Olympe Audouard

OLYMPE AUDOUARD ET « PLACET »

Extrait de « L’absolu au jour le jour ». Théâtre poétique en vers de Michaël Vinson

MALLARME
Ce jour, mon existence prit un nouveau cours.
Le bon Emmanuel, m’encourageant toujours,
Me mit dans les filets sémillants de la blonde
Olympe Audouard, figure du petit monde
Du Tout-Paris, à la tête du Papillon,
Un journal de mode et littérature où l’on
Y publiait quelques poésies parisiennes,
Et dont se délectaient les bourgeoises-bohémiennes!
J’en fis un compte-rendu et ne pus m’empêcher
D’y vanter les charmes de la frivolité.
Eh! Comment en effet dirait-on d’une muse
Qu’elle serait parisienne si elle n’était profuse
Dans le « parler chiffon » et le chant des petits
Couvre-chefs de velours azuline jolis?

Incidemment, une notation plus intime
En ces jeunes années m’échappait, cette estime, _
Contrairement à mon ami qui célébrait
Le beautés brunes, _ pour la blondeur. J’en étais
Idolâtre….

VALERY
L’or, la lumière, la richesse, le rêve et le nimbe!
Comme vous l’avez écrit….

MALLARME
…Je sortais de l’ombre…
Dans cette vie nouvelle perçant la pénombre
De mon isolement que je pensais fatal,
J’assistais aux représentations théâtrales,
Fréquentais les journalistes et enfin, j’en vins
A rencontrer celle se croyant l’égérie
Irrésistible au sein de cette confrérie
D’auteurs dont elle recherchait les faveurs.
Je gravissais l’Olympe en cet insigne honneur
Que de voir publié, sous mon nom la première
Fois, le sonnet choisi pour cette aventurière.

Placet – Mallarmé

POESIE
Dit « Placet » (1862)

J’ai longtemps rêvé d’être, ô duchesse! L’Hébé
Qui rit sur votre tasse au baiser de tes lèvres;
Mais je suis un poëte, un peu moins qu’un abbé,
Et n’ai point figurer jusqu’ici sur le sèvres.

Puisque je ne suis pas ton bichon embardé,
Ni tes bonbons, ni ton carmin, ni tes jeux mièvres,
Et qu’avec moi pourtant vous avez succombé,
Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres,

Nommez-nous…__ vous de qui les souris framboisés
Sont un troupeau poudré d’agneaux apprivoisés
Qui vont broutant les cœurs et bêlant aux délires.

Nommez-nous… __ et Boucher sur un rose éventail
Me peindra, flûte en mains, endormant ce bercail,
Duchesse, nommez-nous berger de vos sourires.

VALERY
Ce sonnet, _ dit Louis XV car adoptant un ton
Très dix-huitième siècle, _ est fait dans la façon
D’un pseudo-Baudelaire où le fin maniérisme
Frôle l’amphigouri! Délicieux pédantisme
Qui fera le bonheur de ces deux musiciens,
Ravel et Debussy…

Olympe Félicité de Jouval, née le 13 mars 1832 à Marseille et morte le 13 janvier 1890 à Nice, est une journaliste, écrivaine voyageuse féministe française. Elle écrit sous le pseudonyme de Feo de Jouval ou de Olympe Audouard. Elle fonde cinq revues.

Elle est l’une des représentantes les plus importantes du mouvement féministe français de la seconde moitié du XIXe siècle.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Olympe_Audouard

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