Li Zeliang

  1. Imiter le Chinois au cœur limpide et fin
  2. Lecture du Coup de dés de Mallarmé. Soutenance de LI Zeliang (dir. J.-N. Illouz)
  3. Divagations (1897)-Le Nénuphar blanc
  4. Voir aussi
Imiter le Chinois au cœur limpide et fin

Li Zeliang, doctorant à l’université Paris VIII depuis novembre 2018, sous la direction de Jean-Nicolas Illouz, a pour sujet de thèse “Imiter le Chinois” : prolégomènes à une traduction du Coup de dés de Mallarmé en chinois.
Cette étude se veut une contribution au champ peu abordé entre Mallarmé et la Chine, champ difficile à cause de la fameuse obscurité du poète français ou de l’apparente absence de croisement entre le poète et la culture chinoise. Le livre de Laurent Mattiussi, première monographie à ce sujet, Mallarmé et la Chine, publié en 2015,
est le point de départ et la référence principale de notre étude, qui fait du dialogue inimaginable entre les deux cultures une matérialité tangible, du lointain le pays natal, de l’ailleurs l’ici. Nous voulons porter notre regard sur cette possible coexistence ou dialectique entre l’exotique et le natal, entre l’étrange(r) et l’hospitalier, sur l’appel
à un point de vue et de contact extérieur demandé par son intérieur, sur le renouvellement du sens du natal accompli par un voyageur-explorateur : le poète réputé le plus obscur et le plus intraduisible retrouverait dans le continent le plus lointain son point d’appui, son support et sa conscience de soi.
Cette présente étude est d’abord une lecture, critique ou orientée, du livre de Laurent Mattiussi, Mallarmé et la Chine, selon trois points : l’esthétique du tracé, le rapport entre la nature et l’art et le rythme dit« d’alternance ».
Cette structure du livre tend à diriger la critique mallarméenne de « la tragédie de la nature » qui est au fond une rupture fondamentale vers une possible élévation, une réconciliation ou une continuité, caractérisées par des mots tels que « compénétration », « superposition ». Nous voulons, dans un deuxième temps, relever une divergence entre Laurent Mattiussi et Bertrand Marchal sur la question du divin, qui se trouve non seulement dans ce livre mais aussi dans la thèse de Mattiussi soutenue en 1996 ; il est aussi curieux de découvrir dans cette divergence ce qui sous-tend cet ouvrage de 2015, Mallarmé et la Chine, non pas la rupture absolue qui soit le fin mot, mais un trait d’union, un « et » qui relient toujours secrètement nos pas à une forme d’au-delà, au continent inconnu nécessitant toute sorte de tentatives et de confrontations, et parfois des naufrages, d’où le choix de la Chine,« aussi loin qu’un endroit fusionne avec au-delà » lit-on dans le poème du Coup de dés. Enfin, nous voulons éclairer le contexte de la critique mallarméenne qui se tourne peu à peu vers une forme de « partage du sensible » ranciérien, partage non seulement entre les différentes formes d’art — pensons aux différents avatars du Coup de dés de Mallarmé énumérés par Thierry Roger dans L’Archive du Coup de dés — mais aussi entre les continents les plus éloignés, séparés à la fois par l’espace et le temps. Ce partage n’est pas un travail forcé par le critique, il est la disposition même de la poésie mallarméenne

Source :

À la recherche du poétique perdu.
Croisements des poésies française et chinoise (XIXe – XXIe siècles) https://www.ens.psl.eu/sites/default/files/2021-05/Brochure%202%20-%20%C3%80%20la%20recherche%20du%20po%C3%A9tique%20perdu.%207%20et%208%20mai%202021.pdf

La thèse de Li Zeliang est disponible en PDF sur simple demande. Merci d’envoyer votre adresse email via la page contact pour le recevoir.

Titre : Las de l’amer repos
Poète : Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Recueil : Poésies (1899).


Las de l’amer repos où ma paresse offense
Une gloire pour qui jadis j’ai fui l’enfance
Adorable des bois de roses sous l’azur
Naturel, et plus las sept fois du pacte dur
De creuser par veillée une fosse nouvelle
Dans le terrain avare et froid de ma cervelle,
Fossoyeur sans pitié pour la stérilité,
— Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité
Par les roses, quand, peur de ses roses livides,
Le vaste cimetière unira les trous vides ? —
Je veux délaisser l’Art vorace d’un pays
Cruel, et, souriant aux reproches vieillis
Que me font mes amis, le passé, le génie,
Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie,
Imiter le Chinois au cœur limpide et fin
De qui l’extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D’une bizarre fleur qui parfume sa vie
Transparente, la fleur qu’il a sentie, enfant,
Au filigrane bleu de l’âme se greffant.
Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,
Serein, je vais choisir un jeune paysage
Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.
Une ligne d’azur mince et pâle serait
Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue,
Un clair croissant perdu par une blanche nue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux,
Non loin de trois grands cils d’émeraude, roseaux.

Stéphane Mallarmé.

Lecture du Coup de dés de Mallarmé. Soutenance de LI Zeliang (dir. J.-N. Illouz)

Résumé de la thèse : 

Notre lecture a pour objectif d’aborder trois des « subdivisions prismatiques » de ce poème-prisme par excellence qu’est le Coup de dés. Nous explorons tour à tour les dimensions esthétique, métaphysique et métapsychologique du poème typographique de 1897 qui se révèle comme un acte un et multiple, simple et complexe. 

La première partie de cette étude — Un poème polytypographique — vise d’abord la recherche d’une « édition idéale» du Coup de dés, à travers l’examen de ses différents états. Nous étudions ensuite la forme du poème, telle qu’elle apparaît « selon une vision simultanée de la Page » et la « mobilité de l’écrit ». Nous proposons enfin de lire le Coup de dés comme la création d’un « genre entier » qui apporterait une solution à la crise de vers. 

La deuxième partie de notre lecture aborde le Coup de dés comme un poème « chaosmogonique ». À cette complexité stellaire que le poème imite s’ajoute aussi une autre complexité, marine, qui fait de l’écriture-lecture du poème une Odyssée moderne. Le poème est aussi la « figure d’une pensée », cherchant son impossible fondement entre le Nombre et le Hasard.

Nous considérons enfin ce poème comme un « livre de deuil ». Nous proposons de le lire comme une réalisation lointaine des Notes pour un Tombeau d’Anatole écrites vingt ans plus tôt, à savoir comme le « tombeau idéal » d’un enfant « muet ». Le Coup de dés accomplit à sa façon cette « idéalisation » de l’« enfant, semence », et permet la consolation poétique et le sauvetage spirituel qui avaient été impossibles pour le père poète en 1879. 

Notre lecture se déploie ainsi « pli selon pli », dans une perspective toujours à continuer en d’autres plis.

https://www.fabula.org/actualites/118182/lecture-du-coup-de-des-de-mallarme.html

Divagations (1897)-Le Nénuphar blanc

[…] Vous avez peut-être aussi raison de combiner Valvins et Chine, Mallarmé et le cœur limpide, vu la limpidité du paysage fluvial où rien n’est forcé, où tout somnole en cet après-midi d’un été du « Nénuphar blanc » comme l’ivresse d’un poète-peintre-calligraphe chinoise. 

Li Zeliang 

Voir aussi