Le mot est un être vivant – Michaël Vinson

Texte publié à la demande des participants de la première séance des Nouveaux Mardis de Mallarmé et au cours de laquelle certains extraits ont été lus et fait l’objet d’une conversation. Je vous invite à poursuivre cet échange ici au moyen des commentaires de bas de page.

  1. Le mot, un être vivant
  2. Voyelles et consonnes
    1. Les consonnes et les trois registres du pyschisme
  3. C’est avec des mots que l’on fait des vers
  4. Le rythme
  5. Quand le sens et le son se répondent et s’éclairent mutuellement
  6. Conclusion
  7. Contact
  8. Voir aussi
Le mot, un être vivant

A SON AMI Degas, qui lui confiait un jour qu’il n’arrivait pas à écrire mais qu’il avait des idées, Mallarmé répondit : «Ce n’est point avec des idées, mon cher Degas, que l’on fait des vers. C’est avec des mots.»

Plutôt que de tenter de comprendre de suite ce que veut dire ici Mallarmé, prenons un autre chemin pour cela, radical, celui de Mallarmé lui-même, qui considère que le mot est un être vivant.

Voici ce qu’il écrit dans Les Mots Anglais, p7 ;

« À toute la nature apparenté, et se rapprochant ainsi de l’organisme dépositaire de la vie, le mot présente, dans ses voyelles et ses diphtongues, comme une chair, et dans ses consonnes comme une ossature délicate à disséquer. »

Alors entrons dans la chair du mot « mot » et disséquons son ossature délicate. Mais auparavant, faisons un détour par la recherche de son origine :

« Mot » apparait au Xe siècle, du latin « muttum » (« grognement, son ») dérivé de l’onomatopée  mutmut  (« murmure, son à peine distinct ») qui elle-même vient de l’onomatopée mu (« murmure »).  

Entrons alors dans l’âme du mot, sa sonorité :

MMMMMOUOUOUOU……

Laissons le OU devenir un O

MMMOUOUOOOOO…. MMOOUOOOO…..

MMMOOOOO …. MOOOOOO

MMMM….. OOOOOO……

MMM0000MMMMMOOOOO

OOOOMMMM …. OOOOMMMMM

Nous constatons que l’inversion de MOT donne OM  soit le son sacré de l’univers pour les hindous.

Voyelles et consonnes

Si les poètes ont toujours cherché à pénétrer l’âme des mots en rentrant en profondeur dans leur substance, le « jeu des phonèmes sous le mot » pourrait-on dire, certains, comme Rudolf Steiner par exemple, ont pu dégager une approche gestuelle pour cela, considérant que l’être crée le geste avant le corps : la réalisation physique n’étant que l’écho du geste intérieur.

Je vous invite ainsi à vous concentrer sur l’état intérieur que fait naître chaque consonne et chaque voyelle et à l’exprimer par un ou plusieurs gestes impliquant une partie ou l’ensemble du corps.

Commençons par la voyelle A…

Concentrez-vous un instant sur l’état intérieur qu’elle fait naître en vous. Chantez intérieurement la voyelle A pour bien vous en pénétrer, puis traduisez votre état intérieur par un geste, ou une série de gestes.

Tâtonnez, essayez… certains gestes viendront à l’encontre de cette sensation intérieure (gestes antipathiques), vous les abandonnez et en cherchez d’autres (gestes sympathiques). Cette recherche est un voyage au cœur de la sonorité même du mot, et qu’on appelle aussi « l’infra-langage »

Puis essayons la voyelle O…. et enfin I.

Abordons maintenant les consonnes et reprenons la première consonne du mot M :

MMMM….MMMMM……MMMMMMMMM

puis, par la consonne M, « embrassons » le O = MMMMOOOOOO…..

et enfin, bien qu’il ne soit plus prononcé le T de « mutmut – murmure » .

Maintenant dites le mot MOT très lentement en prenant le temps de ressentir sa vibration globale. Laissez-le résonner en vous-même et vous ressentirez ainsi sa vie s’écouler à travers votre voix. Vous pouvez l’accompagner d’un geste.

Les consonnes et les trois registres du pyschisme

Pour Steiner, certaines consonnes peuvent être mise en relation avec les trois forces du psychisme que sont la pensée (tête), le sentiment (cœur) et la volonté (mains et pieds)

– Si un texte se prête plus à l’émotion, afin de la faire  ressortir, il  préconise de souligner les consonnes faites du bout des lèvres, soit : P, B, M, F, V, en éliminant l’emphase sur les autres.

(impression de travailler avec le haut des poumons. Energie ascendante)

– Pour la pensée, souligner les consonnes faites avec la langue : L,T,D,H

(impression de travailler avec le milieu des poumons. Energie transversale)

Pour la volonté, les consonnes gutturales K,G,R

(impression de travailler avec la base des poumons. Energie descendante)

Si l’on est pas sûr de la catégorie à laquelle le texte peut se prêter, essayer l’une ou l’autre. Le texte doit alors se mettre à vibrer.

Avec la consonne introductive M de Mot, nous serions alors plus dans l’émotion,  et dont on voit d’ailleurs qu’il enserre le mot MOT en son sein, soit éMOTion, même si son étymologie n’est pas la même, puisqu’empruntée au latin motio « action de mouvoir, mouvement, trouble, frisson (de fièvre) », Motion  étant dérivé de motus, déverbal de movere (« mouvoir »)

Mais entre motus et mot nous avons une parenté sonore évidente et ainsi une relation intime entre le mot et l’émotion qui met en mouvement.

Prenez le temps de dire lentement plusieurs fois le mot « émotion » et de le laisser résonner en vous….

Cette intuition de Steiner – qui est surtout l’expression d’une grande sensibilité et capacité à pénétrer en profondeur dans les phénomènes du langage- , Mallarmé l’a bien sûr eue lui aussi, mais sans cependant l’avoir théorisée ni transmise sur un plan pédagogique, aussi nous avons peu de choses concernant son exploration de l’anatomie des mots. Voici cependant un petit texte où il évoque la question des consonnes  (toujours tiré des Mots Anglais, p.89)

« Cause les sens divers et cependant liés secrètement tous, de production ou enfantement, de fécondité, d’amplitude, de bouffissure et de courbure, de vantardise ; puis de masse ou d’ébullition et quelquefois de bonté et de bénédiction (malgré certains vocables…) significations plus ou moins impliquées par la labiale élémentaire « Le désir, comme satisfait par l, exprime avec ladite liquide, joie, lumière, etc., etc… De l’idée de glissement on passe aussi à celle d’un accroissement par la poussée végétale ou par tout autre mode ; avec r, enfin, il y aurait comme saisie de l’objet désiré avec l, ou besoin de l’écraser et le moudre »

Et il fait le vœu de l’établissement d’une science qui, « possédant le vaste répertoire des idiomes jamais parlés sur la terre, écrira l’histoire des lettres de l’alphabet à travers tous les âges, et quelle était presque leur absolue signification, tantôt devinée, tantôt méconnue par les hommes, créateurs de mots ». 

C’est avec des mots que l’on fait des vers

Revenons à présent à cette citation avec laquelle nous avons ouvert ce premier mardi, soit «Ce n’est point avec des idées, mon cher Degas, que l’on fait des vers. C’est avec des mots.» 

Même s’il faut prendre cette déclaration avec une certaine distance, puisque, comme le dit Paul Valéry : « Mallarmé avait raison. Mais lorsque Degas parlait d’idées, il pensait à des discours intérieurs ou à des images qui, après tout, auraient pu être exprimées par des mots . Mais ces mots, mais ces phrases intimes qu’il appelait ses idées, toutes ces intentions et ces perceptions de l’esprit, tout cela ne fait pas du vers. »

Mallarmé écrit également : « Mais si tu savais que de nuits désespérées et de jours de rêverie il faut sacrifier pour arriver à faire des vers originaux (ce que je n’ai jamais fait jusqu’ici) et dignes, dans leurs suprêmes mystères, de réjouir l’âme d’un poète. Quelle étude du son et de la couleur des mots, musique et peinture par lesquelles devra passer ta pensée, tant belle soit-elle, pour être poétique. »

Pour continuer notre exploration du mot dans la poésie, nous nous appuierons également sur l’étude très sensible de Berthin Montifroy concernant le poème de Mallarmé choisi pour illustrer ce propos, le poème dit « le Cygne » (1)

« Ainsi, pour écrire un poème, Mallarmé ne puise pas nécessairement dans une idée, un sentiment, une image, comme lorsqu’il écrira plus tard le Tombeau d’Edgar Poe, de Charles Baudelaire, de Paul Verlaine, mais dans les sonorités du langage. Le sens du poème n’est pas fixé dès l’origine, peut-être n’est-il que pressenti. Le mot précède la pensée et souvent la détermine. Mallarmé commence par écrire les rimes, puis les sonorités en rapport avec les rimes, ensuite les mots ou prédominent ces sonorités et enfin les vers. »

Examinons donc de ce point de vue le célèbre sonnet blanc et ne lisons que les mots placés à la rime :

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

Nous remarquons que toutes les rimes sont en « i »,  que cette voyelle se répète souvent  et que le dernier vers contient cinq fois la sonorité « i ».

Si pour Rimbaud les couleurs avaient chacune une voyelle : A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu », pour Mallarmé, le « i » est blanc. Ce merveilleux paysage de gIvre est l’un des plus beaux joyaux de notre langue. Et Paul Valéry à nommé ce sonnet « divin » à cause de sa pureté et de sa splendeur verbale. La création ne se fait pas dans la lumière du jour, mais dans le mystère de la nuit, où la pensée se meut plus librement parce que dégagée de toutes les impressions extérieures. Dans le réseau des correspondances mallarméennes, ce sonnet est en rapport avec le froid, les nuits d’hiver, la neige, le givre, les glaciers, la blancheur immaculée des cimes.

(NB. On peut aussi, même s’il est peu probable, du moins je n’en ai jamais vu trace, que Mallarmé ait connu l’alphabet runique, car la rune qui signifie la glace est appelée IS (immobilité) . On voit ici la communion des esprits entre ceux qui entrent en profondeur dans l’expérience du cosmos par le biais du langage. Et qui abolissent ainsi les frontières culturelles linguistiques.)

Repérons maintenant les lignes assonantiques, ou lignes des voyelles, du premier vers :

– en « e » = 4 voyelles: LE viergE, lE vivace et lE bel aujourd’hui

– en « è » = 2 voyelles : le viERge, le vicace et le bEl aujourd’hui

– en « i » = 3 voyelles : le vIerge, le vIvace et le bel aujourd’huI

Ce n’est pas le nombre de voyelles identiques reprises dans un vers qui déterminera absolument celle qui sera la « teneur », mais leurs relations à des places structurelles du phrasé rythmique. On peut donc préférer n’en choisir que deux en ce sens (il en faut au moins deux pour qu’il y ait relation et donc rythme). C’est cependant la voyelle à la rime qui déterminera souvent le choix (mais pas forcément). Ici nous avons vu que la voyelle « i » reprise dans toutes les rimes du sonnet à été choisie par Mallarmé pour être la « teneur essentielle » du poème, un fait souligné par les reprises nombreuses de cette voyelle à l’intérieur des vers. Suivant la pensée musicale et symbolique de Mallarmé, nous choisirons donc ici la voyelle « i » :

le vIerge, le vIvace et le bel aujourd’huI

Chantons-là ainsi recto tono ( « (psalmodie qui se continue) sur une seule note » littéral. « sur un ton (tonus) régulier (rectus) »  en posant sa conscience sur les « i » et le mouvement sonore qui les met en relation.

Abordons maintenant les lignes allitératives, ou  « ligne des consonnes »

– en « l » = 4 consonnes : Le vierge, Le vivace et Le beL aujourd’hui

Récitons ce vers en  soulignant cette consonne et en éliminant l’emphase sur les autres. Comme nous le précise Steiner, la consonne « l » est le plus en relation avec la catégorie psychique de la « pensée.

Essayons maintenant une autre consonne:

– en « v » = 3 consonnes : Le Vierge, le ViVace et le bel aujourd’hui

Récitons ce vers à nouveau selon le même principe, en soulignant la consonne « v ». Nous pouvons ressentir que nous sommes plus dans un registre émotionnel. Je peux aussi discrètement ajouter le « b » de « bel » qui fait partie des « consonnes émotionnelles » et donc sonne dans le même registre : : Le Vierge, le ViVace et le Bel aujourd’hui

– en « r » = deux consonnes : Le vieRge, le vivace et le bel aujouRd’hui

En le récitants cette fois-ci avec un léger appui sur le « r » nous ressentons que c’est le domaine de la volonté.

C’est à l’interprète de choisir quelle est la meilleure consonne à souligner pour que le texte se mette à vibrer. A l’issue de cette petite recherche je décide donc de m’appuyer sur la voyelle « i » (d’en faire la teneur) et de souligner la consonne « v » et « b »

Cela donnera le VIerge, le VIVace et le Bel aujourd’huI.

Le rythme

A présent que les « notes » de l’instrument sont créées,  et que la prononciation est en place, il nous faut travailler sur le mouvement qui les met en relation, ce qu’on appelle le « rythme » (de rhéo « fleuve », « écoulement »)

Il se caractérise comme la synthèse des deux phases du mouvement que sont l’élan et le repos. Et que l’on retrouve à différents niveaux, soit celui du rythme-mot,  du rythme-incise et du rythme-phrase. Plus le grand-rythme qui pourra affecter l’ensemble d’une strophe et même tout le poème.

Maintenant que j’ai fait ce travail sur le premier vers, je peux le faire sur chacun des vers. Certains vont dire, « mais quel travail, et quel temps ca prend! » , je répondrais alors que c’est méconnaitre le temps de la poésie, qui est un « hors-temps » pouvant avoir valeur d’infini! et nous savons que Mallarmé pouvait passer des heures, des journées entières et même des années sur un seul vers!

Mais qu’ai-je fait fondamentalement ici? De la musique. Parce que la poésie est avant tout chant, avant tout musique. Et celle de Mallarmé est sur ce plan d’une exigence extraordinaire. Quand Mallarmé a déclaré que Verlaine était le plus grand poète de son temps, celui qui a « chanté », avec ou sans parole, alors que lui, dans sa modestie, n’avait fait que désigner, très loin, un livre inachevable, on pourrait lui répondre qu’en effet, si Verlaine était un grand chanteur, lui, était sans aucun doute un grand compositeur, peut-être même le plus grand compositeur de la poésie française.

Aborder la poésie de Mallarmé sous son angle musical est fondamental parce que pour Mallarmé, « écrire de la poésie, c’est faire de la musique ». Il le dit  clairement dans la lettre qu’il a écrit à Edmund Gosse le 10 janvier 1893:

Je fais de la Musique, et appelle ainsi non celle qu’on peut tirer du rapprochement euphonique des mots, cette première condition va de soi ; mais de l’au-delà magiquement produit par certaines dispositions de la parole, où celle-ci ne reste qu’à l’état de moyen de communication matérielle avec le lecteur comme les touches du piano. Vraiment entre les lignes et au-dessus du regard cela se passe, en toute pureté, sans l’entremise de cordes à boyaux et de pistons comme à l’orchestre, qui est déjà industriel ; mais c’est la même chose que l’orchestre, sauf que littérairement ou silencieusement. 

François Coppée commentera plus simplement la pensée de Mallarmé dans son Anthologie des Poètes français du XIXe siècle paru la même année : « Lorsque tant de contemporains font de la peinture avec des mots, voici un poète qui s’en sert pour faire de la musique » (ed. Lemerre, 1888, vol. III, p. 47).

Mallarmé dira aussi, parlant de la poésie : Tout existe, pourvu que cela chante […] 

Quand le sens et le son se répondent et s’éclairent mutuellement

Concluons maintenant en reprenant l’étude de  Berthin Montifroy sur « le Cygne »  et dans laquelle le « son et le sens » se répondent et s’éclairent mutuellement. Disons-le en entier :

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

Reprenons ici l’analyse de Montifroy :

Le cygne – ou le poète – autrefois « magnifique » n’a pas su chanter la région à vivre » lorsqu’il le pouvait encore, c’est-à-dire trouver un compromis entre la parole et le silence, le réel et l’idéal, le passé et l’avenir, le présent et l’éternel, aussi se retire-t-il dans le « stérile hiver ». N’étant pas compris des hommes, n’ayant pu vaincre son impuissance, le poète vit dans une solitude glaciale. Cependant nous trouvons encore, dans le premier vers du second tercet, un mouvement pour une ultime tentative afin de vaincre l’espace :


Tout son col secouera cette blanche agonie .

Les sonorités « K » et « S » nous montre le merveilleux  mouvement du cou du cygne : « Tout son col secouera »; mais il retombe aussitôt dans l’immobilité, pris dans l’horizontale blancheur de la surface du lac : « cette blanche agonie ».

Puis dans le troisième vers le cygne -ou le poète – veut encore échapper à son destin par un sursaut tout intérieur, figuré par l’apparition brutale d’une couleur rouge et son immédiate disparition à laquelle correspond les sons « O », et « R » : « Mais non l’horreur du sol ». Il est aussitôt immobilisé et la plume, symbole du vol, est à nouveau saisie par la surface glacée du lac où « le plumage est pris ».

Enfin,  au poète, qui a accepté de n’être qu’une douloureuse apparence dans cette éternelle solitude glacée où il n’a pu vaincre le temps, une ultime image, qui est peut-être un espoir apparait : celle de l’immensité de l’espace étoilé -la constellation du Cygne – suggérée par la blancheur du dernier vers, dont l’animal est le reflet terrestre:

Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne

Conclusion

Voici donc une première initiation au langage poétique, et dont chacun comprendra qu’elle pourrait nécessiter de nombreuses séances.

Mais comme il est question de créer ici, à l’Athéna Cairn, un cercle poétique, nous pourrions alors en profiter pour approfondir cette question fondamentale des « mots en poésie », et plus particulièrement celle de Mallarmé. Dire la poésie peut être aujourd’hui considéré comme un « mode original, particulier/autonome d’existence de la poésie » comme l’écrit le poète Jacques Roubaud, et aussi et surtout une exigence aujourd’hui où la poésie à disparue de la société. Apprendre par cœur un poème, le dire à l’intérieur de soi à plusieurs reprises, entrer dans le mot, dans la respiration rythmique du vers, c’est un chemin nécessaire pour entrer dans la vie intérieure du poème et retrouver le goût et le besoin de la poésie. Et c’est ce qu’avait déjà vu en son temps Mallarmé quand il écrira dans « crise de vers » :

« Je me figure par un indéracinable sans doute préjugé d’écrivain, que rien ne demeurera sans être proféré… »

***

(1) Berthin Montifroy langage et poésie,  Série ART n°3 TRIADES. Pour tout ce qui concerne l’étude du sonnet Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui …

Contact

Cette contribution entre dans le cadre d’une initiation à l’art poétique et que je poursuivrai en présentiel au sein du Salon Poétique Michaël Vinson. Les personnes intéressées sont invités à me laisser un message via la page contact de ce site.

Michaël Vinson

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