L’Après-midi d’un faune – Mallarmé

« Enfin, Derenne publie l’APRES-MIDI D’UN FAUNE, un in-8° de quelques vastes feuillets, sous couverture de feutre blanc du Japon, avec le titre frappé en or et une fermeture assurée par deux cordonnets de soie, rose et noir. La plaquette, tirée à 195 exemplaires, contient un fronstipice, des fleurons et un cul-de-lampe gravés sur bois par Manet et coloré en rose de sa main, le tout mêlant « dans un sentiment moderne très-vrai à la fois le japonisme à l’antique ».

Mallarmé _jean-luc steinmetz, p.179

  1. Présentation
  2. Texte complet
  3. L’Après-midi d’un faune et l’interprétation des arts
    1. J’ai l’idée de traiter l’après midi d’un faune.
    2. Prélude à l’Après-midi d’un faune, Debussy
      1. Debussy: Prélude à  l’aprés-midi d’un Faune | Sous la direction de Mikko Franck, l’Orchestre philharmonique de Radio France
    3. Ballets Russes
      1. Vidéo : Nijinsky 1912 – L’Après-midi d’un Faune (full version)
      2. Vidéo : L’Après-midi d’un faune / Afternoon of a Faun – Ballets Russes
    4. « L’Après-midi d’un faune » par Paul Gauguin
  4. L’Après-midi d’un faune en japonais
  5. Voir aussi

Présentation

Frontispice pour L’Après-Midi d’un faune par Édouard Manet.

L’Après-midi d’un faune est un poème (« églogue ») en cent dix dodécasyllabes du poète français Stéphane Mallarmé, publié en 1876 chez Alphonse Derenne à Paris, avec des illustrations issues de gravures sur bois d’Édouard Manet. Il s’agit du monologue d’un faune qui évoque les nymphes et la nature qui l’entoure, dans une succession d’images poétiques. L’ensemble est dédié, dans l’incipit, à trois amis de Mallarmé, à savoir Léon CladelLéon Dierx et Catulle Mendès.

Le poème fit l’objet entre 1892 et 1894 d’une mise en musique par Claude Debussy qui composa le Prélude à l’Après-midi d’un faune, sur lequel Vaslav Nijinski créa une chorégraphie en 1912.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Apr%C3%A8s-midi_d%27un_faune

Texte complet



Offrir à trois amis, ayant pour nom Cladel, Dierx & Mendès, ce peu de vers (qui leur plut) y ajoute du relief ; mais autant vaut que mon cher Éditeur en saisisse le public rare des amateurs : l’illustration faite par Manet l’ordonne.

LE FAVNE

Ces nymphes, je les veux perpétuer.

 Si clair,
Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeils touffus.

 Aimai-je un rêve ?

Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses —

Réfléchissons…

 ou si les femmes dont tu gloses

Figurent un souhait de tes sens fabuleux !
Faune, l’illusion s’échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste :
Mais, l’autre tout soupirs, dis-tu qu’elle contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison ?
Que non ! par l’immobile et lasse pamoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s’il lutte,
Ne murmure point d’eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arrosé d’accords ; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant
Qu’il disperse le son dans une pluie aride,
C’est, à l’horizon pas remué d’une ride,
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration, qui regagne le ciel.


Ô bords siciliens d’un calme marécage
Qu’à l’envi des soleils ma vanité saccage,
Tacites sous les fleurs d’étincelles, CONTEZ
» Que je coupais ici les creux roseaux domptés
» Par le talent ; quand, sur l’or glauque de lointaines
» Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
» Ondoie une blancheur animale au repos :
» Et qu’au prélude lent où naissent les pipeaux,
» Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
» Ou plonge…
 Inerte, tout brûle dans l’heure fauve

Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d’hymen souhaité de qui cherche le la :
Alors m’éveillerais-je à la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys ! et l’un de vous tous pour l’ingénuité.


Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser, qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent ;
Mais, bast ! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l’azur on joue :
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, en un long solo, que nous amusions
La beauté d’alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule ;
Et de faire aussi haut que l’amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.



Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m’attends !
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps

Des déesses ; et, par d’idolâtres peintures,
À leur ombre enlever encore des ceintures :
Ainsi, quand des raisins j’ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,
Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide
Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D’ivresse, jusqu’au soir je regarde au travers.


Ô nymphes, regonflons des souvenirs divers.
» Mon œil, trouant les joncs, dardait chaque encolure
» Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure
» Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
» Et le splendide bain de cheveux disparaît
» Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
» J’accours ; quand, à mes pieds, s’entrejoignent (meurtries
» De la langueur goûtée à ce mal d’être deux)
» Des dormeuses parmi leurs seuls bras hazardeux :
» Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
» À ce massif, haï par l’ombrage frivole,
» De roses tarissant tout parfum au soleil,
» Où notre ébat au jour consumé soit pareil.
Je t’adore, courroux des vierges, ô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse
Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair
Tressaille ! la frayeur secrète de la chair :
Des pieds de l’inhumaine au cœur de la timide

Que délaisse à la fois une innocence, humide
De larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
» Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
» Traîtresses, divisé la touffe échevelée
» De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée ;
» Car, à peine j’allais cacher un rire ardent
» Sous les replis heureux d’une seule (gardant
» Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
» Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
» La petite, naïve et ne rougissant pas 🙂
» Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
» Cette proie, à jamais ingrate, se délivre
» Sans pitié du sanglot dont j’étais encore ivre.



Tant pis ! vers le bonheur d’autres m’entraîneront
Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir.
À l’heure où ce bois d’or et de cendres se teinte
Une fête s’exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c’est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant ses talons ingénus,
Quand tonne un somme triste ou s’épuise la flamme.

Je tiens la reine !

 Ô sûr châtiment…

 Non, mais l’âme

De paroles vacante et ce corps allourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,
Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins !


Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devins.


195 exemplaires dont 20 sur japon
ont été imprimés chez
Alphonse Derenne


prix
15 francs

L’Après-midi d’un faune et l’interprétation des arts

L’Après-midi d’un faune et l’interprétation des arts : Mallarmé, Manet, Debussy, Gauguin, Nijinski

[…] je rime un intermède héroïque, dont le héros est un Faune. Ce poème renferme une très haute et très belle idée, mais les vers sont terriblement difficiles à faire, car je le fais absolument scénique, non possible au théâtre, mais exigeant le théâtre. Et cependant je veux conserver toute la poésie de mes œuvres lyriques, mon vers même, que j’adapte au drame.

Lettre à Henri Cazalis, juin 1865, OC I, p. 678.

Quelle étude du son et de la couleur des mots, musique et peinture par lesquelles devra passer ta pensée, tant belle soit-elle, pour être poétique

Lettre à Henri Cazalis, juillet 1865, OC I, p. 682.

Voir le dossier complet ici :
https://www.cairn.info/revue-litterature-2012-4-page-3.htm

J’ai l’idée de traiter l’après midi d’un faune.

Cette pièce est abondante dans la pluralités des perspectives d’approfondissements de cette danse profondément art nouveau.

site très riche sur une analyse globale de la pièce

https://www.cairn.info/revue-litterature-2012-4-page-3.htm

Je pourrais analyser le décor:

https://www.histoire-image.org/etudes/apres-midi-faune-nijinski

et son auteur, Léon Bakst;

http://www.resmusica.com/2016/12/16/bakst-des-ballets-russes-a-la-haute-couture/

Sur la musique elle même par Debussy:

http://www.musique-millet.com/2006_07/option_specialite_bac_2007/debussy_faune/debussy_faune_cours.htm

A propos du texte de Mallarmé nous avons une étude très fournie :

http://www.persee.fr/doc/caief_0571-5865_1958_num_10_1_2129

de façon anecdotique la statuette offert à Mallarmé de Paul Gauguin

http://www.musee-mallarme.fr/l-apres-midi-d-un-faune-paul-gauguin

la chorégraphie est également à étudier

http://malandainballet.com/repertoire/l-apres-midi-d-un-faune

dossier très complet sur

Pour revenir sur le poème nous pouvons noter la rencontre entre Mallarmé et Manet

http://my.yoolib.com/bubljdlec/mallarme-manet-l’apres-midi-d’un-faune-1876/

Dans l’inspiration du poète nous trouvons la Diane au bois de Théodore de Banville (1863) avec une analyse compliquée mais à explorer

. Il contient un ex libris représentant un nénuphar, qui est imité d’un manga de Hokusai http://art.rmngp.fr/en/library/artworks/katsushika-hokusai_fleurs-et-nenuphars-dans-la-mangwa-tome-1_estampe-technique?page=7

l’affiche du ballet est également à étudier

Nijinski dans L’Après-midi d’un faune. Aquarelle de Léon Bakst pour la couverture du programme de la saison de 1912 des ballets russes.

Le parisien a également une page consacrée à la pièce

http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/L’Après-midi%20d’un%20faune%20(ballet)/fr-fr/

Conclusion: Cette oeuvre me semble parfaite pour mon dossier, il s’agit maintenant de trouver une problématique et étudier cette oeuvre sans m’éloigner du thème qu’est « l’art nouveau »

http://histart.over-blog.com/2017/10/l-apres-midi-d-un-faune.html

Prélude à l’Après-midi d’un faune, Debussy

Le Prélude à l’Après-midi d’un faune, sous-titré Églogue pour orchestre d’après Stéphane Mallarmé, est une œuvre symphonique de Claude Debussy, composée entre 1892 et 1894.

L’œuvre s’inspire du poème L’Après-midi d’un faune de Stéphane Mallarmé.

Debussy: Prélude à  l’aprés-midi d’un Faune | Sous la direction de Mikko Franck, l’Orchestre philharmonique de Radio France

«La musique moderne s’éveille à l’après-midi d’un faune» (Pierre Boulez)

Ballets Russes

L’Après-Midi d’un Faune de Nijinski | Histoire et analyse d’images et oeuvres
https://www.histoire-image.org/…/apres-midi-faune-nijinski

Vidéo : Nijinsky 1912 – L’Après-midi d’un Faune (full version)

https://www.youtube.com/watch?v=Vxs8MrPZUIg&t=3s

https://www.youtube.com/watch?v=Vxs8MrPZUIg&t=3s

Vidéo : L’Après-midi d’un faune / Afternoon of a Faun – Ballets Russes


la chorégraphie est également à étudier

http://malandainballet.com/repert…/l-apres-midi-d-un-faune

« L’Après-midi d’un faune » par Paul Gauguin


Paul Gauguin offre à Stéphane Mallarmé cette sculpture en bois de tamanu en 1893 à l’issue de l’exposition de ses œuvres de Tahiti organisée chez Paul Durand-Ruel. Il remercie ainsi le poète qui l’a aidé en 1891 à financer son voyage. Mallarmé installe l’œuvre sur le buffet de son appartement parisien où elle reçoit le surnom familier de « la bûche ». Cette œuvre est présentée sur le palier du 1er étage.

L’influence de la mythologie polynésienne

Inspirée de la mythologie polynésienne, cette sculpture en très bas-relief fait partie d’un groupe de sculptures en bois que Gauguin réalise lors de son premier séjour à Tahiti.

Elle représente deux divinités de la mythologie polynésienne, Te Fatu et Hina. Elle incarne les recherches de Gauguin sur l’art océanien.

https://www.musee-mallarme.fr/l-apres-midi-d-un-faune-paul-gauguin?fbclid=IwAR14LV8PzC25Gx5DqLj3_W1PBuYlTsv20klyLjQD3fwNTdDce_3TNA9a0Ps

L’Après-midi d’un faune en japonais

Lecture à deux voix de l’Après-midi d’un faune, en français et en japonais, le vendredi 20 mars 2020 à 19h30 lors de la conférence de Madame Chikako Nagakura sur l’introduction de la littérature française au Japon, et plus particulièrement Mallarmé, à l’hôtel Aigle Noir de Fontainebleau.
Amicale Artistique Franco-Japonaise Valvins – Paris

Voir aussi

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