
« Sans doute les Cyclades méritent toutes d’être chantées, elles sont les plus saintes des îles ; mais Délos veut ton premier hommage. C’est elle qui reçut le dieu des poëtes (Apollon) au sortir du sein de sa mère »
Callimaque de Cyrène – hymne à Délos
- Apollon et Artémis, les dieux jumeaux nés sur l’île resplendissante de Délos
- Préparer son voyage
- La naissance d’Apollon et les palmiers déliens
- Olen, l’inventeur du vers épique
- Jeux gymniques et musicaux de Délos
- Callimaque de Cyrène : En l’honneur de Délos
- La purification de Délos
- Hymne homérique d’Apollon
- Délos (grec ancien : Δῆλος / Délos, dorien : Δᾶλος)
- Le Panonion
- Apollon
- Le zodiaque de Délos
- Délos, l’île Sacrée d’Apollon et Artémis au Coeur du Paradis Cycladien (groupe facebook)
- Le retour d’Apollon à Délos
- Mallarmé, Les Dieux Antiques, Mythologie Illustrée
- Voir aussi
Apollon et Artémis, les dieux jumeaux nés sur l’île resplendissante de Délos

Excursion à Délos depuis Mykonos https://www.oreavoyages.com/activites/excursion-delos-mykonos/?fbclid=IwAR1SfuIqb5URf_asUlli4md84xzVB9Y_2AcsHPXEoJFf_prCfxgAGJ6prp8

Publié le 19 août 2022, mis à jour le 1 septembre 2023
Délos, ce petit îlot perdu au milieu de la mer Égée fut le théâtre mythique d’une incroyable histoire, celle de la naissance du Dieu Apollon et de sa sœur jumelle Artémis
C’est sur le petit rocher d’Astéria, que Léto, la déesse de la nuit donna naissance à Apollon, Dieu du feu solaire et Artémis, Déesse de la Chasse, représentant ainsi le Soleil et la Lune.
Les Dieux jumeaux promis à un destin divin malgré une naissance difficile
Pour la petite histoire, Léto était la maitresse de Zeus qui lui même était marié à Héra, déesse du mariage et de la fécondité. Cette dernière, furieuse de cette union, prononça un anathème contre Léto interdisant à tous les mortels et immortels d’héberger la déesse enceinte des enfants de Zeus. En parallèle, Héra envoya Python, le serpent primordial chasser Léto pour la tuer elle et ses enfants. Le plan ne fonctionnant pas comme prévu, Léto parvint à donner naissance aux deux jumeaux sur l’île d’Astéria.
Cette île était jadis une déesse, sœur de Léto, qui préféra se jeter du haut de l’Olympe plutôt que de céder aux avances de Zeus. Sa chute la transforma en île qui fut l’endroit idéal pour accueillir Léto et ses enfants et échapper ainsi à Héra.
Artémis ou Déesse de la chasse
Artémis, déesse de la chasse, de la protection des animaux et de la virginité, est également la personnification du croissant de lune, symbole de renaissance et du cycle de la vie. Toute personne qui oserait agresser les protégés de cette déesse, la plus implacable de tous les Olympiens et vénérée par la tribu des Amazones, suscitera son courroux.
Sa protection était très convoitée par les Grecs de l’antiquité, qui lui offriront un des plus grands temples de l’antiquité, une des 7 merveilles du monde antique, le temple d’Artémis à Éphèse, aujourd’hui en Turquie.
Artémis est le miroir parfait de son frère Apollon représentant à eux deux le principe de polarité de la nature, une certaine forme de « Yin et Yang » hellénique, d’où l’importance de leur culte dans le monde grec.
Délos, berceau d’Appolon, dieu de la beauté, de la musique, de la poésie et des prophéties
« Que l’on me donne une lyre et un arc et je donnerai aux hommes les desseins infaillibles de Zeus »
Contrairement à la beauté froide de sa sœur Artémis, Apollon est d’une beauté flamboyante capable de faire tomber tout mortel et immortel, homme comme femme. Il est surtout la personnification de la lumière solaire, le feu de la vie. Apollon est le fils préféré de Zeus par sa beauté mais aussi par son talent inné de guerrier. Une fois adulte, Apollon quitta l’île d’Astéria qui alors se transforma en une île paradisiaque grâce à la magie du feu solaire, et fut renommée « Délos » signifiant « la resplendissante ».
La vengeance d’Héra et la création de Delphes
Héra qui n’a cessé de vouloir se venger envoya le serpent Python sur les traces des deux jumeaux pour les attaquer. L’animal fut reçu par Appolon qui le maitrisa et le tua. Ce que le dieu de la beauté ne savait cependant pas, c’est que cet agresseur était en fait le fils de Gaia, Déesse de la Terre, et fut contraint pour se rattraper de faire pénitence en lui construisant un temple à l’endroit même du combat. C’est ainsi que fut construit Delphes, du nom de l’animal symbolisant Apollon, le dauphin. Delphes sera le centre des jeux Pythiques et surtout de la grande Oracle, la Pythie nommée en l’honneur de Python. Delphes sera le centre de tout le monde spirituel de la Grèce antique grâce à la magie d’Apollon, cette même magie qui transforma Délos en une île verdoyante et luxuriante.
Préparer son voyage
Allons à présent préparer notre voyage sur cet îlot divin…
L’île sacrée inhabitée
Cette île fait partie des Cyclades, en grec « Kyklos » qui veut dire « cercle », car toutes les îles de cette région forment un cercle autour de l’île sacrée de Délos. Cette dernière à une superficie de 3,43 km², pour une longueur de 5 km et une largeur de 1,3 km, son point culminant est le mont Cynthe (113m) et elle est traversée par la rivière Inopos. Située à l’Est de l’île de Rhénée et à l’Ouest de Mykonos, elle est depuis longtemps inhabitée, souffrant d’un climat aride et d’une inaccessibilité par la mer lorsque le vent se lève. Pendant le période de la Grèce antique, elle a joué un rôle important sur le plan commercial, religieux et politique, connaissant son apogée au VIème siècle av. J.C grâce à la présence d’eau potable.
Site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1990
L’île est accessible uniquement en bateau depuis Mykonos et se visite dans la journée ( comptez environ 4h). Les billets s’achètent sur place ou en ligne (12€ en tarif plein et 6€ en tarif réduit, le billet étant gratuit pour les moins de 25 ans en provenance de l’Union Européenne). Les horaires d’été sont de 8h à 20h, mais cela peut changer. La meilleure saison pour se rendre sur Délos est le printemps, afin d’apercevoir l’île verte et peuplée de fleurs sauvages. Il est possible de visiter quatre sites principaux et on vous recommande de participer à une visite guidée ( environ 50-60 euros), car vous ne trouverez pas beaucoup d’informations pour comprendre l’importance des différents sites et leur architecture.
La cité religieuse d’Apollon
Elle se situe à l’extrémité Nord de l’avenue des Processions, où selon le mythe, le dieu viendrait y séjourner chaque printemps. A droite du propylée se trouve les ruines de l’Oikos des Naxiens où se situe la base de la statue colossale d’Apollon faite en marbre.
La région du lac Sacré

Pour se diriger vers celle-ci, on doit sortir du Hiéron d’Apollon par l’agora de Théophraste, et passer par l’impressionnante terrasse des lions, statues en marbre de Naxos ayant pour rôle de garder le lac.

http://eng.travelogues.gr/item.php?view=45435
Les sanctuaires du Cynthe et le quartier du théâtre

Vous découvrirez des sanctuaires d’Aphrodite, le plus important des trois sanctuaires égyptiens de l’île, le Sarapeion, celui consacré aux Cabires, le temple d’Héra, ainsi que de nombreuses maisons, comme celles d’Inopos ou d’Hermès. Dans le quartier du théâtre vous pourrez visiter quatre maisons, celle des Dauphins, des Masques, du Trident et enfin celle de Dionysos. Le monument le plus important du quartier reste évidemment le théâtre, datant d’environ 250 ans av. J.C pouvant accueillir plus de 5 500 spectateurs.
Le quartier du port marchand
On peut accéder à ce dernier en suivant le bord de mer vers le Sud, et sur le chemin il est possible d’apercevoir plusieurs groupes de magasins, qui servaient au commerce de transit provenant de Tyr ou d’Alexandrie, en direction de l’Italie. L’île était aussi impliquée dans le commerce d’esclave selon Strabon, ce qui a conduit après une révolte, à la construction de l’Agora des Italiens, regroupant des installations de surveillance et de sécurité. On atteint ensuite la baie de Phourni, belle plage pour vous baigner tout en étant abrité du vent du nord et d’où vous apercevrez de loin les ruines du sanctuaire d’Asclépios.
Le musée de Délos

La plupart des antiquités découvertes sur l’île sont regroupées à cet endroit, à l’exception de certaines statues qui ont été transférées au Musée National Archéologique d’Athènes. Vous y trouverez des sculptures archaïques, des sculptures représentatives de la plastique hellénique, des vases ainsi que des petits objets découverts lors des fouilles.
En savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_arch%C3%A9ologique_de_D%C3%A9los
Bonne visite!

La naissance d’Apollon et les palmiers déliens

Musée national du Château de Fontainebleau
La naissance d’Apollon et les palmiers déliens
Bulletin de Correspondance Hellénique Année 1973 Suppl. 1 pp. 263-286
Fait partie d’un numéro thématique : Études déliennes.
https://www.persee.fr/doc/bch_0304-2456_1973_sup_1_1_5067
Nausikaa, Artémis et le palmier de Délos : Les « belles plantes » du chant VI de l’Odyssée

Je vous propose, quelque chose de vert, d’un vert tendre et virginal, un vert de jeune fille, un vert de jeune pousse de palmier. Après avoir ainsi annoncé la couleur et le genre, en hommage à Pierre Brulé, qui s’est beaucoup penché sur les attraits « botaniques » de la parthénos, je m’intéresserai à une scène dont le charme tout féminin et végétalisant ne l’a pas laissé insensible. Voyez un peu.
Olen, l’inventeur du vers épique

Jeux gymniques et musicaux de Délos

Dans l’Iliade d’Homère ,le poète décrit des danses accompagnées de cithare ou de lyre sur une place publique (khoros) sans doute l’origine du mot chœur. On vit apparaître, au début de l’époque archaïque, plusieurs traits nouveaux, comme l’insertion des spectacles dans un concours panhellénique. L’historien Thucydide, à la fin du Ve siècle, rapporte qu’à «l’ancien temps» d’Homère l’existence, dans l’île de Délos, d’une fête quadriennale au cours de laquelle se déroulaient des «jeux gymniques et musicaux» avec la participation de «chœurs» envoyés par les cités.
Choeur de femmes de Délos

Photo extraite de cette vidéo :
https://vimeo.com/37653245?signup=true
Les chœurs donnaient-ils lieu à des concours? L’historien Thucydide, à la fin du Ve siècle, rapporte à « l’ancien temps » d’Homère, l’existence, dans l’île de Délos, d’une fête quadriennale au cours de laquelle se déroulaient des « jeux gymniques et musicaux » avec la participation de « chœurs » envoyés par les cités (III,104). Le chœur de femmes de Délos étaient particulièrement célèbre, parce que selon « l’hymne à Apollon », il était capable « d’imiter (mimeisthai), probablement le premier emploi du mot) les langues de tous les hommes et leur parlers confus »
(introduction au théâtre grec antique, p.12)
9°. Αύλητρίς. La joueuse de flûte

Voici ce que je viens de trouver – Voir la page 487
https://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1890_num_14_1_3869
9°. Αύλητρίς. La joueuse de flûte n’est pas une artiste
donnant des représentations, c’est une femme à gages chargée
d’accompagner le choeur, soit dans les exercices préparatoires,
soit dans les exécutions solennelles. Le choeur en question est
celui des femmes, c’est-à-dire des Déliades, qui selon l’antique
tradition remontant jusqu’à Homère, ou jusqu’à Thésée,
chantaient les vieilles légendes nationales (6).
La joueuse de flûte, esclave ou affranchie,

aulétride \o.lɛ.tʁid\ féminin
- (Antiquité)Joueuse d’aulos.
- Les aulétrides, ou joueuses de flûte, (…) allaient exercer leur art dans les festins, quand elles y étaient mandées. Elles pénétraient ainsi dans la vie privée des citoyens; mais leur musique, leurs chants et leurs danses n’avaient pas d’autre objet que d’échauffer les sens des convives, qui ne tardaient pas à les faire asseoir auprès d’eux. (…) La plupart des aulétrides étaient des étrangères, et d’une naissance obscure et servile. — (P. L. Jacob, Bibliophile, Les courtisanes de la Grèce d’après les auteurs grecs et latins, J. Gay et fils, Nice, 1872, page 2)
- Les joueuses de flûte formaient une classe à part dans ce que nous nommons le collège des courtisanes. Elles avaient des analogies plus ou moins sensibles avec les dictériades et les hétaires, mais en général elles différaient également les unes des autres, car elles n’étaient point attachées à des maisons publiques, et elles n’appartenaient pas inévitablement au premier venu (…) une aulétride n’était pas, à proprement parler, une hétaire. Celle-ci s’estimait d’ailleurs, beaucoup plus qu’une aulétride , qu’elle considérait comme une baladine exerçant un métier manuel (…) — (P. L. Jacob, Bibliophile, Les courtisanes de la Grèce d’après les auteurs grecs et latins, J. Gay et fils, Nice, 1872, page 76)
- Les peintres ont vraisemblablement voulu représenter ces saltatrices, ces aulètrides, ces mimes. — (Henry Houssaye, Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1874, page 88)
Callimaque de Cyrène : En l’honneur de Délos

Traduction par Gabriel de La Porte du Theil.
Lyriques grecs, Texte établi par Ernest Falconnet, Lefèvre, Charpentier, 1842 (p.507-518).
VI. EN L’HONNEUR DE DÉLOS.
Dans quel temps, ô ma Muse ! en quel jour chanteras-tu la nourrice d’Apollon, l’île sacrée de Délos ? Sans doute les Cyclades méritent toutes d’être chantées, elles sont les plus saintes des îles ; mais Délos veut ton premier hommage. C’est elle qui reçut le dieu des poëtes au sortir du sein de sa mère ; c’est elle qui l’enveloppa de langes et l’adora la première. Ainsi que les Muses dédaignent le poëte qui ne chante pas les eaux de Pimplée, ainsi Phébus dédaigne celui qui peut oublier Délos. Délos recevra donc aujourd’hui le tribut de mes vers ; et toi, dieu du Cinthius, applaudis au poëte qui n’aura point négligé ta nourrice.
Délos, terre ingrate il est vrai, battue des vents et des flots, voit sur ses rives moins de coursiers que de plongeons. Inébranlablement fixée dans la mer Icarienne, dont les vagues amoncelées rejettent leur blanchissante écume sur ses bords, elle semble n’être faite que pour servir de retraite à ces hommes errants qui s’arment contre les habitants de l’onde[1]. Toutefois, quand les filles de l’Océan et de Téthys[2] se rassemblent chez leur père, toutes, sans envie, cèdent le pas à Délos. La Corse, bien qu’elle ne soit pas sans honneur, la Corse ne marche qu’après elle, ainsi que l’aimable Sardaigne, ainsi que l’île aux rivages prolongés qu’ont peuplée les Abantes, et celle qui, pour avoir accueilli Vénus au sortir de l’onde, a toujours ressenti ses bienfaits. La force de ces îles est dans leurs tours : celle de Délos est dans Apollon ; quel rempart est plus ferme ? Souvent le souffle impétueux de Borée renversa les murs et les pierres ; mais un dieu n’est jamais ébranlé. Heureuse île, tel est, à toi, ton gardien !
Mais au milieu de la vaste carrière que ta gloire ouvre à mes chants, quelle route suivrai-je pour te plaire ? Dirai-je comment un dieu terrible, d’un coup du trident que lui avaient fabriqué les Telchines, sapa les montagnes, les arracha de leurs fondements, et les faisant rouler dans la mer, en forma les premières îles ? Dirai-je qu’il les fixa toutes dans l’abîme par de profondes racines pour leur faire oublier le continent, tandis que toi, libre et sans contrainte, tu nageais sur les eaux ? Tu t’appelais d’abord Astérie, parce que jadis, telle qu’un astre rapide, tu t’étais élancée du ciel au fond de la mer pour échapper aux poursuites du dieu de l’Olympe ; et jusqu’au temps où l’aimable Latone se réfugia dans ton sein, tu n’avais point porté d’autre nom. Souvent le nocher qui, du port de Trézène[3] faisait voile pour Éphyre[4], t’apercevait dans le golfe saronique[5] ; et souvent il te cherchait vainement au retour : une course légère t’avait portée vers le détroit où mugissent les flots resserrés de l’Euripe ; d’où quelquefois, dans le même jour, dédaignant la mer de Chalcis, tu avais nagé soit jusqu’aux rochers de Sunium, soit jusqu’aux bords de Chio, soit enfin jusqu’aux bords de l’humide Parthénie, dans cette plage où les nymphes de Mycale, du royaume d’Ancée, t’ont cent fois donné l’hospitalité. Mais après que toi seule eus reçu Phébus à sa naissance, les nautoniers te donnèrent le nom de Délos, parce que tu cessas de disparaître à leurs yeux et que tu fixas tes racines au milieu des flots égéens.
Tu ne craignis donc point la colère de Junon ? Son terrible courroux éclatait contre toutes les maîtresses qui donnaient des enfants à Jupiter, mais surtout contre Latone, à qui le Destin promettait un fils que son père devait préférer à Mars même. Furieuse et transportée de rage, elle-même repoussait du ciel cette nymphe en travail, tandis que par ses ordres deux gardiens attentifs l’observaient sur la terre. Du sommet de l’Émus, l’impitoyable Mars, tout armé, veillait sur le continent, et ses coursiers paissaient dans l’antre aux sept bouches qui sert de retraite à Borée, pendant qu’Iris du haut du Mimas veillait sur les îles.
De là ces deux divinités menaçaient toutes les villes dont Latone approchait et leur défendaient de la recevoir. Ainsi vit-elle fuir devant elle l’Arcadie et le mont sacré d’Augé[6] ; ainsi vit-elle fuir l’antique Phénée[7] et toutes les villes du Péloponèse voisines de l’Isthme : Égialée resta seule avec Argos ; Latone n’osait point approcher de ces lieux arrosés par un fleuve trop aimé[8] de Junon. Ainsi vit-elle fuir l’Aonie[9] avec Dircé et Strophie[10] que leur père, le sablonneux Ismène, entraînait avec lui. Asope les suivit, mais de loin, d’un pas tardif, et tout fumant encore des coups de la foudre ; et l’indigène Mélie, épouvantée de voir l’Hélicon secouer sa verte chevelure, quitta ses danses, pâlit et trembla pour son chêne. Ô Muse ! ô ma déesse ! les nymphes en effet sont donc nées avec les chênes ? Les nymphes du moins se réjouissent quand la rosée ranime les chênes, et les nymphes pleurent quand les chênes dépouillent leur feuillage.
Phébus indigné, quoique encore au sein de sa famille, adresse à Thèbes ces menaces qui n’ont point été vaines : « Pourquoi, malheureuse Thèbes, m’obliger à dévoiler déjà ton destin ? Ne me force point à prophétiser ton sort. Pytho ne m’a point encore vu m’asseoir sur le trépied, et son terrible serpent n’est point mort : ce monstre barbu rampe encore sur les rives de Plistus[11], et de ses replis tortueux embrasse neuf fois le Parnasse que couvrent les neiges. Toutefois je te le prédis ici plus clairement que du pied de mon laurier : fuis ; mais bientôt je t’atteindrai ; bientôt je laverai mes traits dans ton sang ; garde, garde les enfants d’une femme orgueilleuse[12] : ni toi, ni le Cithéron ne nourriront point mon enfance. Phébus est saint ; c’est aux saints à lui donner un asile. »
Il dit, et Latone retourna sur ses pas ; mais les villes d’Achaïe, mais Hélice, l’amie de Neptune, et Bure[13], retraite des troupeaux de Dexamène, le fils d’Oïcée, l’avaient déjà repoussée : elle s’avança vers la Thessalie. Vain espoir ! le fleuve Anaurus, la ville de Larisse, les antres du Pélion, tout s’enfuit, et le Pénée précipita son cours au travers des vallons de Tempé.
Cependant ton cœur, ô Junon ! était encore inflexible. Déesse inexorable, tu la vis sans pitié étendre ses bras et former vainement ces prières : « Nymphes de Thessalie, filles du Pénée, dites à votre père de ralentir son cours impétueux ; embrassez ses genoux, conjurez-le de recevoir dans ses eaux les enfants de Jupiter. Ô Pénée ! pourquoi veux-tu l’emporter sur les vents ? Ô mon père ! tu ne disputes point le prix de la course ! Es-tu donc toujours aussi rapide, ou ne le deviens-tu que pour moi ? Et n’est-ce qu’aujourd’hui que tu trouves des ailes ?… Hélas ! il est sourd… Fardeau que je ne puis plus soutenir, où pourrai-je vous déposer ! Et toi, lit nuptial de Philyre, ô Pélion ! attends-moi donc, attends ; les lionnes mêmes n’ont-elles pas cent fois enfanté leurs cruels lionceaux dans tes antres ? »
Le Pénée, l’œil humide de pleurs, lui répond : « La Nécéssité, Latone, est une grande déesse. Je ne refuse point, vénérable immortelle, de recevoir vos enfants : bien d’autres mères avant vous se sont purifiées dans mes eaux. Mais Junon m’a fait de terribles menaces. Voyez quel surveillant m’observe du haut de ces monts ; son bras d’un seul coup me peut accabler. Que ferai-je ? Faut-il me perdre à vos yeux ? Allons, tel soit mon destin ; je le supporterai pour vous, dussé-je me voir à jamais desséché dans mon cours, et seul de tous les fleuves rester sans honneur et sans gloire ; je suis prêt, c’en est fait, appelez seulement Ilithye. »
Il dit, et ralentit son cours impétueux. Bientôt Mars, déracinant les monts, allait les lancer sur lui et l’ensevelir sous les rocs du Pangée[14] ; déjà du haut de l’Émus il pousse un cri terrible et frappe son bouclier de sa lance : l’armure rend le son de la guerre, et l’Ossa en frémit ; les vallées de Cranon et les cavernes glaciales du Pinde en tremblent, et l’Émonie entière en tressaille. Ainsi, quand le géant, terrassé jadis par la foudre, se retourne sur sa couche, les antres fumants de l’Etna sont tous ébranlés ; les tenailles de Vulcain, le fer qu’il travaille, tout se renverse dans la fournaise, et la forge retentit du choc épouvantable des trépieds et des vases. Tel fut le bruit horrible que rendit le divin bouclier. Pénée, toujours intrépide, demeurait fixe et retenait ses ondes fugitives ; Latone lui cria : « Fuis, ô Pénée ! songe à te garantir : que ta pitié pour moi ne fasse point ton malheur ; fuis, et compte à jamais sur ma reconnaissance. »
À ces mots, quoique accablée déjà de fatigue, elle marcha vers les îles, mais aucune ne voulut la recevoir ; ni les Échinades dont le port est si favorable aux navires ; ni Corcyre, la plus hospitalière des îles. Iris menaçante, au sommet du Mimas, leur défendait d’y consentir, et les îles épouvantées fuyaient toutes à l’approche de Latone.
Elle voulait aborder à Co, séjour antique des sujets de Mérops, retraite sacrée de Chalciope ; mais Phébus lui-même l’en détourna. « Ô ma mère, lui dit-il, ce n’est point là que tu dois m’enfanter : non que je dédaigne ou méprise cette île ; je sais qu’elle est plus qu’aucune autre fertile en pâturages et féconde en moissons. Mais les Parques lui réservent un autre dieu, fils glorieux des Sauveurs[15], qui aura les vertus de son père et verra l’un et l’autre continent, avec les îles que la mer baigne du couchant à l’aurore, se ranger sans peine sous le sceptre macédonien[16]. Un jour viendra qu’il aura, comme moi, de terribles assauts à soutenir, lorsque empruntant le fer des Celtes et le cimeterre des Barbares, de nouveaux Titans[17], aussi nombreux que les flocons de la neige ou que les astres qui peuplent un ciel serein, fondront des extrémités de l’occident sur la Grèce. Ah ! combien gémiront les cités et les forts des Locriens, les roches de Delphes, les vallons de Crissa et les villes d’alentour, quand chacun apprendra l’arrivée de ces fiers ennemis, non par les cris de ses voisins, mais en voyant ses propres moissons dévastées par le feu ; quand, du haut de mon temple, on apercevra leurs phalanges, et qu’ils déposeront auprès de mon trépied leurs épées sacrilèges, leurs larges baudriers et leurs boucliers épouvantables, qui toutefois serviront mal cette race insensée de Gaulois, puisqu’une partie de ces armes me sera consacrée, et que le reste, sur les bords du Nil, après avoir vu ceux qui les portaient expirer dans les flammes, sera le prix des travaux d’un prince infatigable ! Tel est mon oracle, ô Ptolémée ! et quelque jour tu rendras gloire au dieu qui, dès le ventre de sa mère, aura prophétisé ta victoire. Pour toi, ma mère, écoute mes paroles : il est au milieu des eaux une petite île remarquable qui erre sur les mers ; elle n’est point fixe en un lieu ; mais, comme une fleur, elle surnage et flotte au gré des vents et des ondes : porte-moi dans cette île, elle te recevra volontiers. »
Ainsi parla Phébus, et les îles fuyaient toujours. Mais toi, tendre et sensible Astérie, quittant naguère les rivages de l’Eubée, tu venais visiter les Cyclades et tu traînais encore après toi la mousse du Géreste[18]. Saisie de pitié à la vue d’une infortunée qui succombait sous le poids de ses peines, tu t’arrêtes et t’écries : « Junon menace en vain ; je me livre à ses coups. Viens, Latone, viens sur mes bords. »
Tu dis, et Latone, après tant de fatigues, trouve enfin le repos : elle s’assied sur les rives de l’Inopus, qui chaque année grossit son cours dans le même temps où le Nil tombe à grands flots des rochers d’Éthiopie. Là, détachant sa ceinture, le dos appuyé contre le tronc d’un palmier, déchirée par la douleur la plus aiguë, inondée de sueur et respirant à peine, elle s’écrie : « Pourquoi donc, cher enfant, tourmenter ta mère ? ne suis-je pas dans cette île errante que tu m’as désignée ? Mais, ô mon fils ! nais, et sors avec moins de cruauté de mon sein. »
Cependant, inflexible épouse de Jupiter, tu ne devais pas longtemps ignorer cette nouvelle ; bientôt ta prompte messagère accourt hors d’haleine et tient ce discours entrecoupé par la crainte : « Ô toi, la plus puissante des déesses, vénérable Junon ! Iris est à toi, l’univers t’appartient, tu marches égale au roi de l’Olympe : nous ne craignons ici d’autre déesse que toi. Toutefois, ô reine ! apprends ce qui doit exciter ta colère. Latone est reçue dans une île, elle y détache sa ceinture. Toutes les autres l’ont repoussée ; mais Astérie l’a d’elle-même invitée : Astérie, vil fardeau de la mer… Déesse, tu la connais… mais venge-nous, tu le peux ; venge tes ministres qui, pour t’obéir, étaient descendus sur la terre. »
Elle dit, et s’assit au bas du trône d’or de la déesse ; ainsi le chien de Diane, après une course rapide, se repose à ses pieds, les oreilles droites et toujours attentives à la voix de sa maîtresse : telle la fille de Thaumas est aux genoux de Junon ; jamais elle ne quitte cette place, pas même dans les instants où le dieu de l’oubli lui couvre les yeux de ses ailes ; mais sur les marches même du trône, la tête penchée, elle dort d’un somme léger, sans ôter sa ceinture ni ses brodequins, crainte d’un ordre subit de la reine. Junon indignée frémit et s’écrie : « Ainsi du moins, infâmes objets des amours de Jupiter, puissiez-vous cacher toujours vos plaisirs adultères et en déposer les fruits non dans l’asile ouvert aux dernières des esclaves, mais dans les antres déserts où les vaches marines enfantent leurs petits ! Toutefois, j’oublie l’injure que me fait Astérie ; elle ne ressentira point un courroux qu’elle a bien mérité par sa pitié pour Latone. Je lui dois trop, puisqu’elle n’a point souillé mon lit et qu’elle a préféré la mer à mon époux. »
Ainsi parla Junon. Cependant les chantres harmonieux de Phébus, les cygnes de Méonie, quittant le Pactole, vinrent tourner sept fois autour de Délos et chantèrent autant de fois l’accouchement de Latone. Ce fut en mémoire de ces chants sept fois répétés que, dans la suite, le dieu monta sa lyre de sept cordes. Ils chantaient encore pour la septième fois, et Phébus naquit. Les nymphes déliennes, les filles de l’antique Inopus, entonnèrent l’hymne sacré d’Ilithye ; la voûte céleste répéta leurs concerts éclatants, et Junon n’en fut point courroucée : Jupiter l’avait apaisée.
Délos, en cet instant, tout chez toi devint or ; ton lac en ce jour ne roula que de l’or, le palmier au pied duquel Phébus était né s’ombragea de feuilles d’or, et l’or grossit les flots du profond Inopus. Toi-même, élevant de ton sol parsemé d’or l’enfant divin et l’approchant de ton sein, tu t’écrias : « Vaste univers qui renfermez tant de villes et tant de temples ; continents fertiles, et vous, îles qui les entourez, je ne suis qu’une île aride ; toutefois c’est mon nom qu’Apollon portera, et jamais terre ne sera chérie de son dieu autant que moi. Oui, Cerchnis[19] sera moins aimée de Neptune, la Crète de Jupiter, et le mont Cyllène de Mercure[20] : je vais cesser d’être errante. »
Tu dis, et l’enfant suça tes mamelles. Dés lors tu fus nommée la plus sainte des îles, la nourrice d’Apollon. Jamais Bellone, jamais la mort, ni les coursiers de Mars[21] n’ont approché de tes bords ; mais chaque année les nations t’envoient les prémices et la dîme de leurs fruits. Du couchant à l’aurore, du nord au midi, tous les peuples, jusqu’à ceux qui, les plus antiques de tous, habitent les climats hiperboréens, célèbrent des fêtes en ton honneur. Ceux-ci même sont les plus empressés à t’apporter leurs épis et leurs gerbes sacrées, présents nés dans un climat lointain et que les gardiens austères de l’urne fatidique reçoivent d’abord à Dodone, pour les porter ensuite au séjour montueux et sacré des Méliens, qui, franchissant la mer, les transmettent aux Abantes[22], dans les plaines charmantes de Lélas, d’où le trajet est court jusqu’à toi, puisque les ports de l’Eubée sont voisins de tes côtes. Les filles de Borée, l’heureuse Hécaërge, Oupis et Loxo, suivies de jeunes hommes choisis sur toute leur nation, t’ont les premières[23] apporté ces offrandes de la part des blonds Arimaspes[24]. Ni les unes ni les autres n’ont revu leur patrie ; mais leur destin fut heureux, mais leur gloire ne meurt point, puisque les jeunes Déliennes (dans ces jours où l’hymen et ses chants effarouchent les vierges) consacrent à ces hôtes du Nord les prémices de leurs chevelures, et que les jeunes Déliens leur offrent le premier duvet que le rasoir moissonne sur leurs joues.
Astérie, île parfumée d’encens ! les Cyclades semblent former un chœur autour de toi. Jamais Hespérus aux longs cheveux n’a vu la solitude ni le silence régner sur tes bords ; mais toujours il y entend résonner des concerts. Les jeunes hommes y chantent l’hymne fameux que le vieillard de Lycie, le divin Olen, t’apporta des rives du Xanthus, et les jeunes filles y font retentir la terre sous leurs pas cadencés. On y voit, chargée de couronnes, la statue célèbre que Thésée et les enfants d’Athènes consacrèrent jadis à Vénus. Échappés à la rage du monstre mugissant que la fille de Minos avait enfanté, dégagés du tortueux labyrinthe, ils dansèrent au son des cithares, autour de tes autels, et Thésée lui-même ordonnait leur danse. Depuis ce temps, c’est son navire soigneusement conservé, que les neveux de Cécrops envoient tous les ans porter leur hommage à Phébus. Astérie, île sainte, île où l’on a dressé mille autels ! quel nocher, dans sa course rapide, traversa jamais la mer Égée sans s’arrêter sur tes côtes ? quelque favorisé qu’il soit des vents, quelque soin qui le presse, soudain il abaisse ses voiles, descend sur tes rivages, et ne remonte sur son bord qu’après avoir mordu le tronc de ton olivier et fait le tour de ton autel, les mains liées derrière le dos, s’offrant de lui-même au fouet de tes prêtres, en mémoire de ce jeu qu’une nymphe de Délos inventa jadis pour amuser l’enfance d’Apollon.
Salut, ô Délos ! divin foyer des îles, salut à toi, salut à Phébus, salut à la fille de Latone !
https://fr.wikisource.org/wiki/Lyriques_grecs/Callimaque/En_l%E2%80%99honneur_de_D%C3%A9los
La purification de Délos

Le même hiver encore, les Athéniens purifièrent #Délos, pour obéir à quelque oracle. Une purification avait déjà été faite précédemment par le tyran Pisistrate, mais dans le seul secteur visible du sanctuaire, non dans I’île entière ; cette fois, une purification totale eut lieu, de la façon suivante : les tombes qui se trouvaient à Dèlos furent toutes enlevées, et il fut expressément interdit de mourir dans l’île et d’y enfanter désormais ; il faudrait pour cela passer à Rhénée. La distance entre Dèlos et Rhénée est si courte que le tyran de Samos Polycrate, qui fut quelque temps puissant sur mer et soumit toutes les îles, prenant en particulier Rhénée, l’avait consacrée à Apollon Dèlien en la reliant à Dèlos par une chaîne. Et c’est alors pour la première fois, après la purification, que les Athéniens célébrèrent la fête quadriennale des Dèlia. Dans l’ancien temps déjà, il se faisait à Dèlos un grand rassemblement des Ioniens et des insulaires voisins ; ils allaient assister aux fêtes avec femmes et enfants, comme les Ioniens aujourd’hui aux cérémonies d’Ephèse ; on pratiquait là des jeux gymniques et musicaux, et en outre les cités envoyaient des chœurs. Ce qui montre le mieux qu’il en était ainsi, c’est Homère, dans les vers suivants, tirés de *l’Hymne à Apollon* :
« Mais quand ton cœur, Phoïbos, trouve le plus de charmes à Dèlos, c’est lorsque les Ioniens aux tuniques traînantes s’assemblent sur tes parvis, avec leurs enfants et leurs épouses ; alors ils se livrent au pugilat, à la danse et au chant, fidèlement, pour te plaire, lorsqu’ils établissent leurs jeux. » (…)
On voit combien Homère témoigne qu’il se faisait à Dèlos, dès l’ancien temps, un grand rassemblement et une grande fête ; plus tard, les insulaires et les Athéniens continuèrent bien d’envoyer leurs chœurs avec des offrandes, mais les jeux et le principal de la fête furent supprimés, comme il est normal, dans le malheur des temps, jusqu’à ce moment enfin où les Athéniens organisèrent le concours avec une course de chars, ce qui n’avait pas existé auparavant.
** #Thucydide, *Histoire de la guerre du Péloponnèse*, III, I04**
Hymne homérique d’Apollon
Voici la partie de l’hymne Homérique qui se réfère à Délos et vers la fin de cet extrait au chœur des femmes
Ayant ainsi parlé, l’Archer Phoibos aux longs cheveux descendit sur la terre aux larges chemins, et toutes les Immortelles étaient stupéfaites, et Dèlos se couvrit tout entière d’or, en voyant le rejeton de Zeus et de Lètô ; et elle se réjouit, parce que le Dieu l’avait choisie pour sa demeure parmi toutes les îles de la terre ferme, et l’avait préférée ; et elle fleurit comme le faîte d’une montagne sous les fleurs de la forêt.
Et toi, Archer Apollon a l’arc d’argent, tantôt tu gravissais le rocheux Kynthios, tantôt tu fuyais les îles et les hommes, car tes temples et tes bois sacrés aux arbres épais sont nombreux, et les hauts rochers te sont chers, et les sommets des grandes montagnes, et les fleuves qui roulent à la mer. Mais c’est à Dèlos que tu charmes le plus ton âme, ô Phoibos. Là, pour toi se réunissent les Iaones aux tuniques traînantes, avec leurs enfants et leurs femmes ; et, se souvenant de toi, ils se réjouissent, quand ils célèbrent des Jeux, par le pugilat, la danse et le chant.
Si quelqu’un survenait tandis que les Iaones sont ainsi rassemblés pour toi, il croirait que ce sont autant d’Immortels à l’abri de la vieillesse. Et il admirerait leur grâce à tous, et il serait charmé, en son âme, de contempler les hommes et les femmes aux belles ceintures, et les nefs rapides et leurs nombreuses richesses, et, par-dessus tout, un grand prodige dont la louange ne cessera jamais : Les Vierges Dèliades, servantes de l’Archer Apollon. Elles louent d’abord Apollon, puis Lètô et Artémis joyeuse de ses flèches. Puis, elles se souviennent des hommes et des femmes antiques, et, chantant un hymne, elles charment la race des hommes. Elles savent imiter les voix et les rhythmes de tous les peuples, et on dirait entendre une seule voix, tant elles accordent parfaitement leur chant.
Texte complet traduit en français : https://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/homere/hymnes.htm?fbclid=IwAR122aRpBsNh-GUSx_HWWn2Y9oMVSE5qr1E7IPZ7_JN-5V9WSTMq3BOhc9U#I
Ομηρικοί Ύμνοι/III. Εις Απόλλωνα Texte en grec ancien de l’hymne homérique d’Apollon.
Récitation par Eleni Kemiktsi
«A APOLLON DE DELOS » Hymne “Homérique”. Par Yannis Tritsibidas.
poème – film de fiction de 18 minutes, tourné en 1998 dans les Cyclades.
traduction (du grec ancien),
scénographie, réalisation Yannis Tritsibidas
musique Georges Papadakis
montage Makis Faros
collabrateurs:Thanassis Zikas, Kostis Gianoussis, Vasso Vasaka, Maria Tripolitsioti
avec (acteuts non professionels) :
Aphrodite Vazaka, Aphrodite Vasaka ( Léto ), Alessandro Orfeo Grundbacher ( Apollon bebé ),
Thanassis Zikas ( Apollon jeune homme ), Geanette Somaripa ( Délos )
Yannis Tritsibidas ( Homère ) et le Groupe de Danse de Naoussa, Paros ( Filles de Délos ).
traduction francaise: Jeanne Roques Tesson
voix off francaise: Jean Jacques Tesson
Ce film illustre un poème archaïque important, l’ Hymne à Apollon de Délos du 7e siècle av.j .c., qui constitue la première partie de l’hymne, dit homérique à Apollon.
Le poème, en version intégrale, se trouve placé toujours en premier plan sur fond de paysages et de la lumière des Cyclades. La dramatisation est discrète afin de promouvoir le rôle central du texte.
L’hymne et le film commencent par l’arrivée sur l’Olympe parmi ses pairs, du grand dieu de la mer Egée et des Ioniens. Ensuite par un retour au passé on va suivre la péregrination dans toute la mer Egée de sa mère Léto, enceinte de Zeus, dans sa recherche d’une terre hospitalière pour accoucher. Seule l’île de Délos , au centre de cette mer accepte, une fois obtenues en échange de grandes faveurs, de supporter sur son sol cet événement extraordinaire .
Les anciennes déesses pré-olympiennes assistent Léto à l’accouchement.
L’enfant divin traverse l’âge tendre sur l’île bien aimée où se réunissent chaque année à son honneur les Ioniens. C’est là qu’ont lieu les jeux athlétiques et les concours musicaux et poétiques, c’est là également que les filles de Délos chantent les poèmes ancients et parlent dans toutes les langues. Elles attribueront le prix poétique à l’aede aveugle de notre hymne.
Le paysage sonore des sanctuaires grecs. Délos et Delphes dans l’Hymne homérique à Apollon
La notion de paysage sonore (soundscape) venue de la musicologie présente un intérêt pour l’historien de l’Antiquité. Elle peut notamment se révéler utile si l’on veutsaisir la nature de la relation qui s’établit dans le monde grec entre les hommes et leurs dieux, dans sa composante sensible et affective. L’article commence par proposer une brève mise au point sur l’histoire du concept et son caractère opératoire, puis procède à une étude de cas, centrée sur l’Hymne homérique à Apollon. L’objectif est de saisir la nature du lien qui peut être établi entre l’identité d’un dieu et la configuration sonore de ses lieux de culte. Une lecture attentive aux effets sonores présents dans le poème montre ainsi que le récit de la naissance d’Apollon à Délos puis celui de l’installation de son sanctuaire oraculaire à Delphes reposent tous deux sur la métamorphose du paysage sonore, mis au diapason du dieu. Dans le premier cas, le dissonant se transforme en splendide renommée (kleos) ; dans le second, le dieu lui-même contribue à façonner un nouveau paysage sonore, après avoir choisi un écrin approprié pour son temple et son oracle. L’étude révèle aussi que ce paysage sonore ne peut s’étudier qu’en interaction avec les autres données sensibles (en particulier visuelles et olfactives).
Délos (grec ancien : Δῆλος / Délos, dorien : Δᾶλος)

Le Panonion
C’est en Ionie qu’apparut la première ligue religieuse, sous l’impulsion des états-cités : elles formèrent « Le Panonion », union de ceux « qui consacrent tout à l’évolution de la conscience (Pan+I+N).
L’île de Délos, à mi-chemin entre l’Ionie et l’Attique, et lieu mythique de la naissance d’Apollon, devient aussi l’un des sanctuaires majeurs des Ioniens, avant de passer sous le contrôle d’Athènes, Cité de la Sagesse, comme base de la ligue contre les Perses.
– Claude Warren, « Mythologie grecque, yoga de l’occident », p.32
Apollon
L’arc et la lyre à sept corde

Apollon, dieu de la lumière, de l’harmonie, des arts, des sciences, de la médecine et de la purification et de l’oracle. Maître de la divination, il perçoit la vérité, qui lui est également rapportée par un corbeau.
L’ARC ET LA LYRE A SEPT CORDES
Dans la mythologie grecque, Apollon est l’une des divinités solaires les plus intéressantes. En effet, les récits nous apprennent qu’échappant à ses langes, dès les premiers jours, il réclama son arc et sa lyre à sept cordes.
L’arc a toujours symbolisé l’expression d’une volonté divine qui, à l’image de la flèche se dirigeant vers sa cible sans que rien ne puisse l’en détourner, revêt un caractère inéluctable, personne ne pouvant s’y opposer.
La lyre à sept cordes, quand à elle, représente la puissance créatrice qui ordonne la matière et commande aux éléments de se structurer conformément aux lois divines. En effet, les sept cordes de la lyre représente les sept planètes telles que recensées par les traditions antiques. La musique qu’Apollon produisait avec elle ordonnait donc la marche de ces planètes, permettant l’établissement d’un ordre cosmique.
Ainsi, l’arc et la lyre à sept cordes sont les premiers éléments symboliques qui illustrent d’une manière admirable le pouvoir de commandement associé au soleil dans l’astrologie sacrée.
POUVOIR D’EXORCISME
Outre cette aptitude à commander, Apollon incarne également un pouvoir d’exorcisme. Ainsi, le serpent Python « ne cessait d’apporter la mort à tous ceux qu’il rencontrait jusqu’au moment où Sire Apollon l’Archer lui ait envoyé une flèche puissante; déchirée par de terribles douleurs, la bête haletante se roulait sur la place, un sifflement prodigieux, indicible, s’éleva et, par la forêt, ça et là, elle se tordait de douleur et de toutes ses forces; à bout de souffle, elle exhala son sang. Phoibos Apollon lui lança alors : » Pourris ici sur la Terre nourrice des héros; tu ne causeras plus de malheurs ni la mort des humains vivants ici-bas…. ». Or le serpent, considéré comme l’être rampant par excellence, symbolise le principe de l’horizontalité et conséquemment un mode de conscience exclusivement focalisé sur le monde extérieur. C’est lui, rappelons-le, qui fut la cause de la Chute. En effet, sous son influence, l’homme fut contraint d’abandonner sa vision intérieure (le plaçant en contact avec les réalités de l’Esprit) pour ne percevoir les choses que dans leur pure extériorité. En ce sens, si Apollon tua le serpent qui apportait la mort en détournant les hommes de l’Esprit, source de toute vie, c’est qu’il libéra en fait la conscience de toute aliénation extérieure, l’éveillant aux réalités spirituelles et lui permettant d’entrer en contact avec son essence profonde.
DIEU DE LA DIVINATION
Enfin, en raison de sa capacité à éclairer la conscience sur les valeurs véritables qu’elle porte au plus profond d’elle-même (et qu’elle ignorait jusqu’à alors), Apollon devint le dieu de la divination. En effet, cette pratique permettait chez les Grecs de voir clair en soi-même afin de prendre conscience de ses potentialités comme de ses faiblesses. Or les pratiques divinatoires étaient placées sous la tutelle de ce dieu. C’est pourquoi la tradition nous rapporte qu’Apollon sait le destin des peuples et le sort de chaque homme. Il sait nos vicissitudes et le terme de notre vie. On le consulte en toute affaire, on médite ses oracles. Les philosophes aussi bien que les simples ».
(Astrologie sacrée et symbolisme initiatique. C.R. Payeur)
Le zodiaque de Délos

Délos, l’île Sacrée d’Apollon et Artémis au Coeur du Paradis Cycladien (groupe facebook)

Le retour d’Apollon à Délos

Les chemins de l’Hyperborée
« Les peuples hyperboréens ! Il est impossible de résister à l’évocation magique de ces mots. On voit des plages de cristal éteint où, debout dans la brume, des hommes aux yeux bleus cherchent, dans l’horizon des mers voilées, les contours de l’Irlande fabuleuse »
Maurice Magre, la clé des choses cachées
https://occidere.wordpress.com/2011/05/28/les-chemins-de-lhyperboree-2/
Mallarmé, Les Dieux Antiques, Mythologie Illustrée

MALLARME, LES DIEUX ANTIQUES
[…] oublier aux hommes le passé, et Latmos, la terre des ombres, dans laquelle dort Endymion. La même racine se montre aussi dans le nom de Léda, la mère des jumeaux Dioscures. Un beau conte, celui de la naissance du dieu : écoutez. Létô (ou Latone), par mainte terre, cherchait en vain un lieu de repos (fig. 74) ; elle vint à Délos et dit que, si elle y pouvait trouver abri, l’endroit deviendrait glorieux comme lieu de naissance de Phoïbos ou Phœbus ;
les hommes arriveraient des différents pays, enrichissant de leurs présents son temple sacré. C’est donc là que naquit Phoïbos ou Phœbus ; et, à sa naissance, rit la terre et sourirent les cieux. Délos, quoique de soi terre dure et pierreuse, se couvrit de fleurs d’or. Les nymphes enveloppèrent l’enfant d’une robe sans tache et Thémis le nourrit de nectar et d’ambroisie ; il prit en mains la harpe et proclama sa fonction, qui est de dire aux hommes la volonté de Zeus. Tout cela parce que Délos signifie « la terre brillante ».
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