
- Converser
- Art de la conversation
- Un salon littéraire ou salon de conversation
- Tous les salons parisiens
- Agenda
- Voir aussi
Converser

Art de la conversation

Le plus grand usage de la parole
J’appelle Conversation, tous les entretiens qu’ont toutes sortes de gens, qui se communiquent les uns aux autres, soit qu’on se rencontre par hazard, et qu’on ait que deux ou trois mots à se dire ; soit qu’on se promene ou qu’on voyage avec ses amis, ou mesme avec des personnes qu’on ne connoist pas ; soit qu’on se trouve à table avec des gens de bonne compagnie, soit qu’on aille voir des personnes qu’on aime, et c’est où l’on se communique le plus agréablement ; soit enfin que l’on se rende en quelque lieu d’assemblée, où l’on ne pense qu’à se divertir, comme en effet, c’est le principal but des entretiens.
chevalier de Méré, De la Conversation
« Malgré tous les défauts qu’on attribue aux Français, c’est en France, et les étrangers équitables en conviennent, qu’il faut chercher le talent de la conversation. Il est plus commun et plus estimé chez eux que chez toute autre nation. Le même tempérament qui la leur fait aimer, les dispose à y réussir. »
— Abbé Trublet
L’art de la conversation, considéré comme l’un des fleurons de la culture classique française, désigne une pratique développée en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, devenue un spectacle pour toute l’Europe et caractérisée par la recherche d’une dimension esthétique et hédoniste dans les échanges mondains. Dans les ouvrages traitant de l’art de la conversation dans la France classique, les auteurs ne délimitent pas cet art protéiforme dans ses formes ou ses codes. L’expression concerne originellement la conversation mondaine, mais ses pratiques et ses valeurs se sont répandues dans l’ensemble de la société cultivée, ont eu une influence importante dans la littérature, et le terme désigne plus généralement un art littéraire au sens classique de ce terme.
Pour des raisons culturelles et linguistiques, cet art a concerné essentiellement la France et son apparition a été favorisée par la libéralisation des mœurs à la mort de Richelieu. Il s’est développé grâce à l’émergence d’une société de Cour rassemblant une noblesse devenue oisive, en conservant ses caractéristiques originelles, issues du classicisme, dans le langage, la rhétorique et l’esthétisme, et sa diffusion dans l’ensemble du pays a été favorisée par le développement des Salons. Il a disparu rapidement lorsque la Révolution a bouleversé les conditions sociologiques qui l’avaient fait naître pour faire place à la « véhémence de l’orateur ».
Associant l’idéal de l’honnête homme et la culture du Courtisan, l’humanisme et la grâce, l’art de la conversation exige d’être galant, d’avoir esprit, goût, bel air et bon ton. Hommes et dames badinent en promenade ou dans les salons, échangent des flatteries, des pointes, dans la recherche d’un plaisir réciproque, se défiant de la rhétorique du débat. L’ensemble d’une société s’est reconnue dans cette pratique, et de nombreux contemporains en ont laissé un témoignage important à travers leurs mémoires, leur correspondance, ou des essais littéraires. Ils évoquent le plaisir qu’ils y trouvent, parfois les excès, et aussi ses codes et ses règles informelles. Ce sont ainsi de véritables portraits d’artistes qui nous sont parvenus.
La conversation orale représentait alors un modèle pour les différents genres littéraires, avec sa propre rhétorique et l’exigence formelle du classicisme, et s’inscrivait dans le courant esthétisant des Belles-lettres. Cette littérature de dialogues est devenue à son tour un modèle pour l’éducation sociale des aristocrates nobles et bourgeois, favorisant ainsi sa diffusion dans l’ensemble des cercles intellectuels, littéraires et mondains.
Dès le début du XIXe siècle, et aujourd’hui encore, des récits et des études expriment intérêt et nostalgie pour cet art disparu. Dans une époque où la communication rejette parfois dans l’indifférence la langue que l’on parle et le style dans lequel on s’adresse à autrui, cet article invite à « découvrir la passion que des temps moins éclairés mirent à disputer sur les qualités de leur langage, sur l’honneur qu’il pouvait faire à autrui et sur la faveur qu’il pouvait valoir au sujet parlant ».
Lire l’article : https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_de_la_conversation
Un salon littéraire ou salon de conversation
Un salon littéraire ou salon de conversation est une réunion à date convenue d’hommes et de femmes lettrés, bourgeois ou nobles à l’origine attirés vers les Belles-lettres et la poésie, la littérature et le théâtre, et souvent autrefois les arts et les sciences. Les participants sont des familiers habitués du salon ou bien choisis irrégulièrement ou parfois invités exceptionnellement, par les personnalités organisatrices qui s’efforcent de « tenir salon », souvent une ou plusieurs maîtresses de maison à tour de rôle. À l’instar de la puissance invitante, ils doivent s’engager à montrer de « belles manières » et éviter toute rancœur et toutes disputes aigres, rancunières et violentes, malgré des constats de différence et de désaccords évidents entre eux. Il s’y est développé un art de la conversation polie et de la discussion argumentée.
Leur fréquentation était plus ou moins recherchée selon les centres d’intérêt ou les tendances d’opinion affichée du salon, la générosité ou l’hospitalité des maîtres de maison qui offrent souvent repas, boissons ou collations, mais aussi en fonction de la profondeur des sujets exposés ou fréquemment évoqués et surtout la présence des personnalités de premier plan dans un domaine. Avant le xixe siècle, de telles réunions étaient qualifiées de « société » ou de « cercle ».
Ces rencontres régulières, afin de discuter d’actualité de l’époque concernée, philosophie, littérature, journalisme, morale, avancées ou constat de progrès en un champ choisi, observations des régressions, etc. ont pu évoluer vers un formalisme courtisan ou devenir un lieu nécessaire de la vie bourgeoise ou mondaine. Mais parfois, les meilleurs salons, toujours associés à des vieux thèmes de prédilection, pouvaient ou peuvent vivifier un ou plusieurs milieux intellectuels ou de savoir particulier. Les salons littéraires se distinguent des cafés littéraires comme le Procope, lieux publics où les discussions se tenaient sans invitation, ni horaire, ni sujet précis.
Au XIXe siècle
Un célèbre salon, au XIXe siècle fut celui de Juliette Récamier à l’Abbaye aux Bois ; ainsi que celui de Charles Nodier à la bibliothèque de l’Arsenal où se retrouvaient les hommes les plus illustres dans le monde des lettres et des arts que la France ait produits au cours du XIXe siècle. À son arrivée au poste de bibliothécaire de Monsieur, en remplacement de l’abbé Grosier, Nodier amena à l’Arsenal la brillante pléiade des écrivains et des artistes de l’école romantique, qui trouvèrent dans leur aîné de vingt à trente ans, un guide et un appui. Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Balzac, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny, Émile Deschamps, Jules Janin, Eugène Delacroix, les frères Johannot, Robert-Fleury, Jean-Jacques Champin, Liszt, Amable Tastu, et bien d’autres encore, étaient les habitués de ce salon situé au premier étage de l’Arsenal.
Sous la Troisième République, de nombreux salons littéraires virent le jour à Paris : celui de la princesse Mathilde, de la comtesse Potocka, de la comtesse Diane, de Juliette Adam, de Geneviève Halévy ou de Rosalie von Gutmann, comtesse de Fitz-James. On y rencontrait des gens de lettres tels que Marcel Proust, Paul Bourget, Paul Hervieu, Jules Lemaître, Robert de Montesquiou ou Guy de Maupassant.
Au XXe siècle
Au cours du XXe siècle, l’histoire des salons connaît des tournants décisifs ; alors qu’ils sont au début du siècle à leur apogée – devenant des lieux de mondanités artistiques incontournables – ils connaissent finalement un déclin dû aux bouleversements modernes du milieu littéraire et artistique.
Les salons sont toujours portés par des femmes, généralement épouses d’hommes importants : politiques, artistes, écrivains, etc.
De plus en plus, ils sont des lieux de vie littéraire où les réputations se font et se détériorent. Chaque salonnière a ses protégés, des artistes qu’elle invite, porte, défend et met sur le devant de la scène. Ce sont des lieux où sont organisées de nombreuses lectures, des représentations. Certains artistes sont lancés par des salons, comme Marcel Proust dans le salon de Madame Madeleine Lemaire. D’autres deviennent des personnalités mondaines importantes : Proust, toujours, Cocteau…
Par ailleurs, les salons littéraires apparaissent à cette période comme un lieu d’expression débridée de l’homosexualité de leurs participants. Encore considérée comme une pratique dépravée, chacun – a fortiori les hommes – trouve dans ces salons la possibilité de laisser libre cours à l’homosexualité que la société réprime. Il n’en ressort pas moins des inégalités entre les hommes et les femmes, puisque ces dernières sont beaucoup plus mal vues que les hommes en fréquentant une personne du même sexe ou en se travestissant.
Pendant la période d’entre-deux guerres, le succès des salons, bien qu’atteint par les événements, subsiste. Ce succès ne résiste pas à la fébrilité des années folles et draine encore dans les appartements de nombreuses salonnières quantité d’artistes.
C’est dès la fin de la Seconde Guerre mondiale et durant les décennies suivantes que ces salons connaissent un déclin. Bouleversés par des modes de divertissement différents – l’apparition de la télévision notamment – ils se font plus rares, avant de disparaître.
Quelques grands salons du xxe siècle sont ceux de Natalie Clifford Barney, la comtesse Greffuhle, Madeleine Lemaire, Mme Mühfeld, Anna de Noailles, Madame Straus, Edith Wharton.
Au XXIe siècle
Bienvenue à Paris en Poésie, et plus particulièrement sur les chemins du tourisme poétique sur les pas de Mallarmé à Paris
Tous les salons parisiens
Les Mardis de Mallarmé

Dans le Salon de Misia Sert…

Nina de Callias, un salon aux épinettes

Dans le salon de Méry Laurent
