
Debussy est engagé comme professeur de piano par Nadejda Von Meck (mécène de Tchaïkovski) afin de donner des leçons à ses enfants. Debussy s’attelle à cette tâche durant les mois d’été pendant trois ans de 1880 à 1882. Durant les étés 1881 et 1882, Debussy suit la famille Von Meck en Russie. Cette proximité avec une famille russe influence Debussy dans sa construction de jeune compositeur. Cela va peut-être même jusqu’à influencer ses goûts culinaires. Dans sa lettre du 16 Février 1889, il va jusqu’à dire que la nourriture russe fait partie de ses préférées.
Le jeune musicien et Nadejda Von Meck déchiffrent ensemble beaucoup de Tchaïkovski, Debussy écrit même une réduction pour piano à quatre mains du Lac des Cygnes en 1880 qu’il joue avec Mme Von Meck. Ils déchiffrent aussi la 4 e symphonie et la 21 première suite pour orchestre, Debussy aurait déclaré à propos de l’introduction de cette dernière œuvre : « Dans les fugues modernes je n’ai jamais rien vu de si beau. Massenet ne pourrait jamais rien faire de pareil.»
En Russie, il fait la connaissance des œuvres de Rimski-Korsakov et de Borodine. En effet Raymond Bonheur, un ami de Debussy raconte que le compositeur français rapporte de ses voyages « un opéra ancien de Rimski et quelques mélodies de Borodine. ». Selon André Schaeffner, l’opéra ancien dont il est question peut être la Pskovitainne, La nuit de Mai ou Snogourotchka. De plus, il donne des chansons de Borodine, traduites par Mme Von Meck à Paul Poujaud. C’est donc tôt que Debussy apprivoise la musique russe, bien avant les concerts de musique russe à Paris.
Nadejda Von Meck confie à Tchaïkovski en 1886 que « ses longs séjours auprès de moi l’ont mis à même d’élargir son horizon et son goût par le contact des musiques étrangères. » Le fils de Von Meck ajoute : « Ma mère lui fit connaître la musique russe et celle de Wagner. Des Russes, il connut Tchaïkovski et tous les membres de la « Kutchka », Rimski, Cui, Moussorgski, Borodine. Tant Wagner que les compositeurs russes firent sur Debussy une impression défavorable […]. Mais lorsqu’il fut plus initié à la musique russe, il l’apprécia, quoique, avec son tempérament de français, il fut enclin à l’interpréter d’une manière superficielle et élégante » .
Debussy connaît aussi bien les œuvres de Moussorgski. Il possède certaines partitions de ce compositeur dont Boris Godounov qu’il avait en possession lors de l’écriture de Pelléas et Mélisande. Il est aussi assez familier avec le cycle de mélodies Les Enfantines et en parle d’ailleurs dans la Revue Blanche notamment dans un article daté du 15 Avril 1901.
Claude Debussy acquiert donc une culture russe qu’il continue à alimenter par la suite. Voilà comment Debussy parle des russes : « Eh bien ! Et l’âme russe !… Est-elle seulement dans Tolstoï, Dostoïevski, Gorki ?… Oublierait-on des musiciens de la valeur de Moussorgski, Borodine, Rimski-Korsakov… dont nous ignorons complètement l’œuvre théâtrale, qui contient l’expression sonore par conséquent magnifiée, de cette âme russe dont nous sommes si envieux ? […] » .Debussy connaît donc des écrivains russes et une partie des œuvres des compositeurs russes, aussi émet-il une réserve sur l’admiration et l’engouement pour ces compositeurs car pour lui l’essence de « l’expression sonore » se situe dans les opéras… et que ce genre n’est pas représenté par ses compositeurs.
Source :
Nadejda Filaretovna von Meck (en russe : Надежда Филаретовна Фон Мекк), née Nadejda Frolovskaïa à Znamenskoïé (gouvernement de Smolensk, Empire russe) le 29 janvier 1831 (10 février dans le calendrier grégorien) et décédée à Nice le 13 janvier 1894, est une veuve russe fortunée connue pour avoir été la mécène de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nadejda_von_Meck