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Le testament spirituel de Robert Hossein : « Faire jaillir des sources d’amour au cœur de nos relations humaines »
En 2016, le journaliste et écrivain François Vayne publiait un livre d’entretiens avec l’acteur, réalisateur et metteur en scène (Je crois en l’homme parce que je crois en Dieu, Plon-Presses de la Renaissance). Alors que Robert Hossein vient de mourir à l’âge de 93 ans, il lui rend hommage pour La Vie.
« J’envisage la mort comme une belle rencontre, une fête où la nuit n’existera plus, où la nuit sera blanche parce qu’en plus de Vadim, de Barclay, de Gérard Philipe, et de tous les êtres rares qui me manquent terriblement, je verrai Dieu face à face, lui dont j’ai parlé si mal mais que j’ai tant cherché ! On est de passage et en toute chose il faut considérer la fin ! », me disait Robert Hossein, lors de nos entretiens sur la foi, publiés il y a quatre ans. Victime du coronavirus, le grand acteur, metteur en scène, réalisateur et scénariste, nous a quittés le dernier jour de cette terrible année 2020, marquée par une pandémie qui a semé la mort de dizaines de milliers de personnes. Alors que nous sommes encore soumis à des règles draconiennes de distanciation sociale, ce converti habité par le désir de Dieu et passionné de fraternité humaine nous laisserait-il un message pour 2021 ? J’en ai la conviction, ayant eu l’honneur d’être son ami et de recueillir ses ultimes confidences. De nos longs échanges, il ressort que sa conversion ressemblait à une « marche au long cours faite de chutes et de meurtrissures ». « De grâce, disait-il, ne parlez pas de conversion subite, je vais me mettre en colère, j’ai horreur de ceux qui font commerce de leur “conversion”, allant vendre leurs livres de conférence en conférence sous prétexte de témoigner… Je crois que Dieu agit en nous patiemment, dans le temps, à petits pas. »
« L’image du ballon qui s’élève parce qu’on lâche du lest me plaît bien : nous avons à nous alléger pour gagner en disponibilité aux autres et à l’œuvre divine. »
Tout commença pour lui avec un départ vécu comme une renaissance quand, à la quarantaine, il s’en alla créer un théâtre populaire à Reims, abandonnant derrière lui une vie de mondanités. Persuadé, comme Dostoïevski, que la beauté dans l’art sauvera le monde, il voulait mettre la culture à la portée de tous, pour qu’elle ouvre les cœurs. « Mes sept ans à Reims ont été une rupture avec la vie superficielle que j’avais auparavant à Paris. Croisant tous les jours le sourire de l’ange de la cathédrale, j’ai compris que Dieu croyait en moi, et même qu’il demeurait en moi ; j’ai goûté sa présence intérieure, je me suis mis à sa disposition », m’a-t-il raconté. Avec Candice, son épouse dont la profonde vie de foi le conduisit à demander le baptême à plus de 50 ans, en 1980, il a cheminé dans une perspective spirituelle, intensément. « L’image du ballon qui s’élève parce qu’on lâche du lest me plaît bien : nous avons à nous alléger pour gagner en disponibilité aux autres et à l’œuvre divine. Ainsi je me suis avancé vers le baptême, pour laisser le Christ me dépouiller de moi-même et me simplifier, prendre toute la place pour que je devienne pleinement un homme, fils de Dieu, comme lui. »
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Candice et Robert parlaient beaucoup de Charles de Foucauld, « ce militaire débauché qui faisait des orgies avant de partir au désert, parmi les plus lointains et les plus pauvres, pour l’amour de toute l’humanité ». Touché par l’exemple de bonté et d’humilité de Charles de Foucauld, Robert Hossein voulait lui aussi « aimer à l’extrême ». Il comprit que c’est au théâtre qu’il devait continuer à exercer ses dons « pour éveiller le sens de la transcendance chez les gens ». Ainsi est né son désir de mettre en scène la vie de Jésus, pour « porter l’Évangile du Christ dans l’arène publique, en dehors des cercles paroissiaux ». « Il y avait urgence à sortir le Bon Dieu des sacristies où les adversaires de l’Église l’ont enfermé depuis deux siècles, avec la tragique complicité de certains clercs plus attachés à la valeur de leurs chasubles brodées qu’à la personne du Christ, ce nomade habillé comme tout le monde dont le sourire guérit les cœurs avant même qu’il ne parle », lançait Hossein sur le ton des prophètes.
« Porter l’Évangile du Christ dans l’arène publique, en dehors des cercles paroissiaux (…) Il y avait urgence à sortir le Bon Dieu des sacristies. »
Un homme nommé Jésus, en 1983, au Palais des Sports de Paris, a connu un énorme succès avec 700 000 spectateurs en près de 200 représentations – il est au Guiness des records – puis ce fut Jésus était son nom, en 1991, et Jésus la Résurrection en l’an 2000, toujours au Palais des Sports. Avec Une femme nommée Marie, à Lourdes en 2011, Robert Hossein reprenait ce spectacle en l’adaptant au message délivré par la Vierge à Bernadette, permettant à des milliers de personnes malades de vivre la représentation gratuitement, tandis qu’elle était retransmise en direct sur une chaîne de télévision publique un samedi soir, à une heure de grande écoute. « Être chrétien, c’est être conquis par le Christ et être dégagé des cadres étroits d’une seule culture, d’une seule religion, d’une seule nation ! Mon rêve est maintenant de monter un spectacle œcuménique sur Jésus, à la fois à Rome et à Moscou, pour manifester la volonté de réconciliation entre catholiques et orthodoxes », me confiait-il au soir de sa vie. Il avait écrit à ce sujet « une lettre d’amour » au pape, après la rencontre historique de François avec le patriarche Kirill à Cuba. Ses dernières énergies tendaient toujours vers ce projet.
Au-delà des inoubliables spectacles qui ont élevé nos âmes, le message de Robert Hossein est un appel à favoriser la fraternité universelle, à faire jaillir des sources d’amour au cœur de nos relations humaines. Son testament, que je l’ai entendu plusieurs fois répéter, tient en ces quelques mots criés à Lourdes lors du spectacle sur Marie : « Sortons de nos médiocrités, car si nous n’avons pas le pouvoir de guérir, nous avons celui d’aimer, d’aider et de partager, avant qu’il ne soit trop tard ! »
Livres
Lumière ténèbres

Description de l’ouvrage :
Ce n’est pas tous les jours qu’un homme de médias ose se livrer ainsi et raconter avec autant de franchise sa rencontre avec Dieu, mais surtout les phénomènes inexplicables auxquels il a assisté, notamment lors de ses spectacles sur Jésus. Un livre étonnant et troublant sur la Foi et le cheminement mystique du créateur de « Jésus était son nom ».
Description de l’ouvrage :
» Moi, j’ai la Foi. Je ne serais pas encore debout, ici et maintenant, si je n’avais aucune conviction. C’est une certitude absolue, malgré les moments de découragement. Car ce n’est pas parce qu’on est croyant qu’on doit détourner le regard ou se résigner aux horreurs de cette Terre. Bien au contraire. Il faut se battre, chaque jour, contre la méchanceté, la laideur et la connerie. Il faut avoir le courage de se démener pour rendre le monde meilleur, en commençant par ce qui se trouve à sa portée… Notre ultime dignité consiste à ne jamais baisser les bras. Nous avons le devoir de ne pas nous comporter en moutons progressant bien sagement vers leur trépas. Le sel de la vie, c’est la révolte ! Le Christ lui-même s’est révolté, il a piqué des colères… Accepter de crever sur une croix pour racheter les péchés du monde, vous ne trouvez pas que c’est un acte de rébellion totale ? » Avec une liberté de ton et une force de conviction troublante, Robert Hossein parle ici de la Foi. Foi en l’homme et en Dieu, façonnée par les épreuves et les joies d’une vie peu commune. Un livre exceptionnel, bouleversant, inspirant, qui vous marquera durablement.
À propos de l’auteur :
Comédien, réalisateur, metteur en scène de théâtre, Robert Hossein est sans aucun doute l’un des hommes les plus populaires de notre pays. Le livre a été écrit en collaboration avec Véronique Lesueur.
Je crois en l’homme parce que je crois en Dieu

« Pourquoi ai-je accepté cette conversation, au soir de ma vie ? La proposition de relire mon histoire à la lumière de la foi m’a touché au coeur. Le moment est en effet venu pour moi de remercier Dieu pour les merveilles de sa présence dans toutes les personnes que j’ai eu la joie de connaître sur cette terre. J’ai été élevé dans le culte de la justice et du partage, mon but demeure depuis toujours d’aider les gens à trouver le sentiment d’exister, à s’assumer pour vivre du métier qu’ils ont choisi, et si je crois dans les hommes parce que je crois en Dieu, j’ose dire encore : je crois en Dieu parce que je crois dans les hommes ! Je suis un rebelle par instinct, je sais que l’Eglise du Christ est bien plus vaste que la hiérarchie qui la dirige.
Ouvrons nos coeurs à l’entente, accordons-nous le droit de ne pas être du même avis et unissons-nous à faire le bien. Pour reprendre la phrase de Jean Renoir, « la seule chose que je puisse encore donner dans ce monde cruel et privé de sens, c’est mon amour ». «
Théâtre
Une femme nommée Marie
Publié le 14 août 2011
Des milliers de personnes, dont de nombreux malades, ont assisté samedi soir à Lourdes au nouveau spectacle de Robert Hossein.
L’immense esplanade de Notre-Dame du Rosaire, à Lourdes, avec son portique monumental est à la mesure du souffle de Robert Hossein, fait pour les grands espaces et les grands mouvements, de foule ou de cœur. Samedi, pour les malades en pèlerinage, il y a donné la première de son nouveau spectacle, Une femme nommée Marie, qui viendra au Palais des Congrès de Paris du 24 au 30 octobre et sera disponible en DVD à partir du 10 octobre. Le spectacle était retransmis sur écran géant sur le parvis de Notre-Dame de Paris.
Si le titre annonce Marie, c’est Jésus le personnage central : aussi discrète mais aussi présente qu’elle le fut dans la vie du Christ, Marie est là pour conduire vers son Fils, et faire le lien avec Bernadette et avec tous les malades qui viennent chercher à Lourdes guérison et réconfort. La Vierge apparaît dans la grotte, face à Bernadette Soubirous, pour lui raconter l’Evangile.
Une vingtaine de tableaux chorégraphiés
A partir de l’adaptation des quatre Evangiles faite par Alain Decaux, le spectacle se compose d’une vingtaine de tableaux très chorégraphiés, avec des acteurs muets sur scène, qui s’expriment via une voix off, sur une bande son enrichie de musiques et de chants. On passe ainsi de l’histoire de Jean-Baptiste à l’enseignement de Jésus et à ses miracles (guérison d’un lépreux, multiplication des pains, résurrection de Lazare) On passe également de l’appel des apôtres à l’affrontement avec les pharisiens, de la Cène à l’arrestation de Jésus et à sa montée au calvaire.
A l’aise dans le plein air, Hossein utilise avec brio l’espace architectural, qu’il remplit de courses soudaines ou, au contraire, d’immobilité attentive. Il en tire parti d’une façon à la fois dramatique et symbolique. L’action dramatique, qui met en jeu les passions humaines, élans de la foule vers Jésus ou hostilité des puissants, se joue horizontalement sur toute la largeur de la scène, et même dans le public, lors de la multiplication des pains, distribués aux malades. Tandis que l’escalier monumental menant au sommet du portique symbolise la solitude transcendante du Christ : il le gravit à deux reprises, et c’est la lumière qui exprime alors le mystère de la Transfiguration et de la Croix. Les éclairages sont très évocateurs, tout comme les costumes, qui donnent un relief varié et inattendu à la mise en scène : avec la danse lascive d’une flamboyante Salomé en voiles rouges, on passe du côté du péplum au côté space-opera fantastique au moment de l’arrestation de Jésus. Entourés de sbires très Guerre des étoiles, les grands-prêtres ressemblent à Dark Vador avec leurs grandes capes de velours noir et leurs mufles étranges, et les Romains, en écarlate, illustrent la puissance impériale. Rouge et noir, le Pouvoir encercle d’épées et d’épines un Jésus dont l’interprète rend parfaitement l’autorité tout en douceur.
A travers ces tableaux très stylisés, Hossein réussit à trouver l’équilibre entre l’extériorité du grand spectacle et l’intériorité de Jésus, sa vie intime de solitude et de prière. Pas facile ! Mais l’énergie passionnée du metteur en scène et la ferveur du croyant emportent la conviction. Et quand le vieux lion vient saluer en claudiquant, appuyé sur sa canne, un tonnerre d’applaudissements répond à l’homme de théâtre et de foi.
Jésus était son nom

1991
Église Saint-Augustin
Paris 8ème
M.O.Société de Production et de Promotion de Spectacles Artistiques et Sportifs
M.O.E : Robert Hossein
Photographe : Patrick Lorette
Surface : 800m2
Rien n’est trop grand pour la foi de Robert Hossein.
Passionné, téméraire, porté par son enthousiasme et ses rencontres quelque fois
Inattendues, Robert Hossein a décidé de communiquer avec le plus grand nombre,
avec ses spectacles, un sens aigüe de la mise en scène, mais aussi avec les
toiles d’échafaudage pour lesquelles il deviendra rapidement un fervent promoteur.
L’actualité a voulu que les travaux de la réfection du dôme de l’église Saint-Augustin
coïncident avec la production à grand spectacle de Robert Hossein,
« Jésus était son nom »
C’est pourquoi, le spécialiste de la mise en scène monumentale a demandé à Catherine Feff, spécialiste de la peinture monumentale de peindre le Christ et ses douze apôtres sur une immense toile de
10 mètres de hauteur et 80 mètres de longueur.
La toile géante a été peinte dans l’atelier de Meudon puis accrochée par
une équipe de 30 alpinistes à 60 mètres de hauteur.
Est ainsi apparue sur le dôme de Saint Augustin, Jésus entouré des 12 apôtres qui
sont personnifiés par les acteurs du spectacle de 1991.
On retrouvera plus tard,
en 2001,
« Jésus, la résurrection »
sur l’église de la Madeleine.
Catherine Feff, toujours dévouée et fidèle saura comprendre la volonté de Robert
Hossein et traduire ses intentions à l’aide de ses pinceaux
et
une technique picturale
parfaitement éprouvée. https://catherinefeff-studio.com/index.php/portfolio_item/toiles-evenementielles/14-hossein-jesus-et-les-12-apotres-saint-augustin-paris/
« Jésus, la résurrection »

1991
Église de la Madeleine.
Paris 8ème
M.O.: Société d’Exploitation du Palais des Sports
M.OE : Robert Hossein
800 m2
Plusieurs fois s’est imposé à Robert Hossein le thème de « jésus » :
En 1983 avec « Un homme nommé Jésus »
En 1991 avec « Jésus était son nom »
et au printemps 2000 « Jésus, la résurrection ».
A chaque fois le spectacle s’est produit au Palais des Sports, mais en 2000, c’est sur l’église de la Madeleine que Robert Hossein a souhaité afficher sans complexe, un Jésus sans visage,
dans des tonalités rouge sang.
Fidèle partenaire des idées sur- dimensionnées de Robert Hossein,
Catherine Feff donnera corps à l’imagination, à l’enthousiasme et aux convictions de Robert Hossein en réalisant cet immense portrait énigmatique que les parisiens n’ont pas oublié.
La difficulté consistait à faire en sorte qu’on ne puisse pas savoir si Jésus était représenté de face ou de dos afin que le visuel conserve tout son mystère.
Ce visuel géant fut peint à Meudon,
puis mis en place par des alpinistes et retouchée par les artistes cordistes de l’atelier. https://catherinefeff-studio.com/index.php/portfolio_item/toiles-evenementielles/5-jesus-robert-hossein-eglise-de-la-madeleine/
