
- UMBILICUS URBIS BOCUS REGIS I : LE NOMBRIL DE BOIS-LE-ROI
- UMBILICUS URBIS BOCUS REGIS II : LE MUR
- UMBILICUS URBIS BOCUS REGIS III : LE POETE, ROI DE LA CITE
- LE DROIT DE CITE DE LA POESIE PLACE DE LA CITE
- Bois-le-Roi, Village de l’Ouverture d’Esprit, dans le signe du Sagittaire (du 23 novembre au 22 décembre)
- Voir aussi
UMBILICUS URBIS BOCUS REGIS I : LE NOMBRIL DE BOIS-LE-ROI

En l’an 52 avant J.C.
Menant sa légion au pas cadencé,
Le fier lieutenant Titus Labienus,
Sous les hospices du bienveillant Janus,
Progressait sur la route de Bourgogne
Harassé d’un soleil qui plombe et qui cogne.
Elle était si loin la belle Lutèce
Qu’il fallait conquérir à Teutatès,
Que Titus décida en la clairière,
Le repos de sa marche aventurière
Et y établit la nuit historique
qui consomma les derniers temps celtiques.
Quand les premières étoiles apparurent
A l’évanouissement du clair-obscur,
Titus observa la voûte céleste
En son point cardinal qui manifeste
La bascule du nord au sud du cardo
Et donne du decumanus le cadeau,
Et grava au centre de la clairière,
Devenue pour longtemps hospitalière,
Le X de toutes les bonnes fortunes
Fécondées de la roue des pleines lunes
Qui nourriront de leur lait cosmique
l’ombilic du Bocus Regis antique.
UMBILICUS URBIS BOCUS REGIS II : LE MUR

Titus se devait de rendre la place forte,
Que ni les hommes ni les démons ne puissent passer la porte,
Qu’aucune pensée d’un métal dur et cruel
N’interdise aux augures la descente du ciel.
Pierre après pierre, les hommes élevèrent le grand mur,
Afin que de sa lourde enceinte soit rendu sûr
Le sage et mystérieux décret qui se devine
dans l’oracle inspiré de l’attente divine.
L’homme du XXIe siècle regarde
L’antique ruine qui monte la garde
Au cercle de l’ombilic secret de Bois-le-Roi
Où chacun en son royaume deviendra roi,
Et retrouve, dans l’égarement d’un présent
Lesté bien trop souvent d’un silence pesant,
Cette splendide souveraineté des temps passés,
Etrangère aux tourments des mondes insensés.
S’entourer à nouveaux des hauts murs de la cité,
Se protéger d’une trop grande adversité,
Entendre à nouveau les musiques qui emportent
le souvenir des avenirs qui réconfortent,
Réveiller la belle endormie au fond des âges,
La muse antique et bienveillante du village
Qui, des temps celtiques, romains et français,
Toujours a veillé sur son destin et le sait :
Au cœur profond de la Déserte Forêt Perdue
chante le désir d’une quête éperdue
Que Titus Labienus avait lue en son temps
Au grand vol augural du phénix des printemps.
UMBILICUS URBIS BOCUS REGIS III : LE POETE, ROI DE LA CITE

PRELUDE
De l’antique village, le cœur, jadis vivant,
S’érigea d’un parking de la pire hérésie,
Vide amas de tôles tueur de poésie,
Et cessa d’en battre le vieux chant émouvant.
Le poète, lui aussi, devenu vagabond
Depuis que de la cité eût banni Socrate,
Connaît les cécités si noires et si ingrates
Qui mènent à la dérive au vent nauséabond.
Mais un jour de refus du règne de la mort,
S’ouvrît au porteur d’univers une brèche
Où ses vers anathèmes, lutteurs et revêches,
guérirent le mal de la lente malemort.
Et il vit une rose aux épines acérées
Défendant un bouton qui jamais ne s’ouvrît,
Accablé du malheur de l’esprit trop aigri,
Eteigneur, une à une, des lunes apeurées.
La cueillit, le poète, la fleur dangereuse,
Et une première goutte de sang tomba
En un cercle rouge annonçant le combat
Qui révèle de ce monde sa face ténébreuse.
CHANT I. L’ENFER

A l’ombre sombre des pénibles illusions,
Quand la voie bascule en la pente descendante
De l’obscure forêt de l’ante-enfer de Dante
Seul dira le poète les infâmes perditions.
Quelques passants pressés, en coup de vent passaient,
Balayant d’un regard aveugle et ennuyé,
Aux dernières lueurs d’un soleil renvoyé,
La place irréfléchie d’un avis de décès.
Quand vinrent les étoiles, les chromes des voitures
se mettaient à crier, de leur feux prétentieux,
Les luxes inutiles des désirs fallacieux
Qui évident la vie en plates forfaitures.
Tout était bas, tout était décomposé, mort.
L’homme rampait, vomissant son âme par son ventre.
Du chacun pour soi, fier, il s’en faisait le chantre,
La bouche couverte des jeteuses de sort.
Cloués à l’horizon du sonnant tiroir-caisse,
Les regards boutiquiers, emplis d’avidité,
Cerclaient la place de leur triste normalité,
Cour sans miracle du triste Méphistophélès.
Mais les digues d’impossible cristallisé,
Sous les coups de boutoir d’une noble colère,
Elargissaient la place au Bel Imaginaire
Et quelques fois cédaient à l’œil poétisé.
Faisant de sa pensée la mesure des choses,
Dans un brasier d’orgueil, l’homme présomptueux,
D’un feu mauvais brûlait le rêve respectueux
Des sources humbles des grandes métamorphoses.
Ce n’étaient que des cris, des ombres fugitives
Enchaînées dans la nuit, se battant violemment.
Un sang noir et épais coulait abondamment
D’hideuses plaies béantes de passions destructives.
Les chefs de la Cité, cyniques et hypocrites,
Se mordaient jusqu’à los et s’avalaient d’horreur
Pour recracher l’indigeste et futur empereur,
Le Maître Oppresseur et Continuateur des Rites,
Celui qui conduira le bal privé d’orchestre
Des traîtres maîtres-censeurs de la liberté,
Figeant dans la glace tout un peuple attristé
De ses espoirs légitimes mis sous séquestre.
CHANT II : LE PURGATOIRE

Il y eut une nuit entière traversée d’un songe :
La place, soudain débarrassée du Mensonge,
Laissait se découvrir, au crépuscule nu,
Le désir d’Autre Chose, d’un grand mur soutenu.
Des hommes, jadis si fiers, marchaient les yeux à terre,
Désolés d’un orgueil qui jamais ne s’altère
Et redressaient la tête aux effluves du chant
D’un Ailleurs Salvateur peu à peu approchant.
Adossés à la paroi devenue livide,
D’autres, aux paupières cousues de souvenirs avides,
Transpercées de larmes aux regrets infinis,
Imploraient qu’enfin leurs désirs soient agonis.
Et d’autres encore, marchaient dans la fumée
Noire d’obscurantisme, au pas de l’armée
Des farouches colères maintenant au rebut
Quand la douce et blanche paix éclaire le but.
Soudain, la scène se figea dans la torpeur.
Les rares corbeaux noirs, même, avaient grand peur.
La reconnut, le poète, l’épaisse tristesse,
Mais son chant souffla le nuage qui oppresse.
Etendus, pieds et poings liés, face contre terre,
Naguère effrayés d’une vie trop austère,
Les hommes au regard interdit de ciel,
Pourtant, quémandaient le geste providentiel.
Arriva ensuite au abords de la place
Un cortège d’hommes maigres au sang de glace
Se fondant lentement en une nouvelle eau
Dans la paisible chaleur des soleils d’en haut.
Il ne restait plus au poète que de franchir
Le mur de flammes vives où viennent mourir
Les dernières passions des luxes inutiles
Et entrer au jardin des vérités fertiles.
CHANT III LE PARADIS

Une Lune ronde de sa plénitude
Féconde enlumina d’argent la place
Qui éveilla de sa mémoire l’autre face,
Reflet d’une douceur perlée d’infinitude.
L’alchimie mercurienne peu à peu dévoila
Les images inconnues à la pourpre splendeur
Rectificatrices de ce monde fraudeur
Et piégeur des aspirations d’un au-delà.
Vénus native d’un ombilic d’émeraude
Irradia de l’Amour ses multiples facettes,
Etincelantes de ses beautés musagètes,
Et raviva la flamme de son haleine chaude.
Le cœur ensoleillé de son or créatif
Rayonna du feu de son authenticité
Aux quatre vents de la place de la Cité
Et l’habita d’un désir illuminatif.
L’ardent Chevalier Rouge entra dans le combat,
A gorge déployée, et tira dans l’azur
La flèche du désir d’abattre le grand mur
Qui plombe les rêves de fer en leur plus bas.
De fines et subtiles volutes délicieuses
S’élevèrent d’inutiles peurs consumées
Dans l’étain en fusion des forces sublimées
Retrouvant le parfum des pensées audacieuses.
Alors, au temps fauché, apparurent les nervures
Du diamant inaltérable du destin
Invitant à nouveau le village au festin
De la Vraie Vie oublieuse des déchirures.
LE DROIT DE CITE DE LA POESIE PLACE DE LA CITE

Est-ce qu’enfin,
Le Bacot et la Bacotte,
Perdus dans l’enfer de l’hyperprose coupeuse d’ailes imaginatives,
Retrouveront l’échelle de paradis de l’univers du Poétique,
Le chemin ascendant du ciel de la Création?
Est-ce qu’enfin,
La poésie,
Anciennement morte et revenue à la vie,
Saura être la pierre d’angle des nouveaux bâtisseurs,
_ qui ne sera pas, enfin, rejetée _
Et creusera dans le lourd et épais mur de la cité
_ Qui interdit depuis des temps immémoriaux la simple fluidité du courant poétique vital entre les êtres _
La brèche salvatrice d’ou pourront s’échapper,
Au moins quelques esprits,
Du formatage généralisé et plébiscité?
Est-ce qu’enfin,
La poésie
Retrouvera son droit de cité
Place de la Cité?
2018. Michaël VINSON, poète et créateur culturel à Bois-le-Roi
Bois-le-Roi, Village de l’Ouverture d’Esprit, dans le signe du Sagittaire (du 23 novembre au 22 décembre)
