

Un poème un peu trop lourd selon moi. L’intimidation n’est pas la solution. Contraire à l’ouverture
Bonjour et merci pour cette critique. C’est d’autant plus intéressant que cela n’arrive pratiquement jamais, chacun se contentant de la facilité soit de mettre des likes et des coeurs (et encore pratiquement jamais) et ce qui n’apporte bien sûr strictement à rien à la poésie. J’apprécie d’ailleurs la critique vu que je ne m’identifie pas aux poèmes que j’écris et qu’ils ont ainsi une vie autonome, même si bien sûr ils se nourrissent de pensées, d’émotions ou d’états qui me visitent.
Ecrit à la va vite, je pourrais penser qu’il est très mauvais, ou « trop lourd » et qu’il n’aurait pas mérité d’être publié, mais si je l’ai fait, c’est que j’ai pensé qu’il était utile, qu’il disait quelque chose d’essentiel, et sans ambages. Bref que c’était un « bon poème » et je vais le justifier ici.
Il est « lourd » certes, puisque c’est un « poème-marteau » qui tombe de tout son poids à plusieurs reprises pour MARTELER ce qui s’affirme ici comme VERITE. Nous avons ici en effet QUATRE fois (quatre étant le chiffre symbolique de la matière) « vous n’êtes pas capable ». Chacun le recevra à sa manière, pour vous comme une intimidation, parce que moi je le vois plus comme une affirmation qui se veut prise de conscience invitatoire « à faire face à son pouvoir créateur », ce qui est, selon St Exupéry, la signature de l’homme. L’homme véritable étant celui qui s’affranchit courageusement de la masse-matière (ou « homme à la masse »). Et c’est ce qui est dit ici par le mot « poème » qui sort du premier vers et qui engendre celui qui sort à la toute fin, après avoir été pilonné par le « quatrain masse » : le mot HOMME. Voilà la puissance de ce poème, il accouche de l’homme. Celui qui s’affirme en tant que tel et qui mérite donc d’être écrit en majuscule. C’est l’homme-majuscule qui s’affranchit de l’homme-masse, ou homme minuscule.
On peut aussi préciser, sur le plan de l’architecture, que si c’est un quatrain non métré et non rimé, on y décerne toute la tradition du quatrain, avec un alexandrin suivi de trois octosyllabes et aux assonances croisées. Je le dit parce que la poésie est un art et un artisanat, et peu le voient de nos jours puisqu’il n’y a plus d’éducation à la poésie nulle part. Et que cela entre bien sur dans la signifiance. C’est ce qui fait qu’il y a poésie et non prose, discours.
Je trouve donc que ce poème est bon et je dis ici pourquoi.
Après je pense que c’est plus sur un plan psychologique que vous vous exprimez, en disant au fond que ca vous choque un peu cette « intimidation », que c’est méchant et que ce serait plus gentil d’être dans l’ouverture. Là je répondrai que la préoccupation du poète n’est pas d’être gentil ou méchant mais d’être vrai. Il y a eu aussi un écrivain (femme) qui a réagi en disant qu’il fallait excuser les gens parce que ce n’était pas de leur faute, mais celle du système qui abrutissait tout le monde. Ce qui est vrai aussi. Mais pourquoi chercher à excuser et à ménager? Surtout dans notre monde en passe d’être totalement lobotomisé? Et justement, face à cette réalité de la masse qui détruit tout les rêves alors il faut pouvoir aussi utiliser le marteau piqueur et y aller franco. En fait je dirais pour ma part qu’il est plus une constatation et, éventuellement une invitation à une prise de conscience. Il ouvre une brèche dans un monde totalement muré, et donc, au contraire il est une réelle ouverture.
Merci de votre remarque qui m’a permis de proposer ici une réflexion critique. Dommage que plein d’autres poèmes que j’ai pu publier sur FB et que je trouve personnellement très réussis, ne provoquent jamais aucune réaction et donc c’est au moins le mérite de ce poème de l’avoir permis. Ce qui montre qu’il faut donc aussi savoir être lourd de nos jours pour interpeller (ce qui est logique puisque Céline nous l’a bien dit : « les hommes sont lourds »). Puis aussi, pour continuer à pilonner, je dirai que ce poème s’adresse tout autant – et peut-être encore plus – aux poètes modernes qui sont incapables de sortir du « poème dans le livre » pour aller dans le « poème de la vie » ou la poétisation du monde, une chose que j’affirme après plus de 20 ans à OUVRIR des chemins poétiques tout a fait inédits et de grande ampleur dans le monde sans que jamais aucun n’en comprennent simplement le sens. Donc, en fait, de nos jours, et voilà ce qui pour le coup est réellement tragique, ce sont les poètes eux-mêmes qui, pour moi, ne sont plus HOMMES !