
16 avril 2020.

Ce poème de Paul Valéry, on peut le lire chez soi, enfermé entre quatre murs. Si l’on n’a jamais été à Valvins on y projettera un univers vague, aux contours moins définis mais il permettra de créer ses propres images, de « rêver un Valvins imaginaire ».
On peut aussi le lire là où il a été conçu dans l’esprit du poète. Il prend alors une densité particulière, il se révèle et révèle, il participe d’une poétique du lieu, de cette interaction subtile entre le réel et sa révélation poétique (la poésie comme révélation du réel? )
Il est aussi, s’il est lu en cet endroit précis, chemin, ou pierre sur le chemin.
Laisser la poésie ouvrir et faire le chemin c’est « vivre en poète », c’est participer d’une poétisation du monde, par le poème et par sa mise en situation. Voilà, en quelques mots ce que peut vouloir dire le « tourisme poétique« .
Et puis ce poème lu, à cet endroit précis, entre Seine et Forêt, prendra un force particulière, – se mettra à vivre – alors que publié sur facebook il ne sera même pas distingué. Ces photos-poèmes que je publie ainsi sur facebook ne font que dessiner la carte, et « la carte n’est pas le territoire ».
Chaque personne pourrait comprendre qu’elle pourrait elle aussi ouvrir un chemin poétique…. autour d’un thème, d’un poète, ou d’un paysage, comme ici : la Seine. C’est un poème qui ouvre un « voyage poétique le long de la Seine« . Chacun peut le continuer. Ou entreprendre un autre voyage, le long d’un autre fleuve. Et ces fleuves pourront se croiser et se jeter dans la Grande Mer Poétique qui baigne ce monde apoétique et le revivifier. Voilà ce que pourrait faire les poètes s’ils voulaient que la poésie reprenne toute sa place dans ce monde qui la nie.
Un dernier mot, un poème lu en situation n’a pas besoin de public pour faire vivre la poétique du lieu, pour faire vivre la poésie dans le lieu, pour passer de la carte au territoire, un territoire entre réel et imaginaire, l’un éclairant l’autre. La poésie devient ici courant vital qui se suffit à lui-même.
Qu’attendent donc les poètes?
« Alors, désormais, cessez d’abandonner la poésie aux poètes qui l’écrivent. C’est la vie qui doit être poétique. Eh oui, l’art nouveau, c’est d’apprendre à créer et à répandre la poésie tout autour de soi…. »
Aïvanhov
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