονίη νὺξ
ἡ πλείων, τάχα δ’ ὄρθρος ἐγίγνετο δημιοεργός·
ἡ δὲ νέον σκοπιὴν προσεβήσατο δῖα Σελήνη
Πάλλαντος θυγάτηρ Μεγαμηδείδαο ἄνακτος,100
τῆμος ἐπ’ Ἀλφειὸν ποταμὸν Διὸς ἄλκιμος υἱὸς
Φοίβου Ἀπόλλωνος βοῦς ἤλασεν εὐρυμετώπους.
ἀδμῆτες δ’ ἵκανον ἐπ’ αὔλιον ὑψιμέλαθρον
καὶ ληνοὺς προπάροιθεν ἀριπρεπέος λειμῶνος.
ἔνθ’ ἐπεὶ εὖ βοτάνης ἐπεφόρβει βοῦς ἐριμύκους105
καὶ τὰς μὲν συνέλασσεν ἐς αὔλιον ἀθρόας οὔσας
λωτὸν ἐρεπτομένας ἠδ’ ἑρσήεντα κύπειρον,
σὺν δ’ ἐφόρει ξύλα πολλά, πυρὸς δ’ ἐπεμαίετο τέχνην.
δάφνης ἀγλαὸν ὄζον ἑλὼν ἀπέλεψε σιδήρῳ

ἄρμενον ἐν παλάμῃ· ἄμπνυτο δὲ θερμὸς ἀϋτμή·110

Ἑρμῆς τοι πρώτιστα πυρήϊα πῦρ τ’ ἀνέδωκε.
πολλὰ δὲ κάγκανα κᾶλα κατουδαίῳ ἐνὶ βόθρῳ
οὖλα λαβὼν ἐπέθηκεν ἐπηετανά· λάμπετο δὲ φλὸξ
τηλόσε φῦσαν ἱεῖσα πυρὸς μέγα δαιομένοιο.
ὄφρα δὲ πῦρ ἀνέκαιε βίη κλυτοῦ Ἡφαίστοιο,115
τόφρα δ’ ὑποβρύχιας ἕλικας βοῦς εἷλκε θύραζε
δοιὰς ἄγχι πυρός, δύναμις δέ οἱ ἕσπετο πολλή·
ἀμφοτέρας δ’ ἐπὶ νῶτα χαμαὶ βάλε φυσιοώσας·
ἀγκλίνων δ’ ἐκύλινδε δι’ αἰῶνας τετορήσας,
ἔργῳ δ’ ἔργον ὄπαζε ταμὼν κρέα πίονα δημῷ·120
ὤπτα δ’ ἀμφ’ ὀβελοῖσι πεπαρμένα δουρατέοισι,
σάρκας ὁμοῦ καὶ νῶτα γεράσμια καὶ μέλαν αἷμα
ἐργμένον ἐν χολάδεσσι· τὰ δ’ αὐτοῦ κεῖτ’ ἐπὶ χώρης.
ῥινοὺς δ’ ἐξετάνυσσε καταστυφέλῳ ἐνὶ πέτρῃ,
ὡς ἔτι νῦν τὰ μέτασσα πολυχρόνιοι πεφύασι125
δηρὸν δὴ μετὰ ταῦτα καὶ ἄκριτον. αὐτὰρ ἔπειτα
Ἑρμῆς χαρμόφρων εἰρύσατο πίονα ἔργα
λείῳ ἐπὶ πλαταμῶνι καὶ ἔσχισε δώδεκα μοίρας
κληροπαλεῖς· τέλεον δὲ γέρας προσέθηκεν ἑκάστῃ.
ἔνθ’ ὁσίης κρεάων ἠράσσατο κύδιμος Ἑρμῆς·130
ὀδμὴ γάρ μιν ἔτειρε καὶ ἀθάνατόν περ ἐόντα
ἡδεῖ’· ἀλλ’ οὐδ’ ὥς οἱ ἐπείθετο θυμὸς ἀγήνωρ
καί τε μάλ’ ἱμείροντι περῆν ἱερῆς κατὰ δειρῆς.
ἀλλὰ τὰ μὲν κατέθηκεν ἐς αὔλιον ὑψιμέλαθρον,

δημὸν καὶ κρέα πολλά, μετήορα δ’ αἶψ’ ἀνάειρε,135
σῆμα νέης φωρῆς· ἐπὶ δὲ ξύλα κάγκαν’ ἀγείρας
οὐλόποδ’, οὐλοκάρηνα πυρὸς κατεδάμνατ’ ἀϋτμῇ.
αὐτὰρ ἐπεί τοι πάντα κατὰ χρέος ἤνυσε δαίμων
σάνδαλα μὲν προέηκεν ἐς Ἀλφειὸν βαθυδίνην,
ἀνθρακιὴν δ’ ἐμάρανε, κόνιν δ’ ἀμάθυνε μέλαιναν140
παννύχιος· καλὸν δὲ φόως κατέλαμπε Σελήνης.
Κυλλήνης δ’ αἶψ’ αὖτις ἀφίκετο δῖα κάρηνα
ὄρθριος, οὐδέ τί οἱ δολιχῆς ὁδοῦ ἀντεβόλησεν
οὔτε θεῶν μακάρων οὔτε θνητῶν ἀνθρώπων,
οὐδὲ κύνες λελάκοντο· Διὸς δ’ ἐριούνιος Ἑρμῆς145
δοχμωθεὶς μεγάροιο διὰ κλήιθρον ἔδυνεν
αὔρῃ ὀπωρινῇ ἐναλίγκιος, ἠΰτ’ ὀμίχλη.
ἰθύσας δ’ ἄντρου ἐξίκετο πίονα νηὸν
ἦκα ποσὶ προβιβῶν· οὐ γὰρ κτύπεν ὥς περ ἐπ’ οὔδει.
ἐσσυμένως δ’ ἄρα λίκνον ἐπῴχετο κύδιμος Ἑρμῆς·150
σπάργανον ἀμφ’ ὤμοις εἰλυμένος ἠΰτε τέκνον
νήπιον ἐν παλάμῃσι περ’ ἰγνύσι λαῖφος ἀθύρων
κεῖτο, χέλυν ἐρατὴν ἐπ’ ἀριστερὰ χειρὸς ἐέργων.
μητέρα δ’ οὐκ ἄρ’ ἔληθε θεὰν θεὸς εἰπέ τε μῦθον·
 τίπτε σὺ ποικιλομῆτα πόθεν τόδε νυκτὸς ἐν ὥρῃ155
ἔρχῃ ἀναιδείην ἐπιειμένε; νῦν σε μάλ’ οἴω
ἢ τάχ’ ἀμήχανα δεσμὰ περὶ πλευρῇσιν ἔχοντα
Λητοΐδου ὑπὸ χερσὶ διὲκ προθύροιο περήσειν,
ἣ σὲ φέροντα μεταξὺ κατ’ ἄγκεα φηλητεύσειν.
ἔῤῥε πάλιν· μεγάλην σε πατὴρ ἐφύτευσε μέριμναν160
θνητοῖς ἀνθρώποισι καὶ ἀθανάτοισι θεοῖσι.
Τὴν δ’ Ἑρμῆς μύθοισιν ἀμείβετο κερδαλέοισι·

μῆτερ ἐμὴ τί με ταῦτα τιτύσκεαι ἠΰτε τέκνον
νήπιον, ὃς μάλα παῦρα μετὰ φρεσὶν αἴσυλα οἶδε,
ταρβαλέον καὶ μητρὸς ὑπαιδείδοικεν ἐνιπάς;165
αὐτὰρ ἐγὼ τέχνης ἐπιβήσομαι, ἥ τις ἀρίστη
βουκολέων ἐμὲ καὶ σὲ διαμπερές· οὐδὲ θεοῖσι
νῶϊ μετ’ ἀθανάτοισιν ἀδώρητοι καὶ ἄλιστοι
αὐτοῦ τῇδε μένοντες ἀνεξόμεθ’, ὡς σὺ κελεύεις.
βέλτερον ἤματα πάντα μετ’ ἀθανάτοις ὀαρίζειν170
πλούσιον ἀφνειὸν πολυλήϊον ἢ κατὰ δῶμα
ἄντρῳ ἐν ἠερόεντι θαασσέμεν· ἀμφὶ δὲ τιμῆς
κἀγὼ τῆς ὁσίης ἐπιβήσομαι ἧς περ Ἀπόλλων.
εἰ δέ κε μὴ δώῃσι πατὴρ ἐμός, ἧ τοι ἔγωγε
πειρήσω, δύναμαι, φηλητέων ὄρχαμος εἶναι.175
εἰ δέ μ’ ἐρευνήσει Λητοῦς ἐρικυδέος υἱός,
ἄλλο τί οἱ καὶ μεῖζον ὀίομαι ἀντιβολήσειν.
εἶμι γὰρ ἐς Πυθῶνα μέγαν δόμον ἀντιτορήσων·
ἔνθεν ἅλις τρίποδας περικαλλέας ἠδὲ λέβητας
πορθήσω καὶ χρυσόν, ἅλις τ’ αἴθωνα σίδηρον180
καὶ πολλὴν ἐσθῆτα· σὺ δ’ ὄψεαι, αἴ κ’ ἐθέλῃσθα.
Ὣς οἱ μέν ῥ’ ἐπέεσσι πρὸς ἀλλήλους ἀγόρευον
υἱός τ’ αἰγιόχοιο Διὸς καὶ πότνια Μαῖα.
ἠὼς δ’ ἠριγένεια φόως θνητοῖσι φέρουσα
ὤρνυτ’ ἀπ’ Ὠκεανοῖο βαθυρρόου· αὐτὰρ Ἀπόλλων185
Ὀγχηστὸν δ’ ἀφίκανε κιὼν πολυήρατον ἄλσος
ἁγνὸν ἐρισφαράγου Γαιηόχου· ἔνθα γέροντα
κνώδαλον εὗρε νέμοντα παρὲξ ὁδοῦ ἕρκος ἀλωῆς.

τὸν πρότερος προσέφη Λητοῦς ἐρικυδέος υἱός·
 Ὢ γέρον Ὀγχηστοῖο βατοδρόπε ποιήεντος190
βοῦς ἀπὸ Πιερίης διζήμενος ἐνθάδ’ ἱκάνω
πάσας θηλείας, πάσας κεράεσσιν ἑλικτάς,
ἐξ ἀγέλης· ὁ δὲ ταῦρος ἐβόσκετο μοῦνος ἀπ’ ἄλλων
κυάνεος· χαροποὶ δὲ κύνες κατόπισθεν ἕποντο
τέσσαρες, ἠΰτε φῶτες ὁμόφρονες· οἱ μὲν ἔλειφθεν195
οἵ τε κύνες ὅ τε ταῦρος, ὃ δὴ περὶ θαῦμα τέτυκται·
ταὶ δ’ ἔβαν ἠελίοιο νέον καταδυομένοιο
ἐκ μαλακοῦ λειμῶνος ἀπὸ γλυκεροῖο νομοῖο.
ταῦτά μοι εἰπὲ γεραιὲ παλαιγενὲς εἴ που ὄπωπας
ἀνέρα ταῖσδ’ ἐπὶ βουσὶ διαπρήσσοντα κέλευθον.200
Τὸν δ’ ὁ γέρων μύθοισιν ἀμειβόμενος προσέειπεν·
ὦ φίλος ἀργαλέον μὲν ὅσ’ ὀφθαλμοῖσιν ἴδοιτο
πάντα λέγειν· πολλοὶ γὰρ ὁδὸν πρήσσουσιν ὁδῖται,
τῶν οἱ μὲν κακὰ πολλὰ μεμαότες, οἱ δὲ μάλ’ ἐσθλὰ
φοιτῶσιν· χαλεπὸν δὲ δαήμεναί ἐστιν ἕκαστον·205
αὐτὰρ ἐγὼ πρόπαν ἦμαρ ἐς ἠέλιον καταδύντα
ἔσκαπτον περὶ γουνὸν ἀλωῆς οἰνοπέδοιο·
παῖδα δ’ ἔδοξα φέριστε, σαφὲς δ’ οὐκ οἶδα, νοῆσαι,
ὅς τις ὁ παῖς ἅμα βουσὶν ἐϋκραίρῃσιν ὀπήδει
νήπιος, εἶχε δὲ ῥάβδον· ἐπιστροφάδην δ’ ἐβάδιζεν,210
ἐξοπίσω δ’ ἀνέεργε, κάρη δ’ ἔχεν ἀντίον αὐτῷ.
Φῆ ῥ’ ὁ γέρων· ὃ δὲ θᾶττον ὁδὸν κίε μῦθον ἀκούσας.
οἰωνὸν δ’ ἐνόει τανυσίπτερον, αὐτίκα δ’ ἔγνω
φηλητὴν γεγαῶτα Διὸς παῖδα Κρονίωνος.
ἐσσυμένως δ’ ἤϊξεν ἄναξ Διὸς υἱὸς Ἀπόλλων215
ἐς Πύλον ἠγαθέην διζήμενος εἰλίποδας βοῦς,
πορφυρέῃ νεφέλῃ κεκαλυμμένος εὐρέας ὤμους·

ἴχνιά τ’ εἰσενόησεν Ἑκηβόλος εἶπέ τε μῦθον·
Ὢ πόποι ἦ μέγα θαῦμα τόδ’ ὀφθαλμοῖσιν ὁρῶμαι·
ἴχνια μὲν τάδε γ’ ἐστὶ βοῶν ὀρθοκραιράων,220
ἀλλὰ πάλιν τέτραπται ἐς ἀσφοδελὸν λειμῶνα·
βήματα δ’ οὔτ’ ἀνδρὸς τάδε γίγνεται οὔτε γυναικὸς
οὔτε λύκων πολιῶν οὔτ’ ἄρκτων οὔτε λεόντων·
οὔτε τι κενταύρου λασιαύχενος ἔλπομαι εἶναι,
ὅς τις τοῖα πέλωρα βιβᾷ ποσὶ καρπαλίμοισιν·225
αἰνὰ μὲν ἔνθεν ὁδοῖο, τὰ δ’ αἰνότερ’ ἔνθεν ὁδοῖο.
Ὢς εἰπὼν ἤϊξεν ἄναξ Διὸς υἱὸς Ἀπόλλων,
Κυλλήνης δ’ ἀφίκανεν ὄρος καταείμενον ὕλῃ
πέτρης ἐς κευθμῶνα βαθύσκιον, ἔνθα τε νύμφη
ἀμβροσίη ἐλόχευσε Διὸς παῖδα Κρονίωνος.230
ὀδμὴ δ’ ἱμερόεσσα δι’ οὔρεος ἠγαθέοιο
κίδνατο, πολλὰ δὲ μῆλα ταναύποδα βόσκετο ποίην.
ἔνθα τότε σπεύδων κατεβήσατο λάινον οὐδὸν
ἄντρον ἐς ἠερόεν ἑκατηβόλος αὐτὸς Ἀπόλλων.
 Τὸν δ’ ὡς οὖν ἐνόησε Διὸς καὶ Μαιάδος υἱὸς235
χωόμενον περὶ βουσὶν ἑκηβόλον Ἀπόλλωνα,
σπάργαν’ ἔσω κατέδυνε θυήεντ’· ἠΰτε πολλὴν
πρέμνων ἀνθρακιὴν ὕλης σποδὸς ἀμφικαλύπτει,
ὣς Ἑρμῆς Ἑκάεργον ἰδὼν ἀνέειλε’ ἓ αυτόν.
ἐν δ’ ὀλίγῳ συνέλασσε κάρη χεῖράς τε πόδας τε240
φή ῥα νεόλλουτος προκαλεύμενος ἥδυμον ὕπνον,
ἐγρήσσων ἐτεόν γε· χέλυν δ’ ὑπὸ μασχάλῃ εἶχε.
γνῶ δ’ οὐδ’ ἠγνοίησε Διὸς καὶ Λητοῦς υἱὸς

νύμφην τ’ οὐρείην περικαλλέα καὶ φίλον υἱόν,
παῖδ’ ὀλίγον, δολίῃς εἰλυμένον ἐντροπίῃσι.245
παπτήνας δ’ ἀνὰ πάντα μυχὸν μεγάλοιο δόμοιο
τρεῖς ἀδύτους ἀνέῳγε λαβὼν κληῗδα φαεινὴν
νέκταρος ἐμπλείους ἠδ’ ἀμβροσίης ἐρατεινῆς·
πολλὸς δὲ χρυσός τε καὶ ἄργυρος ἔνδον ἔκειτο,
πολλὰ δὲ φοινικόεντα καὶ ἄργυφα εἵματα νύμφης,250
οἷα θεῶν μακάρων ἱεροὶ δόμοι ἐντὸς ἔχουσιν·
ἔνθ’ ἐπεὶ ἐξερέεινε μυχοὺς μεγάλοιο δόμοιο
Λητοΐδης, μύθοισι προσηύδα κύδιμον Ἑρμῆν·
Ὦ παῖ ὃς ἐν λίκνῳ κατάκειαι, μήνυέ μοι βοῦς
θᾶττον· ἐπεὶ τάχα νῶι διοισόμεθ’ οὐ κατὰ κόσμον.255
ῥίψω γάρ σε βαλὼν ἐς Τάρταρον ἠερόεντα,
ἐς ζόφον αἰνόμορον καὶ ἀμήχανον· οὐδέ σε μήτηρ
ἐς φάος οὐδὲ πατὴρ ἀναλύσεται, ἀλλ’ ὑπὸ γαίῃ
ἐρρήσεις ὀλίγοισι μετ’ ἀνδράσιν ἡγεμονεύων.
 Τὸν δ’ Ἑρμῆς μύθοισιν ἀμείβετο κερδαλέοισι·260
Λητοΐδη τίνα τοῦτον ἀπηνέα μῦθον ἔειπας
καὶ βοῦς ἀγραύλους διζήμενος ἐνθάδ’ ἱκάνεις;
οὐκ ἴδον, οὐ πυθόμην, οὐκ ἄλλου μῦθον ἄκουσα·
οὐκ ἂν μηνύσαιμ’, οὐκ ἂν μήνυτρον ἀροίμην·
οὐδὲ βοῶν ἐλατῆρι κραταιῷ φωτί ἔοικα,265
οὐκ ἐμὸν ἔργον τοῦτο, πάρος δέ μοι ἄλλα μέμηλεν·
ὕπνος ἐμοί γε μέμηλε καὶ ἡμετέρης γάλα μητρός,
σπάργανά τ’ ἀμφ’ ὤμοισιν ἔχειν καὶ θερμὰ λοετρά.
μή τις τοῦτο πύθοιτο πόθεν τόδε νεῖκος ἐτύχθη·
καί κεν δὴ μέγα θαῦμα μετ’ ἀθανάτοισι γένοιτο270
παῖδα νέον γεγαῶτα διὲκ προθύροιο περῆσαι
βουσὶ μετ’ ἀγραύλοισι· τὸ δ’ ἀπρεπέως ἀγορεύεις.

χθὲς γενόμην, ἁπαλοὶ δὲ πόδες, τρηχεῖα δ’ ὕπο χθών.
εἰ δὲ θέλεις πατρὸς κεφαλὴν μέγαν ὅρκον ὀμοῦμαι·
μὴ μὲν ἐγὼ μήτ’ αὐτὸς ὑπίσχομαι αἴτιος εἶναι,275
μήτε τιν’ ἄλλον ὄπωπα βοῶν κλοπὸν ὑμετεράων,
αἵ τινες αἱ βόες εἰσί· τὸ δὲ κλέος οἶον ἀκούω.
Ὣς ἄρ’ ἔφη καὶ πυκνὸν ἀπὸ βλεφάρων ἀμαρύσσων
ὀφρύσι ῥιπτάζεσκεν ὁρώμενος ἔνθα καὶ ἔνθα,
μάκρ’ ἀποσυρίζων, ἅλιον τὸν μῦθον ἀκούων.280
τὸν δ’ ἁπαλὸν γελάσας προσέφη ἑκάεργος Ἀπόλλων·
Ὦ πέπον ἠπεροπευτὰ δολοφραδὲς ἦ σε μάλ’ οἴω
πολλάκις ἀντιτοροῦντα δόμους εὖ ναιετάοντας
ἔννυχον οὐχ ἕνα μοῦνον ἐπ’ οὔδεϊ φῶτα καθίσσαι
σκευάζοντα κατ’ οἶκον ἄτερ ψόφου, οἷ’ ἀγορεύεις·285
πολλοὺς δ’ ἀγραύλους ἀκαχήσεις μηλοβοτῆρας
οὔρεος ἐν βήσσῃς, ὁπότ’ ἄν κρειῶν ἐρατίζων
ἀντᾷς βουκολίοισι καὶ εἰροπόκοις ὀΐεσσιν.
ἀλλ’ ἄγε, μὴ πύματόν τε καὶ ὕστατον ὕπνον ἰαύσῃς,
ἐκ λίκνου κατάβαινε, μελαίνης νυκτὸς ἑταῖρε.290
τοῦτο γὰρ οὖν καὶ ἔπειτα μετ’ ἀθανάτοις γέρας ἕξεις·
ἀρχὸς φηλητέων κεκλήσεαι ἤματα πάντα.
Ὣς ἄρ’ ἔφη καὶ παῖδα λαβὼν φέρε Φοῖβος Ἀπόλλων.
σὺν δ’ ἄρα φρασσάμενος τότε δὴ κρατὺς Ἀργειφόντης
οἰωνὸν προέηκεν ἀειρόμενος μετὰ χερσί,295
τλήμονα γαστρὸς ἔριθον ἀτάσθαλον ἀγγελιώτην.
ἐσσυμένως δὲ μετ’ αὐτὸν ἐπέπταρε· τοῖο δ’ Ἀπόλλων
ἔκλυεν, ἐκ χειρῶν δὲ χαμαὶ βάλε κύδιμον Ἑρμῆν.

ἕζετο δὲ προπάροιθε καὶ ἐσσύμενός περ ὁδοῖο
Ἑρμῆν κερτομέων, καί μιν πρὸς μῦθον ἔειπε·300
Θάρσει σπαργανιῶτα Διὸς καὶ Μαιάδος υἱέ·
εὑρήσω καὶ ἔπειτα βοῶν ἴφθιμα κάρηνα
τούτοις οἰωνοῖσι· σὺ δ’ αὖθ’ ὁδὸν ἡγεμονεύσεις.
Ὢς φάθ’· ὁ δ’ αὖτ’ ἀνόρουσε θοῶς Κυλλήνιος Ἑρμῆς
σπουδῇ ἰών· ἄμφω δὲ παρ’ οὔατα χερσὶν ἐώθει,305
σπάργανον ἀμφ’ ὤμοισιν ἐελμένος, εἶπε δὲ μῦθον·
Πῇ με φέρεις, Ἑκάεργε θεῶν ζαμενέστατε πάντων;
ἦ με βοῶν ἕνεχ’ ὧδε χολούμενος ὀρσολοπεύεις;
ὦ πόποι εἴθ’ ἀπόλοιτο βοῶν γένος· οὐ γὰρ ἐγώ γε
ὑμετέρας ἔκλεψα βόας, οὐδ’ ἄλλον ὄπωπα,310
αἵ τινές εἰσι βόες· τὸ δὲ κλέος οἶον ἀκούω.
δὸς δὲ δίκην καὶ δέξο παρὰ Ζηνὶ Κρονίωνι.
Αὐτὰρ ἐπεὶ τὰ ἕκαστα διαρρήδην ἐρέεινον
Ἑρμῆς τ’ οἰοπόλος καὶ Λητοῦς ἀγλαὸς υἱὸς
ἀμφὶς θυμὸν ἔχοντες· ὁ μὲν νημερτέα φωνὴν315

οὐκ ἀδίκως ἐπὶ βουσὶν ἐλάζυτο κύδιμον Ἑρμῆν,
αὐτὰρ ὁ τέχνῃσίν τε καὶ αἱμυλίοισι λόγοισιν
ἤθελεν ἐξαπατᾶν Κυλλήνιος Ἀργυρότοξον·
αὐτὰρ ἐπεὶ πολύμητις ἐὼν πολυμήχανον εὗρεν
ἐσσυμένως δὴ ἔπειτα διὰ ψαμάθοιο βάδιζε320
πρόσθεν, ἀτὰρ κατόπισθε Διὸς καὶ Λητοῦς υἱός.
αἶψα δὲ τέρθρον ἵκοντο θυώδεος Οὐλύμποιο
ἐς πατέρα Κρονίωνα Διὸς περικαλλέα τέκνα·
κεῖθι γὰρ ἀμφοτέροισι δίκης κατέκειτο τάλαντα.

εὐμιλίη δ’ ἔχ’ Ὄλυμπον ἀγάννιφον, ἀθάνατοι δὲ325
ἄφθιτοι ἠγερέθοντο μετὰ χρυσόθρονον ἠῶ.
ἔστησαν δ’ Ἑρμῆς τε καὶ ἀργυρότοξος Ἀπόλλων
πρόσθε Διὸς γούνων· ὁ δ’ ἀνείρετο φαίδιμον υἱὸν
Ζεὺς ὑψιβρεμέτης καί μιν πρὸς μῦθον ἔειπε·
 Φοῖβε πόθεν ταύτην μενοεικέα ληίδ’ ἐλαύνεις330
παῖδα νέον γεγαῶτα φυὴν κήρυκος ἔχοντα;
σπουδαῖον τόδε χρῆμα θεῶν μεθ’ ὁμήγυριν ἦλθε.
Τὸν δ’ αὖτε προσέειπεν ἄναξ ἑκάεργος Ἀπόλλων·
ὦ πάτερ ἦ τάχα μῦθον ἀκούσεαι οὐκ ἀλαπαδνὸν
κερτομέων ὡς οἶος ἐγὼ φιλολήϊός εἰμι.335
παῖδά τιν’ εὗρον τόνδε διαπρύσιον κεραϊστὴν
Κυλλήνης ἐν ὄρεσσι πολὺν διὰ χῶρον ἀνύσσας
κέρτομον οἷον ἐγώ γε θεῶν οὐκ ἄλλον ὄπωπα
οὐδ’ ἀνδρῶν, ὁπόσοι λησίμβροτοί εἰσ’ ἐπὶ γαῖαν.
κλέψας δ’ ἐκ λειμῶνος ἐμὰς βοῦς ᾤχετ’ ἐλαύνων340
ἑσπέριος παρὰ θῖνα πολυφλοίσβοιο θαλάσσης
εὐθὺ Πύλον δ’ ἐλάων· τὰ δ’ ἄρ’ ἴχνια δοιὰ πέλωρα
οἷά τ’ ἀγάσσασθαι καὶ ἀγαυοῦ δαίμονος ἔργα.
τῇσιν μὲν γὰρ βουσὶν ἐς ἀσφοδελὸν λειμῶνα
ἀντία βήματ’ ἔχουσα κόνις ἀνέφαινε μέλαινα·345
αὐτὸς δ’ οὖτος ὅδ’ ἐκτὸς ἀμήχανος, οὔτ’ ἄρα ποσσὶν
οὔτ’ ἄρα χερσὶν ἔβαινε διὰ ψαμαθώδεα χῶρον·
ἀλλ’ ἄλλην τινὰ μῆτιν ἔχων διέτριβε κέλευθα
τοῖα πέλωρ’ ὡς εἴ τις ἀραιῇσι δρυσὶ βαίνοι.
ὄφρα μὲν οὖν ἐδίωκε διὰ ψαμαθώδεα χῶρον,350

ῥεῖα μάλ’ ἴχνια πάντα διέπρεπεν ἐν κονίῃσιν·
αὐτὰρ ἐπεὶ ψαμάθοιο μέγαν στίβον ἐξεπέρησεν,
ἄφραστος γένετ’ ὦκα βοῶν στίβος ἠδὲ καὶ αὐτοῦ
χῶρον ἀνὰ κρατερόν· τὸν δ’ ἐφράσατο βροτὸς ἀνὴρ
εἰς Πύλον εὐθὺς ἐλῶντα βοῶν γένος εὐρυμετώπων.355
αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ τὰς μὲν ἐν ἡσυχίῃ κατέερξε
καὶ διαπυρπαλάμησεν ὁδοῦ τὸ μὲν ἔνθα, τὸ δ’ ἔνθα,
ἐν λίκνῳ κατέκειτο μελαίνῃ νυκτὶ ἐοικὼς
ἄντρῳ ἐν ἠερόεντι κατὰ ζόφον, οὐδέ κεν αὐτὸν
αἰετὸς ὀξὺ λάων ἐσκέψατο· πολλὰ δὲ χερσὶν360
αὐγὰς ὠμόργαζε δολοφροσύνην ἀλεγύνων.
αὐτὸς δ’ αὐτίκα μῦθον ἀπηλεγέως ἀγόρευεν·
οὐκ ἴδον, οὐ πυθόμην, οὐκ ἄλλου μῦθον ἄκουσα,
οὐδέ κε μηνύσαιμ’, οὐδ’ ἄν μήνυτρον ἀροίμην.
 Ἠ τοι ἄρ’ ὣς εἰπὼν κατ’ ἄρ’ ἕζετο Φοῖβος Ἀπόλλων·365
Ερμῆς δ’ ἄλλον μῦθον ἐν ἀθανάτοισιν ἔειπε,
δείξατο δ’ ἐς Κρονίωνα θεῶν σημάντορα πάντων·
Ζεῦ πάτερ ἦ τοι ἐγώ σοι ἀληθείην ἀφορεύσω·
νημερτής τε γάρ εἰμι καὶ οὐκ οἶδα ψεύδεσθαι.
ἦλθεν ἐς ἡμετέρου διζήμενος εἰλίποδας βοῦς370
σήμερον ἠελίοιο νέον ἐπιτελλομένοιο,
οὐδὲ θεῶν μακάρων ἄγε μάρτυρας οὐδὲ κατόπτας,
μηνύειν δ’ ἐκέλευεν ἀναγκαίης ὑπὸ πολλῆς,
πολλὰ δέ μ’ ἠπείλησε βαλεῖν ἐς Τάρταρον εὐρύν,
οὕνεχ’ ὁ μὲν τέρεν ἄνθος ἔχει φιλοκυδέος ἥβης,375
αὐτὰρ ἐγὼ χθιζὸς γενόμην· τὰ δέ τ’ οἶδε καὶ αὐτός·
οὔτι βοῶν ἐλατῆρι κραταιῷ φωτὶ ἐοικώς.

πείθεο, καὶ γὰρ ἐμεῖο πατὴρ φίλος εὔχεαι εἶναι,
ὡς οὐκ οἴκαδ’ ἔλασσα βόας, ὣς ὄλβιος εἴην,
οὐδ’ ὑπὲρ οὐδὸν ἔβην· τὸ δέ τ’ ἀτρεκέως ἀγορεύω.380
Ἠέλιον δὲ μάλ’ αἰδέομαι καὶ δαίμονας ἄλλους,
καὶ σε φιλῶ καὶ τοῦτον ὀπίζομαι· οἶσθα καὶ αὐτὸς
ὡς οὐκ αἴτιός εἰμι· μέγαν δ’ ἐπιδαίομαι ὅρκον·
οὐ μὰ τάδ’ ἀθανάτων εὐκόσμητα προθύραια.
καί ποτ’ ἐγὼ τούτῳ τίσω ποτὲ νηλέα φωρὴν385
καὶ κρατερῷ περ ἐόντι· σὺ δ’ ὁπλοτέροισιν ἄρηγε.
Ὣς φάτ’ ἐπιλλίζων Κυλλήνιος Ἀργειφόντης,
καὶ τὸ σπάργανον εἶχεν ἐπ’ ὠλένῃ οὐδ’ ἀπέβαλλε.
Ζεὺς δὲ μέγ’ ἐξεγέλασσεν ἰδὼν κακομηδέα παῖδα
εὖ καὶ ἐπισταμένως ἀρνεύμενον ἀμφὶ βόεσσιν.390
ἀμφοτέρους δ’ ἐκέλευσεν ὁμόφρονα θυμὸν ἔχοντας
ζητεύειν, Ἑρμῆν δὲ διάκτορον ἡγεμονεύειν,
καὶ δεῖξαι τὸν χῶρον ἐπ’ ἀβλαβίῃσι νόοιο
ὅππη δὴ αὖτ’ ἀπέκρυψε βοῶν ἴφθιμα κάρηνα.
νεῦσεν δὲ Κρονίδης, ἐπεπείθετο δ’ ἀγλαὸς Ἑρμῆς·395
ῥηϊδίως γὰρ ἔπειθε Διὸς νόος αἰγιόχοιο.
τὼ δ’ ἄμφω σπεύδοντε Διὸς περικαλλέα τέκνα
ἐς Πύλον ἠμαθόεντα ἐπ’ Ἀλφειοῦ πόρον ἷξον·
ἀγροὺς δ’ ἐξίκοντο καὶ αὔλιον ὑψιμέλαθρον
ἡχοῦ δὴ τὰ χρήματ’ ἀτάλλετο νυκτὸς ἐν ὥρῃ.400
ἔνθ’ Ἑρμῆς μὲν ἔπειτα κιὼν παρὰ λάϊνον ἄντρον
ἐς φῶς ἐξήλαυνε βοῶν ἴφθιμα κάρηνα·
Λητοΐδης δ’ ἀπάτερθεν ἰδὼν ἐνόησε βοείας

πέτρῃ ἐπ’ ἠλιβάτῳ, τάχα δ’ ἤρετο κύδιμον Ἑρμῆν·
 Πῶς ἐδύνω δολομῆτα δύω βόε δειροτομῆσαι,405
ὧδε νεογνὸς ἐὼν καὶ νήπιος; αὐτὸς ἐγώ γε
θαυμαίνω κατόπισθε τὸ σὸν κράτος· οὐδέ τί σε χρὴ
μακρὸν ἀέξεσθαι, Κυλλήνιε, Μαιάδος υἱέ.
Ὣς ἄρ ἔφη, καὶ χερσὶ περίστρεφε καρτερὰ δεσμὰ

ἄγνου· ταὶ δ’ ὑπὸ ποσσὶ κατὰ χθονὸς αἶψα φύοντο410
αὐτόθεν ἐμβολάδην ἐστραμμέναι ἀλλήλῃσι
ῥεῖά τε καὶ πάσῃσιν ἐπ’ ἀγραύλοισι βόεσσιν
Ἑρμέω βουλῇσι κλεψίφρονος· αὐτὰρ Ἀπόλλων
θαύμασεν ἀθρήσας. τότε δὴ κρατὺς Ἀργειφόντης
χῶρον ὑποβλήδην ἐσκέψατο, πῦρ ἀμαρύσσων415

ἐγκρύψαι μεμαώς· Λητοῦς δ’ ἐρικυδέος υἱὸν
ῥεῖα μάλ’ ἐπρήϋνεν ἑκηβόλον, ὡς ἔθελ’ αὐτός,
καὶ κρατερόν περ ἐόντα· λαβὼν δ’ ἐπ’ ἀριστερὰ χειρὸς
πλήκτρῳ ἐπειρήτιζε κατὰ μέλος· ἡ δ’ ὑπὸ χειρὸς
σμερδαλέον κονάβησε, γέλασσε δὲ Φοῖβος Ἀπόλλων420
γηθήσας, ἐρατὴ δὲ διὰ φρένας ἤλυθ’ ἰωὴ
θεσπεσίης ἐνοπῆς, καὶ μιν γλυκὺς ἵμερος ᾕρει
θυμῷ ἀκουάζοντα· λύρῃ δ’ ἐρατὸν κιθαρίζων
στῆ ῥ’ ὅ γε θαρσήσας ἐπ’ ἀριστερὰ Μαιάδος υἱὸς
Φοίβου Ἀπόλλωνος, τάχα δὲ λιγέως κιθαρίζων425
γηρύετ’ ἀμβολάδην, ἐρατὴ δέ οἱ ἕσπετο φωνή,
κραίνων ἀθανάτους τε θεοὺς καὶ γαῖαν ἐρεμνὴν
ὡς τὰ πρῶτα γένοντο καὶ ὡς λάχε μοῖραν ἕκαστος.

Μνημοσύνην μὲν πρῶτα θεῶν ἐγέραιρεν ἀοιδῇ
μητέρα Μουσάων, ἡ γὰρ λάχε Μαιάδος υἱόν·430
τοὺς δὲ κατὰ πρέσβιν τε καὶ ὡς γεγάασιν ἕκαστος
ἀθανάτους ἐγέραιρε θεοὺς Διὸς ἀγλαὸς υἱὸς
πάντ’ ἐνέπων κατὰ κόσμον, ἐπωλένιον κιθαρίζων.
τὸν δ’ ἔρος ἐν στήθεσσιν ἀμήχανος αἴνυτο θυμόν,
καὶ μιν φωνήσας ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·435
Βουφόνε μηχανιῶτα πονεύμενε δαιτὸς ἑταῖρε
πεντήκοντα βοῶν ἀντάξια ταῦτα μέμηλας.
ἡσυχίως καὶ ἔπειτα διακρινέεσθαι ὀΐω·
νῦν δ’ ἄγε μοι τόδε εἰπὲ πολύτροπε Μαιάδος υἱὲ
ἦ σοί γ’ ἐκ γενετῆς τάδ’ ἅμ’ ἕσπετο θαυματὰ ἔργα440
ἠέ τις ἀθανάτων ἠὲ θνητῶν ἀνθρώπων
δῶρον ἀγαυὸν ἔδωκε καὶ ἔφρασε θέσπιν ἀοιδήν;
θαυμασίην γὰρ τήνδε νεήφατον ὄσσαν ἀκούω,
ἣν οὐ πώ ποτέ φημι δαήμεναι οὔτε τιν’ ἀνδρῶν,
οὔτε τιν’ ἀθανάτων, οἳ Ὀλύμπια δώματ’ ἔχουσι,445
νόσφι σέθεν φηλῆτα Διὸς καὶ Μαιάδος υἱέ.
τίς τέχνη, τίς μοῦσα ἀμηχανέων μελεδώνων,
τίς τρίβος; ἀτρεκέως γὰρ ἅμα τρία πάντα πάρεστιν
εὐφροσύνην καὶ ἔρωτα καὶ ἥδυμον ὕπνον ἑλέσθαι.
καὶ γὰρ ἐγὼ Μούσῃσιν Ὀλυμπιάδεσσιν ὀπηδός,450
τῇσι χοροί τε μέλουσι καὶ ἀγλαὸς οἶμος ἀοιδῆς
καὶ μολπὴ τεθαλυῖα καὶ ἱμερόεις βρόμος αὐλῶν·
ἀλλ’ οὔ πω τί μοι ὧδε μετὰ φρεσὶν ἄλλο μέλησεν
οἷα νέων θαλίῃς ἐνδέξια ἔργα πέλονται·
θαυμάζω Διὸς υἱὲ τάδ’ ὡς ἐρατὸν κιθαρίζεις.455
νῦν δ’ ἐπεὶ οὖν ὀλίγος περ ἐὼν κλυτὰ μήδεα οἶδας,

ἷζε πέπον καὶ μῦθον ἐπαίνει πρεσβυτέροισι.
νῦν γάρ τοι κλέος ἔσται ἐν ἀθανάτοισι θεοῖσι
σοί τ’ αὐτῷ καὶ μητρί· τὸ δ’ ἀτρεκέως ἀγορεύσω·
ναὶ μὰ τόδε κρανέϊνον ἀκόντιον ἦ μὲν ἐγώ σε460
κυδρὸν ἐν ἀθανάτοισι καὶ ὄλβιον ἡγεμονεύσω,
δώσω τ’ ἀγλαὰ δῶρα καὶ ἐς τέλος οὐκ ἀπατήσω.
Τὸν δ’ Ἑρμῆς μύθοισιν ἀμείβετο κερδαλέοισιν·
εἰρωτᾷς μ’ Ἐκάεργε περιφραδές· αὐτὰρ ἐγώ σοι
τέχνης ἡμετέρης ἐπιβήμεναι οὔ τι μεγαίρω.465
σήμερον εἰδήσεις· ἐθέλω δέ τοι ἤπιος εἶναι
βουλῇ καὶ μύθοισι, σὺ δὲ φρεσὶ πάντ’ εὖ οἶδας·
πρῶτος γὰρ Διὸς υἱὲ μετ’ ἀθανάτοισι θαάσσεις
ἠΰς τε κρατερός τε· φιλεῖ δέ σε μητίετα Ζεὺς
ἐκ πάσης ὁσίης, ἔπορεν δέ τοι ἀγλαὰ δῶρα.470
καὶ τιμὰς σὲ γέ φασι δαήμεναι ἐκ Διὸς ὀμφῆς
μαντείας θ’ Ἐκάεργε Διὸς πάρα, θέσφατα πάντα·
τῶν νῦν αὐτὸς ἔγωγε παῖδ’ ἀφνειὸν δεδάηκα.
σοὶ δ’ αὐτάγρετόν ἐστι δαήμεναι ὅττι μενοινᾷς.
ἀλλ’ ἐπεὶ οὖν τοι θυμὸς ἐπιθύει κιθαρίζειν,475
μέλπεο καὶ κιθάριζε καὶ ἀγλαΐας ἀλέγυνε
δέγμενος ἐξ ἐμέθεν· σὺ δέ μοι φίλε, κῦδος ὄπαζε.
εὐμόλπει μετὰ χερσὶν ἔχων λιγύφωνον ἑταίρην
καλὰ καὶ εὖ κατὰ κόσμον ἐπιστάμενος ἀγορεύειν.
εὔκηλος μὲν ἔπειτα φέρειν εἰς δαῖτα θάλειαν480
καὶ χορὸν ἱμερόεντα καὶ ἐς φιλοκυδέα κῶμον,

εὐφροσύνην νυκτός τε καὶ ἤματος. ὅς τις ἂν αὐτὴν
τέχνῃ καὶ σοφίῃ δεδαημένος ἐξερεείνῃ
φθεγγομένη παντοῖα νόῳ χαρίεντα διδάσκει
ῥεῖα συνηθείῃσιν ἀθυρομένη μαλακῇσιν,485
ἐργασίην φεύγουσα δυήπαθον· ὃς δέ κεν αὐτὴν
νῆις ἐὼν τὸ πρῶτον ἐπιζαφελῶς ἐρεείνῃ,
μὰψ αὔτως κεν ἔπειτα μετήορά τε θρυλλίζοι.
σοὶ δ’ αὐτάγρετόν ἐστι δαήμεναι ὅττι μενοινᾷς.
καὶ τοι ἐγὼ δώσω ταύτην Διὸς ἀγλαὲ κοῦρε·490
ἡμεῖς δ’ αὖτ’ ὄρεός τε καὶ ἱπποβότου πεδίοιο
βουσὶ νομούς Ἐκάεργε νομεύσομεν ἀγραύλοισιν.
ἔνθεν ἅλις τέξουσι βόες ταύροισι μιγεῖσαι
μίγδην θηλείας τε καὶ ἄρσενας· οὐδέ τί σε χρὴ
κερδαλέον περ ἐόντα περιζαμενῶς κεχολῶσθαι.495
Ὣς εἰπὼν ὤρεξ’, ὁ δ’ ἐδέξατο Φοῖβος Ἀπόλλων,
Ἐρμῇ δ’ ἐγγυάλιξεν ἑκὼν μάστιγα φαεινήν,
βουκολίας τ’ ἐπέτελλεν· ἔδεκτο δὲ Μαιάδος υἱὸς
γηθήσας· κίθαριν δὲ λαβὼν ἐπ’ ἀριστερὰ χειρὸς
Λητοῦς ἀγλαὸς υἱὸς ἄναξ ἑκάεργος Ἀπόλλων500
πλήκτρῳ ἐπειρήτιζε κατὰ μέλος, ἡ δ’ ὑπὸ νέρθεν
σμερδαλέον κονάβησε, θεὸς δ’ ὑπὸ καλὸν ἄεισεν.
Ἔνθα βόες μὲν ἔπειτα ποτὶ ζάθεον λειμῶνα
ἐτραπέτην· αὐτοὶ δὲ Διὸς περικαλλέα τέκνα
ἄψοῤῥοι πρὸς Ὄλυμπον ἀγάννιφον ἐρρώσαντο505
τερπόμενοι φόρμιγγι, χάρη δ’ ἄρα μητιέτα Ζεύς,

ἄμφω δ’ ἐς φιλότητα συνήγαγε· καὶ τὰ μὲν Ἑρμῆς
Λητοΐδην ἐφίλησε διαμπερὲς ὡς ἔτι καὶ νῦν,
σήματ’ ἐπεὶ κίθαριν μὲν Ἑκηβόλῳ ἐγγυάλιξεν
ἱμερτήν, δεδαὼς ὁ δ’ ἐπωλένιον κιθάριζεν·510
αὐτὸς δ’ αὖθ’ ἑτέρης σοφίης ἐκμάσσατο τέχνην·
συρίγγων ἐνοπὴν ποιήσατο τηλόθ’ ἀκουστήν.
καὶ τότε Λητοΐδης Ἑρμῆν πρὸς μῦθον ἔειπε·
Δείδια Μαιάδος υἱὲ διάκτορε ποικιλομῆτα
μή μοι ἀνακλέψῃς κίθαριν καὶ καμπύλα τόξα·515
τιμὴν γὰρ πὰρ Ζηνὸς ἔχεις ἐπαμοίβια ἔργα
θήσειν ἀνθρώποισι κατὰ χθόνα πουλυβότειραν.
ἀλλ’ εἴ μοι τλαίης γε θεῶν μέγαν ὅρκον ὀμόσσαι,
ἢ κεφαλῇ νεύσας ἢ ἐπὶ Στυγὸς ὄβριμον ὕδωρ,
πάντ’ ἂν ἐμῷ θυμῷ κεχαρισμένα καὶ φίλα ἔρδοις.520
Καὶ τότε Μαιάδος υἱὸς ὑποσχόμενος κατένευσε
μή ποτ’ ἀποκλέψειν ὅσ’ Ἑκηβόλος ἐκτεάτισται,
μηδέ ποτ’ ἐμπελάσειν πυκινῷ δόμῳ· αὐτὰρ Ἀπόλλων
Λητοΐδης κατένευσεν ἐπ’ ἀρθμῷ καὶ φιλότητι
μή τινα φίλτερον ἄλλον ἐν ἀθανάτοισιν ἔσεσθαι,525
μήτε θεὸν μήτ’ ἄνδρα Διὸς γόνον· ἐκ δὲ τέλειον

σύμβολον ἀθανάτων ποιήσομαι ἠδ’ ἅμα πάντων
πιστὸν ἐμῷ θυμῷ καὶ τίμιον· αὐτὰρ ἔπειτα
ὄλβου καὶ πλούτου δώσω περικαλλέα ῥάβδον
χρυσείην τριπέτηλον ἀκήριον ἥ σε φυλάξει530
πάντας ἐπικραίνουσα θεμοὺς ἐπέων τε καὶ ἔργων
τῶν ἀγαθῶν ὅσα φημὶ δαήμεναι ἐκ Διὸς ὀμφῆς.

μαντείην δὲ φέριστε διοτρεφὲς ἣν ἐρεείνεις
οὔτε σὲ θέσφατόν ἐστι δαήμεναι οὔτε τιν’ ἄλλον
ἀθανάτων· τὸ γὰρ οἶδε Διὸς νόος· αὐτὰρ ἐγώ γε535
πιστωθεὶς κατένευσα καὶ ὤμοσα καρτερὸν ὅρκον
μή τινα νόσφιν ἐμεῖο θεῶν αἰειγενετάων
ἄλλον γ’ εἴσεσθαι Ζηνὸς πυκινόφρονα βουλήν.
καὶ σὺ κασίγνητε χρυσόρραπι μή με κέλευε
θέσφατα πιφαύσκειν ὅσα μήδεται εὐρύοπα Ζεύς.540
ἀνθρώπων δ’ ἄλλον δηλήσομαι, ἄλλον ὀνήσω,
πολλὰ περιτροπέων ἀμεγάρτων φῦλ’ ἀνθρώπων.
καὶ μὲν ἐμῆς ὀμφῆς ἀπονήσεται ὅς τις ἂν ἔλθῃ
φωνῇ τ’ ἠδὲ ποτῇσι τεληέντων οἰωνῶν·
οὗτος ἐμῆς ὀμφῆς ἀπονήσεται οὐδ’ ἀπατήσω.545
ὃς δέ κε μαψιλόγοισι πιθήσας οἰωνοῖσι
μαντείην ἐθέλῃσι παρὲκ νόον ἐξερεείνειν
ἡμετέρην, νοέειν δὲ θεῶν πλέον αἰὲν ἐόντων,
φήμ’ ἁλίην ὁδὸν εἶσιν, ἐγὼ δέ κε δῶρα δεχοίμην.
ἄλλο δέ τοι ἐρέω Μαίης ἐρικυδέος υἱὲ550
καὶ Διὸς αἰγιόχοιο, θεῶν ἐριούνιε δαῖμον·
σεμναὶ γὰρ τινες εἰσὶ κασίγνηται γεγαυῖαι
παρθένοι ὠκείῃσιν ἀγαλλόμεναι πτερύγεσσι
τρεῖς· κατὰ δὲ κρατὸς πεπαλαγμέναι ἄλφιτα λευκὰ
οἰκία ναιετάουσιν ὑπὸ πτυχὶ Παρνησοῖο555
μαντείης ἀπάνευθε διδάσκαλοι, ἣν ἐπὶ βουσὶ
παῖς ἔτ’ ἐὼν μελέτησα· πατὴρ δ’ ἐμὸς οὐκ ἀλέγιζεν.
ἐντεῦθεν δὴ ἔπειτα ποτώμεναι ἄλλοτε ἄλλη
κηρία βόσκονται καὶ τε κραίνουσιν ἕκαστα.
αἱ δ’ ὅτε μὲν θυίωσιν ἐδηδυῖαι μέλι χλωρὸν560

προφρονέως ἐθέλουσιν ἀληθείην ἀγορεύειν·
ἢν δ’ ἀπονοσφισθῶσι θεῶν ἡδεῖαν ἐδωδὴν
ψεύδονται δὴ ἔπειτα δι’ ἀλλήλων δονέουσαι.
τάς τοι ἔπειτα δίδωμι, σὺ δ’ ἀτρεκέως ἐρεείνων
σὴν αὐτοῦ φρένα τέρπε, καὶ εἰ βροτὸν ἄνδρα δαείῃς,565
πολλάκι σῆς ὀμφῆς ἐπακούσεται αἴ κε τύχῃσι.
ταῦτ’ ἔχε Μαιάδος υἱὲ καὶ ἀγραύλους ἕλικας βοῦς,
ἵππους τ’ ἀμφιπόλευε καὶ ἡμιόνους ταλαεργοὺς

καὶ χαροποῖσι λέουσι καὶ ἀργιόδουσι σύεσσι
καὶ κυσὶ καὶ μήλοισιν, ὅσα τρέφει εὐρεῖα χθών,570
πᾶσι δ’ ἐπὶ προβάτοισιν ἀνάσσειν κύδιμον Ἑρμῆν,
οἶον δ’ εἰς Ἀΐδην τετελεσμένον ἄγγελον εἶναι,
ὅς τ’ ἄδοτός περ ἐὼν δώσει γέρας οὐκ ἐλάχιστον.
Οὕτω Μαιάδος υἱὸν ἄναξ ἐφίλησεν Ἀπόλλων
παντοίῃ φιλότητι· χάριν δ’ ἐπέθηκε Κρονίων.575
πᾶσι δ’ ὅ γε θνητοῖσι καὶ ἀθανάτοισιν ὁμιλεῖ·
παῦρα μὲν οὖν ὀνίνησι, τὸ δ’ ἄκριτον ἠπεροπεύει
νύκτα δι’ ὀρφναίην φῦλα θνητῶν ἀνθρώπων.
Καὶ σὺ μὲν οὕτω χαῖρε, Διὸς καὶ Μαιάδος, υἱέ·
αὐτὰρ ἐγὼ καὶ σεῖο καὶ ἄλλης μνήσομ’ ἀοιδῆς.

Source

https://el.wikisource.org/wiki/Ομηρικοί_Ύμνοι/IV._Εις_Ερμήν

Récité par Eleni Kemiktsi

Sur mon site « Projet Homère » le lien renvoie sur Libryvox et internet Archive c’est 17ème Hymne.

https://archive.org/details/homerichymns_1705_librivox

Mes enregistrements sont aussi reliés sur Wikisource, voici le lien direct

https://el.wikisource.org/wiki/Ομηρικοί_Ύμνοι/IV._Εις_Ερμήν

Eleni Kemiktsi

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