
- Présentation
- Résumé synthétique
- Préface de Peter Roche de Coppens
- Le programme de l’École de l’Amour
- Introduction
- La Trinité, école de l’amour
- Le Père : pédagogue de l’Amour
- Le Fils, pédagogue de l’Amour
- Le Saint-Esprit, pédagogue de l’Amour
- A l’École de l’Amour au cœur de la forêt
- Voir aussi
Présentation
Aimez-vous les uns les autres est un adage que nous avons souvent entendu ou répété, mais qu’est-ce que cela implique vraiment? Comment y parvenir malgré les pièges qui surgissent devant nous lorsqu’il est question d’aimer? Si nous cherchons tous à faire en sorte que l’amour ait une place réelle dans notre vie, nous constatons malheureusement que la chose demeure difficile et que des outils sont très certainement nécessaires pour y parvenir pleinement.
Charles-Rafaël Payeur vous propose de découvrir les trois grandes exigences psychologiques nécessaires afin de vivre cette expérience et les trois composantes spirituelles qui la constituent. Pour chacune d’elles, il vous suggère en outre un exercice de visualisation afin d’expérimenter pleinement ce que ces réalités signifient, conformément à une antique tradition toujours vivante consistant à travailler sur des images symboliques. Ces exercices vous ouvriront dès lors les portes de l’École de l’Amour
Depuis plus de vingt ans, Charles-Rafaël Payeur s’efforce de mieux faire connaître la tradition chrétienne en la présentant comme un chemin de développement psycho-spirituel, s’appuyant essentiellement sur le symbolisme traditionnel, la théologie et la psychologie contemporaine. Son objectif principal est de permettre à chacun de découvrir la richesse de cette tradition, mettant principalement en exergue le fait qu’elle est sans doute la plus belle pédagogie de l’amour à laquelle l’homme puisse accéder.
Résumé synthétique
Préface de Peter Roche de Coppens
Voici les grandes questions auxquelles ce livre tente de répondre :
– Qu’est-ce que l’amour et comment y parvenir?
– Quelle est sa véritable nature et sa dynamique propre?
– Quelles sont ses expressions et ses conséquences authentiques?
– Comment entrer à « l’école de l’amour » et y étudier?
– Quel est l’entraînement requis et les exercices qui pourraient nous aider à mieux comprendre, vivre et incarner l’amour?
De l’interaction humaine
Pour la sociologie, l’interaction est toujours créatrice dans la mesure où l’équation un plus un n’égale pas deux, mais bien trois! Lorsqu’un être humain rencontre et fait des échanges avec un ou plusieurs autres, il change, se transforme et actualise un potentiel et des facultés que jamais il n’aurait pu développer s’il était resté seul. Il parvient ainsi à la croissance et à la transcendance. L’interaction humaine est donc le grand processus responsable du développement de notre potentiel humain, de notre croissance et de l’accomplissement de notre destinée en ce monde!
Les trois « pédagogues » de l’Amour, la plus grande des écoles
C’est vers le niveau spirituel et ontologique que nous transporte l’analyse de Charles-Rafaël Payer, vers le cœur même de la Réalité et de son hologramme, l’être humain. Pour lui, l’Amour est véritablement la plus grande des écoles, l’École suprême où nous avons trois grands pédagogues aussi bien au niveau du macrocosme qu’au niveau du microcosme. Ces trois « pédagogues » sont le Père, le Fils, et le Saint-Esprit avec leurs interactions et échanges multiples. Ensemble, ils constituent l’archétype, le prototype et le « programme d’entraînement pratique » pour tout être humain sérieusement intéressé à comprendre, à vivre et à incarner l’amour.
Le programme de l’École de l’Amour
La pédagogie de l’amour donnée par les trois Personnes de la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, permet de découvrir le sens profond de l’injonction évangélique : « Aimez-vous les uns les autres ». Il existe en effet une véritable science de l’amour et celle-ci est tout entière incarnée par le mystère de Dieu tel qu’il apparait dans la tradition chrétienne.
Le Père et la pédagogie du don
La première étape enseignée par le Père pour nous préparer à l’expérience de l’amour se résume essentiellement dans le développement d’une aptitude à nous centrer sur nous-mêmes pour ainsi découvrir ce que nous sommes vraiment et pour valoriser pleinement notre identité profonde, évitant de nous laisser emporter par les influences extérieures qui cherchent toujours à nous conformer aux exigences du monde. Il est dès lors possible de s’affirmer pleinement, le développement d’une bonne affirmation de soi conduisant à l’éveil d’une disposition de don par laquelle il est possible d’offrir à l’autre ce que nous possédons et ce que nous sommes, vivant ainsi de manière plénière la première dimension de l’amour. Il n’y a effectivement pas de vrai amour sans ce don de soi dans le respect de l’autre, ce que nous enseigne le Père qui ne conserve rien pour lui-même et nous invite à donner également sans réserve.
Le Fils et la pédagogie de l’accueil
La seconde étape enseignée par le Fils réside dans le développement d’une aptitude à reconnaître l’existence de l’autre en tant que telle et à se mettre à son écoute dans une disposition d’ouverture et d’accueil parfait. Cette seconde préparation à l’expérience essentielle de l’amour représente déjà une réelle difficulté sur un plan psychologique, car une telle expérience implique de dépasser toute pulsion narcissique amenant l’individu à demeurer focalisé sur lui-même, l’autre étant uniquement perçu comme un reflet de sa propre réalité. Ceci étant, la réalisation de cet enjeu conduit à développer, sur un plan spirituel, une capacité à accueillir vraiment l’autre, luis accordant une place centrale au sein de son existence. Il s’agit de se tourner vers lui pour le servir, développant notamment une profonde compassion à son égard et mettant à sa disposition les ressources dont nous disposons pour qu’il puisse pleinement accomplir sa vocation et son projet, tout amour exigeant d’être fondamentalement attentif aux besoins de l’autre.
Le Saint-Esprit et la pédagogie du partage
La pédagogie de l’amour propre au Saint-Esprit consiste d’abord, sur un plan psychologique, à développer une relation de partage où les richesses de chacun, pleinement et affirmées, sont mises à la disposition de l’autre, entraînant ainsi de part et d’autre le développement de qualités et d’aptitudes nouvelles. Par sa différence, l’autre est effectivement porteur de ressources qu’il est possible d’éveiller et de développer en soi dans le cadre d’une relation étroite avec lui. Mais cela n’est évidemment que les prémices de l’amour enseigné par ce troisième pédagogue divin. En effet la troisième étape de cette expérience de l’amour nous conduit à participer à la réalité de l’autre, acceptant de mourir à soi-même pour aller au-delà de ce que l’on est, sans pour autant disparaître ou sombrer dans une quelconque fusion ou dissolution, l’amour entraînant toujours une communion sans confusion et une dynamique de transcendance qui nous permet à la fois d’aller au delà de nous mêmes tout en demeurant ce que nous sommes.
Voilà en quelques mots le programme de cette admirable pédagogie de l’amour à laquelle la tradition chrétienne nous invite à la suite de son Maître : « je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres. » (Jean XIII,34).
Introduction
Le concept de la Trinité est une véritable école de l’amour
« Dieu est amour » affirme saint Jean et ce mystère se déploie pleinement dans celui de la Trinité où chacune des trois personnes divines, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, incarnent en quelque sorte une pédagogie essentielle de l’amour. En effet, le concept de la Trinité est pour le chrétien une véritable école de l’amour.
Les trois aspects fondamentaux de l’amour
A la lumière du mystère de la Trinité, nous découvrirons trois aspects fondamentaux de l’amour qui nous permettront de discerner trois exigences psychologiques sans lesquelles aucun amour n’est possible : l’affirmation de soi, la reconnaissance de l’autre et l’échange constituant. En effet, l’expérience de l’amour ne pourra se développer véritablement que sur la base de ces trois enjeux psychologiques que nous aurons à mieux définir en nous laissant guider par les pédagogues de l’amour que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ces enjeux étant également présents au sein de la vie intratrinitaire elle-même, l’affirmation de soi devenant don de soi, la reconnaissance de l’autre se transformant en une capacité à se centrer sur lui afin de lui accorder une place prépondérante et l’expérience du partage devenant une participation à la nature de l’autre conduisant à une véritable transcendance.
Il n’y a aucune autre voie initiatique ce que celle qui consiste à aimer en toute vérité, dans l’accueil de l’autre et le don de soi, sans réserve et sans retenue. Le christianisme est d’ailleurs d’abord une philosophie de l’amour, aucun autre moyen ne permettant de suivre le Christ selon son invitation : « si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Accueillir l’autre et se donner à lui sans réserve, dans une dynamique de participation à sa réalité, voilà donc tout le mystère chrétien et on peut dire également qu’il s’agit là du fondement de toute spiritualité authentique.
La Trinité, école de l’amour
Dieu, tout en étant un, est également constitué de trois Personnes, ce qui distingue le Dieu des chrétiens du dieu des autres religions, qu’elles soient monothéistes ou polythéistes. Affirmer que Dieu est à la fois Père, Fils et Saint-Esprit, tout en demeurant parfaitement un, est effectivement une donnée de la foi chrétienne tout à fait originale et une réalité dont il ne faut surtout pas mésestimer l’importance. Pour parvenir à une telle conception, il aura d’ailleurs fallu aux premiers chrétiens une longue période de réflexion, ceux-ci s’étant appuyés sur les Écritures et sur leur propre expérience de Dieu. La préface de la sainte Trinité, telle qu’elle figure dans la liturgie eucharistique traditionnelle, résume de manière simple et suffisante le concept de la Trinité. En effet, elle affirme de manière claire et précise les principaux éléments de ce dogme : « Il est bien juste, raisonnable et salutaire de vous rendre grâces en tout temps et en tout lieu, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, qui, avec votre Fils unique et le Saint-Esprit, êtes un seul Dieu et un seul Seigneur, non en ne faisant qu’une seule personne mais trois personnes en une même substance. Car ce que vous avez révélé et ce que nous croyons de votre gloire, nous le croyons aussi sans aucune différence de votre Fils et du Saint-Esprit : en sorte que, confessant une véritable et éternelle divinité, nous adorons tous ensemble la propriété dans les personnes, l’unité dans l’essence, et l’égalité dans la majesté. ».
Forts d’une longue réflexion philosophique soutenue par la lumière de l’Esprit, Dieu nous apparaît en effet, dans ce concept de la Trinité, non comme une simple énergie originelle s’exprimant sous trois formes différentes, mais comme un Être en trois Personnes réellement distinctes quoique consubstantielles.
Cette distinction entre Personnes réside plus précisément encore, nous le ressentons bien, dans les relations qui les relient les unes aux autres comme l’affirmait déjà explicitement le saint concile de Tolède : « Dans les noms relatifs des personnes, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le Saint-Esprit aux deux; quand on parle de ces trois personnes en considérant les relations, on croit cependant en une seule nature ou substance. » L’altérité existant entre Dieu et l’homme dans une perspective créationniste comme celle du christianisme existe donc déjà en Dieu lui-même, d’une manière certes différente, en raison de la consubstantialité entre les Personnes, mais d’une manière non moins réelle, l’originalité de chacune des Personnes introduisant en Dieu une irréductible différence que l’amour ne détruit pas.
Ainsi, le discours sur les trois Personnes nous montre que Dieu est vraiment amour dans une liberté pleine et entière des Personnes et non pas d’une manière floue est abstraite. En effet, c’est par la révélation du mystère de la Trinité que les chrétiens ont reçu la solution du mystère de toute véritable union dans le respect de la distinction des personnes.
[…] Ainsi, la structure essentielle de l’amour se révèle en Dieu lui-même comme un échange éternel entre des Personnes distinctes se donnant et se recevant mutuellement dans un véritable processus de communion, chacune se tenant en face de l’autre dans une irréductible différence.
[…] Grâce aux concepts de « personnes » distinctes et de « substance » commune, Dieu devient ainsi un modèle parfait de l’amour, l’unité trinitaire résultant d’une communion dans la différence sans que les Personnes ainsi unies soient amenées à se confondre, demeurant trois en un être unique. Plus encore, le dogme de la Trinité nous permet d’affirmer l’égalité absolue des trois Personnes, établissant ainsi leur relation dans une véritable dynamique de l’amour, l’une ne prévalant pas sur l’autre.
Dire que Dieu est Amour et dire qu’il est Trinité c’est exactement la même chose. En outre, en incarnant l’amour dans toute sa plénitude, la Trinité n’est pas trois personnes juxtaposées mais trois générosités qui se donnent à l’autre en plénitude. Chacune des Trois Personnes n’est pour elle-même qu’en étant pour les deux autres. Le Père n’existe comme Père distinct du Fils qu’en se donnant tout entier au Fils, le Fils n’existant comme Fils distinct du Père qu’en accueillant tout entier l’élan d’amour que lui manifeste le Père. Quand au Saint-Esprit, il n’existe, dans sa distinction du Père et du Fils qu’en exprimant l’union et l’adhésion mutuelle entre les deux premières Personnes et en étant le sujet commun de leur amour.
A l’issue de cette première approche de la Trinité, il importe évidemment de mieux saisir l’identité propre à chacune des Personnes car cela nous sera grandement utile pour approcher l’extraordinaire pédagogie de l’amour qu’elles incarnent. En effet, l’amour en Dieu nous aidera très certainement à mieux saisir l’amour auquel l’homme aspire ainsi que les exigences de cette expérience prodigieuse. Et ainsi nous trouverons le sens même de notre propre vie, Dieu nous ayant créés pour partager et vivre cet amour. L’amour, même au niveau strictement humain, vient effectivement de Dieu et nous révèle une dimension de sa réalité. Aimer son frère, c’est donc accepter de vivre comme Dieu, de vivre en Dieu et le précepte de l’amour fraternel va dès lors au-delà d’une simple disposition à vivre en harmonie avec les autres, nous introduisant dans la réalité même du Créateur en permettant de lui ressembler : « Celui qui aime connaît Dieu » (1. Jean IV,7.). Nous découvrirons en ce sens en quoi les trois Personnes incarnent trois dimensions distinctes de l’amour dont elles sont de véritables pédagogues nous initiant aux exigences les plus fondamentales de cette réalité.
La personne du Père
Dieu le Père, source et géniteur de toute chose
Pour bien approcher la personne du Père, il importe évidemment de nous interroger d’abord sur la dénomination qui la désigne. En effet, utiliser le mot « père », pour parler de Dieu, nous apprend déjà qu’Il ne peut exister sans l’autre (sans le Fils), et ceci est très important dans la mesure où nous découvrons que, dans sa dimension première, Dieu est déjà un être de relation entièrement tourné vers l’autre d’une manière existentielle.
Principe sans principe, Dieu est d’abord, en tant que père, source et géniteur de toute chose. La paternité découlant du fait que Dieu est la source de toute chose ne saurait être entendue sans amour, Dieu donnant précisément à l’autre d’exister différemment de lui dans cette mouvance de l’amour. C’est d’ailleurs là une particularité fondamentale de la tradition biblique, Dieu le Père n’étant pas une simple réalité métaphysique à l’origine du monde ou assurant son organisation, mais une Personne avec laquelle nous sommes invités à établir une relation intime. En effet, en désignant Dieu comme Père, Il n’est plus un simple « Être suprême » ou une « Énergie cosmique primordiale impersonnelle » qui serait à l’origine du monde.
La prière du Notre Père débute par les mots « Notre Père qui est aux cieux« , une expression évoquant l’idée d’un Père céleste fort différent de tout père terrestre et une hymne de Qumram résume admirablement cette différence : « Car toi, plus que mon père, tu m’as connu et plus que ma mère tu t’es occupé de moi. L’abondance de tes paroles accompagne mes pas et la tendresse influence ton jugement pour moi. Car tu es un Père pour tous tes fils fidèles, tu as exalté sur eux comme une maman sur son bébé, et comme celui qui porte sur sa poitrine, tu sustentes tes œuvres. »
Dieu le Père, principe organisateur
D’autre part, en plus d’être la source de toute chose, le Père est aussi l’axis mundi, le principe organisateur qui structure et organise le développement de toute réalité en amenant chaque créature a réaliser sa forme.

Une analogie géométrique peut nous éclairer ce sujet. Elle consiste à comparer réalité du Père à celle du point qui échappe à toute détermination – il est sans dimension dans la géométrie classique , nous rappelant que le Père demeure totalement inaccessible à l’entendement humain, étant « le Dieu caché », la dimension divine la plus mystérieuse et la plus inaccessible à notre compréhension, le Fils s’étant révélé aux hommes de manière concrète et tangible en s’incarnant et le Saint-Esprit s’exprimant aussi à travers des signes visibles. Le Père demeure en effet ce « Mystérieux des Mystérieux », cet « Inconnu des Inconnus » et Il peut fort bien être associé au point géométrique, sans dimension, situé au centre d’un cercle, l’image d’un cercle pointé symbolisant la divinité « considérée non seulement en son immutabilité, mais aussi en sa bonté diffuse comme origine, substance, et consommation de toutes choses; la tradition chrétienne dira : comme alpha et omega.« .
A ce titre d’ailleurs, le point est à l’origine même du cercle comme le précisait déjà Plotin : « le centre est le père du cercle. » Proclus affirmait, dans la même perspective : « tous les points de la circonférence se retrouvent au centre du cercle et qui est leur principe et leur fin » et Angelus Silesius déclara « le point a contenu le cercle ». En tant que principe à l’origine de toute réalité géométrique, le point est donc tout à faire représentatif d’une dimension essentielle caractérisant la première Personne de la Trinité. Plus encore, il occupe le centre du cercle et le centre est traditionnellement mis en rapport avec l’axis mundi autour duquel s’organise toute chose. Il évoque dès lors le trône même de Dieu d’où toute réalité émerge et prend naissance, correspondant également à la volonté originelle autour de laquelle s’articule toute action. En effet, le « le centre est aussi le symbole de la loi organisatrice. A cet égard, on parlera de pouvoir central.
Dieu le Père, principe et source de tout amour
Si nous considérons que le Père est la source et l’origine de la Trinité, comme celle de la création toute entière, il semble naturel qu’Il soit aussi considéré comme le principe et la source de tout amour et c’est l’image de la source qui apparait la plus appropriée pour qualifier sa qualité d’amour. Elle est une évocation éloquent du don. En effet, le source offre tout et ne garde rien pour elle, en faisant pas de provision pour les mauvais jours. Sa nature même est d’être déversement sans réserve à l’instar du Père qui ne calcule pas et donne sans compter tout ce qu’Il possède. Plus encore, Il n’existe que dans ce don de lui même qu’Il fait à son Fils comme à la création toute entière. C’est d’ailleurs en ce sens que nous pouvons parler de la pauvreté de Dieu qui s’offre, pauvre de cette eau toujours donnée. Ajoutons que le don dont il est question ici n’est pas seulement le don de quelque chose. En effet, en engendrant le Fils, le Père ne lui donne pas quelque chose, mais Il se donne totalement à lui, comme l’eau donnée par la source forme la source elle-même!
La personne du Fils
Fils de Dieu
Il était courant à l’époque de l’Ancien Testament de présenter Dieu comme un Père. Dès lors, les Hébreux se considéraient évidemment comme ses fils. […] Le Père étant la source de toute chose, toute créature était effectivement appelée « fils de Dieu ». […] Toutefois, le christianisme proposa une nouvelle filiation, celle du Fils éternel, consubstantiel au Père, alors que les autres créatures étaient toutes des fils temporels, d’une autre nature que le Père. […] Jésus déclara : « Celui qui m’a vu a vu le Père… » et, dans la même perspective : « De même que le Père possède la vie en lui-même, il a pareillement donné au Fils de posséder la vie en lui-même… » cette affirmation énonçant la divinité du Fils, les créatures ne possédant pas la vie en elles-mêmes.
Pour comprendre ce qu’évoque le Fils, au sens chrétien du terme, il importe donc de bien distinguer la filialité de toute créature issue du Père par l’acte créateur de celle qui concerne le Fils unique, » né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu » comme dit dans le Credo et qui précise « engendré et non créé, consubstantiel au Père ».
Le concept de fils
Un fils reçoit toujours de son père l’existence et la vie. Si le père est la source de toute chose, le fils est donc celui qui reçoit le don fait par son père. Dès lors, le mot « fils » évoque d’abord un principe d’accueil dans la mesure où celui-ci reçoit de son père l’existence et les éléments nécessaires à sa croissance et à son développement. Ainsi, il est essentiellement caractérisé dans un premier temps par l’expérience de l’accueil comme le père l’était, en tant que source , par celle du don.
Le fils se caractérisé étalement par l’obéissance due au père dont il accueille la volonté, celui-ci en tant que principe originel, exerçant en quelque sorte sur lui une autorité naturelle. Modèle par excellence de filialité, le Christ affirma d’ailleurs clairement, et à de multiples reprises, sa soumission totale et entière à l’égard de son Père dont Il reconnaissait tout recevoir : « Je ne puis rien faire de moi-même ».
Analogie avec la géométrie
Si nous voulions établir une analogie avec la géométrie, comme nous l’avons fait en parlant du Père, nous pourrions évidemment affirmer que le Fils, mis en rapport avec l’image du cercle pointé, symbole privilégié de Dieu, est tout naturellement associé au cercle périphérique dans la mesure où il origine du point, comme le Fils est engendré par le Père. En outre, si le point demeure insaisissable, le cercle rend visible cette dimension intérieure, nous rappelant que le Fils est la figure par laquelle le Père est connu. Dans la même perspective nous pouvons affirmer que le cercle conduit au point. En effet, il n’attire pas notre attention sur lui-même mais sur l’élément qu’il enclot, comme le Fils conduit au Père, étant la Porte par laquelle il est possible de rejoindre ce Mystérieux des Mystérieux : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père; dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. » (Jean XIV, 6-7.)
Joie de recevoir
Si l’amour du Père se caractérisait fondamentalement par le don, l’amour du Fils sera donc associé à une expérience d’accueil en réponse au don même du Père. Le fait que le Fils ait été engendré par lui suppose d’ailleurs cette qualité d’accueil. Autrement dit, l’amour n’est pas seulement joie de donner mais aussi joie de recevoir. Plus encore cette joie n’est pas parfaite que si l’échange est parfait. Or si le don du Père est infini, puisqu’Il donne son être même, la réponse du Fils ne pourra être qu’infinie. En effet, « le Père ne peut prendre d’infinie complaisance à se donner ainsi infiniment, que s’il trouve en celui auquel Il se donne, un bonheur infini à tout recevoir de lui, à ne tenir tout et son être même que de lui, le Père, à tout lui devoir, et à lui en rendre une infinie reconnaissance ». » Ainsi, « Dieu ne peut trouver de joie infinie à être l’amour infini qu’Il est, que s’Il trouve quelqu’un qui ait une joie également infinie à n’être que par lui, et pour lui… » (Père François Brune, « pour que l’homme devienne Dieu).
Accueillir l’autre dans l’amour
Accueillir pleinement le don du Père impliquera pour le Fils de placer Celui-ci au centre de sa vie en faisant de lui son unique bien. La soumission du Fils et sa dépendance envers le Père ne sont pas uniquement liés au fait qu’Il se reçoit de lui, que le Père est sa source, mais au fait qu’Il choisit par amour de placer le Père au cœur de son existence. En effet, accueillir l’autre dans l’amour, c’est d’abord le placer au centre de soi, en faire le centre de sa vie, le reconnaissant comme son axis mundi. Ceci est évidement très important car le Fils est alors tourné vers le Père et sa vie n’est plus qu’un recherche de sa gloire. […] Il s’agit donc ici d’une orientation qui amène le Fils à renoncer à lui-même pour se tourner vers l’Autre en l’accueillant pleinement, se faisant matrice pour l’accomplissement de son projet. […] Il ne faut pas entendre le mot « accueillir » uniquement dans le sens d’ »être ouvert à « , mais également comme une attitude consistant à placer celui qu’on accueille au centre de soi. Dès lors, la plus grande joie du Fils qui accueille le Père est de le servir.
Servir
Le Fils a également vécu son service au Père comme un service aux hommes. C’est effectivement au service de ses frères qu’Il se plaça tout au cours de son Incarnation, déclarant même avec fermeté que celui qui prétend aimer le Père sans aimer les hommes est un menteur : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu » et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. ». Ainsi, celui qui prétend aimer Dieu et le servir ne peut que se placer au service de ses frères : « En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ». Il n’y a donc aucune opposition entre le service des hommes et le service de Dieu et c’est précisément ce que le Fils nous enseigne en conciliant pleinement les deux.
La personne du Saint-Esprit
La dynamique d’amour
La joie de donner (incarnée par le Père) et celle de recevoir (évoquée par le Fils) trouvent en quelque sorte leur achèvement dans une expérience où chacun participe de la réalité de l’autre dans une dynamique de transcendance que le Saint-Esprit incarne de manière toute particulière.
Il assure d’abord la dynamique d’amour réciproque qui unit le Père et le Fils. En effet, il est en quelque sorte leur baiser commun. Ajoutons toutefois qu’Il n’est pas seulement le lien d’amour entre le Père et le Fils puisqu’Il est aussi celui qui unit l’homme à Dieu, faisant de nous des « fils de Dieu ».
L’Esprit qui donne la vie
Plus encore, le Saint-Esprit assure en quelque sorte la présence de Dieu en ce monde et c’est pourquoi Il le vivifie conformément à cette affirmation du Christ : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien! », une affirmation qui a conduit les Pères de l’Eglise à déclarer : « Je crois en l’Esprit-Saint « qui donne la vie ». En effet, il a toujours été la secrète présence de Dieu au cœur de la création. Source de vie au milieu du chaos, il a donné forme et structure à ce qui était d’abord informe et vide. Il est la voix de la vérité au cœurs des êtres raisonnables. Il les accorde en harmonie aux appels de la loi de Dieu qui les interpellait de l’extérieur. C’est pourquoi on le nomme spécialement l’Esprit « qui donne la vie »; il est, pour ainsi dire, l’âme de toute la nature, l’énergie de l’homme et de l’animal, le guide de la foi, le témoin face au péché, la lumière intérieure des patriarches et des prophètes, la grâce qui habite le cœur des chrétiens, le Seigneur et le maître de l’Église.
En tant que souffle du Père et du Fils, la troisième Personne est considérée comme le principe qui insuffle l’existence dans les êtres en les tirant du néant. Mais le Saint-Esprit est aussi celui qui éclaire l’homme et le guide sur un chemin de transcendance. Dès lors, Il ne confère pas seulement la vie dans l’ordre naturel, mais aussi dans l’ordre surnaturel. Il nous permet d’approcher la vie éternelle par participation à l’être et à la vie même de Dieu. Ainsi, Il nous transforme et ce changement merveilleux des ténèbres à la lumière par l’entrée de l’Esprit Saint dans l’âme s’appelle régénération, ou nouvelle naissance.
Par nature nous sommes des fils de la colère; le cœur est livré au péché, dominé par les esprits mauvais; il hérite de la mort comme un lot éternel. Mais par la venue de l’Esprit Saint, toute culpabilité et toute souillure sont consumées par le feu; le démon est expulsé; le péché originel et le péché actuel sont pardonnés; l’homme tout entier est consacré à Dieu.
le Saint-Esprit est avant tout une personne
Ajoutons que le Saint-Esprit est avant tout une personne à part entière et nous seulement un principe de relation comme on le croit parfois. Ceci nous est d’ailleurs montré par le fait qu’Il demeure essentiellement maître de lui-même car « l’Esprit souffle où il veut ». Plus encore, il est celui vers lequel le regard des deux Personnes convergent, l’amour du Père et du Fils ne les enfermant pas dans un cercle clos mais les orientant au contraire ver ce troisième. Aimer, nous rappelle Saint-Exupéry, ne consiste d’ailleurs pas se regarder seulement l’un l’autre, mais « à regarder ensemble dans la même direction ».
Esprit de Dieu ou Esprit du Christ
Le Saint-Esprit est indifféremment appelé « Esprit de Dieu (du Père) » ou « Esprit du Christ ». Le Père est effectivement Esprit (« Dieu est Esprit ») comme le Fils l’est également (« Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils »)
L’air et le souffle
Le mot « esprit » se dit en hébreu rouah et qui désigne également l’air, substance subtile servant d’intermédiaire entre le ciel et la terre, et le souffle, principe même de la vie. L’air et le souffle sont étroitement associés a la respiration, une expérience fondamentale de communion et d’échange. En effet, en respirant j’accueille en moi le souffle de l’autre et je déverse le mien vers lui, la respiration étant essentiellement échange de souffle. Plus encore, l’accueil de l’autre (symbolisé par l’inspiration) et le don de soi (représenté par l’expiration) sont alors parfaitement indissociables, la respiration étant une expérience nécessairement composée de deux moments, distincts mais irréductiblement unis, l’un ne pouvant exister sans l’autre. Respirer consciemment amène donc l’aspirant à prendre conscience du fait que la vie repose sur une dynamique d’échange entre deux éléments distincts mais indissociables. Cela se démontre même, sur un plan purement organique, dans la mesure ou l’homme et la nature sont en étroite relation, l’un ne pouvant exister sans l’autre. Et il est également tout à fait possible de transposer cette réalité sur un plan plus psychologique ou mystique, l’homme étant en étroite relation avec l’autre et le Tout-Autre. La vie apparait dès lors comme une expérience rationnelle, sur un plan organique comme sur un plan psychique et spirituel, ce que l’Esprit de Dieu met particulièrement en exergue.
Analogie géométrique
En reprenant notre analogie entre Dieu et le cercle pointé, le Saint-Esprit occupe tout naturellement l’espace existant entre le point central et le cercle périphérique, un espace qui évoque précisément un rapport de médiation entre le centre ‘(symbolisant le Père) et la périphérie (représentant le Fils). Que peut donc évoquer plus spécifiquement cet espace qui occupe toute la surface du cercle? Le lieu d’une dynamique relationnelle entre l’intérieur et l’extérieur évidemment, mais aussi l’être même du cercle pointé, ce qui émane du centre tout en étant contenu dans la périphérie. En effet, cette espace entre la périphérie et le centre évoque la réalité même du cercle, symbolisant ici le principe de l’amour avec doutes ces modalités d’expression et de manifestation.
L’éveil de l’amour en nous
Le Saint-Esprit éveille en nous l’amour de Dieu et celui du prochain. L’homme n’est d’ailleurs pas en mesure d’aimer, ce n’est par l’action de Dieu. Dès lors, la pratique de l’amour sera le signe indubitable de notre communion avec lui comme l’affirme saint Jean : « Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. ». A la dynamique intratrinitaire du Saint-Esprit correspond donc une réalité dans l’économie du salut puisque c’est lui qui nous fait demeurer en Dieu et permet que Dieu demeure en nous dans le mystère de l’amour, l’homme n’ayant pas en lui-même de quoi aimer Dieu, s’il ne le reçoit de Dieu conformément a ces mots de saint Jean : « Quand à nous, aimons Dieu, parce que Dieu nous a aimé le premier. ».
Le Père : pédagogue de l’Amour
La personne du Père nous enseigne à vivre la première exigence de l’amour, celle qui consiste à donner. Avant toutefois de parvenir à une telle expérience, l’homme doit d’abord développer une aptitude à affirmer ce qu’il est, exprimant toutes les dimensions de sa personnalité avec force et sans compromission.
Le première étape consistera donc à vivre une véritable expérience d’intériorisation à la recherche de l’être que nous sommes.
Amour et intériorisation
Le premier élément qui favorise une expression efficace de soi consiste effectivement à se centrer sur soi-même en se réalignant sur l’axe central qui organise et structure tout notre développement. IL s’agit d’une invitation à s’engager, comme toute première étape d’une démarche visant à vivre l’amour, sur un chemin nous conduisant vers nous-mêmes.
Le « retour », qui est un thème central de la démarche psychospirituelle judéo-chrétienne, est d’abord un retour à soi qui entraîne par la suite un retour à Dieu, ces deux dynamiques étant d’ailleurs très étroitement liées puisque l’esprit de l’homme, qui se trouve au cœur de son être, est aussi une fenêtre ouverte sur l’Esprit de Dieu.
La question clef est ici « qui es-tu? » et son injonction « va vers toi-même pour le savoir ».
Amour et sentiment de connexion avec soi-même
Le travail de reconnexion avec la source intérieure permet de vaincre diverses formes de peurs qui empêchent l’homme d’agir efficacement et s’affirmer et ainsi d’oser sa vie et se mettre en jeu.
Amour et sevrage
En ce centrant sur lui-même et en se retirant de l’influence extérieure qui amène trop souvent l’individu à développer une personnalité peu authentique, construite sur les attentes et les modèles privilégiés par le monde extérieur, l’aspirant vit alors un certain sevrage, également essentiel à une juste affirmation de soi. Cette étape correspond idéalement à l’âge de l’adolescence dont l’enjeu a été clairement défini par la psychologie moderne : la tâche la plus importante de l’adolescence est probablement la recherche d’une identité.
Amour et valorisation de soi
« Il ne faut pas s’aimer soi-même moins que Dieu nous aime! » (saint François de Sales).
L’estime de soi ne devrait pas dépendre de contingences extérieures mais plutôt s’appuyer sur une pleine conscience de sa valeur propre grâce au travail d’intériorisation.
Il s’agira de prendre conscience des qualités exceptionnelles dont chacun dispose, ce qui permettra de se respecter, de s’estimer et de s’honorer. Ainsi, la personne du Père est directement associée à la nécessité pour l’aspirant de valoriser pleinement ce qu’il est en évitant d’abord, nous l’avons dit, toute comparaison avec les autres, le sentiment de valorisation de soi ne pouvant se développer qu’en exaltant son unicité propre.
C’est d’ailleurs le but de toute véritable éducation qui à pour but d’amener les enfants à sortir d’un chemin tracé à l’avance, ce qu’évoque l’étymologie même du mot « éduquer », ex ducere, signifiant littéralement « faire sortir hors d’un sentier battu ». En effet, chaque personne en ce monde représente quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’existait pas auparavant, quelque chose d’original et d’unique. Chaque homme pris à part est une création nouvelle dans le monde, et il est appelé à remplir sa particularité en ce monde. La toute première tâche de chaque homme est l’actualisation de ses possibilités uniques, sans précédent et jamais renouvelées, et non pas la répétition de quelque chose qu’un autre, fût-ce le plus grand de tous, aurait déjà accompli.
Amour et affirmation de soi
Lorsqu’il se sera intériorisé pour recontacter sa source et qu’il aura valorisé les spécificités propres qui le caractérisent, l’aspirant ne devra pas évidemment pas étouffer en lui l’expression de ce qu’il est, se consacrant, au contraire, à affirmer ce qu’il porte au plus profond de lui-même. Il devra donc rayonner au-dehors ce dont il est porteur au-dedans, répondant ainsi à l’invitation du Christ : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut se cacher, qui est sise au sommet d’un mont. Et l’on allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. ». (Matthieu V, 14-16). Plus encore, en plaçant sa lumière sur le lampadaire, il rayonnera non seulement son être profond, ce à quoi l’invite le Père, mais il suscitera également chez ceux qui l’entourent une dynamique analogue, témoigner de ce que l’on est ayant toujours sur les autres un impact positif par la force de l’exemple.
Exercice psychospirituel d’affirmation de soi
Voici un exercice de visualisation favorisant un premier travail d’intériorisation et d’affirmation de soi consistant simplement à reprendre l’image d’un homme marchant sur les eaux, le dos bien droit et orientant son regard droit devant lui. Vous associerez à cette image l’intention ferme de ne pas vous laisser détourner par aucune sollicitation adverse ou extérieure, cherchant au contraire à imprégner votre attitude de noblesse et de puissance. Nous vous suggérons en effet de fermer les yeux et de vous identifier à ce personnage, incarnant l’attitude de celui qui, véritablement épanoui, connaît et apprécie ce qu’il est, l’affirmant avec autorité. En dirigeant votre regard vers l’infini, vous adopterez évidemment une attitude fière et libre comme si vous marchiez à travers la foule, ce qui évoque dans l’évangile ce passage étrange où l’on tentait de saisir Jésus alors qu’il disparaissait dans la foule (Luc IV,29-30)
Amour et don de soi
Le développement dune bonne affirmation de soi conduit à une disposition de don où il devient possible de donner à l’autre ce que l’on possède et ce que l’on est. Il s’agit d’un enseignement primordial pour tout homme qui souhaite vivre l’amour et intégrer la joie qu’une telle expérience confère lorsqu’elle est vécue pleinement.
[…] Rester ferme en face des vagues déferlantes que le prince de ce monde dirige contre nous afin d’altérer la spécificité de notre personne ne suffit pas. Il faut encore apprendre à sortir de soi pour marcher vers l’autre tout en continuant de se respecter totalement pour ne pas s’enfoncer sous les eaux (Cf. le « cinquième miracle du Christ « la marche sur les eaux »)
Le Père nous enseigne ultimement à donner et, plus précisément encore, à se donner en étant entièrement tournés vers l’autre. […] La joie de donner étant en tout point comparable à celle de recevoir.
On comprend mieux dès lors l’importance du don comme premier mouvement de l’amour et le fait que notre capacité à aimer dépendra directement de notre capacité à donner.
Don et respect de l’autre
Le Père m’enseigne aussi à donner en fonction de l’autre et non en rapport avec ce que je souhaiterais recevoir, donner à la manière du Père étant d’abord respecter l’autre dans ce qu’il est.
[…] Un don d’amour doit toujours être accompagné d’un regard d’ambition portant sur la nature de l’autre. C’est vouloir l’éveiller à lui-même et le conduire vers la plénitude de son être. Il s’agit essentiellement de lui vouloir du bien, puissant à toutes nos ressources ce qui est nécessaire pour exalter ce qu’il porte en lui En d’autres mots, il s’agit de le bénir car bénir l’autre consiste précisément à vouloir son accomplissement. Bénir vise essentiellement à exalter la nature d’un être conformément à sa vocation.
Exercice psychospirituel associé au don de soi
Voici un exercice de visualisation consistant à favoriser le développement de cette dynamique du don présente en vous-même, mais trop souvent étouffée par l’ego. Il s’agit essentiellement de descendre dans les profondeurs de votre être en empruntant un large escalier de pierre et de vous laissez guider à travers un vaste désert vers un jardin merveilleux, entièrement clôturé, véritable oasis au milieu d’une terre aride et stérile. Ce jardin évoque évidemment votre dimension intime et profonde. Vous en ferez alors le tour à la recherche d’une porte qui vous permettra d’y pénétrer. Lorsque vous serez entré, vous vous efforcerez de bien ressentir tout ce qui s’y trouve, prenant conscience de l’humus présent sous vos pieds, percevant les parfums délicats émanant de fleurs somptueuses, regardant les jeux de lumière que les arbres, à travers leur feuillage, dessinent sur le sol, écoutant les oiseaux chanter, les feuilles bruire sous la brise légère… Vous vous dirigerez ensuite vers le centre du jardin où vous découvrirez une source partiellement obstruée par des pierres et des feuilles. Vous la dégagerez alors afin qu’elle se remette à couler librement avec vigueur.
Puis vous visualiserez cette eau se répandant vers le désert qui se transformera peu à peu en magnifique verger avec des dizaines d’arbres aux fruits succulents. La source dont les eaux s’écouleront désormais pour abreuver la terre environnante évoquera évidemment une dynamique de don de soi sans réserve, cette source ne retenant pas les eaux pour elle-même, mais s’épanchant avec force pour abreuver toutes les créatures.
Le Fils : pédagogue de l’Amour
Le Fils, pédagogue de l’Amour
A lumière de ce qui a été dit sur le Père, pédagogue de l’Amour, et qui nous enseigne à vivre la première exigence de l’amour, celle qui consiste à donner, la personne du Fils nous enseigne à vivre la seconde, celle d’accueillir. Avant toutefois d’y parvenir, il importe de développer une aptitude à reconnaître plus simplement l’existence de l’autre en tant que tel et à se mettre à son écoute.
Amour et reconnaissance de l’autre
L’écoute véritable implique une dynamique d’effacement de soi et permettant ainsi d’échapper au cercle clos de son moi égoïque. En effet, comment pourrais-je me tourner vers l’autre si je ne suis sensible qu’à moi-même?
La reconnaissance de l’autre impliquera nécessairement une totale attention à son égard. Or ceci ne va pas de soi et nécessite un apprentissage car une telle expérience implique d’abord de prendre une distance vis-à-vis de soi, de manière totalement orienté vers l’autre et à ne pas colorer la perception qu’on a de lui, demeurant ainsi pleinement ouvert à sa réalité sans l’évaluer en rapport avec nos propres critères et sans le considérer en fonction de nos propres valeurs.
L’un des meilleurs moyens pour y parvenir consiste très certainement à concentrer toutes ses énergies sur l’instant présent, se plaçant ainsi dans une parfaite disponibilité à ce qui est. Il s’agit de s’ouvrir à ce qui est, sans cherche à déformer le réel ou à lui impose sa propre volonté.
Amour et écoute active
a) Entendre et écouter
Si entendre est une capacité biologique, celle consistant essentiellement à capter les sons du milieu environnant, écouter relève pour sa part de tout autre chose et ne peut résulter que d’un effort conscient permettant, bien au-delà d’une simple audition des sons, d’être en face de l’autre dans une position de disponibilité et d’ouverture. Outre l’oreille, toutes les fonctions sensorielles ont leur part d’activité dans l’écoute, c’est tout l’être qui écoute. Ecouter c’est sentir vibrer l’intériorité qui est le soi vivant, afin de l’accorder à l’unisson avec l’environnement pris dans sa globalité. Dès lors, la première règle de l’écoute est sans aucun doute la pratique du silence, d’un silence qui ouvre notre perception à une réalité autre que celle que nous avons nous-mêmes construite. Ecouter l’autre nécessite ainsi le silence qui seul peut nous rendre vraiment sensible à sa présence.
b) développer son attention
L’homme d’aujourd’hui est constamment assailli par d’innombrables stimulations, à un degré tel qu’il n’est bien souvent plus capable d’écouter correctement. L’homme est un être de relation, il doit faire un choix et ainsi être sélectif. Dès le début, l’oreille doit être « critique » au bon sens du mot, c’est-à-dire soucieuse de discerner en n’accordant pas l’entrée à n’importe quelle parole. Il s’agit de bien faire attention à ce que nous écoutons, à celui que nous écoutons, à la manière dont écoutons.
c) Exercices d’écoute sélective
Le but de ces exercices est de perfectionner notre capacité à bien saisir l’information sonore, à identifier la source d’où elle vient et à l’extraire du bruit de fond ambiant. Dans cette perspective voici quelques exercices :
1. « Asseyez-vous dans un café. Fermez vos yeux et écoutez le voix tout autour de vous. Prenez votre temps et continuez jusqu’à ce que l’une des voix des clients semble se détacher des autres et que vous arriviez à suivre ce qui se dit.
2. Il est également possible de modifier légèrement cet exercice comme suit : « Regardez bien autour de vous. Sélectionnez un client pas trop loin qui se trouve en pleine conversation. Fermez vos yeux et essayer de suivre ce qu’il dit.
3. Faites une promenade de 10mn environ. Choisissez un son (le chant des oiseaux, le bruit des voitures…) et concentrez-vous jusqu’à ce qu’il « émerge » du bruit de fond si distinctement que les autres sons ambiants commencent à s’estomper. Sur plusieurs jours vous choisirez des sons progressivement plus faibles ou fuyants.
d) Une juste attitude d’écoute
On peut résumer une juste attitude d’écoute en mettant principalement en exergue trois éléments majeurs. Il s’agit d’abord de porter totalement son attention vers l’autre personne, d’être présent au message en maintenant un contact visuel, peut-être même en touchant la personne et d’essayer activement de comprendre avant de répondre, en réfléchissant au non-dit véhiculé derrière les paroles (les sentiments derrière les mots) plutôt qu’en les interprétant ou en suggérant une solution à son problème. Le travail d’écoute pourra ainsi aller encore plus loin : « Retournez maintenant au bistrot où vous avez effectué les exercices généraux. Comme auparavant fermez vos yeux et concentrez-vous sur les diverses voix que vous entendez autour de vous. Cette fois-ci, au lieu de suivre ce qu’elles disent comme vous l’avez fait antérieurement essayer de porter un jugement sur comment elles s’expriment. Essayez de déterminer si les personnes sont excitées, tristes, heureuses…. Dans chaque cas, lorsque vous aurez porté votre jugement sur ce que vous avez entendu, ouvrez les yeux et regardez la personne pour confirmer, en voyant son visage, sa posture et ses gestes, si votre appréciation était correcte.
Exercice psychospirituel d’écoute de l’autre
Voici un exercice de visualisation mettant en oeuvre un archétype très puissant permettant de découvrir en quoi l’écoute et l’ouverture à l’autre sont des réalités essentielles dans la vie de l’homme.
Il s’agit de visualiser votre cœur comme un vase qui se remplit d’une lumière et reçoit ainsi la vie et l’existence.
A ce titre, la mystique juive nous apprend que Dieu, en créant l’univers, forma essentiellement des vases destinés à recevoir sa lumière et sa grâce. On peut dire que ces vases sont une évocation de la créature elle-même puisque l’homme est en définitive un vase recevant de Dieu la vie et l’existence. Ce que l’on peut appeler la vaséité de l’homme. S’il croit pouvoir exister par lui-même, il sera donc tôt ou tard appelé à prendre conscience du vide fondamental qui le constitue, comme la matière, apparemment solide, est elle-même une superposition d’espaces vides donnant une illusion de plénitude. Or, en raison du fait qu’il contient le sang, principe de vie, le cœur est une image parfaite du vase qu’est la créature. Le hiéroglyphe égyptien du cœur avait d’ailleurs la forme d’un vase.
Dès lors, la vocation même de l’homme est de recevoir, ce qui expliquer que, sur un plan spirituel, il est appelé à acceuillir l’autre dans l’amour, une clef essentielle à toute éthique judéo-chrétienne.
Plus précisément encore, l’exercice sera fait de la manière suivante. Fermez les yeux et imaginez-vous dans une pièce obscure. Plongé dans ces ténèbres denses, vous ressentirez alors un profond sentiment de vide. Vous lèverez ensuite les yeux vers le plafond où vous distinguerez peu à peu les contours d’une fenêtre. Percevant bientôt clairement cette ouverture, vous ferez l’effort de l’ouvrir par la pensée afin de laisser passer la lumière et l’air qui descendront dans la pièce et rempliront le vase que vous tiendrez entre les mains jusqu’à ce qu’il soit plein. A mesure que votre vase se remplira, le sentiment de vide que vous ressentiez auparavant s’estompera progressivement pour laisser la place à un sentiment de bien-être intérieur.
Amour et accueil de l’autre
La distinction entre l’écoute et l’accueil est fondamentale car il s’agit de passer de l’enjeu psychologique proposé par le Fils à l’enjeu spirituel qu’Il incarne. Accueillir l’autre ne consiste pas simplement à l’écouter et reconnaître son existence, mais c’est aussi le placer au centre de sa propre vie, se centrer sur lui afin de lui accorder une place d’importance. Vivre pour lui et par lui.
Il s’agit donc de lui accorder une place privilégiée, participant ainsi à la nature même du Fils entièrement dédié à la gloire du Père. De cette attitude découlera évidemment une certaine dépendance par rapport à l’autre, notre existence étant désormais centrée sur lui, cette dépendance ne s’inscrivant toutefois pas dans une perspective égoïque car elle ne sera soumise à la nécessité de recevoir de l’autre quoi que ce soit.
Ainsi donc, le Fils nous apprend la nécessité d’accueillir l’autre en faisant de lui le centre de nos préoccupations, une expérience qui implique alors de prendre soin de lui, d’être à son service comme Il était lui-même tourné vers le Père dont il cherchait à faire la volonté (le Père étant le centre de sa vie ») : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé… » (Jean IV,34)
Bien vécu, ce chemin de service conduira l’homme au bonheur, à sa rédemption et à son épanouissement. En effet, servir en tout désintéressement est la route la plus courte, la plus sûre et la plus joyeuse qui mène à Dieu.
Amour et souci de l’autre
Accueillir et servir sont deux réalités très étroitement liées puisqu’accueillir consiste finalement à se soucier de l’autre. Dans cette démarche de l’expérience de l’amour nous sommes ainsi invités à prendre soin de l’autre et lui enseigner à faire de même car « telle est la loi et les prophètes » comme dit dans l’évangile de Matthieu (VI,12) : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux, voilà la loi et les prophètes ». Il s’agit ainsi essentiellement d’apprendre à devenir un ange pour l’autre, chacun disposant d’un pouvoir inouï : celui de transmettre à autrui, en l’accueillant simplement avec amour, une force capable de le transformer et de l’extirper de la paralysie (de l’inertie) dans laquelle il a pu s’enfermer, et lui permettant ainsi de s’ouvrir à la lumière illuminative et vivificatrice.
Comme relaté dans l’épisode du « bon Samaritain », le chrétien est invité à accueillir l’autre en le plaçant près de son cœur, lui ouvrant un chemin que celui-ci croyait jusqu’alors fermé.
Amour et écoute compatissante
La compassion est un mot qui signifie littéralement « souffrir avec » dans la mesure où il s’agit essentiellement d’être avec l’autre et de l’écouter de manière à ce qu’il puisse vraiment ressentir que quelqu’un l’accompagne. Le Christ lui-même, modèle parfait de l’écoute, côtoya la souffrance et fut pleinement présent à celle de l’homme au point où il l’a vécue dans toute son intensité.
Il ne s’agit pas d’être soucieux de ce que l’on peut faire pour l’autre mais d’être simplement là avec lui. Or lorsque notre premier souci est d’être présent, des solutions apparaissent très souvent et une force est donnée d’en haut.
Ainsi, écouter l’autre dans l’accueil, c’est l’accompagner dans une expérience de compassion du même type que celle qu’incarnat le Christ lorsqu’il promit aux hommes de les accompagner pour toujours : « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la consommation des siècles » (Matthieu XXVIII,20). Il n’a pas prétendu pouvoir éliminer les difficultés auxquelles la nature humaine était et demeure toujours confrontée, mais Il est venu les écouter et les ressentir avec nous. Il s’engagea simplement à nous accompagner. C’est d’ailleurs cela qui fait du Dieu des chrétiens un Dieu d’amour et c’est certainement en l’imitant que je peux devenir à mon tour un ange de la Présence. Dès lors, servir ne consiste pas à résoudre les problèmes de l’autre mais à se placer à son écoute.
Amour et renoncement à soi
L’amour implique toujours un mouvement par lequel je me retire de moi-même en moi-même, générant ainsi un espace vide qui invite l’autre à devenir le centre de ma propre vie. En ce sens, l’écoute compatissante implique de se tourner vers l’autre et d’agir en sa faveur même si cela risque de nous éloigner de notre propre intérêt personnel, d’où cette dimension sacrificielle de l’amour vécue dans l’accueil de l’autre. Lorsque le Fils affirme : « Je ne cherche pas ma volonté mais la volonté de celui qui m’a envoyé… » (Jean V,30), Il est effectivement amené à agir différemment de ce qu’Il aurait souhaité, ayant fait du Père, différend de lui, l’axe de sa vie. Aimer consiste à vouloir le bonheur de l’autre, à chercher l’accomplissement de ses projets et de sa volonté.
Le Fils m’apprend à découvrir la dimension sacrificielle de l’amour, une dimension qui m’amène à mettre l’autre au centre de ma vie et à renoncer à ma propre fécondité pour la mettre à son service. En effet, la première exigence de tout amour tel qu’enseigné par le Fils implique non seulement de renoncer à tout volonté de puissance et à toute perspective de domination, mais aussi à mettre ses ressources au service de l’autre, un renversement énorme par rapport à notre conception habituelle des choses. Mais quel merveilleux mystère d’amour que de trouver sa joie dans l’accomplissement du projet de l’autre, dans son accession au bonheur.
Exercice psychospirituel d’accueil de l’autre
Pour faire cet exercice, il est possible d’employer une Icône qui représente l’événement de l’hospitalité de la scène d’Abraham :
L’hospitalité (la philoxénie) d’Abraham aux chênes de Mamré
Genèse 18, 1-15 :
Gn 18,1 Le Seigneur apparut à Abraham aux chênes de Mamré alors qu’il était assis à l’entrée de la tente dans la pleine chaleur du jour.
2 Il leva les yeux et aperçut trois hommes debout près de lui. À leur vue il courut de l’entrée de la tente à leur rencontre, se prosterna à terre 3 et dit : « Mon Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, veuille ne pas passer loin de ton serviteur. 4 Qu’on apporte un peu d’eau pour vous laver les pieds, et reposez-vous sous cet arbre. 5 Je vais apporter un morceau de pain pour vous réconforter avant que vous alliez plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur. » Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. »
6 Abraham se hâta, vers la tente pour dire à Sara : « Vite ! Pétris trois mesures de fleur de farine et fais des galettes ! » 7 et il courut au troupeau en prendre un veau bien tendre. Il le donna au garçon qui se hâta de l’apprêter. 8 Il prit du caillé, du lait et le veau préparé qu’il plaça devant eux ; il se tenait sous l’arbre, debout près d’eux. Ils mangèrent.
Il s’agit de visualiser la scène en pénétrant bien dans l’image qui se transformera, sous vos yeux, pour devenir peu à peu un espace à trois dimensions. Vous vous laisserez alors imprégner de l’atmosphère y régnant en la contemplant d’abord en simple spectateur. Puis, vous vous rapprocherez d’Abraham en cherchant à incarner en vous-même ses attributs caractéristiques, les ressentant au plus profond de votre être. Vous vous substituerez ensuite progressivement à lui en adoptant sa posture et son attitude intérieure. Il convient de pratiquera cette méditation à plusieurs reprise afin d’éveiller en vous une sensibilité toujours plus profonde à l’autre. Il conviendra en ce sens d’employer une riche imagerie et de vous imprégner du moindre détail. Vous pouvez vous aider du support d’une icône représentant cette scène, celle de Roublev par exemple. Ce travail aura alors pour principal objet d’incarner en vous les forces évoquées par les puissants archétypes qui y sont présents. Plus vote méditation sera précise, plus elle sera efficace. IL vous suffira cependant d’ouvrir votre cœur et de fixer les images en respirant de manière profonde et consciente pour qu’un travail efficace s’amorce. En ce sens, l’image de l’arbre sous le feuillage duquel Abraham est assis lorsqu’arrivent les visiteurs est fort intéressante. En effet, il est considéré traditionnellement comme un lieu recevant , abritant et protégeant de nombreuses espèces d’oiseaux. Il sera donc pour vous un emblème privilégié de l’accueil que vous pourrez ainsi mieux intégrer.
Le Saint-Esprit, pédagogue de l’Amour
Le Saint-Esprit nous invite, dans un premier temps, à développer une relation de partage où les richesses de chacun, pleinement affirmées, sont mises à disposition de l’autre, entraînant ainsi de part et d’autre le développement de qualités et d’aptitudes nouvelles.
Amour et relation constituante
L’enjeu inhérent à la troisième Personne de la Trinité réside essentiellement dans un travail qui consiste à se relier à autre qu’à soi. Or il s’agit d’un enjeu plus que fondamental dans la constitution et le développement de l’homme parce qu’il en va de son existence même : « je suis une personne si je me lie à une personne. En me détachant de mon frère, je m’anéantis », nous dit Bachelard, et qui ajoute : « l’amour du prochain est notre destin intime. Et si certaines âmes trouvent la vie dans une contemplation solitaire c’est qu’elles ont fait une plus grande rencontre… ».
En effet, « il faut être deux ou du moins hélas il faut avoir été deux pour comprendre un ciel bleu, pour nommer une aurore » (Bachelard), c’est-à-dire pour être plus qu’une chose et émerger de l’univers du « cela ». Exister pleinement consiste à être une personne, c’est-à-dire un être en relation.
Dieu lui-même n’existe pas sans relation. Comment voulez-vous en effet qu’un Père existe sans un Fils? Et pareillement pour le Fils, leur existence dépendant de la relation qu’ils entretiennent avec l’autre.
La respiration
La relation relève d’une importance vitale comme il est possible d’en prendre conscience dans l’observation d’une mécanisme aussi simple que celui de la respiration. En effet, l’organisme inspire de l’oxygène et expire du dioxyde de carbone, l’air inspiré évoquant ce qui vient de l’autre (l’oxygène) et l’air expiré représentant ce qui provient de soi (le dioxyde de carbone). La respiration établit donc déjà une véritable dynamique relationnelle, celui qui respire accueillant l’autre en lui par l’inspiration et se donnant à lui par l’expiration. Le travail de respiration consciente permet de conscientiser cela de manière particulièrement puissante. Or cette relation est essentielle à toute existence, que ce soit au niveau physique, psychique ou spirituel. Or l’Esprit Saint est très étroitement associé à la respiration puis qu’Il est souffle ( en hébreu rouah, « air », « vent », « souffle »). Sachant que l’air sert précisément d’intermédiaire entre moi et l’autre, entre le ciel et la terre, il est ainsi un élément qui évoque en lui-même une notion de relation et fut toujours considéré comme un symbole de médiation, d’échange et de communion entre deux réalités.
Amour et croissance personnelle
Seul et replié sur lui-même, l’homme ne peut exister pleinement et ses relations sont également essentielles à sa croissance et son développement, ce que les psychologues appellent « rapport constituant ». Le premier enjeu psychologique fondamental réside donc dans une aptitude à établir une relation authentique avec autrui, une relation qui, pleinement ouverte et confiante, vivifie l’être et lui permet de développer pleinement les potentialités dont il est porteur, la personne apprenant ainsi à se découvrir et apprécier les différentes facettes de sa propre identité, l’autre lui permettant de se positionner, de se différentier et de percevoir certaines dimensions de sa personnalité qui seraient autrement cachées. L’homme est ainsi fondamentalement constitué par ses relations avec les autres et il est ainsi capital de construire une vie sociale active en développant de bonnes relations avec diverses personnes.
Amour et communication
L’enjeu psychologique associé à la personne du Saint-Esprit repose essentiellement sur le développement d’un échange et d’un partage où les richesses personnelles de chacun, pleinement affirmées, sont mises au service de l’autre. Pour y parvenir, l’aspirant devra cependant apprendre à intégrer les grandes lois de la communication et du dialogue. En effet, si certains échanges vitaux, comme ceux de la respiration, sont naturels et innés, le partage, au sens fort du terme, repose sur une véritable science, celle de la communication et du dialogue.
Communiquer, au sens vrai du terme, implique de vivre un état de bien-être où s’effacent toutes tensions et rapports de force et où l’homme expérimente pleinement le plaisir de donner et de recevoir.
Les dynamiques d’échange authentiques que l’on appelle aujourd’hui « lois de la communication » nous invitent d’abord à travailler les enjeux psychologiques associés au Père, ceux de l’affirmation de soi, puisqu’il n’existe pas de véritable dialogue sans cette expérience; puis ceux associés au Fils, soit le développement d’une bonne qualité d’écoute afin d’être pleinement disponible à l’autre et de le reconnaitre pleinement comme sujet. Dans l’expérience de communication associée au Saint-Esprit, ces deux pôles sont donc essentiels, ce qui nous rappelle d’ailleurs que la troisième Personne de la Trinité est à la fois l’Esprit du Père (qui nous invite à nous affirmer) et l’Esprit du Fils (qui nous invite à écouter). Mais nous savons que le Saint-Esprit est plus que l’Esprit de l’un et de l’autre. Dès lors, dialoguer implique plus que l’affirmation de soi et l’écoute de l’autre, cette expérience nous amenant à vivre également différends types d’engagement, soit celui du « respect » (de soi comme de l’autre), de « confiance » (en soi comme en l’autre, et « engagement ».
Le respect
Tout dialogue authentique implique l’acceptation inconditionnelle de l’autre, quelles que soient ses différences. Ce respect de la différence d’autrui ne devant pas se confondre avec la négation de soi et qui peut aboutir ne plus se respecter soi-même en niant sa propre réalité. Cette expérience exige ainsi de « respecter son prochain comme soi-même ». Du respect peut alors naître la confiance, une autre exigence fondamentale à toute relation saine et authentique.
La confiance
La confiance exige une renonciation à saisir l’autre en établissant avec lui une relation de domination. Plus encore, l’autre peut ainsi demeurer un mystère à nos yeux, son altérité faisant en sorte qu’il nous échappe inévitablement, ne pouvant exercer quelque maîtrise sur ce qui nous est inconnu.
Si le respect pouvait être associé aux enjeux du Père, donnant à l’autre d’exister tel qu’il est, la confiance est donc très étroitement associée à ceux du Fils puisqu’il s’agit maintenant d’accueillir l’autre sans réserve, ayant pleinement confiance en ce qu’il est et en ce dont il est porteur.
L’engagement mutuel
Le troisième principe inhérent à toute expérience relationnelle pleine et entière est l’engagement. Dans une relation avec l’autre, l’homme doit effectivement s’engager en établissant un certain nombre de droits et de devoirs, comme on les retrouve toujours explicitement définis dans tout contrat qui lie deux personnes. En effet, cela est essentiel à toute dynamique efficace de partage et d’échange. Il importe donc que ces droits et devoirs soient parfaitement clarifiés dans l’établissement de toute relation à l’autre.
Exercice psychospirituel de mise en relation avec l’autre

Voici un exercice consistant à visualiser une scène vous permettant de recontacter cet élan fondamental qui nous oriente par nature vers l’autre, et d’éveiller en nous le désir de nous unir à lui, de l’accueillir et de se donner à lui.
Imaginez-vous confortablement assis au sommet d’une montagne, orientant votre regard vers l’horizon, ce lieu de rencontre entre le monde d’en haut et le monde d’en bas, entre le ciel et la terre. Vous visualisant dans cette position, vous chercherez en outre à ressentir pleinement le vent en tant que messager de l’autre, un vent qui souffle presque toujours en altitude, et vous évoquerez intérieurement la présence d’un être cher que vous souhaiteriez près de vous, étant habité par cette impatience qui caractérise les moments bénis où l’on attend, derrière une porte, la venue d’un être cher avec qui nous avons rendez-vous. Pouvez-vous ressentir un seul instant, avec l’intensité qui caractérise cette fébrilité heureuse, ce temps d’attente qui vous sépare de son arrivée? Ce ressenti au plus profond de votre être vous permettra d’ouvrir pleinement sur l’autre la porte de votre cœur et d’ouvrir avec lui le chemin d’une rencontre.
Amour et relation privilégiée
Les principes d’une juste relation à l’autre prennent évidemment une dimension toute nouvelle lorsqu’il s’agit d’établir une relation privilégiée.
Il existe plusieurs types de relation où l’amour peut être pleinement présent, l’amour filial, l’amour fraternel et l’amour conjugal, chacun pouvant bien sûr faire l’objet d’une méditation et d’un travail particulier. Voir pages 200 à 204
Amour et dynamiques relationnelles
Toute relation privilégiée est d’abord rendue possible en raison d’affinités particulières et qui amèneront alors à un véritable compagnonnage par lequel chacun partagera des moment privilégiés, devenant des compagnons de jeu, de voyage, de travail ou de vie. Dans cette perspective, le respect, essentiel à toute relation juste, se transformera en complicité, exigeant par ailleurs une certaine confiance qui deviendra expérience de confidence. A ce titre nous pouvons dire que l’amour implique une totale transparence, cette dernière consistant à être vrai tout en acceptant que l’autre soit différent de nous autant dans sa façon d’agir, que de penser ou d’exprimer ses préférences. La liberté et le respect devant s’allier à la vérité.
Tout ceci favorise dès lors l’intimité, une composante non moins essentielle à toute relation privilégiée, deux êtres qui s’aiment étant d’ailleurs toujours seuls au monde, même sils sont au cœur d’une foule immense. Le rapport à Dieu implique d’ailleurs cette même intimité qui contribue à nourrir l’amour comme nous le rappelle ces paroles du Christ : « Pour toi, quand tu pries, retire toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton père qui est là, dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. ». (Matthieu VI,6.)
Quand au principe de l’engagement, il prend également, dans le cadre d’une dimension privilégiée, une nouvelle dimension en impliquant cette fois une fidélité dont le caractère est en quelque sorte surnaturel, l’homme étant par exemple, dans le cadre d’une relation conjugale, emprunt naturellement à une lassitude assez rapide et l’engagement de fidélité mis en exergue dans le mariage chrétien parait dès lors absolument insensé au regard de la raison humaine. Mais le projet d’amour qu’il évoque implique au contraire une ivresse surnaturelle, meilleure encore que celle que procure une aventure sexuelle vécue avec un nouveau partenaire, une ivresse qui ne peut toutefois être atteinte qu’un invitant le Christ à transformer notre eau en vin.
Dès lors, les engagements pris dans le cadre du sacrement de mariage prennent tout leur sens, les époux se donnant entièrement l’un à l’autre « pour le meilleur et pour le pire », selon la formule consacrée, s’engageant à respecter, à honorer et à soutenir l’autre jusqu’à ce que la mort les sépare. L’union qui crée l’unité du couple provient du don total des partenaires dans leur relation, chacun souhaitant le bonheur de l’autre avant le sien propre et faisant tout en son pouvoir pour le rendre heureux.
Amour et alliance
S’il existe un terme pour caractériser l’amour plénier évoqué par le Saint-Esprit, il s’agit du mot « alliance », cette alliance qui unit les époux alors qu’il s’échangent précisément des anneaux auxquels ont donne ce nom. Or toute alliance est une combinaison d’éléments divers qui forme un nouveau produit, conformément à ce qui caractérise la dynamique propre à la troisième Personne de la Trinité, celle-ci favorisant toujours, d’abord et avant tout, un échange heureux qui doit engager chacun des partenaires dans une dynamique de changement. Il s’agit de mourir à son individualisme pour initier une véritable communion de corps, d’âme et d’esprit. En plus permettre à chacun d’éveiller et de vivifier ce qu’il est, assurant ainsi pleinement la croissance des différentes qualités dont ils sont porteurs, la relation à l’autre amène donc les conjoints à sortir de leur enfermement égoïque et à mourir à eux-mêmes.
Dès que l’individu n’est plus tourné vers l’autre, à l’image du Christ tourné vers son Père, il sombre en effet dans un enfermement mortifère et peut être à juste titre considéré comme mort. Que cet autre soit le monde, le frère, ou finalement Dieu, il s’agit toujours d’échapper au risque mortel de l’enfermement sur soi-même, il s’agit toujours d’accepter de se perdre pour se trouver. Pour mourir vraiment, à l’issue de notre vie actuelle comme à chaque jour, il faut pouvoir s’ouvrir à l’inconnu, renoncer à soi-même et lâcher totalement prise face à l’autre, s’ouvrant à l’éventualité d’une transformation radicale. Et c’est là l’ultime mystère de l’amour, aimer impliquant un sacrifice de soi qui entraîne, finalement, une ouverture à l’expérience de l’autre au point d’en arriver à vivre une vie nouvelle.
Comment revenir à la plénitude de la vie ou amorcer un processus de résurrection?
Etre pauvre, c’est à dire reconnaître que nous ne disposons pas des ressources nécessaires pour pouvoir, seuls, exister et nous réaliser. Nous prenons alors une certaine distance par rapport à nos prétentions égoïques pour se placer dans une attitude d’ouverture et d’accueil vis-à-vis de l’autre, s’en remettant, sans revendiquer quoi que ce soit, à sa seule bonté. Le vrai pauvre espère mais n’exige rien. C’est d’ailleurs pourquoi la pauvreté de l’âme a toujours été une valeur fondamentale dans toutes démarche spirituelle, libérant la conscience de l’emprise de l’ego qui cherche, au contraire, à convaincre l’homme du fait qu’il peut s’accomplir par lui-même, le maintenant ainsi, à son insu, dans un certain état de fermeture face à l’autre. Ceci nous rappelle donc qu’en ayant pris conscience qu’il n’est rien par lui-même, le pauvre prend une distance par rapport à ce qu’il est pour se tourner vers l’autre et se mettre en marche vers sa réalité. Ainsi il ne se repose pas dans la possession actuelle d’un « avoir », même spirituel. Il se sait mobilisé dans un univers en mouvement vers une Fin transcendante. Il « cherche », sachant que chercher n’est trouver que si trouver est continuer à chercher ».
Amour et participation
Aimer nécessite de mourir pour s’ouvrir à l’autre et être pleinement transformé par lui grâce à une participation à sa réalité. Certes, il demeurera toujours un mystère à nos yeux, mais c’est dans l’acceptation de ce mystère que la relation se développera pleinement, nous permettant de transcender notre condition finie en participant à sa réalité dans le maintien d’une altérité essentielle à toute véritable expérience d’amour. Si la transformation qu’entraîne la participation à la nature de l’autre est le premier pôle de l’amour enseigné par le Saint-Esprit, le second consiste effectivement à maintenir la différence. Dès lors, l’amour suppose une dynamique d’union dans le maintien d’une certaine distance qui permet précisément une communion en évitant le piège d’une fusion destructrice de l’altérité.
La troisième Personne de la Trinité est un modèle parfait de la dynamique relationnelle puisqu’unissant le Père et le Fils, le Saint-Esprit n’atténue en rien leur originalité propre. Son plus grand enseignement exalte d’ailleurs au contraire cette exigence fondamentale de l’amour consistant à faire l’expérience de l’autre (c’est-à-dire à participer pleinement à ce qu’il est) sans pour autant nier la différence qui nous sépare de lui. Le Saint-Esprit est à la fois esprit de communion et esprit de distinction. De cela résulte la vraie joie, celle d’être tourné tout entier vers l’autre comme le Père l’est vers le Fils, comme le Fils l’est vers le Père et comme le Père et le Fils le sont ensemble vers le Saint-Esprit. Aimer n’est effectivement pas se complaire l’un dans l’autre, mais c’est aussi tourner ensemble son regard vers une réalité commune.
Ainsi « nous pouvons deviner quelle perfection cette troisième personne apporte à l’amour. La joie de l’Amour n’est pas seulement d’aimer et d’être aimé, de se donner mutuellement ce que l’on est. Lorsque l’union est consommée, et en Dieu elle est si parfaite qu’elle est primordiale, la joie de l’union c’est de vivre ensemble ce que l’on est en commun, c’est de mettre en oeuvre ensemble, d’exercer ensemble ce qu’on est ensemble. La communion dans l’être se parfait par la communion de vie et ceci d’autant plus en Dieu, que l’être commun du Père et du Fils est dynamique, puisque c’est l’Amour même. » (Père François Brune)
Le baiser est un symbole magnifique. C’est dans le baiser, l’échange des souffles que l’on voit ce qu’est la réciprocité, dans l’amour humain, de l’accueil et du don soit l’échange profond des âmes.
La respiration, symbole privilégié de la relation à l’autre, est aussi une merveilleuse expérience de rencontre avec le Tout-Autre, une expérience de la prière absolue. L’attention au souffle est l’essentiel de la prière hésychaste. Prier, c’est respirer consciemment et profondément, ce n’est pas avoir des pensées sublimes sur Dieu, c’est ne faire qu’un avec son Pneuma (Souffle Esprit) qui nous traverse. Notre vie ne tient qu’à un souffle, c’est le fil qui nous relie au Père, à la source qui nous engendre. Soyez conscient de ce fil et allez où vous voulez.
Ecoutez qui est là à la fin de l’expir et qui est là à la source de l’inspir.
La vie avec Dieu est un échange de prières : elle est, de part et d’autre, l’expression d’un désir. Dieu nous dit son désir de nous voir pleinement hommes, de nous voir accéder au plus haut niveau possible d’existence, à la plus pure qualité d’être. En retour, nous lui exprimons notre désir qu’il soit glorifié et que notre propre sanctification soit sa gloire et sa joie.
Exercice psychospirituel associé à l’expérience de participation

Visualisez au plus profond de votre être, un soleil rayonnant se levant au-dessus de l’horizon. En prenant une profonde inspiration, vous ferez alors l’effort de vous concentrer sur la lumière émanant de l’astre solaire et vous la sentirez pénétrer profondément en vous. Pour ce faire, vous la visualiserez sous la forme d’une lumière accompagnée d’une sensation de chaleur pénétrant par le nez et se dirigeant vers les poumons. Au moment de la rétention, qui ne devra pas être trop longue pour éviter d’être incommodé, vous vous concentrerez sur la lumière blanche localisée au niveau des poumons et vous l’associerez pleinement à l’image du soleil. Cette étape ne devra évidemment pas être vécue seulement sur un plan mental mais devra, au contraire, être associée à un ressenti profond.
Enfin, au moment d’expirer l’air le plus profondément possible, de manière à vider entièrement vos poumons, vous visualiserez cette même lumière blanche (accueillie par l’inspiration) quitter les poumons et se répandre vers la périphérie du corps imprégnant chaque cellule de votre corps d’une douce lumière vectrice de paix et d’harmonie. Après avoir atteint la périphérie du corps, vous la visualiserez même rayonnant tout autour de vous et formant comme un halo de lumière blanche, faisant de vous un véritable soleil. Vous vous identifierez alors à cette réalité tout en conservant la vive sensation de vos propres contours. Vous procéderez ainsi pendant quelques minutes, expirant à un rythme régulier, le plus naturellement possible. Vous suivrez en effet le rythme normal de votre respiration tout en l’accentuant légèrement car ces respirations ne devront, en aucune manière, être ressenties comme éprouvantes, apportant au contraire un état de bien-être profond. Vous ferez ainsi une merveilleuse expérience de participation à la lumière de Dieu.
A l’École de l’Amour au cœur de la forêt

Au nom du Père qui me crée par amour,
au nom du Fils qui me porte avec amour,
au nom de l’Esprit qui m’enfante à l’amour,
Amen
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