
UBU SUR LA BERGE
par Philippe Régibier
Qui sait à Corbeil, ou plus exactement qui savait, jusqu’à ce que, tout récemment, la municipalité eût décidé de donner son nom à une petite place de la ville, qu’Alfred Jarry avait passé une partie de sa vie si courte sur les bords de la Seine? Son œuvre, pourtant, n’est-elle pas tout imprégnée d’odeurs aquatiques et fluviales?
Voir aussi :
http://maisons-ecrivains.fr/2008/12/15/alfred-jarry-corbeil/
Le lendemain, Jarry emmena Paul Fort à Valvins voir Mallarmé.
« Un jour Paul Fort rendit visite à Alfred Jarry dans son cabanon du bord de Seine, à Corbeil. Le lendemain, Jarry l’emmena à Valvins voir Mallarmé.
Comme ils n’avaient pas de quoi se payer le train ou la navette fluviale, – et ne disposaient que d’un vélo pour deux (celui dont Jarry ne se séparait jamais), – ils roulèrent cahin-caha, marchant le plus souvent à pied, empruntant jusqu’à Melun et au-delà, le chemin de halage plein de fondrières.
Arrivés à Valvins, on leur dit que Mallarmé était parti pour Marlotte, à pied, par la forêt.
Nos deux poètes suivirent la même route, le ventre creux, sans s’attarder devant le château où de vulgaires touristes béaient d’admiration.
Ils croisèrent quelques biches et quelques sangliers sur leur sentier, avant de parvenir au Logis de Haute-Claire où Armand Point et ses amis les accueillirent à bras et table ouverts.
Quant à Mallarmé, il s’était assoupi dans un fauteuil et ne se réveilla qu’à la nuit tombée, après une longue sieste. »