
- LIBRI GRAECI: LES LIVRES GRECS À PARIS AU XVIE SIÈCLE
- Les Grecs du roi
- Le livre grec de François Ier : symbole d’érudition et instrument politique
- La Renaissance du grec et ses conséquences
- François 1er et les premiers lecteurs royaux de grec, 1530-1829
- Voir aussi
LIBRI GRAECI: LES LIVRES GRECS À PARIS AU XVIE SIÈCLE
Les débuts de l’imprimerie grecque en France n’ont pas été faciles. François Tissard encouragea dans sa préface au Alphabetum Graecum (le premier livre en Grec à être publié en France en 1507) « tous ceux qui sont le plus disposés, studieux et désireux d’apprendre le grec » d’étudier la langue et de débarrasser la France de sa réputation de nation barbare auprès des intellectuels italiens. Cependant, ce ne fut qu’en 1530, plus de deux décennies après la lamentation de Tissard, et après l’intervention de personnages importants tels que Girolamo Aleandro et Guillaume Budé – et même, en coulisses, d’Érasme – que François Ier créa le Collège Royal. Cette décision, accompagnée par l’établissement du rôle d’imprimeur royal pour le grec en 1538, donna une base institutionnelle à la demande pour des ouvrages en grec, tant pour des textes issus de l’Antiquité que dans le domaine religieux, et confirma le soutien royal apporté à l’entreprise, donnant ainsi l’impulsion pour que Paris devienne le centre le plus important de l’imprimerie grecque au XVIe siècle.
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https://histoirelivre.hypotheses.org/tag/francois-ier
Les Grecs du roi

Les Grecs du roi sont une police de caractères grecs conçue par Claude Garamont entre 1540 et 1550 et contenant un très grand nombre de ligatures.
Les Grecs du roi ont été commandés le 2 novembre 1540 par Pierre Duchâtel, au nom du Roi François 1er de France, à l’imprimeur Robert Estienne. À charge de l’imprimeur de faire tailler par le graveur de lettres Claude Garamont des poinçons de lettres grecques à partir des modèles et instructions du calligraphe d’origine crétoise Ange Vergèce, écrivain en lettre grecque du roi.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grecs_du_roi
Le texte complet en grec ancien
Merci à Eleni Kemiktsi qui a retrouvé le texte du L’édition de 1550 du Nouveau Testament par Robert Estienne a été composée avec les Grecs du roi de Garamon :
Même si les lettres sont un peu fantaisistes sur l’image comme vous dites Renaissance en France, il s’agit bien de ce texte :
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν Θεόν, καὶ Θεὸς ἦν ὁ λόγος. 2 οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν Θεόν. 3 πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἕν ὃ γέγονεν. 4 ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, 5 καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν. 6 ἐγένετο ἄνθρωπος ἀπεσταλμένος παρὰ Θεοῦ, ὄνομα αὐτῷ Ἰωάννης 7 οὗτος ἦλθεν εἰς μαρτυρίαν, ἵνα μαρτυρήσῃ περὶ τοῦ φωτός, ἵνα πάντες πιστεύσωσι δι’ αὐτοῦ. 8 οὐκ ἦν ἐκεῖνος τὸ φῶς, ἀλλ’ ἵνα μαρτυρήσῃ περὶ τοῦ φωτός. 9 ἦν τὸ φῶς τὸ ἀληθινόν, ὃ φωτίζει πάντα ἄνθρωπον ἐρχόμενον εἰς τὸν κόσμον. 10 ἐν τῷ κόσμῳ ἦν, καὶ ὁ κόσμος δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ ὁ κόσμος αὐτὸν οὐκ ἔγνω. 11 εἰς τὰ ἴδια ἦλθε, καὶ οἱ ἴδιοι αὐτὸν οὐ παρέλαβον. 12 ὅσοι δὲ ἔλαβον αὐτόν, ἔδωκεν αὐτοῖς ἐξουσίαν τέκνα Θεοῦ γενέσθαι, τοῖς πιστεύουσιν εἰς τὸ ὄνομα αὐτοῦ· 13 οἳ οὐκ ἐξ αἱμάτων, οὐδὲ ἐκ θελήματος σαρκός, οὐδὲ ἐκ θελήματος ἀνδρός, ἀλλ’ ἐκ Θεοῦ ἐγεννήθησαν. 14 καὶ ὁ λόγος σὰρξ ἐγένετο, καὶ ἐσκήνωσεν ἐν ἡμῖν (καὶ ἐθεασάμεθα τὴν δόξαν αὐτοῦ, δόξαν ὡς μονογενοῦς παρὰ πατρός), πλήρης χάριτος καὶ ἀληθείας. 15 Ἰωάννης μαρτυρεῖ περὶ αὐτοῦ, καὶ κέκραγε λέγων, Οὗτος ἦν ὃν εἶπον, Ὁ ὀπίσω μου ἐρχόμενος ἔμπροσθέν μου γέγονεν· ὅτι πρῶτός μου ἦν. 16 καὶ ἐκ τοῦ πληρώματος αὐτοῦ ἡμεῖς πάντες ἐλάβομεν, καὶ χάριν ἀντὶ χάριτος. 17 ὅτι ὁ νόμος διὰ Μωσέως ἐδόθη, ἡ χάρις καὶ ἡ ἀλήθεια διὰ Ἰησοῦ Χριστοῦ ἐγένετο. 18 Θεὸν οὐδεὶς ἑώρακε πώποτε· ὁ μονογενὴς υἱός, ὁ ὢν εἰς τὸν κόλπον τοῦ πατρός ἐκεῖνος ἐξηγήσατο.
Lire la suite : https://el.wikisource.org/wiki/Κατά_Ιωάννην
Le livre grec de François Ier : symbole d’érudition et instrument politique
La seconde partie du règne de François Ier, de 1530 à sa mort en 1547, voit les débuts de trois nouvelles institutions qui vont marquer l’humanisme français. La première est la création de la charge de lecteur royal ; la seconde, la constitution d’une bibliothèque royale et la troisième, la nomination d’imprimeurs royaux. Le livre semble être le dénominateur commun de ces trois institutions : support de l’enseignement assuré par les lecteurs royaux, il est produit et diffusé par l’imprimeur du roi, à partir de manuscrits conservés à la bibliothèque royale. Bien plus, il symbolise l’interconnexion entre ces trois entreprises qui relèvent d’une même volonté politique : accompagner et favoriser l’essor de l’humanisme français. Il y a urgence à doter Paris d’un établissement d’enseignement des langues, en particulier du grec. Cela s’explique en grande partie par la « révolution culturelle » favorisée par l’« apparition du livre » : un nouvel enseignement doit répondre aux aspirations des humanistes, ce qui suppose une production imprimée capable de suivre la demande.
Lire la suite : https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2022-1-page-183.htm&wt.src=pdf?fbclid=IwAR0zvcMlxNTp_oV6MjTZtPDzdug8e8xMrQ7K7lP9AE37e4oxfu6r_8VdvKQ
La Renaissance du grec et ses conséquences

La Renaissance du grec et ses conséquences
Inauguration du cycle interdisciplinaire à la BIS, « La Renaissance, parlons-en », Paris, 19 octobre 2017
Exorde
Quand les professeurs médiévaux lisaient pendant leur cours le Code ou le Digeste, ou des auteurs latins comme Macrobe, et tombaient sur des expressions grecques insérées au milieu du texte latin, ils disaient simplement « Græcum est, non legitur » (trad. : « c’est du grec, on ne le lit pas » ; c’est-à-dire, « on n’arrive pas à lire ces mots grecs, donc on ne les explique pas. On retrouve une trace de cette attitude dans la Glose au Digeste rédigée par Accurse (1181/86-1259/63) qui est par ailleurs un bon interprète médiéval du droit romain :
Glose à Inst., III, 23, 2, où sont insérés quelques vers d’Homère, Il. VII, 472-475, illustrant le troc : « His verbis] Scilicet Graecis, quae legi non possunt. »
À remarquer aussi une autre glose d’Accurse, à D., XXXII, 65, 4 (= Inst. IV, 3, 1) où le juriste Marcien cite Homère, Od., XIII, 407-408, sur le fait que les porcs paissent ensemble : « In Odyssea] Nomen libri Homeri, et sequitur Graecum nullius utilitatis. »
Si ces professeurs n’arrivaient pas à commenter quelques vers ou phrases, figurez-vous ce qu’il en était pour les œuvres entières… Et imaginez-vous tout ce que l’on ratait de cette manière : le patrimoine écrit en grec au cours d’une longue chaîne de siècles est gigantesque et multiforme, outre qu’admirable ! Le but de mon exposé est de montrer, à travers une nécessaire problématisation, comment on est arrivés à renverser cette situation typique en introduisant la connaissance du grec et de sa littérature dans le système des études secondaires et supérieures, à une échelle assez large pour modifier durablement la culture européenne tout entière.
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François 1er et les premiers lecteurs royaux de grec, 1530-1829
A la suite de requêtes formulées pendant plus d’une douzaine d’années par des humanistes de son entourage, dont Guillaume Budé [1467-1540], « son maître en librairie », François 1er institue en 1530, hors la tutelle de l’Université, six lecteurs royaux.
Trois lecteurs royaux pour l’hébreu : Agathias Guidacerius, François Vatable et Paul Paradis ; deux pour le grec : Pierre Danès et Jacques Toussain ; un pour les mathématiques, Oronce Finé.
Pour le grec, l’un des enseignements, avec l’abbé Pierre Danès [1497-1577], est consacré à la langue grecque et donnera ultérieurement naissance à la chaire de Langue et littérature grecques.
L’autre enseignement, avec Jacques Toussain [NNN-1547], est consacré à la littérature grecque et donnera ultérieurement naissance à la chaire de Philosophie grecque et latine.
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